Corrig´
e – TD 10
Mesures sign´ees, Th´eor`eme de Radon-Nikodym, Dualit´e LpLq
Exercice 1 (L’espace M(R)).Montrer que M(R)l’espace des mesures sign´
ees bor´
eliennes sur R
est un espace de Banach pour la norme µ7→ kµk, o `
ukµk=|µ|(R).
Corrig´e : Soit (µn)n1une suite de Cauchy pour la norme k·k.
´
Etape 1: pour tout bor´
elien Ade Ret n, p 1, on a |µn(A)µp(A)|≤kµnµpk, ce qui
implique que la suite (µn(A))n1est de Cauchy dans R, et converge donc vers une limite not´
ee
µ(A).
´
Etape 2: montrons que µest une mesure sign´
ee. Prouvons tout d’abord que:
lim
n→∞ sup{|µ(A)µn(A)|;A∈ B(R)}= 0.(1)
`
A cet effet, soient  > 0et n0>1tels que kµnµkk ≤ pour n, k n0. Soit A∈ B(R). On
choisit k > n0tel que |µ(A)µk(A)|< . Alors pour n>n0:
|µ(A)µn(A)| ≤ |µ(A)µk(A)|+|µk(A)µn(A)| ≤ +kµnµkk ≤ 2,
ce qui prouve (1).
Ensuite, les mesures sign´
ees µnsont en particulier finiment additives, ce qui implique ais´
ement
que µest finiment additive. Montrons maintenant que µest σ-additive. Soient (Ai)i1des
bor´
eliens disjoints et  > 0. D’apr`
es (1), il existe n0>0tel que pour nn0:
sup{|µ(A)µn(A)|;A∈ B(R)} ≤ .
On choisit ensuite k0>0tel que pour tout kk0:
µn[
ik+1
Ai
.
En particulier, ceci implique que pour kk0:
µ[
ik+1
Ai
2.
Par additivit´
e (finie) de µ, on obtient finalement pour tout kk0:
µ[
i1
Ai
k
X
i=1
µ(Ai)
=
µ[
ik+1
Ai
2.
Ceci ´
etant vrai pour tout  > 0, la σ-additivit´
e de µen d´
ecoule, ce qui prouve que µest une
mesure sign´
ee.
´
Etape 3: on v´
erifie que kµnµk → 0. Ceci d´
ecoule imm´
ediatement de (1) et de l’in´
egalit´
e
kνk=ν(X+) + |ν(X)| ≤ 2 sup{|ν(A)|;A∈ B(R)}
v´
erifi´
ee pour une mesure sign´
ee νsur R(o `
u on a not´
eX±les supports de ν±).
On a donc prouv´
e que (M(R),k·k)est un espace de Banach.
Pour des questions, n’h´
esitez pas `
a envoyer un mail `
a[email protected], ou bien `
a passer au bureau V7.
1
Exercice 2 (Contre-exemple `
a Radon-Nikodym).
Soit mla mesure de comptage sur (R,P(R)), c’est-`
a-dire que m(A) = #Apour toute partie A
de R. On note m0la restriction de m`
a la tribu bor´
elienne de R.
1. Montrer que la mesure de Lebesgue est absolument continue par rapport `
am0.
2. Montrer qu’il n’existe pas de fonction mesurable f:RR+telle que λ=f·m0, o `
uλ
d´
esigne la mesure de Lebesgue.
3. Conclure.
Corrig´e :
1. Soit AB(R)telle que m0(A)=0. Alors A=et donc λ(A) = 0.
2. Supposons qu’il existe une telle fonction f. Alors pour tout xR, on a
0 = λ({x}) = Z{x}
fdm0=f(x).
Ainsi f= 0 puis λ= 0. Contradiction.
3. La mesure m0n’est pas σ-finie et le th´
eor`
eme de Radon-Nikodym ne s’applique pas.
Exercice 3. On veut prouver le r´
esultat suivant, appel´
edualit´e LpLq:
Soit µune mesure positive σ-finie sur un espace mesurable (E, E), soit p[1,[et soit q
l’exposant conjugu´
e de p. Alors, pour toute forme lin´
eaire continue φ:Lp(E, E, µ)C, il
existe une unique fonction gφLq(E, E, µ)telle que pour toute fLp(E, E, µ),
φ(f) = ZE
fgφdµ.
De plus, la norme d’op´
erateur de φ
kφk0
p:= sup{|φ(f)|:fLp(E, E, µ),kfkp= 1}=kgφkq,
et l’application φ7→ gφest une isom´
etrie lin´
eaire bijective du dual topologique de Lp(E, E, µ)
sur Lq(E, E, µ).
1. Supposons d’abord que la mesure µest finie.
(a) On d´
efinit ν(A) = φ(1A)pour tout AE. V´
erifier que l’application νainsi d´
efinie
est une mesure complexe absolument continue par rapport `
aµ.
(b) On note Sl’ensemble des fonctions ´
etag´
ees E-mesurables, et on se rappelle que S
est dense dans L(E, E, µ). Montrer en utilisant le th´
eor`
eme de Radon-Nikodym
qu’il existe une fonction g:EC,E-mesurable et µ-int´
egrable telle que
fL(E, E, µ), φ(f) = ZE
fg dµ.
(c) Si p= 1, montrer que cette fonction gL(E, E, µ)et kgk=kφk0
1.
2
(d) Si 1<p<, montrer que gLq(E, E, µ)et kgkq=kφk0
p.
2. Supposons que la mesure µest σ-finie: soient EnE, n Ntels que En=Eet
µ(En)<.
(a) On pose ω=PnN2n1
1+µ(En)1Enet µ=ωµ. Alors µest une mesure positive de
masse finie.
(b) On d´
efinit ψ:Lp(E, E, µ)Lp(E, E, µ)par ψ(h) = ω1/ph. V´
erifier que ψest une
isom´
etrie bijective lin´
eaire.
(c) Conclure en consid´
erant la forme lin´
eaire continue ϕ=φψsur Lp(E, E, µ).
Corrig´e : Voir le polycopi´
e de cours.
Exercice 4 (Petit contre-exemple).Soient E={a, b}et µla mesure d´
efinie sur P(E)par
µ({a})=1et µ({b}) = µ(E)=+. Caract´
eriser L(µ)et le dual topologique de L1(µ).
Conclure.
Corrig´e : On a L={f:ER}et L1={f:ER|f(b)=0}. Donc le dual topologique
de L1est (L1)0={fL17→ αf(a): αR}. On voit ici que l’application gL7→ Φg(L1)0,
o`
uΦg:fL17→ REfg dµ), est surjective mais pas injective.
La mesure µn’est pas σ-finie et le th´
eor`
eme de dualit´
e (avec p= 1 et q= +) ne s’applique
pas dans ce cas.
Exercice 5 (Th´
eor`
eme de Vitali-Saks).Soit (E, E, µ)un espace mesur´
e. Une famille (νi)iIde
mesures sur Eest dite absolument ´equicontinue par rapport `
a la mesure µsi:
(ε > 0,AεE, µ(Aε)<+et iI, νi(Ac
ε)< ε,
ε > 0,δ > 0,AE, µ(A)< δ =⇒ ∀iI, νi(A)< ε
On suppose que E=σ(C), o `
uCest une classe stable par intersection finie contenant E. Le but
est de prouver le r´
esultat suivant :
Soit (νn)n1une suite de mesures finies sur E, absolument ´
equicontinue par rapport `
aµet
telle que pour tout C∈ C,limnνn(C)existe dans R+. Alors pour tout AE,ν(A) = limnνn(A)
existe dans R+et νd´
efinit une mesure absolument continue par rapport `
aµ.
1. Soit B={AE;ν(A) = limnνn(A)existe dans R+}. Montrer que Best stable par
diff´
erence propre (c’est-`
a-dire si A, B ∈ B avec AB, alors B\A∈ B).
2. Soient (Bk)k1une suite d’´
el´
ements deux `
a deux disjoints de Bet Bleur r´
eunion. Montrer
que
lim
n→∞ νn(B) = X
k1
lim
n→∞ νn(Bk).
3. En d´
eduire que B=E.
4. Montrer que l’application νest une mesure sur E, absolument continue par rapport `
a la
mesure µ.
3
Corrig´e (ou plutˆ
ot ´
ebauche de corrig´
e) :
1. Pas de difficult´
e.
2. D’abord voir que
X
k1
lim
n→∞ νn(Bk)lim inf
n→∞ νn(B)
en utilisant le lemme de Fatou (pour la mesure de comptage). Pour prouver que
lim sup
n→∞
νn(B)X
k1
lim
n→∞ νn(Bk),
´
ecrire pour tout  > 0et n, k 1:
νn(B)
k
X
j=1
νn(Bj) + νnAε\
j>k
Bj+νn(Ac
εB),
et utiliser le fait que µAεTj>k Bj0lorsque k→ ∞.
3. On v´
erifie que Best une classe monotone, ce qui fournit le r´
esultat d´
esir´
e en utilisant le
lemme de la classe monotone.
4. Pas de difficult´
e en utilisant l’´
equicontinuit´
e.
Exercice 6 (S´
equentielle compacit´
e faible dans L1, th´
eor`
eme de Dunford–Pettis).
Soit (E, E, µ)un espace mesur´
e de mesure finie. On suppose que E=σ(C), o `
uCest une classe
d´
enombrable stable par intersection finie contenant E.
1. Montrer que c’est bien le cas lorsque Eest un espace m´
etrique s´
eparable muni de sa tribu
bor´
elienne.
Soit (fn)n1une suite born´
ee de L1(E, E, µ)(c’est-`
a-dire la suite (kfnk1)n1est born´
ee) telle
que la suite de mesures (|fn|·µ)n1est absolument ´
equicontinue par rapport `
aµ(voir l’exercice
pr´
ec´
edent pour une d´
efinition).
2. Montrer qu’il existe une sous-suite (fφ(n))n1telle que les deux suites de mesures d´
efinies
par ν±:= f±
n·µv´
erifient: pour tout C∈ C,limnν±
φ(n)(C)existent dans R.
3. Montrer qu’il existe fL1(E, E, µ)v´
erifiant pour tout AE:lim
n→∞ ZA
fφ(n)=ZA
fdµ.
4. En d´
eduire la convergence faible de fφ(n)vers f:gL(E, E, µ),
lim
n→∞ ZE
fφ(n)g dµ =ZE
fg dµ.
5. Une suite (fn)n1qui converge faiblement converge-t-elle n´
ecessairement µ-p.p. ou en
norme k·k1vers f?
4
Corrig´e (ou plutˆ
ot ´
ebauche de corrig´
e) :
1. Prendre U= (Un)n0une base d´
enombrable d’ouverts de Eavec U0:= E, puis choisir C
comme ´
etant compos´
ee par les intersections finies d’´
el´
ements de U.
2. Pour tout C∈ C, les suites (ν±
n(C))n1sont born´
ees, donc admettent une valeur d’adh´
erence.
Utiliser ensuite le proc´
ed´
e d’extraction diagonal et la d´
enombrabilit´
e de C.
3. Appliquer l’exercice pr´
ec´
edent aux suites de mesures (ν±
n)n1, puis le th´
eor`
eme de Radon-
Nikodym `
a leur limite (justifier qu’on peut l’appliquer !)
4. Si gL(E, E, µ), voir que pour tout  > 0, il existe une fonction ´
etag´
ee gtelle que
kggk< .
5. Non. Consid´
erer la suite d´
efinie sur [0,1] par fn(x) = sin(nx).
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