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La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIV - n° 4 - avril 2015 | 203
ÉDITORIAL
Cancer du pancréas :
le début d’une (r)évolution ?
Pancreatic cancer: the beginning of a revolution?
Dr Astrid Lièvre
Institut Curie,
hôpital René-Huguenin,
Saint-Cloud.
Le cancer du pancréas a connu, ces dernières années,
uneaugmentation significative de son incidence dans les pays
occidentaux. La France n’échappe pas à cette règle puisqu’en2012,
il était le sixième cancer en termes d’incidence avec 11 662nouveaux cas
diagnostiqués, et le deuxième cancer digestif après le cancer colorectal.
Lepronostic reste malheureusement sombre, mais des progrès ont
incontestablement été réalisés ces 5dernières années dans différents
domaines de sa prise en charge, allant du dépistage des formes héréditaires
et familiales jusqu’au traitement des formes métastatiques où de nouvelles
voies thérapeutiques, ciblant notamment le microenvironnement tumoral,
semblent prometteuses et sont en cours d’évaluation.
La prise en charge du cancer du pancréas ne peut se concevoir,
àl’heure actuelle, que dans le cadre de réunions de concertation
pluridisciplinaire associant oncologues, gastroentérologues, radiologues,
chirurgiens, radiothérapeutes etpathologistes. Cette coopération
permet, avant tout chose, de déterminer larésécabilité des cancers
pancréatiques localisés. Si l’amélioration des techniques chirurgicales
etréanimatoires a permis de repousser les limites de la résécabilité,
ycompris chez des patients âgés, certaines d’entre elles, liées à
unenvahissement vasculaire, en particulier artériel, ne doivent pas être
franchies, au risque d’être inefficace, voire délétère. Après résection
complète d’un cancer du pancréas, unechimiothérapie adjuvante par
gemcitabine est aujourd’hui indiquée, le5-FUétantune alternative.
Lapersonnalisation de ce traitement adjuvant sera peut-être possible
dans un avenir proche grâce à l’identification demarqueurs prédictifs
dubénéfice de ces traitements, comme hENT1 pour lagemcitabine,
mais également à l’identification de marqueurs pronostiques permettant
demieux sélectionner les patients à risque de récidive.
Le traitement des cancers localement avancés non résécables reste,
quant à lui, source de controverses. La radiothérapie a certainement
unintérêt dans cette situation, mais ses modalités (chimiothérapie avec
ou sans thérapie associée, technique d’irradiation) ainsi que sa place
exacte dans la stratégie thérapeutique doivent encore être précisées,
demême que le sous-groupe de patients pouvant enbénéficier le plus.