
128Cancéro dig. Vol. 1 N°2-2009
avecunrisque de morbidité opératoire élevé et unrisque
accru de colostomie définitive.
❚Lecontrôle des symptômeslié
aucancerrectal
Les symptômesliéesaucancerdurectumsontmultipleset
souventinvalidants :syndrome rectalavecténesme,épreinte et
sensation de faux besoins,douleurs pelviennesetpérinéalespar
atteinte nerveuse,rectorragiesd’abondancevariable,trouble du
transitavecsellesglairo-sanglanteset, aumaximum,syndrome
occlusif ou sub-occlusif.
Aucun essaicontrôlé n’a comparé l’intérêtdes troisoptions
thérapeutiques sur le contrôle symptomatique. La majorité des
donnéespubliéesdanslalittérature provientd’étudesde phaseII
oud’études rétrospectivesmonocentriques.
Chirurgie première de latumeur durectum
La résection première de latumeur durectum permettraitd’ob-
tenir une résolution complète des symptômesdansprèsde
95 % descasmaisavecune mortalitévariant selon lesétudesde
1à11 % et une morbidité opératoire élevée de 15 à33 %[15-18].
Danscesétudes,lagrande majorité despatients n’avaitpas
reçude radiothérapie avantla chirurgie durectum etlarésolution
des symptômesétaitlogiquementbeaucoup plus élevée en cas
de résection qu’en casde simple colostomie. Dans une série
monocentrique de 80patients avecuncancerdurectum métas-
tatique et traitésparchirurgie première,le taux de résection R1
étaitde 2,5 %,le taux de colostomie de 20 % etle taux de réci-
dive locale étaitde 6,25 % [16].Danscette même étude,en
raison de complicationspost-opératoires sévèresetd’une alté-
ration de l’étatgénéralconcomitante,8,7% despatients ne
pouvaientpasrecevoir secondairementde chimiothérapie systé-
mique[16].Dans une revue de lalittératurerécente,une chirurgie
première pour uncancercolorectal métastatique étaitassociée à
untaux de mortalité de 2,5 % (IC 95 % :1,1 %-5,0%),untaux
de morbidité opératoire de 18,8 % à47,0% et untaux de
complicationsmajeuresde 11,8 % (IC 95 % :4,4 %-22,0%)
(Tableau1) [19].
Radio-chimiothérapie premièresuivie
d’une résection de latumeur durectum
La radiothérapie oularadio-chimiothérapie permettraitd’obtenir
untaux de contrôle des symptômesrectaux à1an de 75 % à
85 % avecuntaux de complicationsinférieur à10%[18,20,21].
Une étude monocentriquearapporté les résultats d’une radio-
chimiothérapie première (30 Gyen hypofractionné en moyenne
+ 5-Fluoruracile) suivie ounon d’une résection de latumeur pri-
mitivechezdespatients avecuncancerrectal métastatique[20].
L’adjonction d’une résection durectumaprèslaradio-chimiothé-
rapie augmentaitle taux de contrôle des symptômesrectaux à
1an (91 % vs 81 %,p=0,111) etdiminuaitle risque de
rectum (résectionsR1 ouR2en casde marge circonférentielle
envahie),de ne pouvoir réaliser une conservation sphincté-
rienne pour les tumeurs dubasrectum en l’absence de
régression tumorale préalable etde retarderle début d’une
chimiothérapie systémique pour contrôlerlamaladie métasta-
tique. Encasde complicationspost-opératoiresmajeureset
d’altération concomitante de l’étatgénéral,lamise en route de
la chimiothérapie peut êtrecompromise ouconsidérablement
retardée,diminuantd’autant seschancesd’efficacitésur le
contrôle desmétastasesàdistance etlasurvie.
Radio-chimiothérapie premièresuivie
ounon d’une résection de latumeur durectum
–Lesavantagesd’une radio-chimiothérapie premièresont
comme pour la chirurgie première,de permettreuncontrôle
rapide des symptômesrectaux etde prévenirlescomplica-
tionspouvant survenirdurantl’évolution. Elle permetégale-
mentd’obtenir une régression de latumeur primitive,de
réaliserplus souvent une résection R0etparfois,de permettre
une chirurgie avec conservation sphinctérienne.
–Lesinconvénients sontl’utilisation d’une chimiothérapie dont
ladose intensité est moindre quecelle d’une chimiothérapie
exclusive etdoncnon optimale pour contrôlerlesmétastases
àdistancecomportant unrisquethéoriqueaugmenté de pro-
gression sous radio-chimiothérapie. Siune résection de la
tumeur durectum est décidée aprèslaradio-chimiothérapie,
celle-ci doit théoriquementêtreréalisée dansles 6 à8semaines
sans tenircompte ducontrôle ounon desmétastasesàdis-
tance;passéce délai,larésection de latumeur durectum
peut êtretechniquementdifficile dufaitdesremaniements
tissulairesliésàlaradiothérapie etcettestratégie présente
doncunrisque de contraindreàopérerdespatients en pro-
gression métastatique.
Chimiothérapie première
–L’avantage d’une chimiothérapie première exclusive est d’être
potentiellementactivesimultanément sur latumeur primitive et
lesmétastases ; elle permetde traiterd’emblée etde manière
optimale lesmétastasesàdistance quiconditionnentle pro-
nostic, de permettre d’obtenirdans45 % à56% descas une
réponsetumorale objective[4,7,8]etde rendrecertaines
maladiesmétastatiques résécables.Cette option permeten
effetd’adapterlastratégie thérapeutiqueaprèschaquebilan
d’évaluation et,en casde bon contrôle desmétastases,de
pouvoir secondairementproposer une radio-chimiothérapie
et/ou une chirurgie de latumeur primitive, ainsi qu’une résec-
tion desmétastases.
–Lesinconvénients théoriques sontde ne pas traiterde
manière optimale,les symptômesrectaux liésàlatumeur
primitive,etd’exposerle patientau risque de survenue de
complications ultérieures.Celles-ci peuventameneràla
réalisation d’une chirurgie en urgencechez un patient
potentiellementimmunodépriméouaffaibli parla chimiothérapie