Mise au point M ise au point Traitements du cancer de l’œsophage non métastatique : où en sommes-nous ? Therapeutic modalities in non-metastatic esophageal carcinoma: where are we now? ● ● F. Di Fiore*, B. Paillot*, P. Michel* ▶ suMMary ▶ points forts ▶ Le cancer de l’œsophage est le 3e cancer digestif en France, avec 5 800 nouveaux cas et 4 500 décès annuels. ▶ L’intoxication alcoolo-tabagique représente le principal facteur de risque. Les principaux facteurs de risque de l’adénocarcinome du bas œsophage sont la consommation d’alcool et de tabac, le reflux gastro-œsophagien et l’endobrachyœsophage (EBO). ▶ Le symptôme le plus fréquent est la dysphagie, présente dans environ 80 % des cas ; son degré est apprécié selon le score d’Atkinson. ▶ L’objectif du bilan d’extension est de déterminer les caractéristiques de la tumeur : son volume ou son degré d’extension pariétale, son extension ganglionnaire et son extension métastatique. ▶ La chirurgie est le traitement de référence des formes localisées non métastatiques. Le traitement médical par radiochimiothérapie (RCT) exclusive représente actuellement une alternative possible à la RCT plus chirurgie pour le traitement des cancers de l’œsophage localement évolués non métastatiques. Mots-clés : Cancer de l’œsophage non métastatique – Modalités thérapeutiques. L e pronostic du cancer de l’œsophage reste très défavorable, avec une survie globale à 5 ans inférieure à 20 % (1). La prise en charge médicale des patients s’avère complexe tant au niveau des thérapeutiques que des soins de support souvent nécessaires. Parmi ces difficultés, la dénutrition est très fréquemment rencontrée chez environ 80 % des patients et constitue probablement un facteur pronostique majeur quel que soit le stade de la maladie (2-4). Dans environ la moitié des cas, le diagnostic de cancer de l’œsophage est porté chez des patients présentant une maladie localement avancée (tableau I). La chirurgie est actuellement le traitement de référence des formes localisées non métastatiques (T1-T2 ; N0). Pour les patients opérables présentant un cancer localement avancé non métastatique (T3-T4, N0 et Tx, N+), les * Unité d’oncologie uro-digestive, pôle viscéral, CHU Charles-Nicolle, Rouen. 318 The prognosis of esophageal cancer remains poor, with a 5-year overall survival rate less than 20%. Staging at diagnosis revealed that more than 50% of patients exhibited a locally advanced esophageal carcinoma without distant metastasis defined either as tumour with periesophageal tissue penetration (T3), or contiguous structure invasion (T4) and/or lymph-node involvement (N+). Although surgery is still the standard treatment in early stage, it has been recently suggested that chemoradiotherapy (CRT) alone may be considered with curative intent in patients with a locally advanced esophageal carcinoma. Indeed, recent randomized trials showed similar survival in patients treated by CRT plus surgery versus CRT alone with a median overall survival ranging from 14 months to 20 months with definitive CRT. As well as in other malignancies, identification of clinical and biological prognostic factors is considered a major issue to determine the most appropriate therapy for survival improvement in patients treated by CRT for esophageal cancer. Keywords: Non-metastatic esophageal carcinoma – Therapeutic modalities. traitements combinés associant à la chirurgie la RCT néoadjuvante ou la RCT exclusive constituent des alternatives thérapeutiques possibles à la chirurgie seule. Pour les formes métastatiques, la tableau i. classification tnM 2002. T N M Stade 0 Stade Tis N0 M0 Stade I T1 N0 M0 Stade IIA T2/T3 N0 M0 Stade IIB T1/T2 N1 M0 Stade III T3 N1 M0 Stade IVA Tous T Tous N M1A (adénopathie) Stade IVB Tous T Tous N M1B (à distance) La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007 prise en charge des symptômes et, en particulier, de la dysphagie est prioritaire, l’indication d’un traitement carcinologique par chimiothérapie pouvant se discuter au cas par cas (5). épidémiologie et facteurs de risque Le cancer de l’œsophage est le 3e cancer digestif en France, avec 5 800 nouveaux cas et 4 500 décès annuels (6). En Europe, c’est en France que le cancer de l’œsophage présente une des incidences les plus élevées, estimée aujourd’hui à 11,4/100 000 habitants, avec d’importantes disparités géographiques sur le territoire. Il existe en effet des zones de forte incidence, de l’ordre de 21,5/100 000 dans le Nord-Ouest (Bretagne, Haute-Normandie et Basse-Normandie, Picardie et Nord), et des régions de plus faible incidence, de l’ordre de 6,2 à 7/100 000 dans le Sud (MidiPyrénées, Languedoc-Roussillon, Provence-Alpes-Côte d’Azur, Aquitaine et Poitou-Charentes). À l’instar des autres pays occidentaux, l’incidence des adénocarcinomes du tiers inférieur de l’œsophage est en augmentation, le cancer épidermoïde de l’œsophage étant toujours le type histologique le plus fréquemment observé (7). L’intoxication alcoolo-tabagique représente dans l’ensemble des pays occidentaux le principal facteur de risque du cancer épidermoïde de l’œsophage, l’alcool et le tabac étant deux facteurs de risque indépendants qui se potentialisent (8-11). Il existe une relation linéaire entre la quantité d’alcool consommée et le risque de cancer de l’œsophage, le risque relatif passant de 3,3 à 15,7 pour des consommations respectives de 151 à 450 g et de plus de 600 g par semaine. Pour le tabac, le risque est essentiellement corrélé à la durée globale de l’intoxication, avec un RR de 2,3 pour une ancienneté d’intoxication de 16 à 30 ans contre 4,3 pour plus de 30 ans d’ancienneté (8-11). Les principaux facteurs de risque de l’adénocarcinome du bas œsophage sont la consommation d’alcool et de tabac, le reflux gastro-œsophagien et l’EBO (12). Ce dernier, appelé aussi “œsophage de Barrett”, a été décrit pour la première fois par Norman Barrett en 1950. L’EBO est caractérisé sur le plan histologique par le remplacement de la muqueuse malpighienne du bas œsophage par une muqueuse glandulaire métaplasique avec un épithélium spécialisé de type intestinal (13). L’EBO est associé à un risque d’adénocarcinome 30 à 125 fois plus important que dans la population générale, la transformation maligne de l’EBO allant de 7 à 10 % (14). Symptômes et bilan préthérapeutique Le symptôme révélateur le plus fréquent du cancer de l’œsophage est la dysphagie, présente dans environ 80 % des cas. Son mode d’installation est variable, mais elle est généralement progressive, gênant avant tout le transit des solides puis des liquides. Son degré d’ancienneté par rapport au diagnostic a d’ailleurs été évalué à environ 3,1 mois. Le stade ultérieur et parfois inaugural est l’aphagie, caractérisée par une hypersiaLa Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007 lorrhée et des régurgitations accompagnées d’une haleine fétide secondaire à la stase alimentaire. Il est par ailleurs recommandé d’apprécier sur le plan clinique le degré de la dysphagie selon le score d’Atkinson [tableau II]. Parmi les autres symptômes du cancer de l’œsophage, il existe ceux témoignant de complications locales tels que : la dysphonie en cas de paralysie récurrentielle secondaire dans les cancers du tiers supérieur ; une toux lors de la déglutition, susceptible de se compliquer de surinfection bronchique en cas de fistule œso-bronchique ; une hémorragie digestive. Enfin, le cancer de l’œsophage peut être associé à plusieurs syndromes paranéoplasiques, dont le plus fréquent est l’hypercalcémie, observée dans 16 à 38 % des cas (15). Mise au point M ise au point Tableau II. Score de dysphagie (score d’Atkinson). Grade Signe clinique 0 Pas de dysphagie 1 Accrochage à la déglutition des solides 2 Alimentation semi-liquide possible 3 Alimentation liquide possible 4 Aphagie L’objectif du bilan d’extension est de déterminer les caractéristiques de la tumeur : son volume ou son degré d’extension pariétale, son extension ganglionnaire et son extension métastatique. La classification tumorale pronostique de référence du cancer de l’œsophage repose sur les conclusions de l’examen anatomopathologique de la pièce opératoire. Pour des raisons évidentes, cette classification ne peut être utilisée dans le temps préthérapeutique du bilan d’extension. Ainsi, une tumeur de l’œsophage sera classée le plus souvent à partir soit des observations de la tomodensitométrie (16), soit des conclusions de l’échoendoscopie œsophagienne lorsqu’elle est techniquement réalisable, en cas de tumeur non sténosante (17), soit des deux. La tomographie par émission de positons (TEP) au 18-fluorodésoxyglucose (18-FDG) est actuellement considérée comme l’examen préthérapeutique de référence pour la détection des métastases. La plupart des études ont en effet révélé qu’elle dispose d’une spécificité supérieure à 90 % par rapport à la tomodensitométrie pour le diagnostic de l’extension ganglionnaire et métastatique (18-20). Le bénéfice de la TEP au 18-FDG reste à préciser dans l’évaluation de la réponse au traitement par chimiothérapie ou par RCT. Parmi les autres examens du bilan d’extension, nous citerons : le transit œsophagien utile aux chirurgiens, aux radiothérapeutes et aux médecins endoscopistes dans le repérage topographique de la tumeur, et dans la recherche d’une fistule médiastinale ou bronchique ; la bronchoscopie à la recherche d’un envahissement trachéal par contiguïté et/ou d’un cancer primitif synchrone. L’échographie des creux sus-claviculaires est utilisée par certains auteurs 319 Mise au point M ise au point à la recherche de métastases ganglionnaires non perceptibles à l’examen clinique. En raison de facteurs de risque communs, l’alcool et le tabac, une proportion de 15 à 20 % de cancers ORL synchrones est observée avec les carcinomes épidermoïdes œsophagiens (21). Un examen ORL systématique est ainsi indiqué lors d’un diagnostic de cancer de l’œsophage. En fait, compte tenu du caractère complémentaire de l’ensemble des examens, la plupart des cliniciens utilisent une classification clinique et paraclinique composite fondée essentiellement sur l’examen clinique, le scanner et la PET-FDG pour l’extension métastatique et sur l’échoendoscopie pour les données relatives à l’extension locorégionale. Prise en charge thérapeutique des cancers non métastatiques La prise en charge thérapeutique des cancers de l’œsophage est multidisciplinaire et elle dépend du caractère localisé (T1-T2 ; N0) ou non de la tumeur (Tx, N+). Les modalités thérapeu­ tiques reposent sur la chirurgie, la radiothérapie et la chimiothérapie. Chirurgie seule Les résultats de deux méta-analyses, réalisées respectivement sur 121 et 130 publications pour les périodes 1970-1980 et 19801990 (22, 23), ont souligné les limites de la chirurgie seule dans le traitement des cancers de l’œsophage localement avancés. En effet, ces études suggèrent que si la mortalité opératoire a diminué (16 à 8 %), la survie à 5 ans ne dépasse pas 20 % (24, 25). Si la chirurgie d’exérèse est actuellement considérée comme le traitement de référence des formes localisées (T1-T2 ; N0 ; M0) avec des résultats de l’ordre de 30 % de survie à 5 ans, les résultats de la chirurgie seule restent décevants pour les formes plus évoluées. Ces résultats sont toutefois à pondérer selon 3 variables pronostiques susceptibles d’influencer la survie globale à 5 ans après chirurgie d’exérèse : le caractère curatif du geste chirurgical, l’extension pariétale et ganglionnaire. La survie globale à 5 ans est de 5 % en cas de résection non microscopiquement complète (R1) et passe de 25 à 40 % en cas de résection chirurgicale microscopiquement complète (R0). Les résultats de la chirurgie palliative sont particulièrement décevants avec 0 à 9 % de survie à 5 ans (26). Concernant l’extension pariétale, la survie à 5 ans se situe entre 45 et 70 % pour des lésions limitées à la sous-muqueuse, entre 30 et 35 % pour des lésions limitées à la musculeuse et entre 10 et 15 % pour les lésions atteignant l’adventice (27). Le statut ganglionnaire est également un facteur pronostique important puisque la survie à 5 ans est de l’ordre de 9 à 27 % en cas de ganglions envahis (N+) contre 44 à 66 % en cas d’absence d’envahissement ganglionnaire (28). Le pronostic varie également selon le nombre et surtout selon le pourcentage de ganglions envahis. Ainsi, un nombre de 4 ganglions envahis ou une proportion de 20 % sur l’ensemble examiné ont été corrélés à une survie nulle à 5 ans (29). Un autre facteur limitant de la chirurgie est la mortalité opératoire, qui est actuellement 320 de 5 à 10 %, que les équipes chirurgicales et anesthésiques soient ou non spécialisées (20, 28). Les causes principales de décès sont pulmonaires et médiastinales. La morbidité postopératoire est de l’ordre de 35 %. Il s’agit, à parts égales, de fistules cervicales (5 %) et intrathoraciques (16 %), de complications pulmonaires et diverses (sténoses anastomotiques, chylothorax, paralysie récurrentielle), la plupart de ces chiffres ayant été obtenus le plus souvent sur une population de patients sélectionnés car jugés opérables. En effet, les nombreux critères de non-opérabilité (perte pondérale supérieure à 15 %, insuffisance respiratoire documentée par une amputation de 40 à 45 % des paramètres respiratoires, une hypoxémie de repos, un infarctus du myocarde datant de moins de 6 mois, une cirrhose hépatique) excluent toute possibilité de résection chirurgicale pour environ 60 % des patients (30). Ces différentes observations soulignent les difficultés de la chirurgie comme seule thérapeutique curative des formes localement évoluées. Thérapeutiques combinées Trois approches principales ont été étudiées pour optimiser la prise en charge thérapeutique du cancer de l’œsophage localement évolué : la chimiothérapie néoadjuvante, la RCT concomitante néoadjuvante et enfin la RCT exclusive. Le rationnel des thérapeutiques combinées est fondé sur la potentialisation des effets antitumoraux des différents traitements. Ainsi, l’irradiation préopératoire a pour but théorique de permettre une réduction significative du volume tumoral, de stériliser les ganglions péritumoraux envahis et de réduire les risques de dissémination tumorale lors du geste de résection. L’association à cette irradiation d’une chimiothérapie repose sur ses effets antitumoraux locaux secondaires aux phénomènes de radiosensibilisation et sur ses effets antitumoraux systémiques qui limitent la dissémination métastatique. L’étude de ces différentes combinaisons thérapeutiques dans les cancers de l’œsophage localement évolués a été progressive. Historiquement, il faut remonter au début des années 1980 pour retrouver les premiers essais randomisés sur l’étude des thérapeutiques combinées comme alternatives possibles aux deux traitements considérés alors comme la référence, la chirurgie d’exérèse et la radiothérapie exclusive, deux options pour lesquelles la médiane de survie était inférieure à 10 mois et la survie globale à 5 ans allait de 5 à 10 %. • Chimiothérapie préopératoire L’étude randomisée de D.P. Kelsen comparait la chimiothérapie préopératoire à la chirurgie seule (31). Parmi les malades inclus, 53,6 % étaient porteurs d’un cancer de type adénocarcinome. Après randomisation, 204 patients ont reçu une chimiothérapie préopératoire à base de 5-FU-cisplatine versus 217 traités par chirurgie seule. La médiane de survie était de 16,1 mois pour la chirurgie seule versus 14,9 mois pour le traitement combiné, sans différence selon le type histologique. Soulignons que, parmi les patients recevant un traitement combiné, seuls deux tiers ont pu compléter les trois cycles de chimiothérapie prévus, et qu’une rémission clinique totale ou partielle a été observée La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007 ▶▶▶ ▶▶▶ pour 19 % d’entre eux. Par ailleurs, une résection chirurgicale a été réalisée dans les mêmes proportions dans les deux groupes (60 %), avec cependant une résection curative (R0) plus fréquemment observée chez les malades traités par chimiothérapie puis chirurgie (15 % versus 4 % ; p = 0,001). Au total, 25 % et 29 % de toxicité de grade ≥ 3 (neutropénie, mucite) ont été observés chez les malades traités par chimiothérapie préopératoire, sans augmentation toutefois de la mortalité et de la morbidité postopératoires entre les deux groupes. Si l’ensemble des travaux randomisés confortait les résultats obtenus par D.P. Kelsen et al., à savoir qu’il n’y a aucun bénéfice significatif en termes de survie globale d’une chimiothérapie préopératoire comparée à une chirurgie seule (32-34), les résultats de l’étude menée en 2002 par le Medical Research Council Œsophageal Cancer Working Group (MRC) [35] ont relancé la controverse. Un total de 802 patients atteints de cancer de l’œsophage, de type adénocarcinome dans 66 % des cas, a été inclus. Plus de 40 % d’entre eux étaient porteurs d’une tumeur de plus de 4 cm de hauteur et près de 70 % étaient considérés comme ne présentant pas d’envahissement ganglionnaire. Après randomisation, les malades ont été traités soit par 2 cycles de chimiothérapie 5-FU-cisplatine puis chirurgie, soit par chirurgie seule. Les résultats ont montré un bénéfice significatif en termes de survie globale à 5 ans et de survie sans récidive pour les patients traités par chimiothérapie puis chirurgie. La médiane de survie observée pour ceux qui ont reçu le traitement combiné était de 16,8 mois contre 13,4 mois pour ceux du groupe chirurgie seule. Les différences observées entre l’étude de D.P. Kelsen et celle du MRC peuvent s’expliquer par le manque de puissance de l’étude de 1998, réalisée sur un nombre de patients (n = 421) deux fois moindre que celui des patients inclus dans l’étude du MRC (n = 800). Une autre explication envisageable est que, malgré des doses de chimiothérapie plus importantes délivrées en 1998 (300 mg/m2 de cisplatine et 15 000 mg/m2 de 5-FU sur 8 semaines versus 160 mg/m2 et 8 000 mg/m2 de 5-FU sur 3 semaines en 2002), les bénéfices attendus ont été minimisés par l’importance des effets indésirables (toxicité hématologique et digestive de grade ≥ 3 dans 30 % des cas et 2 % de décès en relation avec le traitement). Enfin, les autres hypothèses sont, d’une part, un délai entre la fin du traitement préopératoire et la chirurgie plus long de 1 mois en moyenne dans l’étude de D.P. Kelsen et, d’autre part, le fait que la chirurgie d’exérèse n’a pu être pratiquée que pour 80 % des patients traités par chimiothérapie dans l’étude de D.P. Kelsen versus 92 % dans l’étude de 2002 (31, 35). En définitive, l’intérêt d’une chimiothérapie préopératoire est possible mais encore débattu. Mise au point M ise au point • Radiochimiothérapie concomitante préopératoire L’étude de I.N. Walsh a été réalisée sur 102 malades atteints d’un adénocarcinome de l’œsophage. Dans cette étude, la thérapeutique préopératoire combinant deux cycles de chimiothérapie 5-FU-cisplatine à une irradiation de 40 Gy a apporté un gain significatif par rapport à la chirurgie seule en survie médiane (16 mois versus 11 mois) et en survie globale à 3 ans (32 % versus 6 %) [36]. Cet avantage du traitement combiné a également été observé pour les patients présentant une rémission histologique complète après RCT (25 %). Toutefois, ces résultats n’ont pas été retrouvés dans les principales autres études randomisées incluant en grande majorité des patients porteurs de tumeurs T1-T2 (16, 37, 38), qui n’ont pas mis en évidence de bénéfice significatif sur la survie globale de la RCT préopératoire (tableau III). Ces résultats peuvent s’expliquer par l’utilisation d’un schéma de chimiothérapie différent du 5-FU-cisplatine utilisé par T.N. Walsh, par un manque de puissance statistique lié parfois à de faibles effectifs, ou encore par une surmortalité postopératoire significative chez les patients ayant reçu le traitement combiné (12,3 % versus 3,6 % dans l’étude de J.F. Bosset [16]). Ces études soulignent toutefois des avantages importants pour les patients traités par RCT. Ce traitement permet en effet d’obtenir un taux de résécabilité global important (70 % en moyenne) et, dans la majorité des études, identique ou supérieur à celui de la chirurgie seule. De plus, la RCT préopératoire a permis, dans l’étude de J.F. Bosset, d’accroître de manière significative les taux de chirurgie curative (R0 : 81 versus 68 %) ainsi que ceux de la survie sans récidive à 3 ans (40 % versus 28 %) [16]. Par ailleurs, d’autres études ont démontré que la réponse histologique complète après RCT est un facteur pronostique de la survie globale et de la survie sans récidive (28, 39). Tableau III. Études randomisées comparant la chirurgie exclusive à la RCT préopératoire. Survie médiane (mois) Survie à 2 ans (%) Nombre de patients évaluables RCT-chirurgie versus chirurgie RCT T.N. Walsh (36) 48 versus 54 5-FU/CDDP 40 Gy en 21 j 12 versus 8 36 versus 11 (à 5 ans) 0,02 K. Nygaard (37) 53 versus 50 CDDP/BLÉO 35 Gy en 28 j – 23 versus 13 ns J.F. Bosset (16) 143 versus 139 CDDP 37 Gy en 28 j 19 versus 19 47 versus 42 ns S.G. Urba (38) 50 versus 50 5-FU/CDDP/VLB 45 Gy en 21 j 17,6 versus 17 35 versus 40 ns Étude RCT-chirurgie versus chirurgie p 5-FU/CDDP : 5-fluoro-uracile + cisplatine ; BLÉO : bléomycine ; VLB : vinblastine ; ns : non signalé. La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007 321 Mise au point M ise au point En conclusion, il n’existe pas actuellement d’argument formel pour privilégier la RCT préopératoire par rapport à la chirurgie seule. Si les résultats paraissent équivalents, ces études ne permettent pas de répondre précisément quant aux bénéfices respectifs de ces deux modalités thérapeutiques dans le traitement des cancers de l’œsophage localement avancés. • Radiochimiothérapie concomitante exclusive Les taux de réponses complètes sur pièces opératoires après RCT, entre 15 et 25 % (16, 36), ont conduit certains auteurs à envisager cette association thérapeutique comme traitement exclusif des cancers localement évolués. Ses résultats font du travail de A. Herskovic l’étude de référence pour la RCT exclusive (40) [tableau IV]. En tout, 121 patients ont été inclus dans cette étude. Si les auteurs ont mentionné une proportion de plus de 80 % de tumeurs T2 dans les deux groupes, la gravité de l’état des malades a probablement été sous-évaluée, puisque 80 % d’entre eux étaient porteurs d’une tumeur épidermoïde de plus de 5 cm de diamètre et/ou de plus de 5 cm de longueur. Les 121 malades ont été randomisés, soit dans le bras comportant une RCT de 4 cures de cisplatine (75 mg/m2) plus 5-FU (1 g/m2) associées à une irradiation externe de 50 Gy délivrée en continu sur 5 semaines, soit dans le bras comportant une radiothérapie seule de 64 Gy. Les résultats de la RCT ont été significativement supérieurs à ceux de la radiothérapie pour la survie médiane (12,5 mois versus 8,9 mois), la survie globale à 2 et 5 ans (36 % versus 10 % et 27 % versus 0 % respectivement) et les pourcentages de récidives locale et métastatique chez les malades répondeurs à la RCT (28,2 % versus 48,7 % et 21,7 % versus 46,1 % respectivement). Les pourcentages observés de survie à 5 ans et à 10 ans, soit 27 % et 20 %, des malades traités par RCT concomitante exclusive ont été décisifs pour considérer cette modalité thérapeutique comme une alternative possible dans les cancers de l’œsophage localement évolués, au prix cependant d’une toxicité digestive et hématologique importante. En effet, les effets indésirables toxiques de grade ≥ 3, digestifs et hématologiques, ont été observés chez respectivement 41 % et 48 % des malades recevant le traitement combiné dans l’étude de A. Herskovic (40). De récents essais ont étudié les résultats de la chirurgie associée à une RCT première versus ceux de la RCT exclusive. Ainsi, dans l’essai randomisé multicentrique français (FFCD-9102) incluant des tumeurs T3, N0-1, M0 avec 88 % de cancers épidermoïdes, les patients répondeurs après deux cures de chimiothérapie par 5-FU-cisplatine ainsi qu’une irradiation (45 Gy en continu ou fractionné) ont été randomisés soit dans le bras comportant une chirurgie, soit dans le bras comportant la poursuite de la RCT avec un complément d’irradiation (20 Gy) associé à 3 cures de 5-FU-cisplatine (41). En cas de non-réponse à la RCT, une chirurgie de rattrapage était réalisée. Les résultats ont révélé un bénéfice équivalent des deux traitements avec une survie à 2 ans de 40 % dans le premier groupe versus 34 % dans le groupe chirurgie. Ces résultats ont par ailleurs été confirmés par l’étude de M. Stahl incluant des T3-T4, N0-1, M0 avec une survie à 2 ans de 35 % et 40 % pour le groupe traité par RCT puis chirurgie et le groupe traité par RCT exclusive, respectivement (41). Dans l’essai FFCD comme dans l’essai de M. Stahl, la mortalité postopératoire était significativement plus élevée dans le groupe chirurgie que dans celui de RCT seule (9,3 % et 12,8 %, respectivement). Enfin, dans ces deux études, la récidive locale était significativement plus importante en cas de RCT exclusive (43 % et 58 %, respectivement), la survie médiane étant identique dans les deux groupes (41-43) [tableau IV]. Conclusion et perspectives La chirurgie d’exérèse est actuellement le traitement de référence des formes localisées non métastatiques. Une chimiothérapie préopératoire peut être discutée pour les tumeurs T1-T2 avec envahissement ganglionnaire (5). Chez le patient jugé opérable, le traitement médical par RCT exclusive représente actuellement une alternative à la RCT plus chirurgie pour le traitement des cancers de l’œsophage localement évolués. Le protocole de RCT exclusive décrit par A. Herskovic reste à ce jour le schéma de référence (40). Des efforts importants sont réalisés pour optimiser les résultats de la RCT exclusive. Concernant le mode d’étalement, des études suggèrent une réduction du contrôle Tableau IV. Études randomisées avec RCT exclusive. Nombre de patients évaluables RCT-chirurgie versus RCT RCT Survie médiane (mois) Survie à 2 ans (%) p A. Herskovic (40) 61 versus 60 5-FU/CDDP + 50 Gy versus 50 Gy 12,5 versus 8,9 36 versus 10 < 0,04 L. Bedenne (41) 129 versus 130 5-FU/CDDP + 45 Gy + chirurgie versus 5-FU/CDDP + 64 Gy 17,7 versus 19,3 34 versus 40 ns 86 versus 86 5-FU/CDDP/LV/ETO (FLEP) + 40 Gy + chirurgie versus + FLEP + 65 Gy 16,4 versus 14,9 40 versus 35 ns Étude M. Stahl (42) 5-FU-CDDP : 5-fluoro-uracile + cisplatine ; ETO : étoposide ; FLEP : 5-FU/LV (leucovorine)/ETO (étoposide)/P(CDDP). 322 La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007 local en cas d’irradiation fractionnée par rapport a un étalement continu (40, 44, 45). Quant aux possibilités d’intensification de doses, les 9 % de décès toxiques rapportés en cours de traitement chez les patients traités par une intensification de la radiothérapie (64 Gy) dans l’étude de B. Minsky ainsi que le fort taux de dysphagie secondaire dans l’essai de L. ­Bedenne incitent à privilégier l’irradiation classique continue de 50 Gy décrite par A. Herskovic (1, 40, 46). En ce qui concerne la chimiothérapie, de nouvelles combinaisons de chimiothérapies classiques ont été testées avec des résultats intéressants et l’utilisation de molécules ciblées sera prochainement évaluée (47, 48). Enfin, l’utili­ sation des différentes thérapeutiques fondée sur des paramètres pronostiques cliniques et/ou biologiques pourrait également permettre d’optimiser le traitement du cancer de l’œsophage (3, 41, 42, 49, 50). ■ Références bibliographiques 1. Keighley MRB. Gastrointestinal cancers in Europe. Aliment Pharmacol Ther 2003;18(Suppl. 3):7-30. 2. Riccardi D, Allen K. Nutritional management of patients with esophageal and esophagogastric junction cancer. Cancer Control 1999;6:64-72. 3. Di Fiore F, Lecleire S, Pop D et al. Baseline nutritional status is predictive of response to treatment and survival in patients treated by definitive chemoradiotherapy for a locally advanced esophageal cancer. Am J Gastroenterol 2007, sous presse. 4. Lecleire S, Di Fiore F, Antonietti M et al. Undernutrition is predictive of early mortality after palliative self-expanding metal stent insertion in patients with inoperable or recurrent esophageal cancer. Gastrointest Endosc 2006;64:479-84. 5. Recommandations 2006 de la Fédération francophone de cancérologie digestive (FFCD). www.ffcd.fr 6. Ferlay J, Bray F, Pisani P et al. Cancer incidence, mortality and prevalence worldwide, Version 1.0. IARC. CancerBase n° 5. Lyon : IARC Press, 2001. 7. Benhamiche AM, Colonna M, Aptel I et al. Estimation de l’incidence des cancers du tube digestif par régions. Gastroenterol Clin Biol 1999;23:1040-7. 8. Gallus S, Altieri A, Bosetti C et al. Cigarette tar yield and risk of upper digestive tract cancers: case-control studies from Italy and Switzerland. Ann Oncol 2003;14:209-13. 9. Launoy G, Milan CH, Faivre J, Pienkowski MP, Milan CI, Gignoux M. Alcohol, tobacco and esophageal cancer. Effects of the duration of consumption mean intake, current and former consumption. Br J Cancer 1997;75:1389-96. 10. Launoy G, Milan C, Day NE, Pienkowski MP, Gignoux M, Faivre J. Diet and squamous-cell cancer of the esophagus: a French multicentre case-control study. Int J Cancer 1998;76:7-12. 11. Launoy G, Milan C, Faivre J, Pienkowski MP, Gignoux M. Tobacco type and risk of squamous-cell cancer of the esophagus in males: a French multicentre case-control study. Int J Epidemiol 2000;29:36-42. 12. Lagergren J, Bergström R, Lindgren A, Nyrén O. Symptomatic gastro­ esophageal reflux as a risk factor for esophageal adenocarcinoma. N Engl J Med 1999;340:825-31. 13. Paull A, Trier JS, Dalton MD, Camp RC, Loeb P, Goyal RK. The histological spectrum of Barrett’s oesophagus. N Engl J Med 1976;295:476-80. 14. Chandrasoma P, Wickramasinghe K, Ma Y, DeMeester T. Is intestinal meta­ plasia a necessary precursor lesion for adenocarcinomas of the distal esophagus, gastroesophageal junction and gastric cardia? Dis Esophagus 2007;20:36-41. 15. Tachimori Y, Watanabe H, Kato H et al. Hypercalcemia in patients with esophageal carcinoma. The pathophysiologic role of parathyroid hormonerelated protein. Cancer 1991;68:2625-9. La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007 16. Bosset JF, Gignoux M, Triboulet JP et al. Chemoradiotherapy followed by surgery compared with surgery alone in squamous-cell cancer of the oesophagus. N Engl J Med 1997;337:161-7. 17. Tio TL, Coene PP, Den Hartog Jager FC, Tytgat GN. Preoperative TNM classification of esophageal carcinoma by endosonography. Hepatogastroenterol 1990;37:376-81. 18. Flamen P, Van Cutsem E, Lerut A et al. Positron emission tomography for assessment of the response to induction radiochemotherapy in locally advanced esophageal cancer. Ann Oncol 2002;13:361-8. 19. Rankin SC, Taylor H, Cook GJ, Mason R. Computed tomography and positron emission tomography in the pre-operative staging of esophageal carcinoma. Clin Radiol 1998;53:659-65. 20. Lerut T, Flamen P, Ectors N et al. Histopathologic validation of lymph node staging with FDG-PET scan in cancer of the esophagus and gastroesophageal junction: a prospective study based on primary surgery with extensive lymphade­ nectomy. Ann Surg 2000;232:743-52. 21. Elias D, Lasser P, Hatchouel JM et al. Étude multifactorielle prospective des facteurs pronostiques de 200 cancers épidermoïdes de l’œsophage opérés. Gastroenterol Clin Biol 1993;17:17-25. 22. Earlam R, Cunha-Melo JR. Esophageal squamous cell carcinoma: II. A critical review of radiotherapy. Br J Surg 1980;67:457-61. 23. Müller JM, Erasmi H, Stelzner M, Zieren U, Pichlmaier H. Surgical therapy of esophageal carcinoma. Br J Surg 1990;77:845-57. 24. Nigro JJ, DeMeester SR, Hagen JA et al. Node status in transmural esophageal adenocarcinoma and outcome after en bloc esophagectomy. J Thorac Cardiovasc Surg 1999;117:960-8. 25. Ando N, Ozawa S, Kitagawa Y, Shinozawa Y, Kitajina M. Improvement in the results of surgical treatment of advanced squamous esophageal carcinoma during 15 consecutive years. Ann Surg 2000;232:225-32. 26. Lerut TE, de Leyn P, Coosemans W, Van Raemdouck D, Cuypers P, Van Cleynenbreughel B. Advanced esophageal carcinoma. World J Surg 1994;18:37987. 27. Hölscher AH, Bollschweiler E, Bumm R, Bartils H, Höfler H, Siewert JR. Prognostic factors of resected adenocarcinoma of the esophagus. Surgery 1995; 118:845-55. 28. Triboulet JP. Traitement chirurgical du cancer épidermoïde de l’œsophage. Gastroenterol Clin Biol 1999;23:507-12. 29. Kawahara K, Maekawa T, Okabayashi K et al. The number of lymph-node metastases influences survival in esophageal cancer. J Surg Oncol 1998;67:160-3. 30. Bartels H, Stein HJ, Siewert JR. Preoperative risk analysis and postoperative mortality of esophagectomy for resectable esophageal cancer. Br J Surg 1998;85: 840-4. 31. Kelsen DP, Ginsberg R, Pajak TF et al. Chemotherapy followed by surgery compared with surgery alone for localized esophageal cancer. N Engl J Med 1998; 339:1979-84. 32. Law S, Fok M, Chow S, Chu KM, Wong J. Preoperative chemotherapy versus surgical therapy alone for squamous-cell carcinoma of the esophagus: a prospective randomized trial. J Thorac Cardiovasc Surg 1997;114:210-7. 33. Maipang T, Vasinanukorn P, Petpichetchian C et al. Induction chemotherapy in the treatment of patients with carcinoma of the esophagus. J Surg Oncol 1994; 56:191-7. 34. Schlag PM. Randomized trial of preoperative chemotherapy for squamouscell cancer of the esophagus. The Chirurgische Arbeitsgemeinschaft Fuer Onkologie der Deutschen Gesellschaft Fuer Chirurgie Study Group. Arch Surg 1992;127:1446-50. 35. Medical Research Council Œsophageal Cancer Working Group. Surgical resection with or without preoperative chemotherapy in oesophageal cancer: a randomised controlled trial. Lancet 2002;359:1727-33. 36. Walsh TN, Noonan N, Hollywood D, Kelly A, Keeling N, Hennessy TP. A comparison of multimodal therapy and surgery for esophageal adenocarcinoma. N Engl J Med 1996;335:462-7. Mise au point M ise au point 323 Mise au point M ise au point 324 37. Nygaard K, Hagen S, Hansen HS et al. Pre-operative radiotherapy prolongs survival in operable esophageal carcinoma: a randomized, multicenter study of pre-operative radiotherapy and chemotherapy. The second Scandinavian trial in esophageal cancer. World J Surg 1992;16:1104-9. 38. Urba SG, Orringer MB, Turrisi A, Iaunettoni M, Forastiere A, Strawderman M. Randomized trial of preoperative chemoradiation versus surgery alone in patients with locoregional esophageal carcinoma. J Clin Oncol 2001;19:305-13. 39. Forastiere AA, Orringer MB, Perez-Tamayo C, Urba SG, Zahurak M. Preoperative chemoradiation followed by transhiatal esophagectomy for carcinoma of the esophagus: final report. J Clin Oncol 1993;11:1118-23. 40. Herskovic A, Martz K, al-Sarraf M et al. Combined chemotherapy and radiotherapy compared with radiotherapy alone in patients with cancer of the esophagus. N Engl J Med 1992;326:1593-8. 41. Bedenne L, Michel P, Bouche O et al. Chemoradiation followed by surgery compared with chemoradiation alone in squamous cancer of the esophagus: FFCD 9102. J Clin Oncol 2007;25:1160-8. 42. Stahl M, Stuschke M, Lehmann N et al. Chemoradiation with and without surgery in patients with locally advanced squamous cell carcinoma of the esophagus. J Clin Oncol 2005;23:2310-7. 43. Crehange G, Bonnetain F, Seng S et al. Impact of radiation (RT) regimen on palliative procedures (PP) for patients with resectable locally advanced esophageal cancer treated with exclusive chemoradiation (CRT) or preoperative chemoradiation (CRT+S): results from a phase III trial of the Fédération franco­ phone de cancérologie digestive (FFCD 9102). ASCO 2007 : abstract 4531. 44. Di Fiore F, Lecleire S, Galais MP et al. Impact of radiation schedule and chemotherapy duration in definitive chemoradiotherapy regimen for esophageal cancer. Gastroenterol Clin Biol 2006;30:845-51. 45. Jacob JH, Seitz JF, Langlois C et al. Definitive concurrent chemo-radiation therapy (CRT) in squamous cell carcinoma of the esophagus (SCCE): Preliminary results of a French randomized trial comparing standard versus split course irradiation (FNCLCC-FFCD 9305). ASCO 1999 : abstract 1035a. 46. Minsky B, Pajak TF, Ginsberg RJ et al. INT 0123 (Radiation Therapy Oncology Group 94-05) phase III trial of combined-modality therapy for esophageal cancer: high-dose versus standard-dose radiation therapy. J Clin Oncol 2002;20:1167-74. 47. Michel P, Adenis A, Di Fiore F et al. Induction cisplatin-irinotecan followed by concurrent cisplatin-irinotecan and radiotherapy without surgery in oeso­ phageal cancer: multicenter phase II FFCD trial. Br J Cancer 2006;95:705-9. 48. Conroy T, Yataghene Y, Etienne PL. Definitive chemo-radiotherapy (CRT) with folfox 4- or 5FU-cisplatin as first line treatment for patients (pts) with inoperable esophageal cancer (IEC): Final results of a randomized phase II study. ASCO 2007 : abstract 4532. 49. Chau I, Norman AR, Cunningham D, Waters IS, Oates J, Ross PJ. Multivariate prognostic factor analysis in locally advanced and metastatic esophago-gastric cancer-pooled analysis from three multicenter, randomized, controlled trials using individual patient data. J Clin Oncol 2004;22:2395-403. 50. Di Fiore F, Lecleire S, Rigal O et al. Predictive factors of survival in patients treated with definitive chemoradiotherapy for squamous-cell esophageal carci­ noma. World J Gastroenterol 2006;12:4185-90. La Lettre du Cancérologue - Vol. XVI - n° 7 - septembre 2007