L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Les adénomes hypophysaires Les adénomes hypophysaires - Attention : aspect spécifique de l'hypophyse : la compression par une tumeur quel qu'elle soit peut générer un hypopituitarisme L’hypophyse est située dans une loge inextensible, constituée par la selle turcique de l'os sphénoïde en bas, en avant et en arrière, le diaphragme sellaire tapissé par les méninges en haut, et les parois du sinus caverneux latéralement. Celui-ci est traversé par la carotide interne intracrânienne, les portions ophtalmique et maxillaire du nerf trigéminé (V1 et V2), et par les nerfs oculomoteurs (III, IV et VI). Proximité du chiasma risque visuel en cas de pathologie expansive suprasellaire 1 Les adénomes - Aspects fonctionnels - Les adénomes développés à partir de l'antéhypophyse touchent les différents axes antéhypophysaires : o axe thyréotrope (hormone thyroïdienne) : adénome thyréotrope o axe corticotrope (hormones corticostéroïdes : adénome corticotrope o axe gonadotrope (testostérone, oestrogènes, progestérone) : adénome gonadotrope o axe somatotrope (GH, IGF-1) : adénome somatotrope o axe lactotrope (sécrétion lactée) : adénome lactotrope 1.1 Exemple 1 : hyperthyroïdie centrale ou adénomes thyréotropes - - Sécrétion autonome de TSH par l’adénome thyréotrope d’où stimulation de la thyroïde avec rétrocontrôle non efficace TSH élevée associée à FT3,FT4 élevées Ou TSH inappropriée (anormalement normale) → hormones thyroïdiennes élevées mais TSH non freinée par le feed-back → cause centrale 1 L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Les adénomes hypophysaires 1.2 Ex 2 : hyperTH protothyroïdienne ou périphérique ou primitive - Axe Hormone Régulateur hypothalamique Lactotrophe PRL Dopamine - Somatotrope GH Somatostatine GHRH et ghréline + Thyréotrope TSH TRH + Somatostatine - Corticotrope ACTH CRH + ADH + Gonadotrophe FSH, LH GnRH : LHRH + NB : existe aussi des adénomes développés à partir de la neurohypophyse... (on en reparlera dans un prochain cours) 2 Aspects morphologiques - - - 2 Bénins, les adénomes hypophysaires sont des tumeurs bien différenciées, de croissance habituellement lente sur plusieurs années, développées de manière monoclonale à partir des cellules endocrines antéhypophysaires. Ils représentent 10 % des tumeurs intracrâniennes. On distingue les microadénomes dont le plus grand diamètre est < à 10 mm, et les macroadénomes > 10 mm et qui peuvent représenter de volumineuses tumeurs envahissantes. Les adénomes peuvent être non-sécrétants, révélés alors par le syndrome tumoral associé éventuellement à des signes d’hypopituitarisme, ou sécrétants. L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Les adénomes hypophysaires 3 Signes cliniques 3.1 Syndrome tumoral - - En cas de macro adénome les céphalées sont typiquement frontales ou orbitaires, avec irradiations fréquentes au vertex. Peu spécifiques, non pulsatiles, elles sont généralement calmées par les antalgiques habituels. Elles sont présentes parfois en cas de microadénomes, par mise en tension du diaphragme sellaire (rare). Les réductions du champ visuel sont observées seulement en cas de macroadénome ayant une extension suprasellaire atteignant les voies optiques. Du fait de la répartition des fibres nerveuses au niveau du chiasma, le champ temporal de chaque côté est le premier touché. L'intensité de l'atteinte est croissante avec le degré de la compression : exclusion de la tâche aveugle, aplatissement des isoptères, quadranopsie temporale supérieure, puis la typique hémianopsie bitemporale, jusqu'à la cécité. L'expansion suprasellaire étant souvent médiane le retentissement est le plus souvent bilatéral. L’examen du champ visuel (campimétrie de Goldman, ou encore champ visuel automatisé) sera complété par une mesure de l’acuité visuelle et un examen du fond d’oeil. 3 L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Les adénomes hypophysaires - - La diplopie est observée en cas de compression d'un nerf oculomoteur du fait d'une extension tumorale dans le sinus caverneux. Elle peut être explorée par un test de Hess-Lancaster. Complication aigue : l’apoplexie hypophysaire o Une apoplexie hypophysaire, correspondant à une brusque hémorragie intraadénomateuse, peut entraîner un tableau évoquant une hémorragie méningée, avec céphalées intenses d'apparition brutale, fébricule, diplopie, syndrome confusionnel. 3.2 Syndrome endocrinien - - Les adénomes peuvent être non-sécrétants, révélés alors par le syndrome tumoral associé éventuellement à des signes d’hypopituitarisme, Y sont assimilés les adénomes gonadotropes, à sous-unité alpha car pas de symptômes cliniques de par l'excès d'hormones Sécrétants : o les prolactinomes, les plus fréquents, o les adénomes somatotropes responsables de l’acromégalie o les adénomes corticotropes ou maladie de Cushing o les adénomes thyréotropes, plus rares, entraînent une hyperthyroïdie 3.3 Syndrome d'hypersécrétion - NB : non exhaustif, cf chapitres sur l'aménorrhée, le Cushing et les hyperthyroïdies 3.3.1 Adénome somatotrope ou acromégalie (hypersécrétion de GH) - - 4 Syndrome dysmorphique : o Prognathisme (menton en galoche) o Élargissement des mains et des pieds (changements de pointure, de bague) o Épaississement élargissement des traits (le nez et les lèvres) o Saillie des arcades sourcilières o Écartelé dentaire o Épaississement de la peau et du tissu sous-cutané hyperséborrhée, hypertrichose o Troubles de l'articulé dentaire, o Installation progressive et insidieuse passant souvent inaperçue du patient et de son entourage faire comparaison de clichés successifs o NB : on parle de gigantisme lorsque l'acromégalie débute pendant la croissance (ex: « géants des alpes ») Organomégalie : o Macroglossie o Voix grave o Ronflement, Apnées du sommeil o Hypertrophie Ventriculaire Gauche (HVG) o Goitre diffus ou nodulaire o Hépato-splénomégalie (HSMG) L3 médecine AMIENS 2012/2013 – S6 UE2 – Pr R DESAILLOUD - Les adénomes hypophysaires - - Signes fonctionnels : signes d'évolutivité o hypersudation o céphalées (dues à l'hypersécrétion de GH et/ou syndrome tumoral) o arthralgies Autres : o syndrome du canal carpien o hypertension artérielle o intolérance au glucose ou diabète sucré 5