Tableau III. Essai anglo-australien publié en 2003 (UK-ANZ DCIS Trial) : taux
de RL ipsilatérales avec et sans RT (en %).
5 ans 10 ans 15 ans
RT–
RT+
13
4,4
19,4
7,1
21,7
7,1
Bénéfice absolu 8,6 12,3 14,6
La RT réduit donc le risque de RL de 68 % (p < 0,001).
La Lettre du Sénologue • n° 47 - janvier-février-mars 2010 | 5
ÉDITORIAL
Pour les patientes pN+, l’adjonction d’une chimiothérapie
réduit partiellement le risque de rechute et diminue égale-
ment la mortalité, surtout dans le sous-groupe pN 1-3.
Ces résultats impliquent toutefois certains commentaires,
car la plupart de ces essais sont anciens.
➤
La chirurgie initiale n’a pas toujours été optimale, en
particulier au niveau axillaire, avec un nombre de ganglions
prélevés souvent non précisé ou insuffisant. Par ailleurs, il
n’y a aucun détail concernant les marges d’exérèse après
chirurgie conservatrice.
➤
Les techniques d’irradiation utilisées étaient souvent
inadaptées avec des appareils et des distributions de doses
aujourd’hui obsolètes, générant parfois une toxicité exces-
sive (surtout cardiaque).
➤La fiabilité des dosages des récepteurs aux estrogènes a
été le plus souvent médiocre.
➤Les chimiothérapies utilisées étaient le plus souvent de
première génération (exemple : CMF).
Malgré ces réserves, ces résultats bénéfiques de la RT, qui se
confirment avec le temps, restent une pierre angulaire pour
les indications dans le traitement locorégional.
La deuxième communication concernant l’impact de la RT
dans les carcinomes canalaires in situ (CCIS) a été faite par
J. Cuzick, de Londres.
Il s’agit en fait de l’actualisation à 12,7 ans de l’essai anglo-
australien (UK-ANZ DCIS Trial) publié initialement en 2003.
Il faut rappeler qu’il s’agit d’une étude particulière, avec
un plan d’analyse factoriel 2X2 évaluant, après chirurgie
conservatrice, l’impact de la RT mais également celui du
tamoxifène (TAM) sur 1 701 patientes issues des programmes
de dépistage et incluses entre 1990 et 1998. L’exérèse chirur-
gicale était complète, mais aucune mesure des marges d’exé-
rèse n’est disponible. Il est à noter que la randomisation
était indépendante, si bien que les quatre groupes définis
(contrôle, TAM, RT, RT + TAM) n’avaient pas le même nombre
de patientes.
L’auteur a confirmé l’impact majeur de la radiothérapie sur
la réduction du risque de RL (tant in situ qu’invasive) et,
comme pour les cancers invasifs, la réduction du risque de
RL augmente avec le temps : le bénéfice absolu de l’irradia-
tion sur le taux de RL est de 8,6 % à 5 ans, 12,3 % à 10 ans
et 14,6 % à 15 ans. (tableau III).
La RT n’a qu’un faible impact, non significatif (–16 %), sur
le risque de cancer du sein controlatéral (de 4,1 % à 3,4 %).
En l’absence de RT, le tamoxifène réduit le risque de RL de
22 % à 18 %, et avec RT, de 8 % à 6 %. Il diminue égale-
ment les cancers du sein controlatéraux. Les taux de décès
à 10 ans ne sont pas significativement différents dans les
quatre groupes de traitement.
Cet essai confirme donc l’impact majeur de la RT sur la
réduction des RL après chirurgie conservatrice des CCIS, et
est cohérent avec les résultats des trois autres essais rando-
misés publiés (NSABP B-17, EORTC 10583, SWEDCIS Trial) et
avec les récentes recommandations nationales INCa-SFSPM
(www.e-cancer.fr). ■
1. Early Breast Cancer Trialists’ Collaborative Group (EBCTCG). Effects of chemo-
therapy and hormonal therapy for early breast cancer on recurrence and 15-year
survival: an overview of the randomised trials. Lancet 2005 ;365:1687-717.
Référence bibliographique
Dossier à paraître en juin 2010
Le congrès de San Antonio 2009 et
son apport dans la pratique quotidienne
Interview des experts sur place