Figure 2. Paronychie du gros orteil.
Figure 3. Toxicité cutanée cumulative lors d’un
traitement associant cétuximab et radiothérapie
pour un carcinome ORL.
La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 2 - février 2009 | 97
Points forts
Les toxicités cutanées des thérapies ciblées sont de plus en plus émergentes et limitent parfois la posologie »
ou la poursuite thérapeutique, avec une éventuelle perte de chance pour le patient.
Les toxicités cutanées des inhibiteurs de l’EGFR sont fréquentes et dominées par une éruption acnéiforme dont
»
le traitement local ou général dépend du grade de sévérité.
Les antiangiogéniques (sunitinib, sorafénib, bévacizumab) peuvent avoir des toxicités cutanées parfois communes
»
ou spécifiques de classe, dont certaines sont handicapantes.
La prévention et l’éducation thérapeutique sur les toxicités cutanées attendues de ces traitements sont néces-
»
saires pour améliorer la prise en charge des patients.
La collaboration multidisciplinaire entre oncologues, dermatologues et pharmacologues, notamment dans des
»
centres de recours, peut permettre une amélioration de la description de ces toxicités et de leur traitement.
Mots-clés
Toxicités cutanées
Thérapies ciblées
Inhibiteurs de l’EGFR
Éruption acnéiforme
Antiangiogéniques
Syndrome mains-pieds
Prévention
Éducation
thérapeutique
Highlights
Cutaneous toxicities of
»
targeted therapies are more and
more emergent and sometimes
responsible for a lowering or
interruption of the treatment,
with a possible loss of chance
for the patient.
Cutaneous toxicities of the
»
inhibitors of EGFR are frequent
and dominated by an acneiform
eruption on which the local or
general treatment depends on
grade severity.
Antiangiogenic therapies
»
can give cutaneous toxicities
sometimes common or specific
of class, among which some are
disabling.
Prevention and therapeutic
»
education on cutaneous
toxicities expected from these
treatments are necessary to
ameliorate the taking care of
these patients.
The multiple-subject collab-
»
oration between oncologists,
dermatologists, and pharma-
cologists notably in centres of
appeal can allow an improve-
ment of the description of these
toxicities and their treatment.
Keywords
Cutaneous toxicities
Targeted therapies
EGFR inhibitors
Acneiform rash
Antiangiogenic therapies
Hand-foot syndrome
Prevention
Therapeutic education
des cas une toxicité de grade 3 ou 4 selon la classi-
fication NCI (classification pas toujours adaptée à
la nature des lésions dermatologiques). Des aspects
rosacéiformes, parfois même nécrotiques, ont été
décrits. La biopsie cutanée trouve un infiltrat inflam-
matoire dermique superficiel, sans germe, à polynu-
cléaires neutrophiles, cernant un infundibulum pilaire
dilaté et parfois obstrué par des kératinocytes en
excès. L’éruption est dose-dépendante, plus sévère
et plus fréquente avec le cétuximab.
La xérose cutanée est d’apparition plus tardive,
parfois diffuse.
Les paronychies apparaissent sur les orteils (figure 2)
et les doigts, débutent 2 à 4 mois après le début du
traitement et persistent jusqu’à 4 mois après l’arrêt
si celui-ci est rendu nécessaire. L’aspect varie, allant
du granulome pyogénique à l’ongle incarné. Il s’agit
de lésions souvent douloureuses et très invalidantes
sur le plan fonctionnel.
Les troubles phanériens rapportés touchent les
ongles, qui deviennent cassants, ou les cheveux,
qui changent de texture. Des trichomégalies et des
hypertrichoses sont décrites. Des hyperpigmenta-
tions postinflammatoires sont rapportées, ainsi que
des télangiectasies.
Il a été fait état d’une corrélation possible entre la
réponse antitumorale (taux de réponse et durée de
survie plus importants) et la sévérité de l’éruption.
Il serait également possible que l’absence d’éruption
cutanée soit un marqueur de résistance au traite-
ment. Par ailleurs, une toxicité cumulative entre
cétuximab et radiothérapie est observée dans les
carcinomes ORL (figure 3).
La prise en charge de la toxicité des anti-EGF n’est
actuellement que peu encadrée par des recomman-
dations thérapeutiques, et la possibilité d’une rémis-
sion spontanée rend encore plus difficile l’évaluation
des traitements de façon non comparative. Un essai
randomisé français (CYTAR) est actuellement en
cours, évaluant l’intérêt de la doxycycline en préven-
tion de la folliculite chez les patients recevant de
l’erlotinib pour un cancer du poumon.
Selon le type de toxicité et le grade, différents trai-
tements peuvent être proposés.
Traitement de la folliculite
En fonction du grade (de 1 à 3) et de la gêne fonc-
tionnelle ressentie, on propose soit un traitement