DOSSIER Quoi de neuf en onco-gynécologie ? Splénectomie dans les tumeurs ovariennes Splenectomy in ovarian carcinoma L.M. Boutoux*, C. Uzan*, S. Gouy*, P. Pautier*, C. Lhommé*, C. Haie-Meder*, C. Balleyguier*, P. Duvillard*, P. Morice* Références bibliographiques 1. Eisenkop SM, Friedman RL, Wang HJ. Complete cytoreductive surgery is feasible and maximizes survival in patients with advanced epithelial ovarian cancer: a prospective study. Gynecol Oncol 1998;69(2):103-8. 2. Eisenkop SM, Spirtos NM, Friedman RL, Lin WC, Pisani AL, Perticucci S. Relative influences of tumor volume before surgery and the cytoreductive outcome on survival for patients with advanced ovarian cancer: a prospective study. Gynecol Oncol 2003;90(2):390-6. 3. Benoist S. Median and long-term complications of splenectomy. Ann Chir 2000;125(4):317-24. 4. Deppe G, Zbella EA, Skogerson K, Dumitru I. The rare indication for splenectomy as part of cytoreductive surgery in ovarian cancer. Gynecol Oncol 1983;16(2):282-7. 5. Malfetano JH. Splenectomy for optimal cytoreduction in ovarian cancer. Gynecol Oncol 1986;24(3):392-4. 6. Sonnendecker EW, Guidozzi F, Margolius KA. Splenectomy during primary maximal cytoreductive surgery for epithelial ovarian cancer. Gynecol Oncol 1989;35(3):301-6. 7. Gemignani ML, Chi DS, Gurin CC, Curtin JP, Barakat RR. Splenectomy in recurrent epithelial ovarian cancer. Gynecol Oncol 1999;72(3):407-10. 8. Ramirez PT, Dos Reis R. Splenectomy in patients with advanced or recurrent ovarian cancer: open and laparoscopic surgical techniques and clinical outcomes. Gynecol Oncol 2007;106(1):12-5. 9. Dindo D, Demartines N, Clavien PA. Classification of surgical complications: a new proposal with evaluation in a cohort of 6 336 patients and results of a survey. Ann Surg 2004;240(2):205-13. * Institut Gustave-Roussy, 39, rue Camille-Desmoulins, 94805 Villejuif. C hez les patientes souffrant de tumeur ovarienne avancée, la survie est améliorée par l’exérèse complète des lésions visibles (1, 2). Lors de chirurgie de cytoréduction pour tumeur maligne de l’ovaire, la splénectomie est peu fréquente. Sa réalisation peut se justifier cependant lorsque la carcinose est floride à l’étage sus-mésocolique. Les complications postopératoires spécifiques sont de deux ordres (3) : thromboemboliques (secondaires à la thrombocytose réactionnelle et dominées par l’embolie pulmonaire) et infectieuses. Les germes incriminés dans les infections postsplénectomie sont Streptococcus pneumoniae, Haemophilus influenzae et Neisseria meningitidis. La prise en charge est préventive et s’appuie sur la triple vaccination. Les premières séries de splénectomies réalisées en cours de chirurgie carcinologique de l’ovaire rapportent que la réalisation du geste est raisonnable quand il est nécessaire, car il ne grève pas la morbidité postopératoire (4-8). Nos objectifs étaient d’étudier la rentabilité histologique du geste, les suites opératoires et la prévention des infections postsplénectomie chez les patientes splénectomisées au cours de la chirurgie carcinologique de l’ovaire. Matériel et méthode Cinquante-huit patientes splénectomisées pour tumeur maligne de l’ovaire dans le service de chirurgie générale et cancérologique de l’institut GustaveRoussy entre le 1er janvier 1995 et le 30 mars 2008 ont été colligés rétrospectivement. Tous les dossiers ont été discutés en comité pluridisciplinaire de gynécologie pelvienne et l’indication opératoire a été posée de manière collégiale. La splénectomie a été réalisée soit au cours d’une chirurgie de cytoréduction initiale, dite “debulking” (chirurgie première ou intervallaire), soit pour suspicion de récidive locale. Conformément 10 | La Lettre du Gynécologue • n° 354 - septembre 2010 aux recommandations, le but de l’opérateur était de réaliser une chirurgie d’exérèse complète (hystérectomie non conservatrice avec curage pelvien et lombo-aortique, omentectomie infragastrique et résection de toutes les lésions macroscopiques visibles). Pour chaque patiente, l’âge, le type, le grade et le stade tumoral ont été relevés. Pour chaque intervention, on a répertorié les gestes associés, notamment une résection digestive ou une résection de coupole diaphragmatique, le motif de la splénectomie (suspicion d’atteinte de la capsule, du hile ou du parenchyme ou splénectomie d’hémostase) et le reliquat tumoral en fin d’intervention. L’anatomopathologie de la pièce de splénectomie a été analysée. L’étude des suites opératoires a été fondée sur la durée de l’hospitalisation, le séjour en unité de soins intensifs supérieur à 48 h ou le transfert en réanimation, et sur l’existence ou non d’une transfusion sanguine. Les complications immédiates (événement survenu dans les 30 premiers jours postopératoires) ou tardives (événement survenu après le premier mois postopératoire) ont été cotées selon la classification de Clavien-Dindo (9). La vaccination postopératoire systématique, préconisée par un protocole de service, a également été évaluée. Résultats Sur les 58 patientes splénectomisées, 42 splénectomies (72 %) ont été réalisées au cours d’une chirurgie radicale (debulking), dont 13 (32 %) lors d’une chirurgie initiale et 29 (50%) lors d’une chirurgie d’intervalle (22 [38 %] après 3 cures de chimiothérapie et 7 [12 %] après 6 à 9 cures). Seize splénectomies (28 %) ont été réalisées dans le cadre de la récidive à distance d’une chirurgie ayant été considérée comme optimale. Dans 10 cas sur 16, il Résumé Cette étude rétrospective ayant inclus 58 patientes atteintes de cancer de l’ovaire visait à étudier la place de la splénectomie et à obtenir un reliquat tumoral macroscopique nul. La splénectomie au cours de la chirurgie de cytoréduction initiale, dite “debulking” pour cancer de l’ovaire est fréquente et d’incidence croissante. Les complications spécifiques sont rares et ne grèvent pas les suites opératoires. Le rendement histologique est satisfaisant. Les mesures préventives des infections postsplénectomies sont simples et facilement applicables à l’échelle d’un service. La réalisation d’une splénectomie à des fins carcinologiques au cours de la chirurgie du cancer de l’ovaire semble raisonnable pour les suites opératoires, et rentable sur le plan histologique. existait une forte suspicion radiologique de récidive splénique. L’âge moyen des patientes était de 53,02 ans (± 14,35). Quarante-six patientes (79,31 %) étaient porteuses d’un adénocarcinome de l’ovaire. Les caractéristiques cliniques et histologiques de la population étudiée sont regroupées dans le tableau I. Parmi les 42 patientes ayant eu un debulking, 27 (64,28 %) ont subi une pelvectomie postérieure et 30 (71,42 %) une résection de coupole diaphragmatique. La nature du geste chirurgical associé à la splénectomie est précisée dans le tableau II. Trois splénectomies d’hémostase (5,17 %) ont été réalisées (1 lors d’une récidive et 2 lors d’un debulking). Cinquante-cinq splénectomies ont été réalisées pour suspicion peropératoire d’atteinte tumorale : suspicion d’atteinte du hile splénique (adénopathie ou nodule tumoral) chez 25 patientes (43,10 %), suspicion d’atteinte capsulaire chez 18 patientes (13,79 %) et suspicion d’atteinte parenchymateuse chez 12 patientes (20,68 %). Dans tous les cas, on a observé : un taux de 86,63 % de corrélation positive entre la suspicion clinique et l’atteinte histologique ; un taux de 93,33 % lors de la chirurgie pour récidive ; et un taux de 80 % lors de la chirurgie de debulking (tableau III, figures 1 à 6). La durée moyenne d’hospitalisation a été de 18,36 jours (± 16,88 jours). Dix-sept patientes (29,31 %) ont nécessité un séjour en réanimation supérieur à 48 heures. Trente-trois patientes (56,89 %) ont été transfusées (culots globulaires) au cours de l’hospitalisation, dont 30 (51,72 %) en périopératoire. Quarante-huit patientes (82,75 %) ont présenté une thrombocytose (plaquettes supérieures à 400 000/ml) lors des 21 premiers jours postopératoires, dont 10 (17,24 %) avec une thrombocytose majeure supérieure à 1 million. Vingt-sept patientes (46,55 %), dont 21 (50 %) issues du sous-groupe debulking, ont présenté des complications postopératoires immédiates ; les complications étaient graves (morbidité de grades 3, 4 et 5) pour respectivement 31 % et 33 %. Parmi les 17 patientes ayant présenté des complications majeures, 7 ont eu une complication pulmonaire (4 épanchements pleuraux gauches nécessitant un drainage, 1 pneumopathie nosocomiale avec hospitalisation en réanimation, 1 pneumothorax, 1 rupture diaphragmatique). Parmi elles, 3 patientes Mots-clés Splénectomie Cancer de l’ovaire Keywords Splenectomy Ovarian carcinoma Tableau I. Caractéristiques de la population étudiée. Debulking (n = 42) Récidive (n = 16) Total (n = 58) 53,47 57,00 51,75 56,00 53,02 56,50 n (%) n (%) n (%) 37 (88,09) 9 (56,25) 46 (79,31) 5 (11,9) 1 2 2 0 0 7 (43,75) 4 0 1 1 1 12 (20,68) 5 2 3 1 1 Grade des adénocarcinomes 1 2 3 Non renseigné 6 (16,21) 10 (27,02) 15 (40,54) 6 (16,21) 0 1 (11,11) 5 (55,55) 3 (33,33) 6 (13,04) 11 (23,91) 20 (43,47) 9 (19,56) Stade FIGO initial Précoce IIIc IV Non renseigné (non épithélial) 0 31 (73,8) 9 (21,42) 2 (4,76) 2 (12,5) 3 (18,75) 5 (31,25) 6 (37,5) 2 (3,44) 34 (58,62) 14 (24,13) 8 (13,79) Debulking (n = 42) Récidive (n = 16) Total (n = 58) Résections associées Pelvectomie postérieure Résection digestive autre Résection de coupole Curage pelvien Curage lombo-aortique 27 (64,28) 11 (26,19) 30 (71,42) 24 (57,14) 23 (54,76) 1 (6,25) 2 (12,50) 5 (31,25) 1 (6,25) 2 (12,50) 28 (48,27) 13 (22,41) 35 (60,34) 25 (43,10) 25 (43,10) Résidu macroscopique Nul < 1 cm ≥ 1 cm 34 (80,95) 4 (9,52) 4 (9,52) 14 (87,5) 0 2 (12,5) 48 (82,75) 5 (8,6) 5 (8,6) Âge Moyenne Médiane Histologie Adénocarcinome Autres : Tumeur de la granulosa Tumeur borderline Tératome Tumeur carcinoïde Tumeur de Brenner maligne Tableau II. Nature du geste chirurgical. ont présenté une fistule pancréatique se manifestant par une collection sous-phrénique gauche nécessitant un drainage (2 radiologiques, 1 chirurgical). Une patiente est décédée des suites de l’intervention (rupture diaphragmatique sur une plaie pleurale compliquée d’une péritonite stercorale au quatrième jour postopératoire). Les données relatives aux suites et aux complications postopératoires figurent dans les tableaux IV et V. Quarante-sept patientes (81,03 %) ont reçu la vaccination antipneumoccocique et antiméningococcique La Lettre du Gynécologue • n° 354 septembre 2010 | 11 DOSSIER Quoi de neuf en onco-gynécologie ? Discussion Tableau III. Concordance clinique et histologique des lésions spléniques supposées. Debulking (42) Récidive (16) Total (58) Suspicion clinique d’atteinte splénique Histologie positive/négative Corrélation positive 40 15 55 32/8 14/1 46/9 80 % 93,33 % 86,63 % Debulking (n = 42) Récidive (n = 16) Total (n = 58) 19,40 (± 18,64) 13,5 (7-115) 15,62(± 11,05) 10,5 (8-49) 18,36 (± 16,88) 13 (7-115) Tableau IV. Suites opératoires. Durée d’hospitalisation (jours) Moyenne Médiane N (%) N (%) N (%) Réanimation* Non Oui 30 (71,42) 12 (28,57) 11 (68,75) 5 (31,25) 41 (70,69) 17 (29,31) Transfusion Non Oui Non renseigné 11 (26,19) 29 (69,04) 2 (4,76) 12 (75) 4 (25) - 23 (39,65) 33 (56,89) 2 (3,44) Thrombocytose** Non (plaquettes < 400 000/ml) Oui 400 000 à 600 000 600 000 à 1 million > 1 million Non renseigné 3 (7,14) 37 (88,09) 8 20 9 2 (4,76) 2 (12,5) 11 (68,75) 4 6 1 3 (18,75) 5 (8,62) 48 (82,75) 12 26 10 (17,24) 5 (8,62) Antiagrégant Oui Non Non renseigné 8 (19,05) 33 1 3 (18,75) 13 - 11 (18,96) 46 1 Debulking (n = 42) Récidive (n = 16) Total (n = 58) 21 (50) 21 (50) 10 (62,5) 6 (37,5) 31 (53,44) 27 (46,55) 1 8 3 9 - 1 4 1 1 9 3 13 1 N (%) N (%) N (%) 27 (64,28) 15 (35,71) 13 (81,25) 3 (18,75) 40 (68,96) 18 (31,03) 11 3 1 - 1 1 1 12 3 2 1 Tableau V. Complications. Complications Immédiates (premier mois) Non Oui Grade de morbidité 1 2 3 4 5 Tardives Non Oui Grade de morbidité 1 2 3 4 5 postopératoire préconisée dans le service. Une patiente a bénéficié de la vaccination en préopératoire. Les mesures préventives des infections postsplénectomies sont regroupées dans le tableau VI. 12 | La Lettre du Gynécologue • n° 354 - septembre 2010 La splénectomie semble se justifier en termes de gain de survie (10) et on observe qu’elle est plus de plus en fréquemment réalisée, ce qui soulève la question de sa crédibilité histologique. Les séries traitant des splénectomies au cours de la chirurgie pour cancer de l’ovaire traitent peu de corrélation histologique. Seul Morris, en 1991, aborde la rentabilité histologique de la splénectomie (11) : dans une série de 45 splénectomies réalisées entre 1970 et 1989, il observe une corrélation positive de 75 %. Dans notre série, le taux de corrélation histologique positive est de 86,63 % au total, de 80 % dans le groupe debulking et de 93,33 % dans le groupe récidive. Parmi les 8 patientes du groupe debulking ayant eu une splénectomie pour suspicion d’atteinte tumorale infirmée par l’anatomopathologie, 3 étaient réalisées au cours d’une chirurgie d’emblée et 5 au cours d’une chirurgie d’intervalle. On suppose que l’appréciation de la nature carcinomateuse des lésions est plus difficile lorsqu’il s’agit d’une chirurgie d’intervalle, car les lésions peuvent être confondues avec une fibrose séquellaire postchimiothérapie. Les 12 patientes ayant eu une splénectomie pour suspicion d’atteinte parenchymateuse ont toutes une histologie positive ; 10 ont effectivement une infiltration du parenchyme et 2 ont uniquement une atteinte capsulaire sans infiltration. Dans le groupe récidive, une seule patiente a eu une splénectomie pour suspicion peropératoire d’atteinte tumorale avec un diagnostic histologique définitif négatif. Il s’agissait d’une récidive de l’hypochondre gauche d’une tumeur de la granulosa. La récidive était accolée à la rate sans l’infiltrer ; la splénectomie était cependant nécessaire à l’exposition. Au final, le rendement histologique est satisfaisant et valide la pratique de la splénectomie à visée de réduction tumorale au moindre doute. La mortalité postopératoire est de 2 et 17 % selon les études (6, 12-16) [tableau VII]. Dans notre étude, une patiente est décédée (2 %) des suites de l’intervention. L’étude de la littérature en termes de complications sévères est délicate, car chaque auteur définit différemment ce qu’il considère comme “morbidité majeure”. On observe selon les études des chiffres disparates, allant de 19 % (21/112) pour Magtibay (16) à 50 % (9/18) pour Nicklin (12). Dans notre étude, près d’un tiers des patientes (29 %) présente des complications sévères précoces et 10 % présentent des complications sévères tardives. Compte tenu des gestes associés et notamment des résections digestives, ces résultats semblent cohérents et homogènes avec la littérature. DOSSIER Figure 1. Rate normale (pulple blanche, pulpe rouge, capsule). Figure 2. Nodule intraparenchymateux. Figure 3. Réaction fibroblastique postchimiothérapie. Figure 4. Nodule du hile. Figure 5. Adénopathie hilaire métastatique. Figure 6. Section splénique et pancréatique. La Lettre du Gynécologue • n° 354 septembre 2010 | 13 DOSSIER Quoi de neuf en onco-gynécologie ? Tableau VI. Vaccination systématique de la patiente splénectomisée. Vaccination Debulking (n = 42) Récidive (n = 16) Total (n = 58) 34 (80,95 %) 4 4 - 13 (81,25 %) 1 1 1 47 (81,03 %) 5 5 1 Oui Non Non renseigné Préopératoire Tableau VII. Morbidité et mortalité postopératoires. Auteur Année n Mortalité Morbidité Majeure Pancréatite Durée moyenne d’hospitalisation Sonnendecker et al. 1989 6 1 (17 %) - - - Nicklin et al. 1994 18 - 9 (50 %) 4 (22 %) - Chen et al. 1999 35 1 (3 %) 9 (26 %) 2 (6 %) 13,5 (4-99) Bilgin et al. 2005 13 1 (8 %) - - 16,1 (7-62) Eisenkop et al. 2006 49 1 (2 %) 11 (22 %) 0 Magtibay et al. 2006 112 6 (5 %) 21 (19 %) 0 Étude IGR 2008 58 1 (2 %) 17 (29 %) 3 (5 %) 18,36 (±16,88) Tableau VIII. Vaccination. Auteur Année n Vaccination Préopératoire Chen et al. 1999 35 5 Magtibay et al. 2006 112 63 % 1 Étude IGR 2008 59 47 (81 %) 1 Références bibliographiques La thrombocytose transitoire des splénectomies au cours de la chirurgie carcinologique pelvienne de l’ovaire n’est pas à haut risque de complication thromboembolique (3). Dans notre série, 83 % des patientes ont eu une thrombocytose, mais seules 17 % avaient un taux de plaquettes supérieur à 1 million. De plus, la thrombocytose est majoritairement transitoire. Le traitement préventif repose sur l’administration d’antiagrégants plaquettaires à faible dose. Cependant, la durée et les modalités de ce traitement sont très variables dans la littérature. En pratique, le traitement préventif (Aspégic® 100 mg par jour) peut être proposé si la thrombocytose est importante (supérieure à 600 000 plaquettes/ml) et persistante (au-delà de 30 jours). Dans notre étude, ce traitement a été 10. Eisenkop SM, Spirtos NM, Friedman RL, Lin WC, Pisani AL, Perticucci S. Relative influences of tumor volume before surgery and the cytoreductive outcome on survival for patients with advanced ovarian cancer: a prospective study. Gynecol Oncol 2003;90(2):390-6. 11. Morris M, Gershenson DM, Burke TW, Wharton JT, Copeland LJ, Rutledge FN. Splenectomy in gynecologic oncology: indications, complications, and technique. Gynecol Oncol 1991;43(2):118-22. 12. Nicklin JL, Copeland LJ, O’ Toole RV, Lewandowski GS, Vaccarello L, Havenar LP. Splenectomy as part of cytoreductive surgery for ovarian carcinoma. Gynecol Oncol 1995;58(2):244-7. 13. Chen LM, Leuchter RS, Lagasse LD, Karlan BY. Splenectomy and surgical cytoreduction for ovarian cancer. Gynecol Oncol 2000;77(3):362-8. 14. Bilgin T, Ozerkan K, Ozan H. Splenectomy in cytoreductive surgery for advanced ovarian cancer. Arch Gynecol Obstet 2005;271(4):329-31. 15. Eisenkop SM, Spirtos NM, Lin WC. “Optimal” cytoreduction for advanced epithelial ovarian cancer: a commentary. Gynecol Oncol 2006;103(1):329-35. 16. Magtibay PM, Adams PB, Silverman MB, Cha SS, Podratz KC. Splenectomy as part of cytoreductive surgery in ovarian cancer. Gynecol Oncol 2006;102(2):369-74. 14 | La Lettre du Gynécologue • n° 354 - septembre 2010 prescrit à moins de 20 % des patientes. Une patiente a eu une complication thromboembolique (thrombose veineuse profonde) ; son taux maximum de 685 000 plaquettes/ml avait régressé spontanément, ne nécessitant pas d’antiagrégants. Les recommandations de bonne pratique pour la prévention des infections graves chez les patients hypospléniques ou aspléniques éditées en 2007 par le Comité de lutte contre les infections nosocomiales (CLIN) de l’institut Gustave-Roussy propose une vaccination systématique contre pneumocoque, Haemophilus et méningocoque. Idéalement, cette vaccination doit être réalisée avant l’opération, au plus tard 15 jours avant une splénectomie programmée. Lorsque la splénectomie n’a pas été programmée, ce qui est le cas le plus fréquent, il faut vacciner entre le dixième et le quatorzième jour postopératoire. Seuls deux auteurs rapportent des taux vaccinaux postsplénectomie, qui sont proches de 60 % (13, 16) [tableau VIII]. Dans notre étude, nous observons que plus de 80 % des patientes ont bénéficié de la vaccination postopératoire. Les 5 patientes n’ayant pas été vaccinées ont été opérées avant 2007 (4 avant 2002). On constate donc que la mise en place des recommandations à l’échelle de l’établissement a participé à la systématisation de la prise en charge. En revanche, bien que la splénectomie soit souvent prévisible, notamment lors des chirurgies pour récidive, une seule patiente a été vaccinée en préopératoire. Conclusion La splénectomie au cours d’une chirurgie de debulking pour cancer de l’ovaire est en elle-même peu morbide. Ses complications sont dominées par le risque de fistule pancréatique avec d’éventuels retentissements pulmonaires. Sa réalisation se justifiant en termes de survie, et le rendement histologique étant satisfaisant, nous pensons que toute suspicion peropératoire d’atteinte splénique devrait conduire à la splénectomie, d’autant plus que sa réalisation pose rarement un réel problème chirurgical pour une équipe entraînée. Enfin, le geste doit être encadré de protocoles précis afin de prévenir les risques infectieux postsplénectomie. La vaccination préopératoire systématique semble difficile compte tenu de la chronologie des décisions, mais les mesures postopératoires, dominées par l’éducation de la patiente et la triple vaccination, sont indispensables. ■