La Lettre du Cancérologue •Vol. XVII - n°6 - juin 2008 |247
Mots-clés
Carcinome
hépatocellulaire
Chimio-embolisation
Sorafénib
Keywords
Hepatocellular carcinoma
Chemo-embolisation
Sorafenib
Les rôles respectifs de la chimiothérapie et de
l’embolisation sur la progression tumorale ne
sont pas connus. L‘efficacité de la chimiothérapie
intra-artérielle seule paraît réduite. De ce fait, de
nombreuses variantes techniques ont été proposées
(agents divers de chimiothérapie ou d’embolisation,
embolisation seule ou avec lipiodol). La périodicité
des séances est aussi imprécise. Une répétition systé-
matique trop rapprochée pourrait être délétère pour
le parenchyme hépatique non tumoral.
Radiothérapie intra-artérielle
La principale méthode consiste à administrer du
lipiodol ultra-fluide couplé à l’iode 131 (Lipiocis®)
par voie intra-artérielle. L’intérêt clinique de cette
méthode n’est pas connu avec précision du fait
du très faible nombre d’études randomisées (3).
Son inconvénient principal est la nécessité de
disposer d’une chambre plombée pour isoler le
patient pendant les jours suivant la procédure.
L’administration intra-artérielle de microsphères
couplées à l’yttrium 90 paraît dépourvue de cet
inconvénient. Néanmoins, l’intérêt clinique réel de
cette méthode est inconnu (4).
Alcoolisation intra-artérielle
L’injection d’alcool absolu dans la ou les artères
nourricières de la tumeur, éventuellement couplée
à une alcoolisation percutanée, a donné quelques
résultats spectaculaires en termes de destruction
tumorale (5).
Traitements médicaux
De très nombreux médicaments ont été testés, avec
des résultats négatifs, dans des essais de grande
ampleur. Il en est ainsi du tamoxifène, des anti-
androgènes, de l’interféron α, de l’octréotide et du
séocalcitol (2).
L’intérêt s’est porté récemment sur les nouvelles
biothérapies anticancéreuses (6). Ces agents
possèdent des propriétés antiangiogéniques et anti-
prolifératives, et leur tolérance paraît satisfaisante
chez les patients atteints de cirrhose. Les résultats
d’un essai international multicentrique testant
l’intérêt du sorafénib (Nexavar®) ont été présentés
récemment (7). Dans cet essai, 602 patients atteints
de CHC évolué et ayant une bonne fonction hépa-
tique (classe A de Child-Pugh) ont été randomisés
en deux groupes : sorafénib (800 mg/j en deux prises
par voie orale) versus placebo. Un bénéfice en termes
de survie a été observé dans le groupe traité par
V
V
sorafénib (médiane: 10,7 mois) en comparaison du
groupe placebo (médiane: 7,9 mois, p =0,0006). Les
effets indésirables les plus fréquents étaient digestifs
et cutanés (diarrhée et syndrome mains-pieds).
Indications
La discussion thérapeutique en cas de CHC évolué
n’est pas consensuelle et relève d’une approche
multidisciplinaire (réunion de concertation pluri-
disciplinaire [RCP] spécialisée dans le traitement
du CHC). Schématiquement, les recommandations
suivantes peuvent être proposées:
Les patients atteints de cirrhose et ayant une
fonction hépatique altérée (classe B et C de Child-
Pugh) relèvent essentiellement d’une prise en charge
symptomatique ;;
Chez les patients ayant une bonne fonction
hépatique (origine virale de la cirrhose, classe A de
Child-Pugh ou absence de cirrhose), une chimio-
embolisation artérielle (ou une variante technique)
peut être envisagée. Il faut préalablement s’assurer
de l’existence d’un flux portal suffisant;
Chez les patients ayant une bonne fonction
hépatique et pour lesquels la chomio-embolisa-
tion artérielle est contre-indiquée, on peut proposer
l’administration orale de sorafénib ou, dans certains
cas, un traitement par Lipiocis® intra-artériel.
Perspectives
Le traitement du CHC non accessible à un traitement
curatif reste encore d’efficacité limitée. Plusieurs
voies de recherche doivent être simultanément
explorées :
L’amélioration des méthodes intra-artérielles : ::
dans certaines études, une chimio-embolisation
utilisant des microsphères imprégnées d’un agent
chimiothérapique aboutissait à des résultats encou-
rageants (8) ;
Les résultats concernant le sorafénib sont très
encourageants (ils constituent une “preuve de
concept” pour poursuivre la recherche dans la voie
des biothérapies), mais ils restent modestes sur le
plan clinique. D’autres biothérapies sont en cours
d’évaluation (9) ;
L’association des méthodes de traitement intra-
artériel et du sorafénib doit être testée;
En cas de petite tumeur non accessible à un trai-
tement curatif, l’intérêt clinique de la radiothérapie
conformationnelle doit être évalué (10) ;
±
±
±
±
±
±
±