aux autres modalités de radiothérapie qui s’avèrent compa-
rables (p = 0,04). Le plus grand bénéfice est obtenu pour les
patients jeunes et les tumeurs non épidermoïdes.
L’association séquentielle de chimiothérapie et de radiothéra-
pie, de par la reproductibilité de ses résultats, peut être consi-
dérée comme une référence dans le traitement des cancers
pulmonaires de stade III inopérables. La durée de la chimio-
thérapie et ses modalités restent à préciser ; on sait tout au plus
que cette chimiothérapie ne doit pas être trop prolongée et
qu’elle doit sûrement contenir un sel de platine. Si les alca-
loïdes de la pervenche représentent la classe thérapeutique la
plus utilisée dans cette indication, la place des taxanes et de la
gemcitabine sera à préciser.
Parmi les voies de recherche en radiothérapie des CBNPC, le
bifractionnement cherche encore son positionnement, tout
comme la chimiopotentialisation, dont les résultats sont discor-
dants selon les études. Une voie intéressante sera peut-être la
radiothérapie conformationnelle. Cette dernière optimise le
contrôle local en ciblant parfaitement la tumeur tant sur le plan
local que ganglionnaire, tout en minimisant le risque de toxici-
té sur les tissus sains avoisinants. La minimisation de l’effet
sur les tissus sains permettra une escalade de dose sans aug-
menter la toxicité (11).
LA CHIMIOTHÉRAPIE DANS LES CANCERS BRONCHIQUES
La chimiothérapie des CBNPC s’est enrichie ces dernières
années de l’apport de la vinorelbine, des taxanes et de la gem-
citabine. Ces molécules donnent des taux de réponse impor-
tants en monothérapie et leur toxicité est facile à gérer. Le
paclitaxel, la gemcitabine et la vinorelbine ont tous été asso-
ciés au cisplatine et, dans tous les cas, l’association s’est avé-
rée supérieure à l’utilisation du cisplatine seul, que ce soit en
termes de taux de réponse ou de survie sans progression (12-
14). Des comparaisons de ces associations à des schémas plus
anciens ont été publiées (15, 16), démontrant leur apport en
termes de réponse et de qualité de vie. Ces associations doi-
vent maintenant être comparées entre elles, tant sur le plan de
leur efficacité que sur le plan médico-économique, pour déter-
miner le ou les standards thérapeutiques de demain.
Plusieurs modalités d’administration de la gemcitabine et
du cisplatine ont été proposées dans la littérature ces der-
nières années. F.A. Shepherd et coll. (17) ont analysé les six
études de phase II combinant de la gemcitabine et du cispla-
tine. Ces études associent gemcitabine 1 000-1 500 mg/m2
en 30 minutes à J1-J8-J15 toutes les quatre semaines et cis-
platine 100 mg/m2à J1, J2 ou J15, ou bien 30 mg/m2à J1,
J8 et J15. Une analyse de régression logistique de différents
facteurs pronostiques incluant les modalités d’administra-
tion du cisplatine a été réalisée. Celle-ci a montré que
l’administration du cisplatine à J2 ou J15 était associée à un
meilleur taux de réponse que les autres modalités d’admi-
nistration (42 % contre 29 %, p = 0,034). D’autre part, une
analyse de régression de Cox a mis en évidence un gain de
survie pour les patients traités en J2 ou J15 (p = 0,002).
Le concept d’intensification thérapeutique reste contesté dans
les cancers à petites cellules (CPC). L’année 1998 a vu débu-
ter le programme d’action concertée CLEOPATRE qui étu-
diera ce concept avec trois modalités différentes de traitement
intensifié. Deux études randomisées sont en faveur de ce
concept d’intensification. Une étude randomisée de phase III
chez 403 patients compare une chimiothérapie par doxorubi-
cine 40 mg/m2, cyclophosphamide 1 g/m2, étoposide i.v.
120 mg/m2à J1, suivis d’étoposide oral 240 mg/m2à J2 et
J3, administrée toutes les deux semaines (bras intensifié,
201 patients) ou toutes les trois semaines (bras contrôle,
202 patients) (18). Dans le bras intensifié, du G-CSF est
prescrit à la dose de 263 µg de J4 à J14. Le nombre de
patients pouvant recevoir quatre cures puis six est compa-
rable dans les deux groupes. Une augmentation de l’intensi-
té de dose de 33 % est obtenue dans le bras intensifié, au
prix d’une plus grande fréquence des thrombopénies de grades
III-IV (43 % contre 7 % dans le groupe contrôle). Il n’y a pas
de différence dans l’étude de la qualité de vie entre les deux
groupes de patients, pas plus que de surmortalité dans un grou-
pe par rapport à l’autre. Le taux de réponse objective est simi-
laire, respectivement de 89 % dans le groupe intensifié et 86 %
dans le groupe contrôle. En revanche, l’intensification semble
apporter un bénéfice en matière de survie, puisque, à 12 mois,
47 % des patients sont en vie dans le groupe intensifié contre
39 % dans le groupe contrôle. Cet avantage semble se mainte-
nir au moins pendant 30 mois (log rank : p = 0,043).
Un essai a comparé, dans un plan factoriel 2 x 2, l’administra-
tion de carboplatine, ifosfamide, étoposide et vincristine toutes
les quatre semaines et toutes les trois semaines (bras intensi-
fié, ainsi que l’administration de GM-CSF ou du placebo pen-
dant quatorze jours entre les cycles de chimiothérapie) (19).
Cette étude montre un avantage de survie en faveur du traite-
ment toutes les trois semaines (p = 0,0014) avec une médiane
de survie passant de 443 à 351 jours et une survie à deux ans de
33 % contre 18 %. En revanche, le GM-CSF n’a pas diminué
l’incidence des complications de la myélosuppression.
Parmi les nouvelles stratégies médicamenteuses des cancers
bronchiques, il n’y a pas pour l’instant de résultat publié
concernant les très médiatiques agents anti-angiogéniques.
Toutefois, il faut noter les résultats impressionnants observés
chez une patiente traitée par du TNP470 (inhibiteur de l’angio-
genèse) pour des métastases pulmonaires en lâcher de ballons
d’un carcinome épidermoïde du col utérin et qui demeure en
rémission complète 30 mois après le début du traitement (20).
Le TNP470 continue d’être en investigation. ■
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
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La Lettre du Cancérologue - volume VII - n° 6 - décembre 1998