244 | La Lettre du Cancérologue • Vol. XXII - n° 6 - juin 2013
Résumé
La sélection du top 5 des articles publiés en 2012 sur le cancer colorectal n’était pas une chose aisée compte
tenu du nombre de publications de qualité, avec, notamment, beaucoup d’essais princeps. Le choix a donc
été fait en privilégiant les articles dont les impacts sur la pratique seront les plus grands en essayant de
diversifier la sélection sur la localisation (rectum et côlon) et le stade (adjuvant et métastatique). Cette
méthodologie, contestable, ne préjuge bien entendu en rien de la qualité des publications non citées. En
ce sens, le lecteur est donc largement incité à consulter cette littérature pour y trouver des publications
de haut niveau non sélectionnées ici. C’est le cas, par exemple, de l’essai AVANT, qui évaluait en phase
III, sur 3451 malades, l’intérêt du bévacizumab associé au folfox4 (versus folfox 4 seul) en traitement
adjuvant du cancer du côlon de stade III
(1)
. Cet essai négatif ne modifiera pas nos pratiques et n’en reste
pas moins l’un des scoops de cette année 2012.
Mots-clés
Cancer colorectal
Traitement
Adjuvant
Métastatique
2012
Abstract
The top 5 selection of the
articles published in 2012 on
colorectal cancer was not easy
due to the number of quality
publications, particularly many
princeps ones. Thus, the selec-
tion has been made by giving
priority to the articles whose
impact on the practice will
be the largest while trying to
diversify the selection on the
localization (rectum and colon)
and on the stage (adjuvant
and metastatic). This contest-
able methodology does not
prejudge the quality of not
reported publications. So, the
reader is largely incited to
consult this literature to find
high level publications not
selected here. It is the case
of the AVANT phase III trial
which evaluated, out of 3451
patients, the interest of bevaci-
zumab associated with folfox4
(vs folfox 4 only) in adjuvant
treatment of stage III colorectal
cancer
(1)
. This negative study
will not modify our practices
but remains one of the scoops
of this year.
Keywords
Colorectal cancer
Treatment
Adjuvant
Metastatic
2012
d’aspirine et le statut mutationnel PIK3 étaient
connus a été analysée. Environ 30 % des patients
avaient une tumeur de stade I, II ou III et 7 %, une
tumeur de stade IV. La répartition des tumeurs
sur le cadre colique était habituelle (22 % rectale,
33 % colique gauche et 45 % colique droite). La
prise régulière d’aspirine concernait 403 patients,
et la mutation PIK3 concernait 161 patients (dont
66 consommaient de l’aspirine). Les résultats objec-
tivaient une amélioration significative de la survie
spécifique et de la SG par la consommation régulière
d’aspirine (respectivement HR = 0,18 [0,06-0,61]
et HR = 0,54 [0,31-0,94]). À l’inverse, aucun effet
pronostique n’était mis en évidence dans le groupe
des patients n’ayant pas de mutation de PIK3. Les
résultats apparaissent similaires lorsque la popula-
tion minoritaire porteuse d’un cancer métastatique
a été retirée de l’analyse. Ces données suggèrent
donc que l’aspirine, consommée régulièrement après
résection d’un cancer colorectal, pourrait constituer
un traitement adjuvant efficace du cancer colorectal.
Elles devront faire l’objet d’une validation dans un
essai prospectif de phase III.
Métastatique
EVEREST (8)
L’efficacité du cétuximab associé à la chimiothérapie
cytotoxique est validée dans la population des
patients ayant une tumeur colorectale métastatique
Kras sauvage en première ligne et dans les lignes
ultérieures. La toxicité est marquée principalement
par des éruptions cutanées acnéiformes dont l’inten-
sité est prédictive de l’efficacité du traitement. L’essai
EVEREST est une étude de phase II dont l’objectif
était d’évaluer l’intérêt d’une intensification de dose
du cétuximab dans la population des patients n’ayant
pas, au terme de 3 semaines de traitement, de toxi-
cité cutanée ou une toxicité limitée de grade 1. Au
total, 166 patients ayant une maladie métastatique
évolutive en deuxième ou en troisième ligne sous
irinotécan ont reçu du cétuximab hebdomadaire
(400 mg/m2 puis 250 mg/m2/semaine) associé à
de l’irinotécan à la dose de 180 mg/m
2
/semaine.
Une évaluation de la toxicité cutanée était réalisée
chaque semaine. À J22, si la toxicité cutanée était
absente ou de grade 1 (sans toxicité générale de
grade 3 ou 4), les patients étaient randomisés en un
groupe avec poursuite du traitement à dose normale
(groupe A ; n = 45) et un groupe avec intensification
de dose du cétuximab de 50 mg/m2/semaine (jusqu’à
un maximum de 500 mg/m
2
) associé à l’irinotécan
à dose normale (groupe B ; n = 44). Le groupe C
correspondait aux patients ayant d’emblée (à J22)
une toxicité cutanée de grade 2 à 3, qui n’ont pas
été randomisés et qui ont poursuivi le traitement à
dose normale (n = 68). Les auteurs rapportent, dans
la population Kras WT, des taux de réponse tumorale
améliorés dans le bras B avec intensification : 43 %
(groupe B) versus 30 % (groupe A), et qui rejoignent
ceux du groupe C (42 %). La médiane de survie sans
progression (SSP) était également supérieure dans
le groupe B : 6,7 mois versus 5,6 mois (groupes A
et B). La SG n’apparaissait cependant pas améliorée
(11,1 mois [groupe A] versus 11,4 mois [groupe B]
versus 11,6 mois [groupe C]).
Ces données sont intéressantes car elles suggèrent
que l’intensification de dose du cétuximab permet
de récupérer des taux de réponse élevés chez les
patients n’ayant initialement pas de toxicité cutanée.
L’intérêt de cette stratégie d’optimisation mériterait
d’être confirmé en phase III, en première ligne, pour
améliorer encore les taux de réponse du cétuximab
associé à la chimiothérapie cytotoxique et permettre
à un plus grand nombre de patients dont la tumeur
colorectale est potentiellement résécable d’accéder
à la chirurgie.
TML (9)
Cet essai de phase III évaluait l’intérêt de poursuivre
une pression anti-angiogénique par bévacizumab
chez des patients avec tumeur progressive sous une
première ligne de chimiothérapie associée au béva-
cizumab. Au total, 820 patients ayant reçu du béva-
cizumab pendant plus de 3 mois, avec une dernière
injection datant de moins de 3 mois, associé à une
chimiothérapie cytotoxique (FOLFIRI ou FOLFOX)
et progressifs (hormis les patients ayant une tumeur
progressive dans les 3 mois suivant l’instauration de
l’induction), ont été randomisés entre une nouvelle
chimiothérapie (switch par rapport à la chimio-