de platine. En effet, la tolérance est meilleure avec le doublet
gemcitabine-vinorelbine, puisqu’il y a significativement moins
de neutropénies, thrombopénies et anémies de grade 3 - 4 . D ’ a u t r e
part, on retrouve une absence de différence significative en termes
de survie entre les modalités thérapeutiques “avec et sans” sel de
platine. Cette absence de significativité en termes de survie res-
semble malheureusement à celle des autres études comparatives
où le doublet “sans cisplatine” n’améliore pas la survie des
patients.
Une autre étude de phase II ( 2 2 ) comparant vinorelbine-cisplatine,
gemcitabine-cisplatine et gemcitabine-vinorelbine conduit à des
conclusions similaires, et rejoint celles de l’étude publiée par
C. Gridelli (23).
L’avenir nous dira si ces schémas sont à même de nous faire sortir
de l’ère des doublets contenant du cisplatine.
CHIMIOTHÉRAPIE DES PATIENTS ÂGÉS
La proportion des sujets âgés augmente. Le cancer est avant tout
une maladie liée au vieillissement. Celui-ci s’accompagne d’une
altération progressive, mais variable, des fonctions de l’orga-
nisme, ce qui entraîne des modifications significatives dans le
métabolisme et la pharmacocinétique des médicaments. À ce jour,
il n’y a pas de standard consensuel de traitement du cancer bron-
chique pour les patients âgés. Cependant, plus de 60 % des cancers
bronchiques apparaissent chez des patients de plus de 60 ans (dont
environ un tiers chez les personnes âgées de 70 ans et plus). Peu
d’études se sont intéressées spécifiquement au traitement des
patients âgés, et un certain nombre des faits connus actuellement
sont le résultat de l’analyse du sous-groupe des patients âgés au
sein d’une population de patients cancéreux de tous âges.
La grande majorité des phases III disponibles ont été réalisées en
Italie. De ces études, il ressort que la monochimiothérapie par
gemcitabine ou vinorelbine est probablement le traitement le plus
adapté. D’autre part, le fait d’associer gemcitabine et vinorelbine
n’améliore pas l’efficacité comparativement à une monochimio-
thérapie par gemcitabine ou vinorelbine (24). Une monochimio-
thérapie reste donc pour l’instant un standard pour les CBNPC
évolués des patients âgés. En 2003, une étude française (25) a
comparé une monothérapie par gemcitabine 1 0 0 0 m g / m
2
J 1 , J 8 , J15 dans un cycle de quatre semaines à la gemcitabine
1 125 mg/m
2
J1, J8 dans un cycle de trois semaines. Les résul-
tats de cette comparaison sont présentés dans le tableau V. La
dose-intensité administrée est élevée et similaire dans les deux
groupes de patients. Le profil de toxicité est à peu près similaire,
sauf en ce qui concerne les thrombopénies, les diarrhées et les
toxicités de grade 3-4, qui sont sensiblement plus fréquentes, mais
sans différence statistiquement significative, dans le groupe de
patients traités par le schéma “4 semaines”. Le profil d’efficacité
favorise le schéma “3 semaines”, qui apparaît donc comme le
schéma le mieux adapté.
CHIMIOTHÉRAPIE DES CARCINOMES BRONCHIQUES
NON À PETITES CELLULES (CBNPC)
EN SITUATION PÉRI-OPÉRATOIRE
Une méta-analyse des études randomisées de chimiothérapie réa-
lisées entre janvier 1965 et décembre 1991 (26) a montré que la
chimiothérapie adjuvante réduisait le risque de décès de 3 % à
2 ans et de 5 % à 5 ans. Cette méta-analyse a été à la base de l’étude
internationale multicentrique IALT (International Adjuvant Lung
Trial), présentée par T. Le Chevalier (27), et étudiant, chez des
patients opérés, l’intérêt d’une chimiothérapie adjuvante. Le
choix du traitement était laissé à l’initiative de chaque centre
investigateur, tant en ce qui concerne la stratégie en matière de
radiothérapie adjuvante que le choix des médicaments de chimio-
thérapie. Cependant, la dose totale prévue de cisplatine devait
être de 300 à 400 mg/m
2
et le cisplatine devait être associé soit à
l’étoposide, soit à un vinca-alcaloïde. Mille huit cent soixante-
sept patients ont été randomisés avec et sans chimiothérapie adju-
vante. La chimiothérapie adjuvante, dans cette grande étude ran-
domisée, améliore la survie à 5 ans de 5 %. Cette étude sera un
des éléments de réflexion pour la définition d’un nouveau stan-
dard dans les stades opérables. Toutefois, les médicaments asso-
ciés au cisplatine étaient l’étoposide ( 5 6 %), la vinorelbine (27 % ) ,
M
I S E A U P O I N T
150
La Lettre du Pneumologue - Volume VII - n
o
4 - juillet-août 2004
Tableau IV. Schéma thérapeutique et caractéristiques de survie de plusieurs études de phase II associant gemcitabine et docétaxel.
Abstract Nombre de patients Gemcitabine Docétaxel RO Médiane de survie
(ASCO 2003)
2785 22 800 mg/m
2
J1, J8 40 mg/m
2
J1, J8 41 % 8,6 mois
2846 26 1 000 mg/m
2
J1, J8 35 mg/m
2
J1, J8 45 % 12,5 mois
2698 43 1 000 mg/m
2
J1, J8 36 mg/m
2
J1, J8 10 % 7,75 mois
Tableau V. Comparaison gemcitabine-monothérapie chez les per-
sonnes âgées selon un protocole répété toutes les trois semaines ou
toutes les quatre semaines.
E. Quoix et al. Gemcitabine Gemcitabine
(ASCO 2003; abstract 2530) 4 semaines 3 semaines
Nombre de patients 42 39
Âge 74,9 ans 75,2 ans
Sexe masculin/féminin 36/6 31/8
Stade (IIIb/IV) 16/26 11/28
Indice de Karnofsky (60-70/> 80) 8/34 11/28
Pourcentage de réponses objectives 14,3 % 28,2 %
Temps jusqu’à progression 2,7 mois 3 mois
Médiane de SSP 5,1 mois 6,8 mois