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La Lettre du Gynécologue - n° 313 - juin 2006
obtention d’une réduction tumorale optimale ou si pos-
sible macroscopiquement complète représente le facteur
pronostic prépondérant au cours du traitement des can-
cers avancés de l’ovaire (1). Cet objectif peut nécessiter une chirur-
gie d’exérèse étendue, y compris au niveau pelvien avec une exen-
tération pelvienne postérieure supralévatorienne lorsque la masse
pelvienne est volumineuse ou du fait de localisations péritonéales
pelviennes étendues (2-4). Une anastomose colorectale portant sur
le rectum sous-péritonéal, habituellement indemne d’envahisse-
ment, est généralement possible. Le but de ce travail est de rappor-
ter une expérience pluricentrique de ce type de résection afin de
préciser les résultats de ces anastomoses, le taux de stomie de pro-
tection, les complications et les survies.
MATÉRIEL ET MÉTHODES
Entre août 1990 et juin 2004, l’ensemble des patientes opérées d’un
cancer de l’ovaire nécessitant une exentération pelvienne posté-
rieure ont été analysées à partir d’un recueil rétrospectif sur huit
centres de lutte contre le cancer en France. Un total de 265 patientes
a pu être recruté, avec des extrêmes par centre de 13 à 53 patientes.
L’âge moyen et l’âge médian des patientes était de 59,4 ans
(extrêmes : 23-93). Le stade initial correspondait à un stade IIIc
dans 66,4% des cas, un stade IV dans 15,5% des cas, un stade IIIa
ou b dans 6,8% des cas, un stade II dans 3 cas (1,1%) et non pré-
cisé 27 fois (10,2%). L’exentération a été réalisée 141 fois lors
d’une chirurgie initiale (53,2 %), 61 fois lors d’une chirurgie
d’intervalle (23 %), 31 fois après 6 cures de chimiothérapie
(11,7%) et 32 fois lors d’une chirurgie pour récidive (12,1%). Une
chirurgie supraradicale (exérèses péritonéales étendues sus- méso-
colique et/ou au moins une résection digestive associée à l’exenté-
ration pelvienne) a été réalisée 127 fois (47,9%), plus fréquem-
ment en cas de récidive (25/32 : 78,1%) par rapport aux traite-
ments initiaux (102/233 : 43,8 %) (p = 0,00026). Une
lymphadénectomie dans le même temps opératoire que l’exentéra-
tion pelvienne a été réalisée 182 fois (68,7%), 36 fois à l’étage pel-
vien (13,6%), 15 fois (5,7%) au niveau lombo-aortique, 131 fois
(49,4%) aux deux étages. Dans 83 cas (31,3%), aucune lymphadé-
nectomie n’a été pratiquée durant ce geste opératoire. Une lympha-
dénectomie a été réalisée moins fréquemment en cas de récidive
(15/32 : 46,9%) que lors d’un traitement initial (174/233 : 74,7%)
(p = 0,001).
RÉSULTATS
Une anastomose colorectale a été réalisée 263 fois, dans 90% des
cas par agrafage mécanique. Une stomie de protection a été
confectionnée 43 fois (16,3%), dans 51,1% (22/43) des cas par
une colostomie et dans les autres cas par une iléostomie. Une sto-
mie a été réalisée plus fréquemment :
– en cas de récidive : 28,1% (9/32) par rapport aux autres cas
14,7% (34/231) (p = 0,054) et sans différence entre les cas de chi-
rurgie initiale, d’intervalle et après six cures de chimiothérapie ;
– pour les patientes âgées de plus de 75 ans : 27,3% (6/22) versus
15,4% (37/240) (NS). La réalisation d’une stomie n’était pas plus
fréquente pour les cas d’exérèse supraradicale (18/125 : 14,4%)
par rapport aux autres exérèses radicales (25/138 : 18,1%) et pour
les anastomoses manuelles au fil par rapport aux sutures méca-
niques (respectivement, 7,7% [2/26] versus 17,4 % [41/236]),
(tableau I). La fermeture de cette stomie a été réalisée dans 72,1%
des cas (31 fois), plus précocement en cas d’iléostomie qu’en cas
de colostomie : à 38 jours de médiane (moyenne : 82 jours ;
extrêmes : 12 et 304 jours) versus 182 jours (180 jours ; extrêmes :
61 et 315 jours). Le taux d’anastomoses en fonction a été de
94,7% (249/263) (figure 1).
Les suites opératoires ont été compliquées dans 27,2% des cas
(72/265). Il s’agissait d’une complication de l’anastomose colorec-
tale 30 fois (11,4% : 30/263) avec une fistule 25 fois (9,5%). Le
taux de fistules anastomotiques a été de 9,1 % (20/220) en
l’absence de stomie de protection et de 11,6% (5/43) lorsqu’une
stomie avait été réalisée (NS). De même, il n’y avait pas de diffé-
DOSSIER
Exentération pelvienne postérieure pour cancer
de l’ovaire : résultats d’une étude multicentrique du GCFC
L
●G. Houvenaeghel (1), M. Gutowski (2), M. Buttarelli (1), J. Cuisenier (3), C. Dalle (4), G. Ferron (5), P. Morice (6), P. Meeus (7),
E. Stockle (8) et GCFC* : L. Lelièvre (1), P. Rouanet (2), J. Fraisse (3), J. Dauplat (4), D. Querleu (5), P. Martel (5), D. Castaigne (6)
Posterior pelvic exenteration for ovarian cancer:
results of a multicentric study of GCFC
‘
1. Institut Paoli-Calmettes, service de chirurgie oncologique 2, 232, bd Sainte-
Marguerite, 13273 Marseille.
2. Centre Val-d’Aurelle, Parc Euromédecine, service de chirurgie générale,
oncologique, 34298 Montpellier.
3. Centre Georges-François-Leclerc, service de chirurgie oncologique, 1, rue
du Professeur-Marion, 21079 Dijon.
4. Centre Jean-Perrin, service de chirurgie oncologique, 58, rue Montalembert,
63011 Clermont Ferrand.
5. Centre Claudius-Regaud, service de chirurgie oncologique, 20-24, rue du
Pont-Saint-Pierre, 31052 Toulouse.
6. Institut Gustave-Roussy, service de chirurgie oncologique, 39, rue Camille-
Desmoulins, 94805 Villejuif.
7. Centre L. Berard, service de chirurgie oncologique, 28, rue Laennec, 69373 Lyon.
8. Institut Bergonié, service de chirurgie oncologique, 229, cours de l’Argonne,
33076 Bordeaux.
*GCFC : Groupe des Chirurgiens de la Fédération des Centres de lutte contre
le cancer.