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3 questions à . . .
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La Lettre du Cancérologue - Vol. XV - n° 5 - octobre 2006
Entretien avec B. Escudier (Institut Gustave-Roussy, Villejuif)
IP Réalisé par A. Ponzio-Prion
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Quelle est l’originalité de cette étude
et qu’apporte-t-elle à la connaissance
des nouvelles thérapies dans le traitement
du cancer du rein métastatique ?
B. Escudier L’essai proposait d’évaluer le devenir des patients
atteints d’un cancer du rein métastatique traités par sorafénib
à la dose de 400
mg deux fois par jour ou placebo. Cette publi-
cation tire son intérêt d’un schéma d’étude original
: il s’agis-
sait de donner le traitement pendant une première période de
12 semaines puis de randomiser les patients dont la maladie est
stabilisée, selon les critères OMS (plus ou moins 25
%), entre la
poursuite du traitement et un placebo. L’essai consistait donc
à évaluer le devenir, en termes de survie sans progression, des
patients stabilisés par cette première période de traitement
et traités ou recevant un placebo sur une nouvelle période
de 12 semaines. Ce schéma est assez intéressant pour des
médicaments considérés comme des cytostatiques plutôt que
comme des cytotoxiques. Cette étude a apporté la preuve de
l’effi cacité du sorafénib dans le cancer du rein ; elle a conduit
à une étude de phase III (TARGET), qui a d’ailleurs confi rmé
cette activité avec des chiffres relativement similaires. En
eff et, dans la phase II, la survie sans progression (SSP) était de
24 semaines avec le sorafénib et de 6 semaines pour le placebo ;
dans la phase III, la SSP était respectivement de 24 semaines
versus 12 semaines. L’étude TARGET, en eff et, a comparé en
deuxième ligne l’intérêt du sorafénib par rapport à un placebo.
Cet essai a démontré une amélioration nette de la survie sans
progression, qui est doublée, passant de 12 à 24 semaines, avec
le sorafénib. De plus, le bénéfi ce global est de 75 %, avec une
certaine réduction tumorale, sachant que l’évaluation de la
réponse tumorale n’est pas le meilleur critère pour ce type de
médicaments (problème des nécroses notamment, qui sous-
évalue les réponses objectives).
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Ce béné ce en survie sans progression
peut-il se traduire par un avantage
en survie globale pour ces patients ?
B.E. Il y a déjà eu deux analyses dans cette étude : une
première analyse intermédiaire a été réalisée avant la période
D’après
Ratain MJ, Eisen T, Stad WM et al. Phase II placebo-controlled randomized discontinuation trial of sorafenib
in patients with metastatic renal cell carcinoma. J Clin Oncol 2006;24(16):2505-12.
de cross-over et suggère une amélioration de la survie globale
de 39 %, avec un p < 0,05, mais qui n’atteint pas le seuil de
significativité selon la règle de O’Brian-Flemming (ECCO 13,
2005). Une deuxième analyse (ASCO 2006) qui tient compte
de l’impact du cross-over a confirmé le bénéfice du traite-
ment par rapport au placebo : les patients ayant bénéficié du
sorafénib après le placebo ont une survie globale améliorée
(14,3 mois à 15,7 mois) ; la survie globale des patients traités
par sorafénib reste supérieure de 30 % à celle des patients
ayant reçu le placebo.
L’analyse finale des données de survie peut maintenant être
réalisée, puisque le nombre d’événements nécessaire est
atteint depuis peu. Les résultats pourront être communi-
qués lors de l’ASCO 2007 et permettront probablement de
confirmer ces premières données.
D’ores et déjà, grâce à cette étude, Nexavar
®
a obtenu une
autorisation de mise sur le marché (AMM) européenne en
juillet 2006 et, en France, le produit est disponible depuis
septembre 2006.
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Quel est l’intérêt de ce nouveau
traitement et comment
s’intègre-t-il dans la stratégie
thérapeutique des patients avec un cancer
du rein métastatique ?
B.E.
La tolérance à ce traitement est plutôt bonne, avec une
qualité de vie conservée, qui nous semble même meilleure que
celle observée avec le sunitinib. Ces constatations (sur l’asthénie,
la toxicité hématologique et le moindre taux de mucites) méritent
toutefois d’être confi rmées.
À ce stade, y compris en première intention, le sorafénib
représente ainsi une alternative intéressante chez des patients
fatigués ou qui présentent une contre-indication au sunitinib.
Quant à savoir ce qu’il faut faire en cas d’échec à l’un ou l’autre
de ces agents, certaines données suggèrent une certaine effi cacité
lorsque l’on passe d’un traitement à un autre, mais cela mérite
également d’être confi rmé. ■