Correspondances en Métabolismes Hormones Diabètes et Nutrition - Vol. XVI - n° 8 - octobre 2012
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dossier thématique
Adénomes
hypophysaires
✓
La présence d’un sinus veineux intercaverneux
médian, qui va entraîner un saignement veineux de
faible abondance mais continuel pendant tout le temps
de l’exploration intrasellaire, altérant la qualité de cette
exploration.
✓
Les conditions anesthésiques (13) : il est primordial
que l’anesthésiste soit très habitué à cette chirurgie et
offre au neurochirurgien des conditions optimales de
pression artérielle et de pression veineuse, notamment
pour les patients obèses, cas fréquent dans la maladie
de Cushing.
Indications, résultats
et complications (tableau)
L’utilisation de l’endoscopie dans la chirurgie des adé-
nomes hypophysaires n’a pas radicalement modifié
les indications chirurgicales. Elle a permis de réduire
encore plus les indications de voie intracrânienne.
Actuellement, l’immense majorité (plus de 99,5 %) des
adénomes hypophysaires est opérée par voie endosco-
pique endonasale transsphénoïdale, car l’endoscopie
permet l’exérèse de la plupart des expansions extra-
sellaires des adénomes, à l’exception des expansions
latérales en dehors de la carotide.
Adénomes à prolactine
Les prolactinomes sont les plus fréquents et repré-
sentent 40 à 45 % des adénomes hypophysaires. Ce sont
les seuls pour lesquels il existe un traitement médical
efficace et peu contraignant, et donc une alternative à
la chirurgie. Cela explique que les prolactinomes sont
passés de 35 % des adénomes opérés dans notre service
en 2000 à 15 % aujourd’hui.
Toutefois, il est essentiel de bien informer les patients
que ces traitements médicaux sont des traitements
freinateurs et nécessitent donc une prise de longue
durée.
L’IRM hypophysaire est très importante dans l’évalua-
tion des chances de guérison chirurgicales. Les critères
nécessaires pour proposer une exérèse chirurgicale
sont d’avoir une parfaite visualisation du micro-adé-
nome, avec des limites bien nettes entre l’adénome
et l’hypophyse saine, et, surtout, l’absence d’invasion,
notamment au niveau des sinus caverneux. Si ces condi-
tions sont réunies, alors les 2 possibilités thérapeutiques
(médicale et chirurgicale) doivent être proposées au
patient. Dans notre expérience, les patients rencontrent
en consultation l’endocrinologue et le neurochirurgien,
et après une période de réflexion peuvent exprimer
leur préférence.
Il est important de ne plus considérer que le traitement
de première intention doit être médical, et que le trai-
tement chirurgical devrait être réservé aux échecs ou
aux cas de mauvaise observance du traitement médical.
Car nous savons maintenant qu’un traitement médi-
cal prolongé entraîne un remaniement de l’adénome
dont les limites avec l’hypophyse saine deviennent
moins nettes, ce qui a pour conséquence de diminuer
significativement les chances de guérison postopé-
ratoire. Il faut donc bannir l’attitude consistant à pres-
crire d’emblée un traitement médical systématique
sans information des patients et à ne leur proposer une
chirurgie que lorsque, après plusieurs mois ou années,
ils souhaitent ne plus prendre de traitement médical.
Les résultats chirurgicaux sont influencés par la taille
de l’adénome (meilleurs pour les micro-adénomes) et
par le taux d’hyperprolactinémie initial.
Adénomes corticotropes
L’exérèse chirurgicale du micro-adénome cortico-
trope reste aujourd’hui le traitement de référence de
la maladie de Cushing. Dans environ 40 % des cas de
maladie de Cushing, l’IRM ne permet pas de voir clai-
rement l’adénome hypophysaire ; toutefois, l’absence
de traitement médical simple et efficace fait retenir,
le plus souvent, l’indication chirurgicale d’exploration
hypophysaire dans ces cas-là ; même si les chances
de guérison sont un peu moins bonnes. Dans cer-
tains cas très sévères de maladie de Cushing, il peut
être préférable de mettre le patient sous traitement
anticortisolique avant l’opération pour diminuer la
morbidité générale.
Adénomes somatotropes
Le contrôle hormonal des patients acromégales n’est
pas toujours simple à obtenir. Bien qu’il existe un trai-
tement médical par analogues de la somatostatine,
l’efficacité de ce traitement, ses effets indésirables et ses
modalités d’administration font que l’exérèse chirurgi-
cale de l’adénome doit être privilégiée chaque fois que
possible, en première intention. Toutefois, près de 50 %
des acromégales devront bénéficier d’une stratégie
thérapeutique mixte (chirurgie + traitement médical
± radiothérapie).
L’intérêt d’une préparation préopératoire avec les ana-
logues de la somatostatine a fait l’objet d’une littéra-
ture dense et controversée. Dans notre expérience, il
n’y a aucun intérêt, en termes de taux de rémission, à
prescrire aux patients un traitement préopératoire par
analogues de la somatostatine. Les résultats prélimi-
naires de l’étude SAPORO (non encore publiés), vont
également dans ce sens. En revanche, il est établi qu’une