40 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXI - n° 1 - janvier 2012
Cancers digestifs
RÉTROSPECTIVE 2011
(HR = 0,66 ; IC95 : 0,51-0,85) et la médiane de SG de
12,5 versus 11,7 mois (HR = 0,86 ; IC95 : 0,67-1,10).
L’effet du traitement était plus prononcé chez les
patients présentant des métastases hépatiques
isolées (HR = 0,64 pour la SG, test d’interaction :
p = 0,09 ; HR = 0,54 pour la SSP, test d’interaction :
p = 0,008). L’association FOLFIRI + aflibercept a
été liée à plus de toxicités de grades 3-4 (diarrhée :
19,3 versus 7,8 % ; neutropénie : 36,7 versus 29,5 % ;
asthénie : 16,9 versus 10,6 % ; mucite : 13,7 versus
5 %) et d’effets indésirables spécifiques de l’action
anti-VEGF (hypertension artérielle : 19,3 versus
1,5 % ; hémorragie : 2,9 versus 1,7 % ; événements
thromboemboliques artériels : 1,8 versus 0,5 %).
Toutefois, l’incidence de ces derniers était compa-
rable, que les patients aient été prétraités par béva-
cizumab ou non.
Cette étude montre donc pour la première fois
l’efficacité d’un antiangiogénique autre que le béva-
cizumab en deuxième ligne du CCRm, avec une toxi-
cité qui reste acceptable. L’aflibercept devrait donc
probablement rejoindre prochainement l’arsenal
thérapeutique du CCRm chez les patients prétraités
par oxaliplatine.
◆Facteurs prédictifs de la réponse
aux anti-EGFR : au-delà des mutations
des codons 12 et 13 de KRAS…
Une étude publiée dans le Journal of the American
Medical Association l’année dernière (12) suggérait
que les mutations G13D avaient, d’une part, une
valeur pronostique péjorative et qu’elles seraient,
d’autre part, “sensibles” ou, en tout cas, moins résis-
tantes aux anti-EGFR que les autres types de muta-
tions de KRAS chez des patients chimiorésistants.
À l’ASCO®, cette année, ont été présentés par la
même équipe les résultats d’une analyse poolée des
essais de première ligne CRYSTAL et OPUS allant
dans le même sens (13), avec un taux de réponse
(40 versus 22 % ; p = 0,07), une SSP (7,4 versus
6 mois ; p = 0,1) et une SG (15,4 versus 14,7 mois ;
p = 0,37) améliorés par l’ajout du cétuximab chez
les patients avec une mutation G13D. Toutefois, les
différences n’étaient pas significatives sur ce petit
effectif de patients avec une mutation G13D (n = 83)
en raison de la faible fréquence de cette mutation
(20 % des mutations de KRAS). De plus, des résultats
contraires ont été présentés au congrès de l’ESMO à
partir d’une analyse poolée des 3 essais randomisés
évaluant le panitumumab en première, deuxième et
troisième ligne montrant l’absence d’impact pronos-
tique de ces mutations G13D et un effet délétère du
panitumumab en association avec le FOLFOX en leur
présence (14). L’ensemble de ces données ne permet
donc pas de conclure, et les mutations G13D, comme
les autres mutations des codons 12 et 13 de KRAS,
doivent donc, à l’heure actuelle, faire renoncer à un
traitement par anticorps anti-EGFR.
Cancer colique : traitement adjuvant
Les données actualisées des essais C-08 du National
Surgical Adjuvant Breast and Bowel Project (NSABP)
[15] et AVANT (16) confirment les résultats négatifs
de l’ajout du bévacizumab pendant 1 an à une CT
adjuvante par FOLFOX.
La publication de l’étude XELOXA est venue
confirmer la place du XELOX en situation adju-
vante dans les cancers coliques de stade III (17).
Cette étude randomisée de phase III menée chez
1 886 patients a comparé un schéma XELOX à une
association 5-FU + acide folinique (LV5FU) selon le
schéma Mayo Clinic ou Roswell Park. La survie sans
maladie (SSM) était significativement allongée dans
le bras XELOX, que ce soit à 3 (70,9 versus 66,5 %),
4 ou 5 ans (66 versus 59,8 % ; HR = 0,80 ; IC95 : 0,69-
0,93 ; p = 0,045). La survie sans récidive (SSR) était
également significativement allongée dans le bras
XELOX (HR = 0,78 ; IC
95
: 0,67-0,92). Quant à la SG,
bien que supérieure dans le bras XELOX (77,6 versus
74,2 %), elle n’était pas significativement différente
entre les 2 bras après un suivi médian de 57 mois.
Les résultats de cette étude font donc du XELOX
une alternative au FOLFOX en situation adjuvante.
Des résultats actualisés de l’essai NSABP C-07,
rapportant les données de SG mais aussi les résul-
tats d’analyses de sous-groupes, tenant compte
notamment du stade tumoral (II versus III) et de
l’âge des patients (plus ou moins de 70 ans), ont été
publiés (18). Cet essai a comparé, chez 2 409 patients
opérés d’un cancer colique de stade II (29 %) ou III
(71 %), une CT adjuvante par 5-FU + acide folinique
à 5-FU + acide folinique + oxaliplatine (FLOX).
Après un suivi médian de 8 ans, le bénéfice en SSM
persiste de manière significative dans le bras FLOX
(tableau IV, p. 41). En revanche, bien que meilleure,
la SG n’était pas significativement différente entre
les 2 bras. L’analyse de sous-groupes et les tests
d’interaction font clairement apparaître l’absence
de bénéfice de l’oxaliplatine chez les patients de plus
de 70 ans. Ces résultats, couplés à ceux de l’analyse
poolée du groupe ACCENT (Adjuvant Colon Cancer
Endpoints) [19], qui vont dans le même sens, doivent
donc nous rendre vigilants sur l’indication de l’oxali-
platine en situation adjuvante chez les patients de