Maq HGE 5 dossier 13/05/04 16:04 Page 227 Colite grave : conclusions ● Y. Panis* L a colite aiguë grave, survenant sur une maladie inflammatoire chronique de l’intestin (MICI), est un événement rare mais qui peut engager le pronostic vital du patient. Elle est plus fréquente en cas de rectocolite hémorragique (RCH) que de maladie de Crohn (MC) et peut être révélatrice de la maladie. Sa gravité potentielle souligne, s’il était besoin, la nécessité d’une étroite collaboration médico-chirurgicale dans un centre spécialisé dans le traitement des MICI. Devant une suspicion de colite grave sur MICI, préciser le diagnostic (RCH ou Crohn) et affirmer la gravité sont les deux étapes initiales essentielles dans la prise en charge du patient. Si pendant longtemps, l’appréciation de la gravité était fondée sur les seuls critères clinico-biologiques de Truelove et Witts, il est maintenant bien démontré que seule l’endoscopie permet non seulement d’affirmer la gravité de la poussée, en montrant des ulcérations creusantes laissant voir la musculeuse, mais aussi de préciser souvent le diagnostic étiologique entre RCH et MC, en éliminant les autres étiologies possibles (colite à CMV, colite ischémique, toxique ou médicamenteuse). Cette endoscopie, contre-indiquée en cas de colectasie, est de faible morbidité dans les centres spécialisés. Le bilan initial, clinique, biologique et morphologique (radiographie d’abdomen sans préparation), permet de diagnostiquer rapidement les formes compliquées (colectasie, perforation, hémorragie massive) pour lesquelles la coloscopie et le traitement médical sont contre-indiqués. Dans ces cas, une colectomie subtotale en urgence (avec double iléostomie et sigmoïdostomie) est le traitement de choix. En l’absence de complication, une fois le diagnostic de gravité fait à l’endoscopie, le traitement initial repose sur une corticothérapie intraveineuse à forte dose (1mg/kg/j). Une surveillance * Service de chirurgie générale et digestive, hôpital Lariboisière, Paris. clinique et biologique du patient permet dans les premiers jours du traitement de diagnostiquer précocement une complication qui nécessiterait la réalisation d’une colectomie subtotale. En l’absence d’aggravation clinique, la plupart des équipes recommandent de réaliser une nouvelle coloscopie vers le septième jour. En cas d’amélioration des lésions, le traitement médical sera poursuivi avec un relais par des corticoïdes oraux, associés à un traitement préventif des rechutes (comme l’azathioprine). À l’inverse, si les lésions persistent voire s’aggravent, il faut choisir entre la colectomie subtotale ou un traitement par ciclosporine intraveineuse. L’efficacité de la ciclosporine, principalement dans la RCH, pose néanmoins le problème d’un retard éventuel à la colectomie subtotale dans les formes résistantes, retard qui peut être à l’origine d’une augmentation de la mortalité opératoire, du fait de la survenue de complications évoluant parfois à bas bruit. C’est pourquoi ce traitement doit être institué dans un centre spécialisé, avec une surveillance rigoureuse grâce à laquelle l’indication opératoire pourra être posée sans retard en cas d’inefficacité du traitement médical. Après colectomie subtotale, le rétablissement de continuité, réalisé deux à trois mois plus tard, dépendra principalement du diagnostic étiologique. En cas de RCH, la proctectomie complémentaire suivie d’anastomose iléo-anale représente l’intervention de référence qui permet la guérison de la maladie avec un résultat fonctionnel acceptable. En cas de MC et de rectum conservable, une anastomose iléo-rectale est réalisée. Plus rarement, une amputation du rectum avec iléostomie définitive sera justifiée en cas de lésions irréversibles du rectum et/ou de la région ano-périnéale. Aujourd’hui, grâce à la collaboration efficace entre gastroentérologues et chirurgiens digestifs, une prise en charge efficace et peu morbide des patients avec colite aiguë grave sur MICI est possible. Celle-ci repose sur la réalisation d’une endoscopie précoce. Néanmoins, les progrès des traitements médicaux (ciclosporine intraveineuse) ne doivent pas retarder l’heure de la chirurgie si ceux-ci s’avèrent inefficaces. La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 5 - octobre 1998 227 Maq HGE 5 dossier D 13/05/04 O A A 1 S U U 16:04 Page 228 S I E R T T O O - É É T V V H A A É L L M U U A A A T I T T I I Q O O U E N N Concernant la colite aiguë grave : A - Elle survient plus fréquemment dans la RCH que dans la maladie de Crohn B - Il existe une bonne corrélation anatomo-clinique C - Le score de Truelove et Witts comprend une endoscopie en urgence D - La radiographie d’abdomen sans préparation est inutile 2 L’endoscopie en urgence dans les colites aiguës graves : A - est supérieure au score de Truelove pour apprécier la profondeur des lésions B - est contre-indiquée en cas de mégacôlon toxique C - permet d’évaluer l’efficacité du traitement médical D - a une sensibilité et une spécificité diagnostiques égales à celles du lavement hydrosoluble E - est dangereuse en cas de colite grave, responsable d’une morbidité élevée 3 Le traitement médical de la colite aiguë grave : A - doit toujours être tenté B - est contre-indiqué en cas de complication (colectasie notamment) C - repose en première ligne sur la corticothérapie IV D - La nutrition parentérale est inutile en cas de RCH E - La ciclosporine est à utiliser seulement en cas de colectasie 4 Le traitement chirurgical de la colite aiguë grave : A - est systématique en cas de complication B - repose sur la colectomie subtotale avec double stomie C - a une mortalité élevée en cas de retard à sa réalisation ou de perforation D - permet parfois de rétablir le diagnostic étiologique (RCH ou Crohn) E - Le rétablissement de continuité ultérieure repose sur l’anastomose iléo-anale et ce quelle que soit l’étiologie (RCH ou Crohn) 5: 4: 3: 2: 1: Réponses : 228 La Lettre de L’Hépato-Gastroentérologue - n° 5 - octobre 1998