de tout contenant en styromousse; et Benetton diffuse à travers le monde la
photo d'un canard englué de mazout.
Ces campagnes ont le mérite d'attirer l'attention sur un problème
préoccupant et, en ce sens, contribuent à la prise de conscience d'un
phénomène de société. Peu importe qu'en même temps, ces différentes
entreprises soient des pollueurs à un degré ou l'autre, le message transmis
apporte une certaine connaissance sur la thématique retenue.
A travers ces publicités, se profile le problème de l'image de marque des
entreprises (Dagenais 1991, Gryspeerdt 1992). Les thématiques retenues
évoluent en fonction du climat socio-politique. C'est ce qui a incité les sociétés
américaines à annoncer haut et fort, à la fin des années 80, qu'elles retiraient
leurs investissements d'Afrique du Sud; et après la guerre du Golfe à célébrer
dans leurs publicités le retour des héros. Les thématiques s'articulent
également en fonction des problèmes de l'heure - c'est ce qui amène les
sociétés à se préoccuper des questions de santé: le sida, l'alcoolisme, les
maladies du coeur. Elles fluctuent selon les époques: il y a vingt ans, on
traitait des économies d'énergie, aujourd'hui de santé.
Le scénario est classique et fort bien documenté. De cette façon, les
entreprises obtiennent une valeur ajoutée à leur notoriété, se présentent
comme de bons citoyens corporatifs et font preuve de responsabilité sociale.
En même temps, elles participent à l'enrichissement collectif d'une réflexion
sur une thématique sociétale.
Désormais, la publicité sociale se présente sous un nouveau visage. Pour
ces compagnies, elle ne vise pas en premier lieu le changement de compor-
tement du citoyen, mais recherche des retombées pour l'entreprise. Pour
Benetton, "Sa campagne de publicité ne saurait être qualifiée de désintéressée,
en fait, elle obéit à un objectif de marketing précis, qui est d'asseoir la
notoriété de la marque en lui associant une image de citoyen corporatif
conscient des problèmes de ce monde" (Pierra 1992).
Benetton pousse cette stratégie de partenaire social à un tel degré que ce
qui paraissait de bon aloi chez les autres devient scandaleux chez lui. Traiter
du sida, de la violence, de la naissance, des préjugés, constitue en soi des
avenues sociales dignes d'intérêt. Mais Benetton pense encore plus loin.