CONGRÈS
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La Lettre du Sénologue - n° 9 - juin 2000
u 20 au 23 mai 2000 s’est déroulé à la Nouvelle-
Orléans le 36eCongrès de l’American Society of
Clinical Oncology (ASCO). Comme chaque
année, ce congrès a fait le point sur les dernières avancées en
cancérologie avec plus de 2 500 abstracts publiés, dont près de
400 sur le cancer du sein.
Les principales avancées du traitement médical du cancer du
sein seront développées dans La Lettre du Cancérologue
(2000 ; VIII [3]). Nous avons donc choisi de vous rapporter les
publications portant sur d’autres domaines, comme le dépis-
tage, les modalités diagnostiques, etc.
Une étude multicentrique (abstr. 295) a sorti des oubliettes le
lavage des canaux comme aide au diagnostic des cancers du
sein chez la femme à haut risque. Cette technique, réalisée
sous anesthésie locale, dure de 10 à 20 minutes selon les
patientes. Elle permet d’identifier des lésions atypiques et des
cancers chez les femmes à haut risque avec mammographie
normale.
L’équipe de la Mayo Clinic a évalué l’impact de l’IRM pré-
opératoire dans la prise en charge des patientes (abstr. 341) et
souligne son intérêt, notamment dans l’évaluation du carci-
nome lobulaire.
Les nouvelles techniques de la chirurgie semblent être une
voie de recherche intéressante, avec une étude évaluant les
possibilités de traitement par nécrose complète des petits can-
cers du sein T1 T2 par la radiofréquence (abstr. 308), traite-
ment qui pourrait être précédé de l’évaluation de l’aisselle par
la recherche du ganglion sentinelle. Une étude allemande
(abstr. 347) a évalué les différentes techniques de détection de
ce ganglion sentinelle, mais reste très prudente quant à son
indication dans les tumeurs centrales du sein.
Une autre voie de recherche en cours de développement utilise
la cryochirurgie par le système Argon (abstr. 342), qui n’avait
jusqu’ici comme indication que les tumeurs bénignes, tel le
fibroadénome, mais verrait actuellement son indication éten-
due aux petits cancers du sein.
Les cancers du sein, dans leur forme familiale, soulèvent dans
leur prise en charge initiale la question d’un traitement conser-
vateur ou non. Deux cent vingt-huit patientes avec un lourd
historique familial ont été traitées par traitement conservateur.
Leur taux de rechutes locales n’est pas plus élevé que celui des
patientes sans caractéristique familiale de cancer du sein ou de
l’ovaire (abstr. 344).
En revanche, leur risque de second cancer dans le sein contro-
latéral est fortement diminué par la mastectomie prophylac-
tique (abstr. 298).
Les Anglais ont présenté leur essai évaluant l’apport de la
radiothérapie et du tamoxifène dans la prise en charge des CIC
(abstr. 270). Cet essai confirme les résultats du NSABP et de
l’EORTC et conforte le rôle de la radiothérapie par la diminu-
tion du taux de rechutes locales sur un mode à la fois in situ et
invasif.
L’équipe du NSABP a évalué, dans l’essai B-21 (abstr. 271),
le rôle de la radiothérapie et du tamoxifène dans la prise en
charge des petits cancers infiltrants de moins d’un centimètre
traités par tumorectomie.
Deux conclusions importantes s’imposent : le tamoxifène n’est
pas aussi efficace que la radiothérapie pour diminuer les
rechutes homolatérales, et l’association radiothérapie +
tamoxifène représente le meilleur traitement.
Une actualisation (à 48 mois de suivi médian) de l’essai More
a confirmé la diminution du nombre de cancers du sein chez
les femmes traitées par raloxifène pour une ostéoporose (abstr.
336).
Un essai français a montré que, chez les femmes N+, RH+ pré-
ménopausées, la castration hormonale complète (analogue +
tamoxifène) obtenait les mêmes effets sur la survie globale et
la survie sans rechute qu’une chimiothérapie avec anthracy-
cline (abstr. 279).
Dans le même esprit, le NSABP (B-23) a démontré une équi-
valence de deux régimes de chimiothérapie CMF ou AC, asso-
ciés ou non à du tamoxifène chez les patientes N–, RH– (abstr.
277).
En revanche, l’IBCSG a confirmé l’intérêt de l’adjonction
d’une chimiothérapie (CMF) au tamoxifène pour des patientes
ménopausées N–, le bénéfice étant plus important chez les
patientes RE– et restant à confirmer chez les patientes RE+
(abstr. 281).
Compte-rendu de l’ASCO 2000
● N. Dohollou*
* Polyclinique Bordeaux-Nord Aquitaine.
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