268 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011
Cancers gynécologiques
OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT
PROFESSIONNEL CONTINU
Faits nouveaux
Chirurgie d’intervalle
En cas de résection complète impossible lors de la prise en charge
initiale, une chirurgie d’intervalle doit être proposée après 3 cycles
de chimiothérapie (après une confi rmation histologique formelle de
la nature ovarienne de la pathologie). La cytoréduction, qui consiste
alors en une laparotomie avec exérèse des nodules résiduels en vue
d’obtenir une résection macroscopiquement complète, est dans ce
cas facilitée par la chimiothérapie initiale, ce qui permet d’obtenir
plus souvent une résection optimale, voire macroscopiquement
complète. Étant donné la chimiosensibilité de la pathologie, la
stratégie médicale première permettra un temps chirurgical moins
délabrant. Une première étude a tenté de valider ce principe, en
démontrant que la réalisation d’une chimiothérapie première
permettait la réalisation d’une chirurgie optimale (dans 77 % des
cas, versus 39 % en cas de chirurgie première) sans retentissement
sur la survie, et avec une morbidité moins importante (6). Cette
étude, comme toutes celles qui tentent d’évaluer la chimiothérapie
néo-adjuvante, ne porte que sur un petit nombre de patientes (7, 8).
Deux principaux essais randomisés ont ensuite tenté de valider
ce concept : l’étude de l’EORTC (9) qui démontrait un bénéfi ce en
termes de survie en faveur de la chirurgie d’intervalle (26 versus
20 mois ; p = 0,01) et l’étude du Groupe d’oncologie gynéco-
logique (GOG) [10] qui ne retrouvait pas cet avantage (33,9 versus
33,7 mois ; p = 0,92). Le protocole de chimiothérapie mis en œuvre
pourrait en partie expliquer cette différence, l’EORTC utilisant une
combinaison avec cyclophosphamide et sels de platine alors que
le GOG associait paclitaxel et sels de platine. L’autre différence
essentielle réside dans les critères de sélection des patientes : dans
l’étude du GOG, une exérèse initiale avait été réalisée (hystérec-
tomie, annexectomie bilatérale, omentectomie et résection des
nodules péritonéaux) alors que, dans l’essai de l’EORTC, une telle
chirurgie n’était pas réalisée et seuls des prélèvements biopsiques
ont été effectués (5, 6). L’étude du GOG ne pose donc pas la même
question que celle de l’EORTC, puisqu’elle a évalué la chirurgie
secondaire plutôt que la chirurgie d’intervalle.
Notons qu’une troisième étude randomisée anglaise avait tenté
de montrer en vain le bénéfi ce de la chirurgie d’intervalle (11). Les
raisons de cet insuccès peuvent être, d’une part, que les critères
d’inclusion permettaient des résidus de plus de 2 cm (contrairement
à ceux des études précédentes qui n’autorisaient qu’un résidu de
1 cm) et, d’autre part, que la randomisation a été réalisée avant
la chimiothérapie, ce qui explique que seules 68 % des patientes
du groupe chirurgie ont pu effectivement en bénéfi cier (exclusion
tardive des patientes stables ou progressives).
Par ailleurs, plusieurs études récentes et concordantes ont même
rapporté une survie moins bonne chez les patientes ayant bénéfi cié
d’une chirurgie complète (absence de reliquat macroscopique)
après chimiothérapie première que chez les patientes opérées
d’emblée (12, 13). On le voit, tout n’est pas dit de la chirurgie
d’intervalle, et de nombreux points d’interrogation demeurent.
Seule une étude prospective randomisée pourra confi rmer sa place.
Cette étude, menée par l’EORTC, vient de se terminer, mais ses
résultats, présentés lors d’un congrès international, ne sont pas
encore publiés. En attendant la publication, eu égard aux résultats
inquiétants de certaines séries rétrospectives suggérant une survie
moins bonne pour les patientes traitées après chirurgie intervallaire
que pour les patientes ayant bénéfi cié d’une chirurgie initiale, le
seul standard dans les cancers de l’ovaire de stade avancé doit
rester la chirurgie initiale complète sur le plan macroscopique,
la chirurgie intervallaire devant être réservée aux formes très
étendues ne pouvant bénéfi cier d’une cytoréduction complète
d’emblée (1).
Références bibliographiques
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8. Atlas II, Childers JM, Surwit EA. Laparoscopic cytoreductive surgery after chemotherapy
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10. Rose PG, Nerenstone S, Brady MF et al. Secondary surgical cytoreduction for advanced
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11. Redman CW, Mould J, Warwick J et al. The West Midlands epithelial ovarian cancer
adjuvant therapy trial. Clin Oncol (R Coll Radiol) 1993;5:1-5.
12. Shibata K, Kikkawa F, Mika M et al. Neoadjuvant chemotherapy for FIGO stage
III or IV ovarian cancer: survival benefi t and prognostic factors. Int J Gynecol Cancer
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13. Fanfani F, Ferrandina G, Corrado G et al. Impact of interval debulking surgery on
clinical outcome in primary unresectable FIGO stage IIIc ovarian cancer patients. Onco-
logy 2003;65:316-22.
Pour en savoir plus
• Morice P, Planchamp F, Darai E et al. Standards, options et recommandations 2007.
Recommandations pour la pratique clinique : prise en charge des patientes atteintes
de tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire, traitement chirurgical. Bull Cancer
2007;94:995-1002.
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Toulouse - Jeudi 7 avril 2011
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Tours - Jeudi 26 mai 2011
Le contenu scientifi que de cette réunion est sous la seule responsabilité des orateurs
CONFÉRENCEDÉBAT
Les avancées scientifiques majeures de l’année en oncologie
Les avancées scientifi ques majeures de l’année, préfi gurant une nouvelle prise en charge de vos patients, seront
présentées ; les publications et les communications des congrès 2010, sélectionnées par la rédaction de “La Lettre“,
seront argumentées et débattues.
Thèmes
●Cancer du sein
●Cancer bronchique
●Cancer digestif
●Cancer urologique
●Cancer gynécologique
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