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La Lettre du Gynécologue - n° 296 - novembre 2004
D
OSSIER
de preuve 1).
NOUVELLES RECOMMANDATIONS DE L’AFSSAPS
À la suite des publications de la WHI puis de la MWS, les autori-
tés sanitaires de l’ensemble des pays occidentaux, en particulier
européennes et françaises, ont émis de nouvelles recommandations
restreignant l’emploi du THS (tableau IV) (4). Ces recommanda-
tions sont particulièrement restrictives concernant l’emploi du
THS dans la prévention de l’ostéoporose postménopausique et ont
fait l’objet de réserves de la part de l’AFEM (9).
THS CHEZ LA FEMME HYSTÉRECTOMISÉE :
ASPECTS PRATIQUES
Rappel des nouvelles données
Dans toutes les études, c’est le THS par estrogènes seuls qui est
préconisé en cas d’hystérectomie. Dans la WHI, on n’a pas
retrouvé d’augmentation du risque de cancer du sein chez la
femme hystérectomisée sous estrogénothérapie seule et même une
diminution, mais non significative, après 7 années de traitement
(RR : 0,77 ; IC : 0,59-1,01). De même, dans l’étude française E3N
avec les THS employés en France, il n’a pas été retrouvé d’aug-
mentation du risque mammaire dans le groupe THS par estrogènes
seuls par rapport aux femmes non traitées (RR : 1,1 ; IC : 0,8-1,6).
Enfin, d’après le rapport d’orientation de l’Afssaps et de l’Anaes,
on ne peut pas dire que le THS par estrogènes seuls majore le
risque de cancer du sein.
Recommandations de l’Afssaps et THS
chez la femme hystérectomisée
Depuis le 3 décembre 2003 et selon les recommandations de
l’Afssaps, le THS ne doit plus être prescrit en première intention
en prévention de l’ostéoporose. Si le THS a fait ses preuves dans la
prévention de l’ostéoporose et l’épargne fracturaire chez les
femmes ménopausées, on sait que pour prévenir l’ostéoporose le
traitement doit être de longue durée. Les autorités de santé ont
considéré que lors de ces traitements au long cours les risques, en
particulier mammaires, excèdent les bénéfices au niveau d’une
population et ont décidé par précaution d’abandonner cette indica-
tion classique du THS en première intention (10).
Même si de nouvelles données concernant le risque mammaire
chez la femme hystérectomisée traitée par estrogènes seuls sont
plutôt rassurantes, il n’y a pas eu de recommandations particulières
de l’Afssaps concernant ces patientes, comme il n’y a pas eu de
recommandations particulières concernant les femmes ménopau-
sée précocement avant 40 ou 45 ans. Les recommandations de
l’Afssaps s’appliquent donc à toutes les formes de THS.
Pourtant, en cas de risque d’ostéoporose authentifié, la femme hys-
térectomisée, en particulier la femme jeune et/ou sans facteurs de
risque cardiovasculaire, peut avoir une balance bénéfices/risques
positive du THS et bénéficier du traitement hormonal, même sans
symptôme climatérique gênant.
Quand commencer le THS chez la femme hystérectomisée ?
Dans les suites d’une hystérectomie avec annexectomie bilatérale,
la symptomatologie est souvent bruyante et le diagnostic certain,
comme chez la femme ménopausée de longue date. On peut ins-
taurer le THS chez une femme gênée, informée et volontaire, sans
se poser la question du diagnostic de ménopause.
Fréquent et plus délicat est le problème de la femme hystérectomi-
sée ayant conservé ses ovaires et qui entre en périménopause.
Entre les cycles réguliers et la ménopause confirmée, la périméno-
pause est une période d’anarchie hormonale qui dure, en moyenne,
trois années. En début de périménopause quand les taux d’estradiol
font des “montagnes russes”, les dosages ont peu d’intérêt, voire
peuvent nous induire en erreur. En fin de périménopause, ils peu-
vent contribuer au diagnostic de ménopause.
Chez la femme hystérectomisée ayant conservé ses ovaires, la ges-
tion de cette période difficile pendant laquelle surviennent habi-
tuellement les premières bouffées de chaleur peut se faire de plu-
sieurs façons :
– l’abstention si les symptômes sont mineurs ;
– des traitements non hormonaux des bouffées de chaleur mais
leur efficacité est inconstante, imprévisible, variable d’une femme
à l’autre et souvent décevante ;
– un traitement à petites doses filées d’estrogènes, pendant les
périodes de troubles qui vont s’allonger et se rapprocher avec
l’approche de la ménopause, la patiente gérant elle-même et “à
vue” son THS ;
– un traitement progestatif, comme chez les femmes ayant
conservé leur utérus, mais comme on n’a plus le signe objectif des
règles, on prescrira le traitement 20 à 25 jours par mois. Compte
tenu des données précédentes, cette attitude pourra paraître para-
doxale à certains, mais elle est transitoire et donne souvent satis-
faction. Dans notre expérience et avec certains progestatifs mais
pas avec tous, cette dernière solution permet de juguler les troubles
vasomoteurs et de limiter les phénomènes congestifs périménopau-
siques qui s’apparentent aux symptômes prémenstruels.
On peut rapprocher du cas de la femme hystérectomisée ayant
conservé ses ovaires, le cas de la femme en périménopause, mais
en aménorrhée au long cours car porteuse d’un DIU hormonal ou
ayant subi une endométrectomie.
Questions
1. Le THS ne doit pas être prescrit ou renouvelé de façon
systématique.
2. Le THS n’est pas recommandé chez les femmes qui n’ont
pas de symptômes.
3. Le THS peut être prescrit en cas de troubles climatériques
gênants, en particulier les bouffées de chaleur, retentissant
sur la qualité de vie.
4. La patiente traitée doit être informée et volontaire.
5. Le THS doit être prescrit ou renouvelé à la dose minimale
efficace.
6. La durée du traitement doit être la plus courte possible.
7. Il faut réévaluer régulièrement, au moins chaque année,
l’intérêt de la poursuite du traitement.
8. En prévention de l’ostéoporose chez les femmes à haut
risque fracturaire, le THS ne peut plus être prescrit en pre-
mière intention mais seulement si les autres traitements indi-
qués dans ce cas sont mal tolérés.
Tableau IV. Nouvelles recommandations de prescription du
THS : en pratique. Émises le 03/12/2003 par l’Agence fran-
çaise de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps).