“ L Cancer du pancréas : le début d’une (r)évolution ?

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ÉDITORIAL
Cancer du pancréas :
le début d’une (r)évolution ?
Pancreatic cancer: the beginning of a revolution?
“
L
Dr Astrid Lièvre
Institut Curie,
hôpital René-Huguenin,
Saint-Cloud.
e cancer du pancréas a connu, ces dernières années,
une augmentation significative de son incidence dans les pays
occidentaux. La France n’échappe pas à cette règle puisqu’en 2012,
il était le sixième cancer en termes d’incidence avec 11 662 nouveaux cas
diagnostiqués, et le deuxième cancer digestif après le cancer colorectal.
Le pronostic reste malheureusement sombre, mais des progrès ont
incontestablement été réalisés ces 5 dernières années dans différents
domaines de sa prise en charge, allant du dépistage des formes héréditaires
et familiales jusqu’au traitement des formes métastatiques où de nouvelles
voies thérapeutiques, ciblant notamment le microenvironnement tumoral,
semblent prometteuses et sont en cours d’évaluation.
La prise en charge du cancer du pancréas ne peut se concevoir,
à l’heure actuelle, que dans le cadre de réunions de concertation
pluridisciplinaire associant oncologues, gastroentérologues, radiologues,
chirurgiens, radiothérapeutes et pathologistes. Cette coopération
permet, avant tout chose, de déterminer la résécabilité des cancers
pancréatiques localisés. Si l’amélioration des techniques chirurgicales
et réanimatoires a permis de repousser les limites de la résécabilité,
y compris chez des patients âgés, certaines d’entre elles, liées à
un envahissement vasculaire, en particulier artériel, ne doivent pas être
franchies, au risque d’être inefficace, voire délétère. Après résection
complète d’un cancer du pancréas, une chimiothérapie adjuvante par
gemcitabine est aujourd’hui indiquée, le 5-FU étant une alternative.
La personnalisation de ce traitement adjuvant sera peut-être possible
dans un avenir proche grâce à l’identification de marqueurs prédictifs
du bénéfice de ces traitements, comme hENT1 pour la gemcitabine,
mais également à l’identification de marqueurs pronostiques permettant
de mieux sélectionner les patients à risque de récidive.
Le traitement des cancers localement avancés non résécables reste,
quant à lui, source de controverses. La radiothérapie a certainement
un intérêt dans cette situation, mais ses modalités (chimiothérapie avec
ou sans thérapie associée, technique d’irradiation) ainsi que sa place
exacte dans la stratégie thérapeutique doivent encore être précisées,
de même que le sous-groupe de patients pouvant en bénéficier le plus.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIV - n° 4 - avril 2015 | 203
ÉDITORIAL
En situation métastatique, après un long règne de la gemcitabine
à l’efficacité modeste, la trithérapie par FOLFIRINOX a apporté
un souffle nouveau et est devenue le nouveau standard en première
ligne chez les patients en bon état général et sans cholestase, tandis que
la combinaison nab-paclitaxel + gemcitabine a également montré, plus
récemment, sa supériorité par rapport à la gemcitabine seule.
Différentes options thérapeutiques sont donc désormais possibles
en première ligne, et les prochains essais auront pour objectif de
préciser la meilleure stratégie thérapeutique pour un patient donné,
en intégrant les différents traitements qui s’offrent à lui en deuxième ligne.
A. Lièvre déclare ne pas avoir
de liens d’intérêts en relation
avec la thématique du cancer
du pancréas.
”
Ce dossier thématique de la Lettre du Cancérologue illustre bien
l’évolution (en attendant la révolution…) que connaît le cancer
du pancréas. Après une longue hibernation, l’ère du réveil a sonné, et
chaque acteur de sa prise en charge est prêt à faire une longue marche !
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204 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIV - n° 4 - avril 2015
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