D O S S I E R Conclusion ● J.R. Garbay* L a mortalité par cancer du sein est en diminution lente mais certaine ces dix dernières années dans de nombreux pays européens et aux États-Unis. Ceci est essentiellement dû au diagnostic plus précoce et donc au traitement de stades plus précoces. Ceci est un élément nouveau qui prouve les progrès réalisés en cancérologie ces 20 dernières années. Une femme jeune ayant souvent une tumeur à croissance rapide doit donc pouvoir profiter de cette dynamique en rencontrant des praticiens de proximité très réactifs, sachant ne pas renvoyer en surveillance à trois mois une situation non typiquement bénigne, en s’aidant d’un second avis et de microbiopsies judicieusement prescrites. Il est clair qu’une proportion importante de femmes de moins de 35 ans atteintes de cancer du sein présente des tumeurs agressives avec des facteurs de mauvais pronostic. Mais il est pour l’instant difficile d’affirmer avec certitude que l’âge est un facteur pronostique indépendant. Beaucoup d’éléments infirment l’idée selon laquelle les tumeurs des femmes jeunes se présenteraient avec un stade plus avancé. Les chimiothérapies intensives ne semblent pas apporter de bénéfice supplémentaire même si l’essai français d’intensification en cas d’atteinte ganglionnaire importante (Pégase1) démontre une amélioration de la survie sans récidive . Par ailleurs, la proportion de tumeurs hormonosensibles demeure non négligeable. Les traitements seront appliqués * Service des Ardennes, Institut Gustave-Roosny, Villejuif. A TI Q U E D O SS IE R TH ÉM avec l’optique de frapper fort d’emblée sur une maladie qui est plus agressive globalement qu’après 50 ans. Les chimiothérapies seront plutôt sur le versant maximaliste et les traitements conservateurs réalisés avec des critères très stricts. Les femmes porteuses d’une mutation seront traitées de la même manière en tenant compte cependant d’un surrisque de cancer controlatéral. Les espoirs de progrès important résident dans les nouvelles techniques d’étude génomique qui nous permettront d’individualiser dans les cancers du sein de la femme jeune comme chez les autres, des entités indépendantes avec une prédiction de l’efficacité thérapeutique. Concernant le risque génétique, tous les cancers de ces femmes jeunes ne sont pas génétiques : il existe une prévalence de mutation de BRCA1 ou BRCA2 de 36 % chez une femme de moins de 30 ans ayant une histoire familiale contre 4 % en l’absence de tels antécédents. Il existe aussi une prévalence de mutation forte en cas de cancer bilatéral (22 %) et en cas de cancer multifocal (18 %), ce qui est une notion intéressante et nouvelle. Enfin, de nombreuses autres formes dites “familiales” de cancer du sein (15 % environ, plus encore chez les femmes très jeunes) existent qui ne sont pas liées aux mutations de BRCA1 et BRCA2. Il existe donc dans ces familles une forme de “susceptibilité”, en rapport avec des variations concomitantes de plusieurs gènes “faibles” et à l’association de ces variations avec certaines conditions environnementales. ■ Retrouvez dans un prochain numéro de La Lettre du Sénologue notre dossier : LE CANCER DU SEIN DELA FEMME JEUNE (MOINS DE35 ANS) [ e :LORSDELAGROSSESSE] [2e parti Coordonné parJ.R.Garbay,B.Marion-Deremble 20 La Lettre du Sénologue - n° 22 - octobre/novembre/décembre 2003