OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU 24. Garcia AA, Hirte H, Fleming G et al. Phase II clinical trial of bevacizumab and low-dose metronomic oral cyclophosphamide in recurrent ovarian cancer: a trial of the California, Chicago, and Princess Margaret Hospital phase II consortia. J Clin Oncol 2008; 26(1):76-82. 25. Sfakianos GP, Numnum TM, Halverson CB, Panjeti D, Kendrick JE 4th, Straughn JM Jr. The risk of gastrointestinal perforation and/or fistula in patients with recurrent ovarian cancer receiving bevacizumab compared to standard chemotherapy: a retrospective cohort study. Gynecol Oncol 2009;114(3):424-6. 26. Penson RT, Dizon DS, Cannistra SA et al. Phase II study of carboplatin, paclitaxel, and bevacizumab with maintenance bevacizumab as first-line chemotherapy for advanced mullerian tumors. J Clin Oncol 2010;28(1):154-9. 27. Burger RA, Brady MF, Bookman MA et al. Phase III trial of bevacizumab in the primary treatment of advanced epithelial ovarian cancer, primary peritoneal cancer, or fallopian tube cancer: a Gynecologic Oncology Group study. J Clin Oncol 2010; 28(suppl. 18):abstract LBA1. Cytoréduction chirurgicale dans les tumeurs épithéliales de l’ovaire avancées L. Bengrine-Lefevre, P. Morice État des lieux Le cancer de l’ovaire est une pathologie peu fréquente (environ 4 000 nouveaux cas par an) mais de pronostic sombre en raison de son diagnostic le plus souvent tardif. Le traitement repose sur une prise en charge multidisciplinaire comportant un temps chirurgical et un temps médical. Les différentes études ont montré l’intérêt pronostique majeur de la chirurgie de réduction tumorale. La qualité de cette cytoréduction (qui peut être mesurée par la taille du reliquat tumoral laissé en place en fin d’exérèse) est d’ailleurs le facteur pronostique le plus puissant dans la méta-analyse publiée par R. Bristow et al. en 2002. L’objectif est la chirurgie macroscopiquement “complète” (résection de toutes les lésions péritonéales) [1]. Cette chirurgie dépend de l’opérateur, de nombreuses études démontrant clairement que le taux de cytoréduction complète est plus important lorsque les patientes sont opérées par des chirurgiens entraînés à cette chirurgie (la morbidité de cette chirurgie est alors réduite). Mais le chirurgien n’est qu’un aspect de ce qui est requis, et la bonne prise en charge de cette chirurgie nécessite une concordance globale de compétences et de moyens (anesthésistes, équipes du bloc opératoire, éventuellement unité de soins intensifs postopératoires et personnel soignant parfaitement habitué à la surveillance postopératoire immédiate). Les résultats de cette résection chirurgicale initiale, qui doit rester le standard, en dépendent. Néanmoins, cette résection complète n’est pas toujours réalisable (carcinose très étendue, état général des patientes altéré ou moyens optimaux pour la réalisation de cette chirurgie non réunis). Dans cette situation une approche s’est développée, qui repose sur une chimiothérapie première suivie d’une chirurgie de résection après 3 ou 4 cycles de chimiothérapie. Cette chirurgie est dite “d’intervalle” car elle est précédée et sera suivie d’une chimiothérapie. Cytoréduction initiale Une fois le diagnostic établi (examen histologique extemporané), le temps opératoire consiste en, au minimum, une hystérectomie totale avec une annexectomie bilatérale et une omentectomie. L’exploration de la cavité péritonéale doit être complète, avec exérèse large des nodules de carcinose. D’autres gestes sont alors souvent nécessaires (résections digestives très fréquentes dans ce contexte, splénectomie, résection de coupoles diaphragmatiques, exérèses de péritoine élargies, etc.). Le bénéfice des curages ganglionnaires dans ce contexte a longtemps été discuté, certaines études n’ayant pas réussi à le démontrer en termes de SG, mais l’ayant démontré en termes de survie sans récidive (2). L’étude publiée par J.K. Chan et al. en 2007 (2) permet de mieux mesurer la place du curage ganglionnaire. Une analyse portant sur plus de 13 000 patientes a retrouvé un bénéfice en termes de survie pour les patientes ayant eu un curage dans le temps opératoire (2). Cela renforce l’idée selon laquelle le curage ganglionnaire participe au “debulking” tumoral, c’est-à-dire à la diminution du volume tumoral, et d’autant plus si l’on croit au bénéfice de la chirurgie macroscopique complète (on sait que 50 à 60 % des patientes ont des ganglions atteints en cas de cancer de l’ovaire de stade III ou IV) [1]. Cette recommandation fait d’ailleurs partie des nouveaux Standards, options et recommandations (SOR). En revanche, cette chirurgie ganglionnaire est inutile s’il reste des reliquats tumoraux péritonéaux en fin de résection. Le diagnostic d’opérabilité de ces cas de stades trop avancés pour permettre d’évaluer la résécabilité repose sur plusieurs éléments (clinique, imagerie) parmi lesquels la laparoscopie d’évaluation a toute sa place, sa valeur diagnostique étant maintenant reconnue par les SOR (1). De plus, la laparoscopie permet de faire des biopsies dirigées pour confirmer la nature histologique précise de la carcinose (et éliminer une carcinose d’origine digestive, mammaire ou autre). La laparotomie, uniquement exploratrice, devrait être abandonnée pour évaluer la résécabilité (sauf dans une situation d’urgence comme une occlusion) [1]. Une fois cette chirurgie réalisée, une chimiothérapie adjuvante est administrée, qui a un effet cytotoxique sur les résidus tumoraux macro- ou microscopiques et, ainsi, améliore la survie. Le résidu tumoral en fin d’intervention reste un facteur pronostique important (3), de même que la masse tumorale préopératoire, des lésions métastatiques de plus de 1 000 g étant considérées comme de mauvais pronostic, même si la chirurgie a été complète (4). En cas de résection initiale macroscopiquement complète ou de résidu tumoral faible, la chimiothérapie intrapéritonéale (via un cathéter) a fait la preuve de son utilité, puisqu’elle permet d’améliorer la SG (5). Conclusion Le cancer de l’ovaire est une pathologie nécessitant une prise en charge initiale adaptée dans laquelle la chirurgie de cytoréduction tumorale initiale et macroscopiquement complète doit rester l’objectif majeur afin d’optimiser les chances de survie des patientes. La Lettre du Cancérologue • Vol. XX - n° 4 - avril 2011 | 267 OBJECTIFS D’ENSEIGNEMENT PROFESSIONNEL CONTINU Cancers gynécologiques Faits nouveaux Chirurgie d’intervalle En cas de résection complète impossible lors de la prise en charge initiale, une chirurgie d’intervalle doit être proposée après 3 cycles de chimiothérapie (après une confirmation histologique formelle de la nature ovarienne de la pathologie). La cytoréduction, qui consiste alors en une laparotomie avec exérèse des nodules résiduels en vue d’obtenir une résection macroscopiquement complète, est dans ce cas facilitée par la chimiothérapie initiale, ce qui permet d’obtenir plus souvent une résection optimale, voire macroscopiquement complète. Étant donné la chimiosensibilité de la pathologie, la stratégie médicale première permettra un temps chirurgical moins délabrant. Une première étude a tenté de valider ce principe, en démontrant que la réalisation d’une chimiothérapie première permettait la réalisation d’une chirurgie optimale (dans 77 % des cas, versus 39 % en cas de chirurgie première) sans retentissement sur la survie, et avec une morbidité moins importante (6). Cette étude, comme toutes celles qui tentent d’évaluer la chimiothérapie néo-adjuvante, ne porte que sur un petit nombre de patientes (7, 8). Deux principaux essais randomisés ont ensuite tenté de valider ce concept : l’étude de l’EORTC (9) qui démontrait un bénéfice en termes de survie en faveur de la chirurgie d’intervalle (26 versus 20 mois ; p = 0,01) et l’étude du Groupe d’oncologie gynécologique (GOG) [10] qui ne retrouvait pas cet avantage (33,9 versus 33,7 mois ; p = 0,92). Le protocole de chimiothérapie mis en œuvre pourrait en partie expliquer cette différence, l’EORTC utilisant une combinaison avec cyclophosphamide et sels de platine alors que le GOG associait paclitaxel et sels de platine. L’autre différence essentielle réside dans les critères de sélection des patientes : dans l’étude du GOG, une exérèse initiale avait été réalisée (hystérectomie, annexectomie bilatérale, omentectomie et résection des nodules péritonéaux) alors que, dans l’essai de l’EORTC, une telle chirurgie n’était pas réalisée et seuls des prélèvements biopsiques ont été effectués (5, 6). L’étude du GOG ne pose donc pas la même question que celle de l’EORTC, puisqu’elle a évalué la chirurgie secondaire plutôt que la chirurgie d’intervalle. Notons qu’une troisième étude randomisée anglaise avait tenté de montrer en vain le bénéfice de la chirurgie d’intervalle (11). Les raisons de cet insuccès peuvent être, d’une part, que les critères d’inclusion permettaient des résidus de plus de 2 cm (contrairement à ceux des études précédentes qui n’autorisaient qu’un résidu de 1 cm) et, d’autre part, que la randomisation a été réalisée avant la chimiothérapie, ce qui explique que seules 68 % des patientes du groupe chirurgie ont pu effectivement en bénéficier (exclusion tardive des patientes stables ou progressives). Par ailleurs, plusieurs études récentes et concordantes ont même rapporté une survie moins bonne chez les patientes ayant bénéficié d’une chirurgie complète (absence de reliquat macroscopique) après chimiothérapie première que chez les patientes opérées d’emblée (12, 13). On le voit, tout n’est pas dit de la chirurgie d’intervalle, et de nombreux points d’interrogation demeurent. Seule une étude prospective randomisée pourra confirmer sa place. Cette étude, menée par l’EORTC, vient de se terminer, mais ses résultats, présentés lors d’un congrès international, ne sont pas encore publiés. En attendant la publication, eu égard aux résultats inquiétants de certaines séries rétrospectives suggérant une survie moins bonne pour les patientes traitées après chirurgie intervallaire que pour les patientes ayant bénéficié d’une chirurgie initiale, le seul standard dans les cancers de l’ovaire de stade avancé doit rester la chirurgie initiale complète sur le plan macroscopique, la chirurgie intervallaire devant être réservée aux formes très étendues ne pouvant bénéficier d’une cytoréduction complète d’emblée (1). Références bibliographiques 1. Morice P, Daraï E, Leblanc E et al. Standards, options, recommandations 2007 pour la prise en charge des patientes atteintes de tumeurs épithéliales malignes de l’ovaire. Traitement chirurgical. http://www.sor-cancer.fr. 2. Chan JK, Urban R, Hu JM et al. 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Neoadjuvant chemotherapy in advanced ovarian cancer. Eur J Gynaecol Oncol 1996;17:393-6. 8. Atlas II, Childers JM, Surwit EA. Laparoscopic cytoreductive surgery after chemotherapy for advanced ovarian cancer. J Am Assoc Gynecol Laparosc 1996;3:S2. 9. Van der Burg ME, van Lent M, Buyse M et al. The effect of debulking surgery after induction chemotherapy on the prognosis in advanced epithelial ovarian cancer. Gynecological Cancer Cooperative Group of the European Organization for Research and Treatment of Cancer. N Engl J Med 1995;332:629-34. 10. Rose PG, Nerenstone S, Brady MF et al. Secondary surgical cytoreduction for advanced ovarian carcinoma. N Engl J Med 2004;351:2489-97. 11. Redman CW, Mould J, Warwick J et al. The West Midlands epithelial ovarian cancer adjuvant therapy trial. Clin Oncol (R Coll Radiol) 1993;5:1-5. 12. Shibata K, Kikkawa F, Mika M et al. Neoadjuvant chemotherapy for FIGO stage III or IV ovarian cancer: survival benefit and prognostic factors. 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