ÉDITORIAL Les 10 ans de La Lettre du Sénologue Il était une fois… une revue consacrée au sein 1975 1979 Devenue au cours des années... 1982 1985 ... un beau jour de juin 1998, naissance de La Lettre du Sénologue... A. Lesur* J uin 1998 : premier numéro d’une nouvelle revue. Courageusement, probablement inconsciemment, nous n’avons pas hésité à nous “insérer” entre les gynécologues et les cancérologues… La Lettre du Sénologue, alors que la spécialité n’existait pas…, quelle audace ! Pourtant nous connaissions bien l’historique, relaté dans l’article “Sénologie” du premier numéro…, rétrospective de Senologia, Breast Disease Senologia, Le Sein, etc. Initialement destinée aux gynécologues, alors inondés de revues gratuites, qui s’y intéressaient d’autant moins qu’il fallait s’abonner, cette Lettre a très vite fait le bonheur des cancérologues qui y trouvaient, à travers les sommaires, le fil conducteur de leurs EPU. Bien avant le plan cancer, nous avions inscrit en lettres d’or le mot “pluridisciplinarité” et respect de chacun, dans son mode d’exercice… Sans le soutien d’aucune société savante, mais persuadés d’être dans le sens du vent, nous avons avancé, en rappelant à tous que la sénologie était incontournable… Dix ans plus tard, les chiffres nous donnent raison : le cancer du sein est de loin le premier cancer de la femme, en culminant à plus de 49 000 nouveaux cas par an. Démodée, La Lettre du Sénologue ? voyez plutôt : premier article du premier numéro… “La radiothérapie et ses modalités”, bien avant Épinal, et les recommandations des institutions d’État… Le sport après cancer du sein ? De quoi parle-ton aujourd’hui ? N’est-ce pas un des aspects le plus souvent évoqué et qui justifie la pratique d’un jogging lors des 30es Journées de la SFSPM sur la prévention ! Et à propos de prévention, Michèle Escoute nous offrait un des premiers morceaux d’anthologie dans sa revue de presse “grand public”, à propos des résultats “anticipés” de l’étude NSABP P1 sur le tamoxifène… Depuis, quarante numéros… et vous avez encore des choses à dire ? Depuis dix ans, le dépistage est devenu incontournable et s’est généralisé, la chirurgie s’est sophistiquée avec le ganglion sentinelle…, mais aussi les lésions infracliniques qui ont rapproché les radiologues, les pathologistes et les chirurgiens, dorénavant indissociables. Les taxanes, les antiaromatases et les thérapies ciblées avec l’Herceptin® ont amélioré le pronostic, faisant même de la maladie métastatique une maladie “chronique”… L’INCA est venu mettre de l’ordre dans toutes ces pratiques, avec le Plan Cancer et ses innombrables mesures, en en faisant une priorité politique, cherchant à ramener la patiente au centre des préoccupations, en optimisant prise en charge et qualité de vie. Nous avons vécu en quelques années la gloire et le déclin des traitements de la ménopause, avec une quasi-disparition d’un confort de vie devenu sulfureux à la sauce américaine, l’avènement d’une nouvelle spécialité : la psycho-oncologie, la place prépondérante prise par l’oncoplastie et la progression des reconstructions mammaires, quel que soit l’âge. Bien que ne concernant que quelques pour cent de la pathologie cancéreuse mammaire, l’oncogénétique a pris toute sa dimension, multipliant les consultations dédiées, les réflexions éthiques… la chirurgie préventive était née… Voici une décennie toute neuve devant nous. Le noyau “dur” est là, entouré des fidèles du premier jour, mais aussi de nouvelles personnalités, tout en ayant une pensée émue pour ceux qui nous ont quittés, soit par obligations personnelles, soit par l’ironie du sort de la vie. Ainsi, comment parler de ces années passées, sans parler de toi, mon amie, que le destin nous a enlevée, si vite et tellement trop tôt ? À toi, Pascale, je dédie cet éditorial, avec toute l’émotion qui nous étreint à ton souvenir, en te confiant ces années à venir… Années de plus en plus exigeantes, entre une vulgarisation tout terrain de revues “digest”, qui cherchent leur lectorat, et l’exigence d’un niveau intellectuel qui mériterait souvent de figurer dans les recherches bibliographiques, sur Pubmed, à la quête des points SIGAPS, chers à nos directeurs… Puisse le temps nous garder tous unis et heureux dans cette collaboration entre éditeur impliqué et médecins conscients de leur rôle de témoins dans l’histoire de notre humanité. Soyez nombreux à nous rejoindre dans la passion de la sénologie… O1 * Rédacteur en chef de La Lettre du Sénologue, centre AlexisVautrin, Vandœuvre-lès-Nancy. 4 | La Lettre du Sénologue • n° 40 - avril-mai-juin 2008