prise en charge des colites aiguës graves et qui n’avait
que des conséquences néfastes pour le patient a ainsi
totalement disparu.
Le traitement chirurgical de la colite aiguë grave,
menaçant très souvent le pronostic vital, comporte
toujours la création d’une stomie, qui restera en place
pour au moins 4 mois.
Étiologie de la colite aiguë grave
Il s’agit très souvent d’une poussée aiguë de maladie
inflammatoire chronique de l’intestin. Nous n’envisage-
rons pas ici les colites aiguës graves d’autre origine.
L’atteinte colique en cas de maladie de Crohn est
diversement appréciée dans la littérature, d’autant que
dans les séries de la littérature, l’atteinte de la valvule
iléocæcale est comptabilisée avec l’atteinte colique
vraie. Dans une étude rétrospective de 228 patients
consécutifs opérés pour maladie de Crohn abdominale
prouvée histologiquement, Platell et al. ont dénombré
près de 30 % d’atteinte colique pure (22 % de panco-
lite et 8 % d’atteinte colique segmentaire) et 26 %
d’atteinte mixte grêlocolique (11 % de localisation
iléale et cæcale, 1 % de localisation jéjunale et colique
et 14 % d’atteinte iléale et colique) [1]. Une étude de la
Mayo Clinic a permis de préciser qu’en cas de locali-
sation colique pure touchant 49 patients, le côlon droit
était atteint dans 12 cas, le côlon gauche dans 31 cas
et que seuls 6 patients présentaient une atteinte bifo-
cale ou diffuse [2].
Le plus souvent quand même, la colite aiguë grave
correspond à une poussée sévère de RCH, volontiers
déjà connue, résistant à la corticothérapie et aux
immunosuppresseurs comme la ciclosporine.
Indication chirurgicale
en cas de colite aiguë grave
Il n’y pas de définition précise de la colite aiguë grave.
La plupart des auteurs s’accordent à retenir ce diagnos-
tic sur une définition clinique et biologique [3] et sur
des critères endoscopiques [4]. Lorsque la poussée de
colite est jugée sévère selon les critères de Truelove, un
traitement médical de première ligne est institué : le
patient est mis à jeun, perfusé et traité par une cortico-
thérapie intraveineuse à la dose quotidienne de
1 mg/kg pour5à7jours. En l’absence d’amélioration
clinique, il reste à proposer au patient soit l’intensifica-
tion du traitement médical, soit le traitement chirurgi-
cal. Le patient est informé de toutes ces étapes et la
décision finalement retenue lui est expliquée.
En l’absence d’un tableau dit péritonéal (défense dif-
fuse voire contracture généralisée), de troubles hémo-
dynamiques inquiétants et de critères endoscopiques
menaçants, se discute un traitement par infliximab à la
dose de 5 mg/kg voire 10 mg/kg en injection intra-
veineuse. Le délai d’action est assez court (48 heures)
et l’efficacité est jugée non seulement cliniquement
mais aussi endoscopiquement [5]. Ce traitement de
deuxième ligne peut permettre de passer un cap aigu et
d’éviter ainsi l’intervention en urgence dans près d’un
tiers des cas [6].
Dans certains cas, malgré ce traitement de deuxième
ligne et parfois avant même son institution, il faut
recourir à la chirurgie. Il s’agit alors souvent de formes
compliquées : péritonite par perforation en péritoine
libre, perforation bouchée dans un organe voisin,
mégacôlon toxique ou encore persistance de rectorra-
gies nécessitant plusieurs transfusions.
Technique opératoire
Lorsque le pronostic vital est engagé à court terme, il
faut envisager une opération de sauvetage. Elle est plus
sûrement menée par une laparotomie médiane.
L’exploration doit être systématique mais rapide, per-
mettant de confirmer la complication comme une per-
foration colique, l’extension de la colite et l’existence
ou non d’une atteinte de l’intestin grêle. Le foie doit être
examiné à la recherche d’une stéatose ou d’une très
rare cholangite sclérosante infraclinique [7].
En cas de colite aiguë grave résistant au traitement
médical, la seule intervention à pratiquer est une colec-
tomie subtotale sans rétablissement de la continuité.
Cette opération est menée de droite à gauche, en
sectionnant le mésocôlon à proximité du côlon car il n’y
a bien sûr aucun curage ganglionnaire à réaliser. Il faut
débuter par une incision du péritoine des gouttières
pariétocoliques droite puis gauche, continuer par un
décollement des fascias de Toldt droit puis gauche et
poursuivre par un abaissement des angles coliques
droit puis gauche. Les uretères sont repérés à titre
systématique. Le grand épiploon, qui naît de la grande
courbure gastrique et passe en pont sur le côlon trans-
verse en s’y accolant, est respecté : il est libéré du bord
antérieur du côlon transverse et récliné vers l’estomac.
Le cadre colique peut dès lors être extériorisé de
l’abdomen (figure 1). Le temps suivant est celui de la
colectomie proprement dite. Les artères et veines sont
sectionnées dans la partie moyenne des différents
mésocôlons après une hémostase par ligature au fil
lentement résorbable, par électrocoagulation, par har-
monic scalpel ou par thermofusion au ligasure. Les
différents vaisseaux sectionnés sont successivement les
vaisseaux iléo-cæco-colo-appendiculaires, coliques
supérieurs droits, colica média dans le côlon trans-
verse, coliques supérieurs gauches et sigmoïdiens.
L’utilisation de pinces automatiques permet un agra-
fage et une section de l’iléon distal et du bas sigmoïde.
Mini-revue
Hépato-Gastro, vol. 14, numéro spécial, février 2007
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