La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 | 433
Résumé
À l’ESMO cette année, 3 points importants ont été évoqués :
- l’étude des CTC confirme leur niveau de preuve I ;
- l’irradiation de la chaîne mammaire interne, améliorant tous les paramètres de survie, se voit indiquée
dans les cas de cancer du sein N+ ou les tumeurs médianes ;
- une deuxième étude de phase III valide l’efficacité et la tolérance du T-DM1 en cas de cancer du sein
métastatique HER2+ prétraité.
Mots-clés
Biomarqueurs
Cellules tumorales
circulantes
Radiothérapie
locorégionale
Acide zolédronique
T-DM1
Summary
At this year’s ESMO Congress,
3important points were
presented:
– a study of CTCs confi rmed
them as being level of
evidence I;
– radiotherapy administered to
the internal mammary chain,
which improves all survival
parameters, is recommended
in cases of breast cancer
with node involvement or in
moderate-size tumors;
– a second phase III study vali-
dated the effectiveness and
tolerance of T-DM1 in cases
of previously treated HER2+
metastatic breast cancer.
Keywords
Biomarkers
Circulating tumor cells
Locoregional radiotherapy
Zoledronic acid
T-DM1
dans les 3 cohortes (HR = 0,45 ; p = 0,015), mais de
façon plus prononcée dans la cohorte trastuzumab
+ lapatinib (tableau I).
Biomarqueurs dans l’étude BOLERO-3 :
évaluation de l’apport de l’évérolimus
dans les cancers du sein HER2+
D’après Jerusalem G et al., abstr. LBA16
L’activation de la voie PI3K/mTOR est l’un des
mécanismes de résistance au trastuzumab. L’essai
de phase III randomisé BOLERO-3 évalue l’apport
de l’évérolimus à l’association vinorelbine + trastu-
zumab chez des patientes atteintes de cancers
du sein HER2+ métastatiques résistants au tras-
tuzumab et prétraitées par taxane. Au congrès
américain en oncologie clinique de juin dernier,
les premiers résultats avaient été présentés avec
une amélioration de la SSP (HR = 0,78 ; IC
95
:
0,65-0,95). Le but de cette étude est d’explorer la
valeur prédictive de biomarqueurs de la voie PI3K/
mTOR dans la réponse à l’évérolimus : pS6, PTEN
et mutations de PI3K. La population étudiée est
représentative de la population globale en termes
de caractéristiques initiales et de résultats. Un taux
d’expression bas de PTEN est associé à un béné-
fi ce plus important de l’évérolimus avec un gain
de SSP de 4 mois (9,6 [évérolimus] versus 5,2 mois
[placebo]). De même, un taux élevé de pS6 est
associé à un bénéfi ce de l’évérolimus (HR = 0,48 ;
IC
95
: 0,24-0,96). À l’inverse, il n’y a aucun bénéfi ce
à l’addition d’évérolimus chez les patientes dont
la tumeur présente un taux bas de pS6, et normal
de PTEN. Il existe une tendance à un bénéfi ce de
l’évérolimus chez les patientes ayant une tumeur
présentant une mutation de PI3K (environ 20 % de
la population). Des interactions signifi catives entre
le traitement et les marqueurs sont détectées pour
PTEN et pS6 mais pas pour les mutations de PI3K.
En conclusion, les patientes dont la tumeur présente
une activation de la voie PI3K/mTOR pourraient
bénéfi cier de l’addition de l’évérolimus à l’asso-
ciation trastuzumab + vinorelbine. Les résultats et
l’implication clinique de cette analyse exploratoire
nécessitent une validation.
Traitements locorégionaux
Résultats à 10 ans de l’étude de phase III
de l’EORTC 22922/10925 :
irradiation de la chaîne mammaire
interne et des ganglions sus-claviculaires
dans les cancers du sein de stades I à III
D’après Poortmans P et al., abstr. LBA2
La RT locorégionale (du sein et de la paroi thora-
cique, ainsi que des ganglions mammaires internes
et sus-claviculaires) améliore la SG des patientes
présentant un cancer du sein. Cette étude évalue
l’importance de l’irradiation mammaire interne
sur la SG chez des patientes présentant un enva-
hissement ganglionnaire axillaire, ou une tumeur
centrale ou interne sans atteinte ganglionnaire
axillaire.
Entre 1996 et 2004, 4 004 patientes ont été
randomisées. L’âge médian était de 54 ans et
55,6 % présentaient un envahissement axillaire.
La majorité (76 %) a eu un traitement conservateur
avec RT mammaire, et 85,1 % des patientes ont
reçu une dose additionnelle dans le lit tumoral.
Après mastectomie, 73,2 % ont reçu une RT de
la paroi. Pratiquement toutes les patientes N+
(99 %) et 66,3 % des patientes N0 ont eu un
traitement systémique adjuvant. Avec un suivi
médian de 10,9 ans, les résultats montrent que
la RT ganglionnaire améliore la SG ainsi que les
survies sans maladie et sans métastase sans
augmenter la mortalité non liée au cancer du sein
(tableau II, p. 434). Ces effets sont indépendants
Tableau I. Étude NeoALTTO : mutations de PI3K et corréla-
tion avec la réponse complète histologique (d’après Baselga J
et al., abstr. 1859 actualisé).
pCR (%)
Mutations
PI3K
Absence
demutations PI3K
Lapatinib 14,8 20,4
Trastuzumab 20 28,4
Lapatinib +
trastuzumab
28,6 55,8