DOSSIER THÉMATIQUE
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 4 - vol. VI - juillet-août 2003
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Introduction
D. Heresbach*
es maladies inflammatoires chroniques de l’intestin
(MICI) sont définies par un faisceau d’arguments cli-
niques, morphologiques et histologiques. L’endosco-
pie digestive et en particulier la coloscopie totale ont une place
de choix à l’étape diagnostique, pour évaluer le pronostic, mais
également à titre thérapeutique dans la prise en charge de ces
maladies.
À l’étape diagnostique, l’endoscopie permet devant une sympto-
matologie aiguë apparemment non spécifique, de recueillir un
faisceau d’arguments qui vont pouvoir orienter vers une maladie
inflammatoire chronique de l’intestin, voire aiguiller plus parti-
culièrement vers une maladie de Crohn (MC) ou une rectocolite
ulcéro-hémorragique (RCH). Cependant, à cette étape diagnos-
tique, outre la valeur prédictive positive et négative des différentes
lésions élémentaires endoscopiques qui ne permet pas de porter
le diagnostic étiologique d’une diarrhée ou d’une colite aiguë, se
pose également la question du type d’endoscopie et du délai
“idéal” par rapport au début des symptômes pour recueillir le
maximum d’informations et prendre en charge le patient suspect
de MICI. Il est donc utile de connaître les apports et les limites
de l’examen endoscopique et des biopsies perendoscopiques
lorsque l’on recourt à ces investigations devant une colite aiguë.
L’apport principal de l’examen endoscopique à cette étape du dia-
gnostic réside dans l’élimination des autres causes spécifiques de
diarrhée ou de colite aiguë.
La prise en charge thérapeutique, habituellement médicamen-
teuse et hiérarchisée, est évaluée grâce à des scores clinico-bio-
logiques ou plus simplement par les symptômes fonctionnels et
leur retentissement sur l’état général. Le caractère non spécifique
des symptômes et leur intrication ainsi qu’un retentissement psy-
chologique différent d’un patient à l’autre obligent à recourir aux
examens morphologiques endoscopiques et non endoscopiques
pour adapter la stratégie thérapeutique médicamenteuse ; en outre,
dans les cas de colites aiguës ou indéterminées, c’est à l’occasion
d’une récidive ou d’un nouvel épisode aigu que des arguments
supplémentaires peuvent venir étayer le diagnostic étiologique
d’une MICI. Dans les situations particulières de récidive ou de
colite sévère, l’endoscopie évalue non seulement l’étendue, mais
également la sévérité des lésions, afin de mieux préciser le trai-
tement médical, voire le recours à un traitement chirurgical. Dans
cette prise en charge, l’endoscopie possède également une place
de choix pour rechercher des signes de récidive postopératoire
précoce de la MC afin d’adapter la réponse thérapeutique. Dans
cette prise en charge au long cours des MICI, l’objectif princi-
pal est de maintenir la maladie en rémission et un des objectifs
secondaires, mais non des moindres, est de mettre en place une
surveillance permettant d’éviter la survenue d’une complication
de type néoplasie maligne ; ici encore, l’endoscopie a une place
privilégiée, mais dans ces maladies survenant chez le sujet jeune,
la rentabilité et la périodicité du contrôle endoscopique sous anes-
thésie générale ont intérêt à être optimisées afin d’obtenir une
meilleure compliance des patients à cette surveillance. Dans cette
surveillance guidée par des facteurs épidémiologiques et cli-
niques, l’endoscopie et les biopsies perendoscopiques trouvent
une place primordiale puisque, dans certains cas particuliers, l’in-
terprétation des résultats anatomopathologiques doit tenir compte
de l’aspect endoscopique des lésions ou de l’aspect macrosco-
pique de la muqueuse colique où les prélèvements ont été réali-
sés.
Enfin, dans cette prise en charge des MICI, l’endoscopie peut être
utilisée à titre thérapeutique en particulier lors d’une complica-
tion de type sténose intestinale, cette technique étant à utiliser en
alternative à la résection chirurgicale ; son indication nécessite
donc de bien connaître ses résultats, non seulement à court terme,
mais également à long terme.
L’objectif de cette revue sera donc de préciser la place de l’en-
doscopie dans le diagnostic positif d’une MICI devant une colite
aiguë, dans la prise en charge au long cours d’une MICI, dans le
dépistage du cancer intestinal ou colique au cours des MICI et
dans le traitement endoscopique des sténoses intestinales au cours
de la MC. Elle permettra ainsi dans un recueil synthétique de don-
nées de résumer l’argumentaire nécessaire à notre recours quo-
tidien à l’endoscopie dans la prise en charge de ces maladies.
L
* Service des maladies de l’appareil digestif (SMAD),
CHU Pontchaillou, Rennes.
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