Principes de la chirurgie du cancer de l’estomac Indications Techniques chirurgicales Résultats B. Meunier Introduction (1) 9000 nouveaux cas / an en France 5 ° rang des cancers en France 70 ans masculin ADK estomac en baisse depuis 20 ans ADK cardia (légère ) Chirurgie seul traitement curatif Chirurgie curative : R0 Introduction (2) Adénocarcinome de l’estomac Centre 2cm en dessous jonction oesogastrique Exclusion: Tumeurs du cardia Tumeur stromale Lymphome Tumeur endocrine Indications Résécables : stades T1, T2 et T3 Résécables : Certains Stades T4: côlon transverse, queue du pancréas, rate, lobe gauche du foie Non résécables : StadesT4 avec extension rétro-péritonéale (aorte, pédicule rénal ...), ou vers la racine du mésentère, un envahissement du corps et de la tête du pancréas vont faire considérer la tumeur comme non résécable Intérêt cœlioscopie diagnostic au moindre doute +++ grosse tumeur, résécabilité douteuse, suspîcion de M+ foie ou carcinose; Niveau de grade C, Type de chirurgie Le type de résection gastrique du type histologique du siège du cancer de son extension locale Mais le curage gg est fonction du siège du cancer Résection gastrique- Type Histologie Cancer différencié (type intestinal) Marge de résection de 5 cm* Cancer indifférencié (type diffus, cellules en bague à châton): marge de 8 cm (extemporané) gastrectomie totale Linite gastrique : Cellules en bague à châton + fibrose : gastrectomie totale, section œsophage : 2 cm sus cardial (extempo) A part : Cancer muqueux, bien différencié non ulcéré, <1cm: chirurgie avec une marge de résection de 2cm* sans lymphadénectomie (gg+ 4%) Conservation pylorique possible. Gastrectomies atypiques (wedge résection) Cancer 1 cm>, ulcéré : Gastrectomie conventionnelle pour cancer *Namieno, World J Surg 1998. Résection gastrique- Siège cancer Cancer antre : partielle/totale : Méta-analyse de la FNCLC (2003) 787 patients Pas différence de morbi-mortalité* de survie à 5 ans** niveau de preuve A *Maruyama, World J surg, 1987 **Gouzi, Ann Surg 1989; Bozzetti Ann Surg 1999 Résection gastrique- Siège cancer Cancer antre : partielle/totale : Poids Poids Score de Rotterdam, Troidl score Dépression, bien être Visick Meilleure qualité de vie après gastrectomies partielles*** Davies J World J Surg 1998 Gastrectomie partielle Gold Standart des tumeurs du tiers distal Survie identique Meilleur confort Caractère multifocal 3-8% cas Risque de récidive à distance (1.7%) 15-30 ans … âgé ! Résection gastrique- Siège cancer Tumeurs des tiers moyens et supérieurs de l’estomac. gastrectomies totale gastrectomie polaire supérieure : non (accord d’experts) Résection gastrique- Extension tumorale Doit être élargie pour résection R0 aux organes de voisinage atteints pour tumeur T4/M0. Splénectomie, hépatectomie gauche, colectomie transverse, spléno pancréatectomie caudale………. Résection monobloc Survie à 5 ans :43%.* Etre prudent si envahissement GG massif et /ou pancréatique** *Maruyama, semin oncol,1996 **Chi-Tung Cheng,Ann Surg Oncol ,2011 Résection gastrique : vers le bas pylore Doit s’effectuer au contact de l’artère GD avec respect des rameaux duodénaux++ A part les cancers gastriques héréditaires 1-3% des cancers estomac surviennent dans un contexte familial Dans 30% des cas : mutation germinale du gène CDH1 codant pour la ECadhérine - Transmission autosomique dominante Porteurs : Risque 70% de développer un cancer estomac et 40% cancer lobulaire du sein (femme). Prédispose à ADK diffus ++ GT préventive** Porteurs de mutation : surveillance : 16 ans> 20 ans> gastrectomie totale préventive *LYNCH HT. Cancer 2008 **BLAIR V. Clin Gastroenterol Hepatol 2006, NEWMAN EA. J Am Coll Surg. 2006 Curage ganglionnaire Premier groupe : groupe péri gastrique 1-6: D1 Deuxième groupe ou relais intermédiaire 7-11: D2 Troisième groupe : gg latéro aortiques 12-16 : D3 La localisation tumorale dicte l’exérèse ganglionnaire Radicalité pour tumeur du fundus et du corps D2 D1 1/3 proximal D2 D1 1/3 moyen La localisation tumorale dicte l’exérèse ganglionnaire Radicalité pour tumeur antrale D1 D2 La localisation tumorale dicte l’exérèse ganglionnaire Résultats curage D2 N1: GG < 3 cm N2 : GG > 3 cm de la tumeur GERMAN GASTRIC CARCINOMA STUDY 1992 1654 pts. 19 CH morbidité mortalité Stade Ia Stade Ib Stade II Stade IIIa Stade IIIb Stade IV D1 29% 5.2% 86.5% 72.4% 26.8% 25.3% 27.5% 28.2% D2 (26 Gg) 26% 5% 85.7% 68.7% 55.2% p<0.001 38.4% p<0.03 17.5% 16.1% Siewert JR. BR J SURG 1993 NOUVELLE CLASSIFICATION TNM 1997 Remplace TNM 1992 N : Fonction de la localisation des ganglions atteints Trois Changements Importants Nécessité d`examiner 15 ganglions au moins pour justifier pN0 Le Nombre de ganglions régionaux positifs détermine le N N1 = 1 à 6 N+ N2 = 7 à 15 N+ N3 = Plus de 15 N+ Ganglions du pédicule hépatique (12) deviennent ganglions régionaux Curage étendu (D 2) / Curage Limité (D 1) Résultats de 3 Essais Randomisés Dent DM BJS 1988 (n = 22/21) Bonenkamp JJ (Dutch)* NEJ Med 1999 ( n = 380/330) Cuschieri A (MRC) * BJC 1999 ( n = 200/200) De Absence plus : de bénéfice sur la Survie Morbidité et Mortalité plus importante dans les curages D2 * Role délétère de la splénectomie (10) et/ou spléno pancreatectomie caudale (10-11) Faut il renoncer au curage extensif • Pc du cancer gastrique – Nb de gg prélevés >25 – Ratio gg métastatiques/gg examinés – Bénéfice du curage D2 pour les malades N2 et T3 Survie Patients N 2 Siewert Ann Surg 1998 Hartgrink J Clin Oncol 2004 Nombre de Ganglions Récoltés en Fonction de l’Etendue du Curage • Rappel : 15 ganglions minimum – Un curage type D 1 (ganglions perigastriques : 1-6) Peut-être insuffisant – Un curage type D 2 (ganglions péri gastriques + ganglions pédiculaires) Doit permettre d`attendre facilement le nombre de ganglions requis Que faire ? CURAGE D1/D2 Etude randomisée de l’Italian Gastric Cancer Study Group Splénectomie si tumeur grosse tubérosité Pancréatectomie si envahissement direct Morbidité D2 ↘ si pas de splénopancréatectomie systématique Mortalité 3% (D1) vs 2.2% (D2) Conclusion: Curage D2 sans SPG systématique = D1,5 Degiuli M B J Surg 2010 Faut il associer une splénectomie aux ADK fundus et corps Etude chilienne*, Etude coréenne** Même nombre de GG analysés (30gg) Morbidité ↗ par splénectomie Pas de différence de survie à 5 ans Conclusion: Splénectomie augmente les taux de complications septiques mais ne modifie pas la survie *Csendes Surgery 2002, ** Yu w. Br J Surg 2006 Curages extensifs D1/D3 D2/ D3 (GG par aortiques) *Wu cw: Lancet oncol 2006 Sasako M: N E J Med 2008 Dutch D1D2 trial – 15 ans Risque de récidive Survie ss récidive Mortalité due au cancer 48% D1 / 37% D2 p =0,001 D2 plus de morbidité, de ré-interventions et de mortalité post-op D2 est recommandée pour cancers résécables ! Ilfet Songun Lancet Oncology 2010 CANCER DE L’ANTRE CURAGE D2 D1+1+ 7 à 9 Cancer Médio Gastrique ou Fundus : D1,5 CURAGE ADAPTE (Propositions de Cushieri, EJSO 1999) • Splénectomie – Si tumeur du sommet de la grande courbure envahissant la séreuse. N+ hile splénique (25 à 30%) * • Splénopancreatectomie – Si envahissement pancréatique par contiguïté. – Si envahissement N+ au niveaux de l’artère splénique. *Noguchi Cancer 1989 Guidelines … GUT 2011 La voie d’abord: laparoscopie/laparotomie Méta-analyse n=162 pts (4 études) Laparoscopie Moins: Pertes sanguines Complications post-op Consomation d’analgésique Plus précoce: Alimentation orale Mobilisation Retour à domicile Laparotomie Temps opératoire plus bref Plus de GG prélevés Bénéfice limité Nécessité d’autres études prospectives Laparosocopie faisable,efficace, une alternative Memon MA Surg Endosc 2008 La voie d’abord: laparoscopie/laparotomie N=29/30 Résultats carcinologiques identiques* Durée opératoire plus longue mais séjour < Moins de pertes sanguines – groupe laparoscopie Méta-analyse § *Huscher C Ann Surg 2005 *Mochiki E Surgerey 2005 §David Martínez-Ramos,REV ESP ENFERM DIG 2011 Conséquences fonctionelles et nutritionelles de la chirurgie gastrique Fundus Rôle Moteur, mécanique: Réservoir et vidange Antre Corps Perte du réservoir gastrique Diminution du débit acide Accélération de la vidange gastrique et malabsorption Rôle Physiologique sécrétoire: Protéolyse (HCL) Facteur intrinsèque Tr fonctionnels et nutritionnels : Syndrome post gastrectomie Syndrome postprandial précoce (1) Physiopathologie: Rapidité vidange gastrique Aliments non préparés Arrivée brutale soluté hypertonique Distention intestinale Hypovolémie Peptides intestinaux Motiline Vasoactive Intestinal Peptide Gastric Inhibitory Peptide Sérotonine … Syndrome postprandial précoce (2) Incidence variable: 5-50% Manifestations générales et locales après le repas (précoces<60 min) Signes généraux : asthénie majeure, lipothymies Troubles vasomoteurs : sueurs, pâleur, tachycardie Troubles digestifs : plénitude gastrique, météorisme, +/- vomissemts +/- crise polyurique ou débâcle diarrhéique Dure 20 à 40 minutes Améliorées par décubitus Toujours identique chez un même patient Vogel Am J Surg 1988 Lawaetz Scand J Gastroenterol 1983 Rivera Cir Cir 2007 Syndrome postprandial précoce (3) Diagnostic : Transit baryté (radio-cinéma) Mesure de la vidange gastrique par isotopes marqués Test de provocation par glucose Traitement : Mesures hygiéno-diététiques ++ : Fractionnement des repas Régime riche en fibres Éviction des sucres d’absorption rapide et ingestion des boissons à distance des repas ( >30 min) Octréotide sous cutané 30 min avant repas ou forme retard Rarement chirurgie : rétablir le circuit duodénal (Billroth II en I ) interposer anse Y anisopéristaltique … Didden Aliment pharmacol 2006 Syndrome postprandial tardif 1h à 3h après les repas Clinique : manifestations hypoglycémies Physiopathologie : Rapidité de la vidange gastrique Pic hyperglycémique postprandial Hypoglycémie post-stimulative sécrétion pancréatique de glucagon inhibée par GLP-1* Diagnostic : Dosage glycémie lors des malaises Traitement : Même que Dumping syndrome - Mesures hygiénodiététiques++ *GEBHARD B., Dig Dis Sci 2001 Diarrhées Selon le type de gastrectomie : 15 à 50% Liées à l’achlorhydrie et à l’apport brutal du contenu gastrique Mécanisme mal élucidé Traitement de la cause Pullulation microbienne antibiotiques Accélération de la vidange Hypersécrétion intestinale réactionnelle et sérotonine lopéramide Insuffisance pancréatique exocrine relative enzymes pancréatiques Mariani EMC 1998 Reflux biliaire • Très fréquent • Prévention : – Supériorité de l’anse en Y selon Roux / Billroth I et II • Oesophagite / gastrite biliaire – Symptomatique dans 20% des cas • Pyrosis / épigastralgies • Vomissement biliaires – Traitement • Prokinétiques • Diversion duodénale totale D’Amato Ann Ital Chir 1999 Montesani Hepatogastrenterology 2002 Ischikawa World J Surg 2005 Nunobe J Clin Oncol 2007 Kojima Ann Surg 2008 Reflux biliaire Cancer sur moignon gastrique Risque relatif x4-7 après délai de 15 ans /population générale à proximité de l’anastomose (Billroth II) ++ Endoscopie : Symptômes Au-delà de 10 ans Tous les 3-5 ans Tous les ans en cas de dysplasie Viste Lancet 1986 Caygill Lancet 1986 Sinning European J Surg Oncol 2007 Ohashi, Br J Surg 2007 Syndrome de l’anse afférente: accumulation postprandiale des sécrétions biliopancréatiques Précoce (<1 mois) : Douleur hypochondre droit postprandiale Malaise avec masse douloureuse +/- Ictère, pancréatite Mécanisme : obstruction de l’anse Hernie retro-anastomotique Plicature Erreur technique chirurgicale : trop Longue, volvulée.. Exploration chirurgicale Jejuno-jéjunostomie Réfection du montage (isopéristaltique) Mariani EMC 1998 Syndrome de l’anse afférente (2) • Tardif : – Idem avec vomissements douloureux bilieux non alimentaires – 10-20 mn après repas Evolution : dénutrition progressive, carences chroniques par malnutrition Mécanisme : obstruction de l’anse le plus souvent incomplète ou anse trop longue (plicature) Rare indication chirurgicale Anse en Y selon Roux Mariani EMC 1998 Syndrome de l’anse efférente Clinique : vomissements alimentaires et bilieux Obstruction par : Adhérences Récidive néoplasique Traitement : exploration chirurgicale Mariani EMC 1998 Stase de l’anse en Y selon Roux (1) Gastroparésie survenant après anastomose gastro-jéjunale sur anse en Y Incidence = 25-40 % (surtout si anse montée > 40 cm) Physiopathologie : Transsection jéjunale diminuerait transmission du péristaltisme Cellules pace maker inversés Vogel Am J Surg 1998 Karlstrom Surgery 1989 Stase de l’anse en Y selon Roux (2) Clinique : Epigastralgies post-prandiales, plénitude gastrique, nausées, vomissements alimentaires Précoce vs tardif (parfois mois/années après intervention) Traitement : Prokinétiques au moins 3-4 semaines Chirurgie : gastrectomie (sub)totale (amélioration > 80 %) Vogel Am J Surg 1998 Karlstrom Surgery 1989 Ulcère anastomotique En théorie, moins de risque si anastomose baignées par sécrétions biliopancréatiques (anse en Y plus risquée). Précoce: Dans l’année qui suit Peut se compliquer de sténose , perforation , hémorragie Traitement médical ( anti H2), éradiquer H Pylori Rarement chirurgical (résistance au TT médical) Tardif : Rechercher un cancer+++ dégastro-gastrectomie Mariani EMC 1998 Lithiase vésiculaire (1) 22.1% P<0.001 12.7% Exclusion duodénale P<0.001 Dissection gg n°12: hépatoduodénal curage ganglionnaire (30% vs 10%) * Caractère total ou partiel Hamasaky Dig Dis Sci 1995, *Kobayashi Br J Surg 2005 Lithiase vésiculaire (2) Cholécystectomie prophylactique? Non Lithiase asymptomatique <0,5% patients cholecystectomisés Hamasaky Dig Dis Sci 1995 Troubles nutritionnels Anémie : 30 à 50% des opérés Carence en fer avec le recul post-opératoire Multifactorielle : malabsorption par hypochlorhydrie et court circuit duodénal Eliminer un saignement Carence en vitamine B12 Inéluctable après gastrectomie totale Plus tardive après gastrectomie partielle Résection importante des cellules sécrétrices Fer, vit B12, Vit D Pullulation microbienne Carence en folates Malabsorption par hypochlorhydrie et insuffisance d’apport Tovey Postgrad Med J 1990 , Tovey World J gastroenterol 2000 Troubles nutritionnels (2) Amaigrissement 30 à 60 % des opérés apport calorique consécutive à la sensation de satiété précoce ++ dans les 6 premiers mois, stabilisation à 2 ans Atteinte osseuse 25 à 50 % des opérés Ostéoporose et ostéomalacie Délai apparition > 3 ans Carence calcique par court-circuit duodénal Déficit en vitamine D par malabsorption des graisses Liedman World J Surg 1997 Zittel Am J Surg 1997 Tovey World J gastroenterol 2000 Troubles nutritionnels (3) Règles hygiéno-diététiques Fractionnement des repas Compléments alimentaires hypercaloriques En cas de gastrectomie totale : Vitamine B12 1mg IM /3 à 12 mois +/- Folates Surveillance et compensation des carences