La Lettre du Pneumologue • Vol. XI - n° 6 - novembre-décembre 2008 | 221
(anticorps monoclonal dirigé contre VEGF) associé
au doublet carboplatine + paclitaxel a induit une
augmentation de la survie, avec une médiane de
survie dépassant 12 mois dans le bras avec bévaci-
zumab (5). En revanche, dans l’essai ultérieur ayant
évalué cisplatine + gemcitabine avec ou sans béva-
cizumab, on observe une augmentation significa-
tive de la survie sans progression (de 18 jours) sans
gain de survie globale. L’étude FLEX, présentée à
l’ASCO en 2008, a quant à elle démontré l’efficacité
de l’association d’un anticorps monoclonal dirigé
contre la partie extracellulaire du récepteur à l’EGF,
le cétuximab, avec le doublet cisplatine-vinorelbine
en première ligne de traitement de CBNPC à un
stade avancé. Pour être inclus, les patients devaient
présenter une expression tumorale du récepteur de
l’EGF en immunohistochimie. Les résultats montrent
une médiane de survie de 11,3 mois dans le bras
cétuximab versus 10,1 mois dans le bras chimio-
thérapie seule (p < 0,05) et une survie à un an qui
s’établit, respectivement, à 47 % et 42 % (6).
Les traitements de deuxième et troisième lignes
➤
ont été radicalement transformés par l’avènement
des thérapies ciblées, notamment des inhibiteurs
de la tyrosine kinase, qui donnent, pour l’erlotinib
par exemple, des résultats d’autant plus intéres-
sants qu’il s’agit de femmes, de sujets non fumeurs,
d’adénocarcinomes ou de patients d’origine asiatique
(7). Si globalement les taux de réponse sont faibles
(au mieux 10 %), l’activité de cette thérapeutique
peut perdurer plusieurs mois. Les groupes cliniques
dans lesquels l’activité des inhibiteurs de la tyro-
sine kinase est la plus importante correspondent à
des mutations de sensibilité du gène du domaine
intracellulaire du récepteur à l’EGF (exons 19 et 21
essentiellement).
Pour les formes précoces, la chimiothérapie
➤
pré- ou postopératoire a démontré son efficacité
(chimiothérapie adjuvante ou d’induction à partir
des stades II). Dans les formes localement avancées,
l’association de la chimiothérapie et de la radiothé-
rapie s’envisage généralement de la façon suivante :
chimiothérapie puis radiochimiothérapie concomi-
tante avec ajustement des doses de chimiothérapie.
En revanche, peu de progrès ont été constatés dans
le traitement du cancer bronchique à petites cellules
(CBPC), où le traitement associe toujours étoposide
et cisplatine ou carboplatine. L’association de 3 ou
4 cytotoxiques ne procure que des gains limités, qui
s’accompagnent d’une augmentation considérable
de la toxicité. Les essais d’antiangiogéniques ont
tous été négatifs même si, avec le thalidomide, on
observe une tendance à un gain de survie au prix
d’une importante toxicité neurologique (8).
Prévention, dépistage
et personnalisation des traitements
Dix ans constituent sans doute une échéance
➤
trop courte pour mesurer l’impact réel des mesures
anti-tabac sur l’incidence de survenue du cancer
bronchique alors que l’expérience des États-Unis
nous montre une diminution de cette incidence, en
particulier chez les hommes. Le dépistage, un peu
relégué au second plan ces dernières années au béné-
fice de la prévention primaire, est de mise au Japon,
avec des scanners “low dose” dans des camions itiné-
rants, permettant de détecter un nombre important
d’adénocarcinomes périphériques, même si cela
n’est pas sans engendrer beaucoup de questions
quant à l’attitude thérapeutique à adopter. Aux
États-Unis, les résultats de l’étude ELCAP (9) sont
également en faveur de ce dépistage, bien que des
études randomisées, en particulier chez les fumeurs,
soient nécessaires afin de déterminer si ce dépistage
est susceptible d’influencer favorablement la morta-
lité spécifique liée au cancer du poumon.
D’un point de vue thérapeutique, les traitements
➤
ciblés sont actuellement en plein développement
et l’on attend les résultats des essais en cours, qui
devraient permettre, dans un avenir proche, de mieux
définir leur positionnement, en particulier dans un
contexte de traitement de première ligne chez des
patients “sélectionnés”, cette sélection reposant
sur l’existence de mutations de sensibilité ou, plus
simplement, sur leur appartenance à des groupes
cliniques réputés sensibles. Le ciblage thérapeutique
de ces nouvelles molécules représente un défi majeur
en cancérologie et le traitement “à la carte” de ces
patients ne sera possible que si l’on identifie les prin-
cipales altérations moléculaires et qu’on les intègre
dans la classification des tumeurs. La personnalisation
des traitements devrait également se développer en
fonction de certaines expressions géniques. Ainsi, des
travaux récents ont, par exemple, montré l’intérêt
de réaliser une chimiothérapie à base de cisplatine
chez des patients n’hyperexprimant pas ERCC1 – une
enzyme de réparation de l’ADN –, avec un pour-
centage de réponses plus important dans les bras
adaptés au profil génotypique ainsi déterminé (10).
Dans le même ordre d’idées, l’expression de RRM1
permet de prédire une résistance à la gemcitabine,
et l’hyperexpression de la bêta-tubuline de classe 3
est prédictive d’une résistance aux taxanes. ■
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Références
bibliographiques
Ce que l’on peut attendre
des 10 années à venir