La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 11 - décembre 2013 | 445
Points forts
»Mutations de PIK3CA : un marqueur de bénéfice de l’aspirine en traitement adjuvant des cancers coliques.
»
Absence d’intérêt de l’oxaliplatine associée à la radiothérapie néo-adjuvante des cancers du rectum localement
avancés (essai PETACC-6).
»
Meilleure SG avec FOLFIRI-cétuximab comparé au FOLFIRI-bévacizumab en 1
re
ligne des CCRm chez les patients
RAS sauvage (essai FIRE-3).
»
Équivalence du cétuximab et du panitumumab en monothérapie dans les CCRm chimiorésistants (essai ASPECCT).
»
Confirmation de l’action antiproliférative des analogues de la somatostatine dans les TNE pancréatiques et
extrapancréatiques de grades 1 et 2 avec Ki-67 < 10 %.
»
La mortalité postopératoire dans les cancers du tractus digestif supérieur est liée au volume opératoire du
centre et à l’organisation sanitaire du pays.
»Commencer vite la chimiothérapie en cas de cancer du pancréas évolué permet d’améliorer la survie.
Mots-clés
Cancer colorectal
Mutation
PIK3CA
RAS
Analogues
delasomatostatine
Tumeurs
neuroendocrines
Cancers
del’œsophage
Highlights
»
PIK3CA mutations : a predic-
tive marker of benefi t of aspirin
in adjuvant treatment of colon
cancer.
»
Lack of benefi t of oxaliplatin
in association with neoadjuvant
radiotherapy in locally advanced
rectal cancers (PETACC-6 trial).
»
Increased overall survival
with FOLFIRI-cetuximab
compared to FOLFIRI-bevaci-
zumab in fi rst line treatment of
metastatic colorectal cancer in
wild-type RAS patients (FIRE-3
trial).
»
Equivalence of cetuximab and
panitumumab monotherapy in
metastatic chemoresistant
colorectal cancer (ASPECCT
trial).
»
Confi rmation of the antipro-
liferative action of somatostatin
analogues in pancreatic and
extrapancreatic NETs grade 1
and 2 with Ki-67<10%.
»
The post-operative mortality
in the cancers of the upper
digestive tract is related to the
surgical volume of the center
and to the health organization.
»
A fast starting up chemo-
therapy in advanced pancreatic
cancer improves overall survival.
Keywords
Colorectal cancer
Mutation
PIK3CA
RAS
Somatostatin analogues
Neuroendocrine tumors
Esophageal cancer
Chimiothérapie adjuvante des cancers coliques :
rien ne sert de prolonger !
D’après Sadahiro S et al. et al., abstr. 2155
L’étude japonaise de phase III JFMC33-0502 visait à
évaluer si un traitement par uracile-tégafur + acide
folinique pendant 18 mois était supérieur au même
traitement administré pendant 6 mois. Au total,
1 017 patients ayant eu une résection chirurgicale
d’un cancer de stade IIb (13 %) ou III (87 %) ont
été randomisés. Les résultats ne montrent pas de
différence entre les 2 bras en termes de survie sans
récidive, objectif principal de l’étude (taux de survie
sans maladie de respectivement 73 et 74 % à 3 ans
et de 69 % dans les 2 bras à 5 ans).
Il n’y a donc clairement pas d’indication à un traite-
ment adjuvant prolongé dans les cancers coliques…
et la principale question actuellement, posée par
l’essai IDEA en cours, est au contraire de savoir si
une réduction de la durée du traitement adjuvant
(FOLFOX/XELOX pendant 3 mois) permet ou non
d’obtenir les mêmes résultats que le traitement
standard pendant 6 mois.
Essai CEA Watch : intérêt de l’ACE intensifi é dans
la surveillance des cancers colorectaux
D’après Verberne C et al., abstr. 2151
Cet essai randomisé a comparé une surveillance
intensifi ée par dosage de l’ACE toutes les 8 semaines
à une surveillance classique selon les recommanda-
tions hollandaises chez 3 223 patients opérés d’un
CCR de stade I à III, inclus dans 11 centres hollandais.
Un scanner était réalisé en cas d’augmentation de
l’ACE de plus de 20 %.
Au total, 243 récidives (7,5 %) ont été mises en
évidence. Il y a eu signifi cativement plus de récidives
diagnostiquées (57 versus 43 % ; p = 0,015) et plus
d’interventions chirurgicales curatives de la récidive
(42 versus 30 % ; p = 0,027) dans le bras intensifi é.
Au total l’ACE, déjà largement utilisé dans la
surveillance des CCR, augmente le taux de récidives
diagnostiquées et curables dans cette étude. On
attend cependant de savoir si cette stratégie aura
un impact sur la SG des patients.
Les résultats de l’essai PRODIGE 13 sont en attente
et permettront sûrement de répondre défi nitivement
à la question de l’apport de l’ACE dans la surveillance
des CCR.
Mutations de KRAS :
aussi un marqueur pronostique !
D’après Yoon HH et al., abstr. 2160
Les mutations de KRAS sont surtout connues pour
être des marqueurs prédictifs de résistance au
cétuximab. Dans cette étude, les auteurs ont analysé
la valeur pronostique des mutations des codons 12
et 13 de KRAS chez 2 165 patients opérés d’un cancer
colique de stade III, traités par FOLFOX avec ou
sans cétuximab dans le cadre de l’essai de phase III
NCCTG N0147 qui, rappelons-le, était négatif (3).
Seules les tumeurs sans mutation de BRAF ont été
considérées ici pour s’affranchir de la valeur pronos-
tique péjorative bien établie de ces mutations.
Après avoir vérifi é l’absence de valeur prédictive
des mutations de KRAS et de BRAF sur le béné-
fi ce du cétuximab, l’étude montre que les patients
ayant une tumeur qui présentait une mutation du
codon 12 (24,4 %) ou du codon 13 (7,3 %) de KRAS
avaient une survie sans maladie et une survie sans
récidive signifi cativement moins bonnes que les
patients KRAS sauvage (fi gure 2, p. 446). Cette
valeur pronostique des mutations de KRAS était
maintenue en analyse multivariée après ajustement,
notamment sur le stade T, le nombre de ganglions
positifs et examinés, le statut MSI et le traitement
reçu (HR =1,44, IC95 : 1,20-1,73, p = 0,0001 pour les
mutations du codon 12 ; HR = 1,34, IC
95
: 1,01-1,80,
p = 0,046 pour les mutations du codon 13).
Cette étude rejoint donc les résultats de l’étude
anglo-saxonne RASCAL (4) qui, déjà en 1998, avait
montré une valeur pronostique des mutations de
KRAS restant néanmoins confi née aux mutations
G12V. La nouveauté apportée ici est que toutes
les mutations du codon 12, mais aussi celles du
codon 13, sont de mauvais pronostic. L’utilité de
cette information reste toutefois à démontrer en
pratique clinique.
◆Métastatique
FIRE-3 : les résultats chez les patients RAS
sauvages creusent l’écart en survie globale en
faveur du cétuximab !
D’après Stintzing S et al., abstr. LBA17
L’étude FIRE-3, présentée cette année au congrès
américain en oncologie clinique, comparait pour
la première fois le cétuximab et le bévacizumab en