Compte rendu des Premières Universités d’été des thérapies ciblées R

La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 8 - octobre 2007
Réunion
Réunion
373
Compte rendu des Premières Universités d’été
des thérapies ciblées
Montpellier, 6 et 7 juillet 2007
Organisateur local : David Azria
D’après les présentations de C. Sotiriou, H. Roché, J. Gligorov, W. Jacot, X. Pivot, A. Pèlegrin, M.C. Étienne, J.Y. Blay, J.P. Spano, L. Zelek,
F. Bibeau, B. Coudert, C. Hennequin, C. Lafont, P. Goss
recueillies par le Dr N. Charbonnier
SOUSTYPES MOLÉCULAIRES DES CANCERS
DU SEIN : LES FONDAMENTAUX
C. Sotiriou Bruxelles
La génomique et le développement des technologies de
microarrays, méthodes d’expression des gènes, permettent au 
l du temps de mieux comprendre les mécanismes biologiques 
impliqués à l’échelle moléculaire dans le cancer du sein. 
Nouvelle classifi cation moléculaire du cancer du sein
À partir des résultats d’études menées avec les technologies de 
microarrays,quatre grands sous-typesmoléculairesde cancerdu 
sein ont été identifiés : les basal-likeet les HER2+, caractérisés 
par unfaibleniveau ou une absence d’expression des récepteurs 
des estrogènes, et les luminaux A et B, tumeurs exprimant des 
récepteurs des estrogènes. Cette classification est intéressante 
sur le plan pronostique, avec des taux de survie à 6 ans supé-
rieurs à 80 % et 50 % respectivement pour les lumimaux A et B, 
et des taux de survie à 3 ans pour les basal-like et les HER2+ 
inférieurs à 40 %. 
Identifi cation croissante
de signatures moléculaires pronostiques
Deux grandes études ont recherché la valeur pronostique de 
signatures moléculaires (signature d’Amsterdamavec 70 nes et 
signaturede Rotterdamavec76 nes)chezdespatientesN-. Une 
corrélation signifi cativea étémise en évidence entrelexpression 
deces gènes,lasurvenuede métastasesdansles 5 anset la survie, 
permettantde différencier deuxtypesde populations en fonction 
du pronostic. Récemment, le travail du TRANSBIG (réseau de 
recherchetranslationnellemultidisciplinaireeuropéen),menéchez 
302 patientes N- nontraitées etsuiviesdurant13,6 ans(médiane), 
a permis lavalidation de ces deux signaturespronostiques(délai 
d’apparitiondemétastasesàdistanceet survie globale). Auvude 
cesdonnées, deuxétudes prospectives portant sur des patientes 
atteintesd’un cancerdusein N-, l’étudeTAILORx, initiée par le 
National Cancer Institute (NCI), et l’étude MINDACT, coor-
donnéepar laEuropeanOrganisationforResearchandTreatment 
of Cancer (EORTC), ont été mises en place. 
Quatre grands sous-types pronostiques
Une méta-analyse incluant toutes les données existantes en 
matière de profil génétique du cancer du sein a été menée 
(18 études, 2865 patientes atteintes d’un cancer du sein). Lana-
lyse des gènes impliqués dans cinq grands modules (récepteur 
des estrogènes, HER2,prolifération,invasiontumorale,réponse 
immunitaire)apermisd’identifier 4 sous-typesdifrents : 
ER-/HER2-, HER2+, ER+ et indice bas de prolifération, ER+ 
et indice élevé de prolifération). Le module ER+/indice bas 
de prolifération représente le meilleur pronostic en termes de 
survie, suivi du module ER+/indice élevé de prolifération, du 
module ER-/HER2- et du module HER2+. 
La prolifération, un facteur pronostique majeur
Parmi les524 gènes récemment identifiés commeétant corrélés 
à la survie,65 % paraissent impliqués dansla proliférationcellu-
laire. Lexpression de gènes de prolifération constitue donc un 
facteur clé sur le plan pronostique dans le cancer du sein. 
L’avenir, c’est aussi la prédiction
Des gènes impliqués dans la réponse au traitement de la sensi-
bilité thérapeutique hormonale, au trastuzumab et à la chimio-
thérapie (docétaxel, paclitaxel- FAC [5-FU, cyclophosphamide 
et doxorubicine] ou CMF [cyclophosphamide, méthotrexate 
et 5-FU] dans les tumeurs RE+) ont été identifiés. Lavenir
consistera à identifier précisément des signatures prédictives 
qui permettront le choix éclairé d’une stratégie thérapeutique 
en fonction du profil moléculaire de la tumeur. Le futur, cest 
aussi le micro-environnement tumoral, dont on commence 
à cerner le rôle dans la réponse en situation néoadjuvante et 
métastatique.  
Les progrès des connaissances en biologie moléculaire dans 
le cancer du sein devraient permettre dans le futur de savoir à 
quelles patientes proposer un traitement adjuvant et, lorsque 
ce traitement est indiqué, de proposer une véritable stratégie 
personnalisée. 
SOUSTYPES MOLÉCULAIRES DES CANCERS
DU SEIN : IMPLICATIONS EN PRATIQUE
H. Roché Toulouse
Le typage moléculaire, s’il constitue un apport supplémentaire, 
ne bouleverse pas pour l’instant l’approche anatomoclinique. Il 
s’agit encore d’une classificationexpérimentale dont l’étalonnage, 
la reproductibilité et les modalités devront être précisés. 
Comme pour touslessous-groupes, 
les luminaux A et les lumi-
naux B
 nécessitent des critères didentifi cation applicables à la 
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clinique. Leurs caractéristiques, leur évolution, leur sensibilité 
aux traitements, les rechutes, etc., aujourd’hui mal cernées, 
devront faire lobjet d’études spécifiques. 
Malgréles multiples travauxmenéssurle 
cancer du sein HER2+
, 
nombre de questions restent en suspens: l’identification IHC 
et/ou FISH est-elle suffisante ? Comment prédire un échec au 
trastuzumab ? Quelscritères de choix en faveur dutrastuzumab 
ou du lapatinib ? Faut-il effectuer la recherche d’expression de 
topo-isomérase II ? Le bénéfice des anti-HER2 est-il limité aux 
tumeurs HER2+ ?, etc.
Les cancers de type triple négatif
doivent être différenciés des 
basal-like. T.O. Nielsen et al. ont montré que létude del’expres-
sion de RE, HER1, HER2, CK5/6 pourrait suffire pour définir 
ce sous-groupe des basal-like. De moins bon pronostic que les 
autres tumeurs, les tumeurs de type triple négatif semblent
bénécier plus particulièrement d’une chimiothérapie adjuvante 
par 3 FEC (5-FU, cyclophosphamide et épirubicine), suivie de 
3 curesde docétaxelou d’une chimiothérapie àfortes doses 
(Rodenhuis S et al., 2006).  
En l’état actuel des connaissances, la présence de cepteurs 
hormonaux, la surexpression de HER2 et un grade histologique 
de niveau 3 restent des facteurs prédictifs de choix. Sur le plan 
pronostique, l’étude de E. Mamounas et al. (SABCS, 2005)a 
montré l’existence dune corrélation significative entre le score 
de récidive défini à partir du système Oncotype DX™ chez des 
patientesN-/RE+ et le risquederechute locorégionale; lassocia-
tion d’une hormonothérapieet d’une chimiothérapie permet de 
réduire significativement les scores de rechute, et ce dans tous 
les cas, quel que soit le niveau initial de score de récidive. 
En pratique, la classification moléculaire sera à l’avenir proba-
blement très utile pour identier des sous-groupes particuliers, 
en complément des facteurs classiques, et orientera les choix 
thérapeutiques. 
ANTIHER : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES
DE DÉVELOPPEMENT
J. Gligorov (Paris)
Thérapeutiques anti-HER2 (trastuzumab)
en situation métastatique
Dans la revue récente réalisée par C.A. Hudis (NEJM, 2007), 
les données de trois essais thérapeutiquesmenés avec le 
trastu-
zumab en monothérapie
chezdes patientes présentant un 
cancer du sein métastatique prétraité et HER2+ (évaluation
par immunohistochimie [IHC] simplement) indiquent destaux 
de réponse variant de 11 à 26 % (doses et durée du traitement 
différentes d’une étude à l’autre). Les résultats des deux études 
pivots, menées par D.J. Slamon et al. et par M. Marty et al. avec 
l’asso ciation
chimiothérapie-trastuzumab
 en traitement de 
première ligne chez des patientesHER2+ jusqu’à progressionde 
la maladie, ont constitué une vraie révolution, démontrant pour 
la première fois en situation métastatiqueun allongement signi-
catif de la survie globale,et la possibilité de modifier l’histoire 
naturelle de la maladie (tableau).  
Tableau.
E cacité de l’association chimiothérapie-trastuzumab :
résultats des deux études pivots.
Étude
et résultats
nals
Chimiothérapie Chimiothérapie
et trastuzumab p
D.J. Slamon et al.
Nombre
de patients
234 (doxorubicine
et cyclophosphamide
ou paclitaxel)
235 (doxorubicine
et cyclophosphamide
ou paclitaxel)
Temps jusqu’à
progression
(mois)
4,6 7,4 < 0,001
Taux de réponse
(%) 32 50 < 0,001
Médiane
de survie
globale (mois)
20 25 0,046
M. Marty et al.
Nombre
de patients 94 (docétaxel) 92 (docétaxel)
Temps jusqu’à
progression
(mois)
6,1 10,7 0,001
Taux de réponse
(%) 34 61 0,001
Médiane
de survie
globale (mois)
23 31 0,032
Un grand nombre d’études de phase II menées avec le trastu-
zumab associé à différentes chimiothérapies montre qu’il
existe des associationssynergiqueset peutoxiques comme, 
par exemple, les associations au docétaxel, à la vinorelbine ou 
encore à la capécitabine. Mais aucune comparaison directe na 
été alisée à ce jour, de sorte qu’aucune association ne peut 
être considérée comme supérieure à une autre. Lassociation 
au trastuzumab d’une chimiothérapie comprenant des sels de 
platineet dupaclitaxel est aussi probablement intéressante. 
Pour la pratique, on retiendra les recommandations de Saint-
Paul-de-Vence (Oncologie, 2005). 
Dans l’étude TANDEM,qui a comparé l’anastrozoleseul à 
lasso-
ciation anastrozole-trastuzumab
, un allongement de la survie 
sans progression (p = 0,0016) et de meilleurs taux de réponse 
objective (6,8 % versus 20,3 % ; p= 0,018) ont été obtenus avec le 
traitement combiné. Ces résultats ont permis lobtention dune 
nouvelle AMM en traitement de première ligne métastatique. 
Faut-il maintenir la pression sur les récepteurs HER2 après
progression ?
Lensembledesdonnées rétrospectivesrelatives au 
trastuzumab sontenfaveurdelapoursuitedutraitementau-delà 
de la progression de la maladie, faisant apparaître dans ce cadre 
un bénéfice en termes de survie. Le blocage en deuxième ligne 
des récepteurs HER2 par le lapatinib, qui permet une augmen-
tation du taux de réponse et un allongement de la survie sans 
progression, confirme limportance du maintien de la pression 
sur les récepteurs HER2. 
100
80
60
Survie sans progression
0
HR = 0,48 ; p < 0,0001
Paclitaxel (n = 354)
Bévacizumab + paclitaxel (n = 368)
10 20
6,7 13,3
30
Mois 40
40
02
0
Figure 1.
Paclitaxel-bévacizumab : temps jusqu’à progression
(étude E2100).
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Dans le cancer du sein métastatique, le trastuzumab reste le 
traitement de rence pour bloquer les récepteursHER2 quelle 
que soit la ligne de traitement, aucune étude clinique évaluant 
différentes stratégies anti-HER2 nayant mis en évidence à ce 
jour de résultats équivalents. 
Thérapeutiques anti-HER2
en situation non métastatique
Comme l’ont montréB. Coudert et al.dans leur récente publica-
tion (JCO, 2006), des taux élevés de réponse objective,supérieurs 
à 20 % et avoisinantmêmeparfoisles 40 %, ontété rapportés avec 
le 
trastuzumab en néoadjuvant
 chez des patientes HER2+.  
L’actualisation des données provenant des cinq grands essais 
randomisés de phase III menés avec le 
trastuzumab en situa-
tion adjuvante
, quelsque soient la chimiothérapie associée, les 
scmasutilisés et la durée du traitement,con rme son efficacité 
à ce stade de la maladie, avec une amélioration signifi cative
tant de la survie sans récidive (environ 50 %) que de la survie 
globale. En ce qui concerne le profil de tolérance cardiaque, 
l’incidence d’une insuffisance cardiaque reste stable au cours 
du temps, de 1 à 3 %. La tolérance cardiaque du trastuzumab 
est différente de celleobservée avec les anthracyclines : absence 
de toxicité cardiaque cumulative ou dose-dépendante, absence 
de toxicité au niveau du cardiomyocyte et toxicité réversible. 
De nouvelles recommandations viennent d’être publiées par 
l’American Society of Clinical Oncology (ASCO).  
Thérapeutiques anti-HER dans le cancer du sein :
réalité clinique et perspectives de développement
Dessultatscevantsontétéobtenusavecl’utilisation 
d’anti-HER1/epidermal growth factor receptor (EGFR) [erlo-
tinib, gefitinib] dans le cancer du sein. La voie actuellement 
explorée est celle du blocage de l’hétérodimérisation de HER2 
avec le pertuzumab, efficace mêmeen l’absence de surexpres-
sion de HER2 et agissant en synergie avec un traitement par 
trastuzumab. 
THÉRAPEUTIQUES CIBLANT LE COUPLE VEGF/
VEGFR EN ONCOLOGIE MAMMAIRE
W. Jacot (Montpellier)
Ciblage du VEGF
Le bévacizumab (Avastin
®
), dont l’efficacité a déjà été mise en 
évidencedans différentes indications, fait lobjetd’un développe-
mentde très grande envergure. Plusieurs travaux menésafin de 
mieux comprendre sonmécanisme d’action ont permis d’iden-
tifier trois grandes étapes : à une phase précoce du traitement, 
régression des néovaisseaux tumoraux et normalisation de la
vascularisation tumorale, puis, ultérieurement, inhibition de
la croissance tumorale et de la néovascularisation.
Une première étude de phase III a été initiée afin de comparer 
l’effi  cacité et la tolérance de l’association bévacizumab-capécita-
bine versus capécitabine seule chezdes462 patientes présentant 
un 
cancer du sein métastatique déjà prétraité
. Des taux de 
réponse objective importants, respectivement de 19,8% et 30,2% 
(selon l’évaluation par le comité de relecture et par l’investiga-
teur), ont été obtenus avec le traitement combiné, supérieurs 
à ceux obtenus avec la capécitabine seule, mais il na pas été 
retrouvé de différence entre les deux bras concernant la survie 
sans progressionetla survie globale. La toxicité du bévacizumab 
dans cette étude a été minime, principalement représentée par 
une hypertension artérielle (15 à 20%, grade 3). Le VEGF étant 
l’un des facteurs les plus précoces impliqué dans l’angiogenèse, 
des essais avec le vacizumab ont été depuis mis en place à 
des stades moins avancés, en première ligne métastatique et en 
situation néo adjuvante. 
Les résultatsdelétude E2100,menéeen
traitement de première
ligne métastatique
dansle cancerdu seinchez 715 patientes, ont 
montré une augmentation du taux de réponse objective (36,2 % 
versus16,4 %) et un allongement très importantde la survie sans 
progression de 6,6 mois (13,3 mois versus 6,7 mois ; p < 0,0001) 
dans le groupe traité par l’association paclitaxel- bévacizumab 
(versus paclitaxel), etce dans tousles sous-groupes étudiés 
( gures 1 et 2). Un allongement de la survie médiane, bienque 
non significatif, était également observé (p = 0,08).  
Au cours d’une étude pilote menée en néoadjuvant auprès de 
21 patientes présentant uncancer dusein invasif ou localement 
avancé, lassociation chimiothérapie-vacizumab s’est révélée 
intéressante : malgré un suivi médian bref de 26,9 mois, une 
réponse complète a été observée dans 5 % des cas (une patiente), 
et une réponse partielle dans 67 % des cas. 
Ciblage du site tyrosine kinase du VEGFR
Les premières données relatives à lefficacité des inhibiteurs de 
tyrosinekinase du VEGFR ne sont pas encoretrèsconvaincantes : 
un bénéfice clinique de 16 % a été observé avec le sunitinib
(ASCO 2005) chez des patientes prétraitées pour un cancer 
Paclitaxel (E2100)
Bévacizumab + paclitaxel hebdomadaire (E2100)
Docétaxel + doxorubicine (Nabholtz)
Doxorubicine + cyclophosphamide (Nabholtz)
Doxorubicine (Chan)
Docétaxel (Chan)
5-FU + doxorubicine + cyclophosphamide (Jassem)
Paclitaxel + doxorubicine (Jassem)
Docétaxel (Shaughnessy)
Docétaxel + capécitabine (Shaughnessy)
Paclitaxel toutes les 3 semaines (Albain)
Gemcitabine + paclitaxel (Albain)
TTP/PFS (mois)
Augmentation du TTP/PFS (mois)
TTP : temps médian jusqu’à progression ;
PFS : survie sans progression.
6,6
1,2
1,9
2,1
1,9
1,9
13,3
8,6
6,7
6,7
7,4
4,8
6,2
4,2
3,5
8,3
6,1
5,4
Comparaison des temps médians jusqu’à progression/survies sans progression
Étude pivots des protocoles ayant l’AMM dans le cancer du sein métastatique
Figure 2.
Temps sans progression : résultats des principaux protocoles dans le cancer du sein métastatique.
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du sein métastatique, associé à une toxicité hématologique 
non négligeable (39 % de neutropénies de grade 3 et 15 % de 
thrombocytopénie de grade 3). 
Avec la découverte de ces nouveaux traitements antiangiogé-
niques,de nombreusesétudes de phase III ontété mises en 
place en situation métastatique et adjuvante, dont les résultats 
seront très attendus au cours de ces prochaines anes. Les 
tumeurs de type triple négatif et les tumeurs HER2+ pour-
raient bénéficier particulièrement de ces nouvelles approches 
antiangiogéniques.
ANTIVEGF : PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT
X. Pivot (Besançon)
Denombreuxinhibiteurs de tyrosinekinase(TKi) ciblantspécifi-
quement le sitetyrosinekinasedu VEGFR sonten coursde déve-
loppementdanslecancerdu sein,comme parexemplelesunitinib. 
Lespremièresdonnéesobtenues chez 64 patientesatteintes d’un 
cancer du sein, faisant état d’une réponse objective chez 6 des 
7 patientesprésentant unetumeur basale, constituentunrationnel 
intéressant pour la poursuite de son développement dans les 
cancers du sein de type triple négatif. L’utilisation des TKi reste 
malgré toutlimitéepar leur profil detolérance,qui rend délicate 
leur associationà la chimiothérapie. Les résultats du sorafénibet 
duvandetanibdansle cancer duseinsont décevants.Lespremiers 
effets d’une nouvelle molécule, l’axitinib, moins toxique sur le 
plan hématologique que le sunitinib, se sontrévélésmodesteset 
associés à un risque d’interactions médicamenteuses. 
Un grand nombre d’études sont actuellement en cours avec le 
bévacizumab, anticorps anti-VEGF, afi n dévaluer, d’une part, au 
stade métastatique, lefficacité deson association au docétaxel,à 
la chimiothérapie et à l’hormonothérapie, et, d’autre part, à des 
stades plus précoces, en oadjuvant et en adjuvant, l’intérêt 
d’associer le bévacizumab à la chimiothérapie. Des essais sont 
aussi en cours avec l’association bévacizumab-chimiothérapie 
dans les tumeurs basales triple gatif. Des résultats specta-
culaires obtenus avec l’association vacizumab-trastuzumab 
(sanschimiotrapie),dansdestumeurstastatiques surexpri-
mant HER2, faisant apparaître plus de 50 % de taux de réponse 
(3 patientes étant en outre toujours en réponse depuis plus de 
2 ans), ont conduit à la mise en place de l’étude AVEREL.  
Alors que l’ensemble des résultats obtenus avec l’association 
chimiothérapie-bévacizumab, premier antiangiogénique anti-
Partenaire
de liaison
Interaction antigène-anticorps
Glycosylation
Antigène
Antigène
Antigène
Fab
Bisecting
N-acétylglucosamine
Acide sialique
Galactose
N-acétylglucosamine
Mannose
Fucose
Core
Variable
Asn297
Fab
région
VL
VL
VH
VH
CH1
CL
CH2
CH3
Modication de l’anité
ou de la spécicité
FcγR
Complément
Diminution ou augmentation
de l’activité ADCC ou CDC
FcRn Modication
de la pharmacocinétique
Impact potentiel d’actions
modiant les interactions
d’un anticorps monoclonal
Figure 3.
Structure et mécanisme d’action des anticorps monoclonaux (Carter PJ. Potent antibody therapeutics by design. Nat Rev
Immunol 2006;6:343-57).
La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 8 - octobre 2007
Réunion
Réunion
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VEGF, montre une efficacité très signicative dans différents 
types detumeurs, dontle cancerdu sein, la place desTKimulti-
cibles anti-VEGFR reste à définir.  
ANTICORPS MONOCLONAUX
A. Pèlegrin (Montpellier)
Glycoprotéines de grande taille, les anticorps monoclonaux 
(Acm)sont caractérisés par leur reconnaissance très précise de 
l’antigène et leur grande spécificité. Sur le plan moléculaire, les 
Acm présentent deux fragments Fab, dont une partie interagit 
avec l’antigène, et un fragment Fc responsable de la médiation 
avec le système immunitaire ( gure 3).  
Le trastuzumab est le premier Acm ayant montré une efficacité 
significative en oncologie dans le cancer du sein.Lepertuzumab, 
en cours de développement, est un autre Acm qui cible aussi 
HER2 mais qui, se xant sur un site différent, pourrait être 
associé au trastuzumab.  
L’interaction du fragment Fc des Acm avec le système immuni-
taire est à lorigineduphénomèned’antibody-dependent cellular
cytoxicity (ADCC). Les cellules immunitaires présentent à leur 
surface des récepteurs spécifiques, FRIIIa et FcγRIIb, qui se 
lient avec les fractions Fc des Acm. L’interaction déclenche
une série de réactions immunitaires conduisant à la mort des 
cellules tumorales. L’une des voies de développement des anti-
corps monoclonaux consiste à modier les fragments Fc (acides 
aminés et/ou glycosilation) afin de renforcer le phénomène 
d’ADCC. 
Les premiers essais menés en associant un Acm anti-HER2 
(trastuzumab) à un Acm anti-HER1/EGFR, en particulier dans 
uncontextede tumeurs exprimant faiblement le récepteur HER2, 
montrent un effet antitumoral important. 
Les Acm, dont l’e cacité a étédéjàlargement prouvée dans 
différents types de cancer, constituent aujourd’hui l’une des 
voies d’avenir majeures pour les traitements antitumoraux en 
raison dun grand nombre davantages : spécificité stricte, cible 
membranaire, le plus souvent un récepteur ou son ligand, et 
double, voire triple, canisme d’action : une action cible-
dépendante (par exemple entre trastuzumab et HER2) et un 
mécanisme de type ADCC quil sera probablement possible de 
renforcer (radioactivité, toxine) dans l’avenir.
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