174 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXIII - n° 5 - mai 2014
Actualités
à la 25e JFCD
Top 5 des études portant
sur le cancer du pancréas
Top five studies in pancreatic cancer
C. Lepage*
* Service d’hépato-gastro-entérologie
et d’oncologie digestive, CHU de
Dijon ; INSERM U866 “Épidémiologie
et recherche clinique en cancérologie
digestive” ; université de Bourgogne,
Dijon, responsable médical du Centre
de randomisation-gestion-analyse de
la FFCD.
Épidémiologie du cancer
du pancréas (1)
L’Institut de veille sanitaire a publié, en collabo-
ration avec le réseau des registres FRANCIM, les
données épidémiologiques actualisées en 2012
pour les cancers du pancréas en France. On constate
que leur incidence continue de croître de manière
exponentielle. Désormais, il s’agit du deuxième
cancer digestif, après les cancers colorectaux, avec
11 662 cas incidents. Le sex-ratio reste stable, à 1,05.
Le nombre de cas a été multiplié chez l’homme
par 3,5 depuis 1980 et par 2 depuis 2000, et chez
la femme par 5,2 depuis 1980 et par 2,2 depuis 2000.
Le risque de développer un cancer du pancréas au
cours de la vie est multiplié par 2,5 pour les hommes
nés en 1950 par rapport à ceux nés en 1920, et
par 3,8 pour les femmes des mêmes cohortes d’âge.
Taxanes en première
ligne métastatique
dans les adénocarcinomes
pancréatiques (2) :
l’intérêt des nanoparticules,
l’apport de CONKO-001 (3)
Les taxanes sont des molécules qui jusqu’ici ont été
peu utilisées en cancérologie digestive. Elles sont
à l’origine d’effets indésirables limitants en théra-
peutique. Outre la toxicité hématologique et les
neuropathies, il existe des réactions d’hypersensibilité
dues aux solvants. Ces molécules hydrophobes néces-
sitent en effet le recours à des solvants spécifi ques
potentiellement toxiques. Sur le plan pharmaco-
logique, la formation de micelles dans la circulation
piège le paclitaxel au niveau du plasma. Il en résulte
une pharmacocinétique non linéaire, dose-dépen-
dante, conduisant à une perte d’effi cacité (4, 5).
La technologie nab™ (nanoparticules d’albumine
liées aux molécules actives) permet de s’affranchir
des solvants. Le nab-paclitaxel est composé d’une
suspension colloïdale de paclitaxel et d’albumine
provenant du sérum humain. Paclitaxel et albumine
sont associés par des interactions hydrophobes
immédiatement biodisponibles. Après l’administra-
tion intraveineuse, ces nanoparticules de paclitaxel/
albumine se dissolvent rapidement en plus petits
complexes albumine-paclitaxel d’une taille identique
à celle de l’albumine endogène.
L’albumine est le transporteur naturel des molécules
hydrophobes dans l’organisme, telles que les acides
gras, les hormones et les vitamines. Ces molécules ainsi
liées à l’albumine bénéfi cient d’un transport actif par
l’intermédiaire de 2 mécanismes d’action : un transport
actif médié par les récepteurs via la gp60 et la cavéo-
line 1 (transcytose), qui permet une extravasation du
complexe ; et une liaison active des complexes albu-
mine-molécule à la protéine SPARC (Secreted Protein
Acidic and Rich in Cysteine), qui permet d’internaliser
ces molécules dans les cellules.
Les tumeurs captent fortement l’albumine via
les récepteurs gp60/cavéoline 1 et SPARC, ce qui
permet d’obtenir des concentrations intratumorales
élevées.
Une nouvelle analyse de l’étude CONKO-001
(gemcitabine versus simple surveillance dans le cas
d’adénocarcinomes pancréatiques opérés à visée
curative) a montré la valeur pronostique péjorative
de la surexpression dans le stroma de SPARC, mais
uniquement dans le bras gemcitabine (3). Ce résultat
devra être confi rmé, et il serait notamment intéres-
sant de regarder s’il existe une valeur prédictive de
la réponse au nab-paclitaxel.
Cette nouvelle génération de taxanes permettrait
donc de réduire les toxicités associées aux taxanes
en supprimant les solvants et d’augmenter l’index
thérapeutique en favorisant l’activité antitumorale.
Essai MPACT
L’essai multicentrique (Amérique du Nord, Europe
et Australie) de phase III MPACT (Metastatic