DOSSIER THÉMATIQUE Antiangiogéniques Antiangiogéniques et cancer du foie : parcours entre études cliniques et prescription au quotidien Antiangiogenic and liver cancer: round trip between clinical studies and real life application M. Bouattour*, C. Serrate*, É. Raymond*, S. Faivre* C es dernières années, les traitements antiangio­ géniques ont connu un intérêt croissant dans la prise en charge des cancers du foie. Le carcinome hépatocellulaire (CHC) et le cholangio­ carcinome (CC), les 2 cancers du foie les plus fréquents, représentent des problèmes majeurs de santé publique à l’échelle mondiale. En effet, leur incidence respective est en permanente progression. De plus, le diagnostic n’est souvent fait qu’à des stades avancés et, même en cas de traitement curateur, le taux de récidive reste très élevé. Enfin, le CHC reste une tumeur réputée chimiorésistante et seule l’association de chimiothérapie conventionnelle de type gemcitabine et platine a montré un bénéfice clinique évident dans les CC avancés (1). Antiangiogéniques et carcinome hépatocellulaire * Service de cancérologie, hôpital Beaujon, Clichy. Le CHC est une tumeur maligne hypervasculaire ; la formation de néovaisseaux (ou néoangiogenèse) est fortement impliquée dans sa croissance et sa progression. Le processus de l’angiogenèse est complexe et implique plusieurs facteurs proangiogéniques et antiangiogéniques. Comme pour les autres tumeurs solides, l’hypoxie locale intratumorale et des modifications génétiques sont à l’origine de cette néoangiogenèse (2). Cette hypoxie entraîne une stabilisation intracellulaire du facteur HIF-1α (Hypoxia-Inducible Factor 1α), qui induit à son tour l’expression de 582 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010 nombreux facteurs de croissance incluant le VEGF (Vascular Endothelial Growth Factor) et le PDGF (Platelet-Derived Growth Factor) [2]. Plusieurs aberrations génétiques et anomalies des voies de signalisation ont été décrites dans le CHC et sont impliquées dans la prolifération, la survie, la différenciation et les métastases des cellules tumorales (3). Toutes ces anomalies ont offert une base moléculaire pour développer plusieurs agents avec des propriétés antiangiogéniques. À ce jour, seul le sorafénib, inhibiteur multikinase présentant des propriétés antiangiogéniques et antiprolifératives, a fait ses preuves en montrant une amélioration significative de la survie chez les patients atteints de CHC avancé. Essais cliniques dans le carcinome hépatocellulaire : la preuve de l’efficacité du sorafénib Deux grandes études cliniques internationales de phase III randomisées et en double aveugle, ont rapporté un bénéfice clinique chez les patients atteints de CHC avancé avec une cirrhose ChildPugh (CP) de classe A (4-5). Dans l’étude SHARP, un gain de survie médian avoisinant les 3 mois a été observé chez les patients traités par sorafénib comparativement à ceux traités par placebo (survie globale [SG] de 10,7 et 7,9 mois respectivement). Points forts »» Le carcinome hépatocellulaire et le cholangiocarcinome sont des problèmes majeurs de santé publique, du fait de leur incidence en constante progression, de la fréquence des stades tardifs au moment du diagnostic et de la pauvreté de l’arsenal thérapeutique dans cette situation. »» Le sorafénib est la seule thérapie ciblée validée dans le carcinome hépatocellulaire avancé. Les progrès obtenus avec cette molécule ne doivent pas cacher les limites observées en pratique clinique en termes de résistance, d’intolérance, d’évaluation tumorale, d’absence de marqueurs prédictifs de réponse et de coût. »» La première étape est franchie, mais l’avenir sera encore plus passionnant avec l’extension des indications du sorafénib, l’arrivée d’autres molécules ouvrant la voie à un esprit de compétition pour le bien du malade, de la recherche clinique et des études translationnelles. Ce bénéfice est surtout lié à l’amplitude du gain, puisque le HR était de 0,69 (IC 95 : 0,55-0,87 ; p = 0,00058). Autrement dit, le sorafénib prolongeait la SG de 44 % et diminuait le RR de décès de 31 % chez les patients atteints de CHC avancé (4). Le même bénéfice clinique et la même amplitude de gain (avec des HR similaires en tous points) ont été rapportés dans l’étude Asie-Pacifique. Même en traitant une population de patients atteints de CHC plus avancé (avec une hépatopathie sous-jacente majoritairement d’origine virale B), le sorafénib augmentait la médiane de SG à 6,5 mois alors qu’elle était de 4,2 mois pour le placebo (HR = 0,68 ; IC95 : 0,50-0,93 ; p = 0,014) [5]. Globalement, la tolérance du traitement était bonne dans les 2 études (4, 5). La majorité des effets secondaires liés au sorafénib étaient l’asthénie, la diarrhée et le syndrome main-pied. Moins de 10 % des patients ont développé des toxicités de grade supérieur ou égal à 3. Un point essentiel est que le sorafénib n’augmentait pas le risque hémorragique, qui est une complication grave chez ces patients. Actuellement, le sorafénib est approuvé dans plus d’une quarantaine de pays. Il représente le traitement de référence des patients atteints de CHC avancés, avec un état général conservé (grade OMS ≤ 2) et une cirrhose compensée, chez qui des traitements spécifiques en première intention (transplantation hépatique, résection, ablation locale ou chimioembolisation) ne sont pas possibles, ou qui sont en récidive après de tels traitements. Le sorafénib en pratique quotidienne Du fait de l’élargissement de l’utilisation du sorafénib et d’une meilleure expérience avec cette molécule, de nouvelles problématiques ont émergé. Dans les essais cliniques, le bénéfice d’un traitement est généralement démontré sur une population de patients sélectionnés. En pratique courante, les praticiens traitant des patients atteints de CHC avec le sorafénib sont à l’inverse constamment confrontés à des situations assez complexes. Les patients sont très variés, soit à cause de la maladie tumorale, soit en raison de la maladie hépatique sous-jacente. En dehors du coût élevé du sorafénib (3 962,95 euros pour une cure de 1 mois), la tolérance médiocre du traitement peut être un obstacle à une bonne exposition au médicament. Par ailleurs, l’évaluation de la réponse radiologique (qui ne fait pas encore l’objet d’un consensus) peut être complexe, surtout en cas de progression objective, alors qu’une nécrose intratumorale est constatée. Nous exposons ici quelques situations problématiques ainsi que leurs éventuelles solutions. Gestion des effets secondaires En comparaison avec d’autres antiangiogéniques (comme le bévacizumab, par exemple), le sorafénib entraîne moins fréquemment des effets secondaires de type cardio-vasculaire (hypertension artérielle, hémorragie ou thrombose). De même, les effets secondaires hématologiques sont beaucoup plus rares qu’avec les chimiothérapies cytotoxiques. Les toxicités liées au sorafénib peuvent poser un vrai problème dans la pratique clinique : en effet, elles étaient la première cause d’arrêt dans les études de phase III. Même si la majorité des effets secondaires sont facilement gérables, ils peuvent, en l’absence de prise en charge adéquate, diminuer l’index thérapeutique, détériorer la qualité de vie, compromettre l’observance et, par conséquent, l’efficacité du traitement. La prise en charge des effets secondaires passe essentiellement par l’information des patients et par leur éducation. Les principales toxicités rencontrées en pratique clinique sont l’asthénie, la diarrhée et le syndrome main-pied. Généralement, des mesures préventives permettent d’éviter la plupart de ces effets. ◆◆ En pratique En cas de survenue de tels symptômes, des traitements spécifiques ou une adaptation des doses peuvent être nécessaires en fonction de leur sévérité (6). Une éventuelle interaction médicamenteuse doit être recherchée, en particulier pour les médicaments métabolisés par le cytochrome CYP3A4 (des interactions potentielles sont recensées sur le site www.drug-interactions.com). En cas d’effets importants ou de suspicion d’une surexposition au Mots-clés Carcinome hépatocellulaire Cholangiocarcinome Angiogenèse Antiangiogéniques Sorafénib Highlights Only six pages to summarize all that is currently happening in hepatocellular carcinoma are overwhelmingly insufficient. The approval of sorafenib in advanced HCC has just opened the door to investigate a plethora of molecules in different settings. Physicians and researchers are now required to solve several issues of clinical practice, and the task will be challenging. HCC is a very complex tumor and many disturbed pathways are implicated in hepatocarcinogenesis. There is an unmet need to identify key targets for streamlines treatment in HCC. Translational research (such as the study of pathological and molecular changes under sorafenib before and after surgery, NCT01182272) could be an option to improve our knowledge in this field. Cholangiocarcinoma is rather victim of less interest and research should go toward a better understanding of its carcinogenesis in order to improve its management. Keywords Hepatocellular carcinoma Cholangiocarcinoma Angiogenesis Antiangiogenics Sorafenib La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010 | 583 DOSSIER THÉMATIQUE Antiangiogéniques Antiangiogéniques et cancer du foie : parcours entre études cliniques et prescription au quotidien sorafénib, un dosage plasmatique peut être effectué en routine. En effet, une équipe française a montré que les patients qui présentaient des effets secondaires de grade 3 liés au traitement avaient une concentration plasmatique 1,5 fois plus élevée que le reste des patients (7). Généralement, la concentration moyenne du sorafénib est de 4,3 ± 2,5 mg/l avec un pic à 6,2 ± 3,0 mg/l (7). Le tableau donne une proposition de conduite globale à tenir en fonction des effets secondaires observés chez les patients sous sorafénib. En cas de toxicité de grade 3 ne mettant pas en jeu le pronostic vital, il est conseillé d’interrompre le traitement jusqu’à amélioration pour tenter ensuite une reprise à pleine dose. En cas de récidive sévère, la dose sera réadaptée. Tableau. Principaux effets secondaires du sorafénib : mesures préventives et prise en charge thérapeutique. Toxicité Manifestation clinique Mesures préventives Prise en charge thérapeutique Syndrome main-pied Grade 1 Modification cutanée minime ou dermatite sans douleurs Grade 2 Modifications cutanées (ampoules, cloaque, desquamation, saignement, œdème) ou dermatite douloureuse sans gêne fonctionnelle Grade 3 Modifications cutanées ou dermatites ulcératives avec douleurs entraînant une gêne fonctionnelle Soins podologiques “doux” si lésions hyperkératosiques Semelles absorbantes Chaussettes en coton Chaussures non serrées Crèmes émollientes (crèmes à base de glycérol) Topiques kératolytiques (kératolytiques à base d’urée) Corticoïdes locaux (bétaméthasone) Réduction de la dose par palier de 25 % si persistance, puis reprise en fonction de l’évolution Arrêt temporaire du traitement (7 à 15 j) jusqu’à grade 1 puis reprise Traitement topique + analgésique local lidocaïne Diarrhée Grade 1 Moins de 4 selles par jour Règles hygiéno-diététiques Pas de modification de dose. Antidiarrhéique : diosmectite Grade 2 4 à 6 selles par jour Pas de modification de dose Antidiarrhéique : lopéramide, diosmectite, racécadotril Grade 3 Plus de 6 selles par jour avec déshydratation et insuffisance rénale fonctionnelle Arrêt temporaire du traitement. Correction des troubles hydroélectrolytiques. Reprise à mi-dose et adapter en fonction de l’évolution Grade 4 Risque vital (collapsus, hémodynamique) Arrêt définitif du traitement Asthénie Grade 1 Légère Rechercher les facteurs favorisants : - thyroïde ; - anémie ; - dépression. Pas de modification de dose Grade 2 Modérée Grade 3 Sévère, empêchant certaines activités de la vie quotidienne Arrêt temporaire et reprise progressive en fonction de l’évolution Grade 4 Sévère, empêchant toute activité de la vie quotidienne Arrêt définitif du traitement Pas de modification de dose Réduction de dose de 25 % si persistance Hypertension artérielle Grade 1 Asymptomatique, transitoire TA avant traitement Équilibre HTA prétraitement Surveillance régulière Pas de modification de dose Grade 2 Récidivante, persistante ou symptomatique Grade 3 Nécessité d’un traitement médicamenteux supplémentaire Arrêt temporaire et surveillance. Si persistance, possible reprise à mi-dose Grade 4 Risque vital Arrêt définitif du traitement. Avis d’un cardiologue Monothérapie : IEC, AA2, B-. Éviter IC AA2 : antagoniste de l'angiotensine 2 ; B- : bêtabloquant ; IC : inhibiteur calcique ; IEC : inhibiteur de l’enzyme de conversion ; PAD : pression artérielle diastolique ; SMP : syndrome main-pied. 584 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010 DOSSIER THÉMATIQUE Patients avec un carcinome hépatocellulaire sur cirrhose avancée ou décompensée Les patients avec une cirrhose avancée (CP de classe B ou C) ont été exclus des 2 essais de phase III. La tolérance, la sécurité d’emploi et l’efficacité du sorafénib chez les patients avec une fonction hépatique altérée ou une cirrhose décompensée ne peuvent pas être extrapolées à ce sous-groupe de patients. En pratique clinique, le nombre de ces patients est loin d’être négligeable. On dispose de quelques données chez les patients atteints de CHC avancé avec une cirrhose CP de classe B. Bien que le profil pharmacocinétique (8) et la tolérance (9, 10) ne semblent pas être affectés chez les patients avec une altération modérée de la fonction hépatique, le bénéfice clinique semble significativement inférieur chez eux (9, 10). ◆◆ En pratique L’utilisation du sorafénib chez les patients avec une cirrhose CP de classe C est contre-indiquée ; elle est déconseillée pour les patients avec une cirrhose CP de classe B. Elle peut être discutée au cas par cas pour les patients avec cirrhose CP de classe B compensée. La meilleure alternative est d’inclure les patients atteints de CHC avec cirrhose CP de classe B dans des essais thérapeutiques (une étude de phase II, mise en place par la Fédération francophone de cancérologie digestive, évalue le temsirolimus chez les patients atteints de CHC avancé avec une cirrhose CP de classe B : NCT01079767). Étant donné la gravité de l’hépatopathie sous-jacente, le contexte est peu propice à la mise en évidence d’une activité antitumorale quelle que soit la famille de molécule. nait plutôt la stabilisation de la maladie (4, 5, 8). C’est aussi le cas pour d’autres thérapies anti­ angiogéniques (comme le sunitinib) essayées dans le CHC. Plusieurs pistes d’évaluation par imagerie associant des critères dimensionnels et des critères de densité intratumorale ont été proposées. Les modified RECIST (mRECIST) [12] et les critères Choi (13) ne sont pas encore validés et ne font pas l’objet d’un consensus mais représentent une alternative intéressante. Dans un proche avenir, la nécrose tumorale sera très probablement intégrée aux critères d’évaluation des traitements antiangiogéniques chez les patients atteints de CHC. La validation de ces nouveaux critères sur de grands effectifs deviendra rapidement une nécessité. Nous attendons par ailleurs les résultats finaux de l’étude multicentrique prospective nationale pilotée par l’Institut national du cancer (Soutien aux techniques innovantes et coûteuses [STIC]) comparant les coûts et la rentabilité diagnostique de l’échographie de contraste à ceux de la tomodensitométrie (TDM) ou de l’imagerie par résonance magnétique (IRM) dans le suivi des patients sous traitement anti­ angiogénique. ◆◆ En pratique L’évaluation tumorale doit combiner les dosages réguliers des taux plasmatiques de l’AFP pour suivre A B Scanner avant traitement Évaluation de l’efficacité du traitement C La variation des taux plasmatiques de l’alphafœto­ protéine est une mesure facile et souvent fiable pour suivre les patients sous sorafénib. Une décroissance rapide (de 20 à 50 % dans les 2 à 8 semaines) par rapport au taux initial est corrélée à une meilleure SG et survie sans progression (11). L’évaluation par imagerie, fondée actuellement sur les RECIST (Response Evaluation Criteria in Solid Tumors), paraît très insuffisante (figure). En effet, dans les études de phase III, moins de 5 % des patients sous sorafénib ont présenté une réponse objective en termes de modification de la taille de la tumeur ; l’efficacité de la molécule concer- Scanner à 1 mois du traitement par sorafénib Figure. Exemple représentatif des modifications de la densité tumorale au scanner induites par le sorafénib chez une patiente atteinte de CHC confirmé histologiquement sur cirrhose virale C. A. Nodules hépatiques hypervasculaires au temps artériel. B. Aspect de lavage (“washout”) au temps tardif. C. Les lésions apparaissent hypodenses et dévascularisées. La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010 | 585 DOSSIER THÉMATIQUE Antiangiogéniques Antiangiogéniques et cancer du foie : parcours entre études cliniques et prescription au quotidien la cinétique en association avec l’imagerie utilisant les critères de taille, en prêtant attention à la diminution de la densité tumorale, qui peut traduire une activité du traitement, même dans un contexte de maladie stable selon les RECIST. Inefficacité ou intolérance au sorafénib Les praticiens sont assez souvent confrontés à cette situation. À ce jour, on ne dispose pas de traitements validés en deuxième ligne après échec ou en cas d’intolérance au traitement par sorafénib. Une progression tumorale sous sorafénib est observée généralement en moyenne au bout de 2,8 mois (5) à 5,5 mois (4). Dans les études de phase III, la progression radiologique isolée (sans dégradation de l’état général ni progression clinique) ne conduisait pas à l’arrêt du traitement. Abonnezvous en ligne ! Bulletin d’abonnement disponible page 623 ◆◆ En◆pratique◆courante En cas de progression sous sorafénib, il convient de vérifier la compliance et l’observance du traitement, l’absence d’interactions médicamenteuses pouvant diminuer la biodisponibilité du sorafénib, et de s'assurer que le patient prend bien ses médicaments en dehors des repas et évite les aliments gras. Par ailleurs, le traitement doit être arrêté en cas de détérioration de l’état général, de toxicité limitante ou de réaction allergique. En l’absence de dégradation clinique et en cas de bonne tolérance, la poursuite du traitement pourrait représenter un confort psychologique pour le patient et, parfois, pour le médecin. Cependant, cette attitude fera obstacle à l’amélioration de nos connaissances en matière de nouvelles molécules et de recherche clinique. La meilleure attitude consiste donc à inclure les patients en bon état général dans des essais cliniques de deuxième ligne (par exemple les études sur le brivanib [NCT00825955] ou l’évérolimus [NCT01035229]). Avenir et perspectives www.edimark.fr Les prochaines étapes seront la définition de critères radiologiques plus robustes et la mise en œuvre d’études translationnelles permettant d’identifier des biomarqueurs prédictifs de réponse et d’efficacité, d’élargir les indications du traitement, de définir la place de combinaisons thérapeutiques potentielles. 586 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010 Autres antiangiogéniques et carcinome hépatocellulaire Plus d’une trentaine de molécules à propriétés antiangiogéniques sont en cours d’évaluation dans le CHC dans des études précliniques et cliniques (14). Plusieurs molécules, comme le sunitinib (15), le brivanib (16) et le linifanib (17), ont montré des résultats intéressants en termes de contrôle de la maladie dans des études de phase II. Ces agents antiangiogéniques sont en cours de comparaison avec le sorafénib dans des études de phase III. Ces molécules (et d’autres) constituent des pistes de développement intéressantes pour les prochaines années dans le but d’élargir l’arsenal thérapeutique dans le CHC avancé. Les études de phase II doivent avoir comme objectif principal le temps jusqu’à progression (18). Parallèlement, l’évaluation de la réponse tumorale intégrant des paramètres directs ou indirects liés à la vascularisation tumorale est nécessaire. La liste de tous les antiangiogéniques en cours d’évaluation dans le CHC peut être consultée sur le site www.clinicaltrials.gov. Antiangiogéniques et cholangiocarcinome Actuellement, les traitements antiangiogéniques ne font pas partie de l’arsenal thérapeutique des CC. Cependant, on dispose de quelques données précliniques et cliniques témoignant de l’intérêt de cette piste thérapeutique. En effet, des aberrations des voies de signalisation MAPK (Mitogen-Activated Protein Kinases) et une surexpression de plusieurs récepteurs tyrosine kinase (incluant VEGFR, PDGFR, MET et IGFR [Insulin-like Growth Factor Receptor]) ont été décrites au cours des CC (19, 20). Le VEGF est surexprimé dans les formes intrahépatiques des CC (20). Ces altérations sont impliquées dans la prolifération et l’invasion tumorales et ont été la base pour évaluer des molécules antiangiogéniques dans le CC. Quelques études de phase II ont évalué des molécules antiangiogéniques dans les CC (21, 22). Comme pour le CHC, une réponse objective était rarement observée sous sorafénib (2 %), en première ou nième ligne, chez les patients atteints d’un cancer des voies biliaires. En revanche, le traitement a permis une stabilisation de la maladie à 3 mois chez 32,6 % des patients (21). Le bénéfice clinique est encore supérieur chez les patients en bon état général (OMS 0), puisque la survie sans progression était de 5,7 mois dans ce groupe versus DOSSIER THÉMATIQUE Antiangiogéniques Antiangiogéniques et cancer du foie : parcours entre études cliniques et prescription au quotidien 2,1 mois chez les patients OMS 1 (p = 0,0002). Récemment, les résultats d’une étude de phase II associant bévacizumab et erlotinib en première ligne chez les patients avec un CC non résécable ou méta­ statique ont été publiés (22). Dans cette étude, une réponse tumorale sous forme de réponse partielle et de stabilité tumorale a été observée chez 12 et 51 % des patients respectivement. La SG médiane était de 9,9 mois et le temps jusqu’à progression était de 4,4 mois (22). Ces résultats encourageants en termes de bénéfice clinique incitent à évaluer des thérapies antiangiogéniques dans les CC. Notre équipe conduit actuellement une étude de phase II évaluant le sunitinib dans les CC avancés. ◆◆ En pratique En l’état actuel des connaissances, le standard thérapeutique pour les CC avancés reste l’association de chimiothérapie conventionnelle par gemcitabine et platine (1). L’inclusion dans un essai thérapeutique avec des antiangiogéniques est fortement recommandée en cas de progression. ■ Références bibliographiques 1. Valle J, Wasan H, Palmer DH et al. Cisplatin plus gemcitabine versus gemcitabine for biliary tract cancer. N Engl J Med 2010;362(14):1273-81. 2. Semela D, Dufour JF. Angiogenesis and hepatocellular carcinoma. J Hepatol 2004;41(5):864-80. 3. Hoshida Y, Toffanin S, Lachenmayer A et al. Molecular classification and novel targets in hepatocellular carcinoma: recent advancements. Semin Liver Dis 2010;30(1):35-51. 4. Llovet JM, Ricci S, Mazzaferro V et al. Sorafenib in advanced hepatocellular carcinoma. N Engl J Med 2008;359(4):378-90. 5. 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C’est lui qui a jeté les bases de ce qui est notre spécialité, l’oncologie médicale, et, dans ce sens, tous les oncologues médicaux lui sont redevables. Georges Mathé a d’emblée structuré la spécialité en tant que discipline transversale centrée autour de la recherche clinique et de la recherche translationnelle. Il a montré la voie en créant un bureau d’études cliniques et en faisant bâtir le plus grand centre de recherche cancérologique de l’AP-HP sur le site de Paul-Brousse, dans la proximité immédiate des patients. Cet exceptionnel bâtisseur a fait rayonner la cancérologie française bien au-delà de ses frontières, en Europe en créant l’EORTC, en aidant de nombreux pays européens à structurer 588 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XIX - n° 10 - décembre 2010 leurs premières bases de la cancérologie et en débattant à pied égal avec les cancérologues américains qui étaient dominants à cette époque. Pour tous ceux qui l’ont connu, Georges Mathé était une personne impressionnante par son énergie, par sa créativité et par sa capacité d’organisation. Dans énormément de domaines, il reste pour nous un modèle. Pr Éric Pujade-Lauraine Coprésident de la Collégiale des cancérologues, Cochin-Broca-Hôtel-Dieu, Paris. A4_PROD_v2.indd 1 d’entretien recommandée est de 6 mg/kg de poids corporel administrée toutes les 3 semaines, en débutant 3 semaines après l’administration de la dose de charge. cancer du sein (métastatique et en situation adjuvante) et cancer gastrique : durée du traitement : Traitement jusqu’à progression de la maladie dans le cancer du sein métastatique et le cancer gastrique métastatique. Traitement pendant 1 an (18 cycle si administration toutes les 3 semaines) ou jusqu’à rechute de la maladie dans le cancer du sein en situation adjuvante. Mode d’administration : Pas d’injection rapide ou de bolus intraveineux. La dose de charge doit être administrée en perfusion intraveineuse d’environ 90 minutes. Surveillance pendant 6 heures. Si la dose de charge initiale a été bien tolérée, les doses suivantes peuvent être administrées en perfusion de 30 minutes. Surveillance pendant 2 heures. cOntre-indicatiOnS : Hypersensibilité au trastuzumab, aux protéines murines ou à l’un des excipients. Dyspnée de repos sévère en rapport avec des complications liées au stade avancé de la maladie ou oxygénodépendants. MiSeS en garde SpécialeS et précautiOnS d’eMplOi* : Cardiotoxicité - Réactions liées à la perfusion, réactions de type allergique et d’hypersensibilité - Evènements pulmonaires. interactiOnS*. FécOndité, grOSSeSSe et allaiteMent* : grossesse : L’administration d’Herceptin doit être évitée pendant la grossesse, hormis dans les cas où le bénéfice potentiel pour la mère est supérieur au risque encouru par le fœtus. Des cas d’oligohydramnios ont été rapportés. allaitement : La femme ne doit pas allaiter pendant le traitement par Herceptin et les 6 mois qui suivent la dernière administration. eFFetS Sur l’aptitude À cOnduire deS véHiculeS et À utiliSer deS MacHineS*. eFFetS indéSirableS* : Réactions indésirables les plus graves et/ou les plus fréquemment rapportées à ce jour avec l’utilisation d’Herceptin sont : cardiotoxicité, réactions liées à la perfusion, hématotoxicité (en particulier neutropénie) et des évènements pulmonaires. SurdOSage*. prOpriétéS pHarMacOdynaMiqueS* : Agent antinéoplasique, anticorps monoclonal ; L01XC03. Herceptin ne doit être utilisé que chez des patients dont les tumeurs surexpriment HER2 ou amplifient le gène HER2. prOpriétéS pHarMacOcinétiqueS*. dOnnéeS de Sécurité préclinique*. incOMpatibilitéS*. cOnServatiOn* : 4 ans. A conserver entre +2°C et +8°C. précautiOnS particulièreS d’éliMinatiOn*. cOnditiOnS de délivrance : Liste I. Médicament soumis à prescription hospitalière. Prescription réservée aux spécialistes en oncologie ou en hématologie ou aux médecins compétents en cancérologie. Médicament nécessitant une surveillance particulière pendant le traitement. La première administration doit être effectuée en milieu hospitalier. Agréé aux collectivités à l’exception de l’indication dans le cancer gastrique. Inscrit sur la liste de rétrocession. Inscrit sur la liste des spécialités prises en charge en sus de la T2A. nuMérO d’identiFicatiOn : 1 flacon (verre) de 15 ml : EU/1/00/145/001, CIP 3400956210374. titulaire de l’autOriSatiOn de MiSe Sur le MarcHé : Roche Registration Limited - 6 Falcon Way - Shire Park - Welwyn Garden City - AL7 1TW - Royaume-Uni. repréSentant lOcal : ROCHE - 52, Boulevard du Parc - 92521 Neuilly-sur-Seine Cedex Tél. 01.46.40.50.00. date d’apprObatiOn/réviSiOn : août 2010 – v09/10. * pour une information complète, consulter le rcp disponible sur le site de l’aFSSapS ( www.afssaps.fr ) ou à défaut sur le site de rOcHe ( www.roche.fr ). Le fichier utilisé pour vous communiquer le présent document est déclaré auprès de la CNIL. Roche est responsable de ce fichier qui a pour finalité le suivi de nos relations clients. Vous disposez d’un droit d’accès, de rectification et d’opposition aux données recueillies à votre sujet auprès du Service Juridique de Roche, tél. du standard 01.46.40.50.00. 00573/HERC/0910 - Etabli le 15/10/2010 Herceptin® 150 mg,poudre pour solution à diluer pour perfusion.cOMpOSitiOn* : Un flacon contient 150 mg de trastuzumab. La solution reconstituée d’Herceptin contient 21 mg/ml de trastuzumab. indicatiOnS : cancer du sein : cancer du sein métastatique : Herceptin est indiqué dans le traitement du cancer du sein métastatique, avec surexpression tumorale de HER2 : • en monothérapie, chez les patients déjà pré-traités par au moins deux protocoles de chimiothérapie pour leur maladie métastatique. Les chimiothérapies précédentes doivent au moins inclure une anthracycline et une taxane, à moins que ces traitements ne conviennent pas aux patients. Les patients répondeurs à l’hormonothérapie doivent également être en échec à l’hormonothérapie, à moins que ces traitements ne leur conviennent pas ; • en association avec le paclitaxel, chez les patients non pré-traités par chimiothérapie pour leur maladie métastatique et chez lesquels le traitement par anthracyclines ne peut pas être envisagé. • en association avec le docetaxel, chez les patients non pré-traités par chimiothérapie pour leur maladie métastatique. • en association à un inhibiteur de l’aromatase, chez les patientes ménopausées ayant des récepteurs hormonaux positifs, non traitées précédemment par trastuzumab. cancer du sein en situation adjuvante : Herceptin est indiqué en traitement adjuvant du cancer du sein avec surexpression tumorale de HER2 ou amplification du gène HER2, après chirurgie, chimiothérapie (néoadjuvante ou adjuvante) et radiothérapie (si indiquée) (voir Propriétés pharmacodynamiques). Herceptin ne doit être utilisé que chez les patients atteints d’un cancer du sein métastatique ou en situation adjuvante dont les tumeurs présentent soit une surexpression de HER2, soit une amplification du gène HER2 déterminée par une méthode précise et validée (Voir Mises en garde spéciales et précautions particulières d’emploi et Propriétés pharmacodynamiques). cancer gastrique métastatique : Herceptin est indiqué dans le traitement de l’adénocarcinome métastatique de l’estomac ou de la jonction œsogastrique, avec surexpression tumorale de HER2, en association à la capécitabine ou au 5-fluoro-uracile et au cisplatine chez les patients n’ayant pas été précédemment traités pour leur maladie métastatique. Herceptin doit être utilisé uniquement chez les patients atteints d’un cancer gastrique métastatique dont les tumeurs présentent une surexpression de HER2 définie par IHC2+ confirmé par un résultat FISH+, ou SISH+, ou par IHC3+. Des méthodes d’analyse précises et validées doivent être utilisées (voir Mises en garde spéciales et précautions d’emploi et Propriétés pharmacodynamiques),. pOSOlOgie et MOde d’adMiniStratiOn* : Un test HER2 doit être obligatoirement effectué avant le début de traitement par Herceptin. Le traitement ne doit être initié que par un médecin expérimenté dans l’administration de chimiothérapie cytotoxique. cancer du sein métastatique : Les différentes doses indiquées ci-après sont recommandées aussi bien en monothérapie qu’en association avec le paclitaxel, le docetaxel ou un inhibiteur de l’aromatase. administration toutes les 3 semaines : Dose de charge initiale recommandée est de 8 mg/kg de poids corporel. La dose d’entretien recommandée est de 6 mg/kg de poids corporel administrée toutes les 3 semaines, en débutant 3 semaines après l’administration de la dose de charge. administration hebdomadaire : Dose de charge initiale recommandée est de 4 mg/kg de poids corporel. La dose d’entretien recommandée est de 2 mg/kg de poids corporel administrée toutes les 3 semaines, en débutant 3 semaines après l’administration de la dose de charge. cancer du sein en situation adjuvante : administration toutes les 3 semaines : La dose de charge initiale recommandée est de 8 mg/kg de poids corporel. La dose d’entretien recommandée est de 6 mg/kg de poids corporel administrée toutes les 3 semaines, en débutant 3 semaines après l’administration de la dose de charge. administration hebdomadaire : En situation adjuvante, Herceptin a également été étudié en administration hebdomadaire (dose de charge initiale de 4 mg/kg suivi de 2 mg/kg toutes les semaines pendant 1 an) en association au paclitaxel [administration hebdomadaire (80 mg/m2) ou toutes les 3 semaines (175 mg/m2) pour une durée totale de 12 semaines] après 4 cycles deAC (doxorubicine 60 mg/m2 en bolus I.V.associée au cyclophosphamide 600 mg/m2 pendant 20-30 minutes). cancer gastrique métastatique: administration toutes les 3 semaines : La dose de charge initiale recommandée est de 8 mg/kg de poids corporel. La dose 15/10/10 14:16