Sous-unité αlibre
Les hormones peptidiques FSH, LH, TSH (d’origine
hypophysaire) et hCG (d’origine placentaire) sont des
hétérodimères constitués de deux sous-unités αet â,
unies par des liaisons non covalentes.
La sous-unité âde chacune de ces hormones est le fac-
teur limitant de la synthèse de l’hormone ;elle est res-
ponsable de la spécificité hormonale (reconnaissance de
l’hormone par ses récepteurs périphériques) alors que la
sous-unité αassure l’activité biologique. Les sous-unités
isolées sont dénuées d’activité biologique et la réponse
hormonale est assurée par la combinaison des deux
sous-unités αet â .
La sous-unité αest commune àces quatre hormones
peptidiques. C’est un peptide de 92 acides aminés, codé
par un gène unique, présentant deux groupes oligo-
saccharidiques différant d’une hormone àl’autre, mais
indistinguables immunologiquement.
Chez le sujet normal, la sous-unité αpeut circuler en
petite quantité sous forme libre, ce qui correspond àun
déséquilibre de production par rapport àlasous-unité â
et non àune dissociation périphérique des hormones
glycoprotéiques.
La sous-unité αlibre est sécrétée selon un mode pulsa-
tile, synchrone de celui de la LH, laissant supposer un
rôle stimulant de la LH-RH endogène (contrôle hypo-
thalamique). On n’observe pas de stimulation par la
TRH chez le sujet sain.
Le dosage de la sous-unité αlibre est immunoradio-
métrique, avec deux anticorps monoclonaux ne recon-
naissant pas les hormones dimériques.
Les valeurs usuelles sont (Étalon OMS 75/569) :
femmes en activité génitale :0,05–0,8 mUI/ml ;
femmes après ménopause :0,05–1,7 mUI/ml ;
hommes :0,05–0,6 mUI/ml.
Le taux de sous-unité αlibre, élevé àlanaissance,
s’abaisse ensuite rapidement. Le taux s’élève de nou-
veau àlapuberté ;ilest corrélé au stade pubertaire. Au
cours du cycle menstruel, on note un pic préovulatoire
correspondant àcelui de la LH. Les valeurs sont élevées
au cours de la grossesse, proportionnellement àl’hCG.
Après la ménopause, le taux s’élève franchement. Chez
l’homme, le taux évolue peu avec l’âge.
Plus généralement, dès lors que les valeurs de FSH, LH,
TSH ou hCG sont élevées, le taux de la sous-unité α
libre augmente, le rapport chaîne αlibre/hormone
dimérique restant relativement constant (cas de la gros-
sesse, de la ménopause, de l’hypothyroïdie…).
Guide des analyses spécialisées
L’intérêt majeur du dosage de la sous-unité αlibre
réside dans l’exploration des adénomes hypophysaires
et leur suivi thérapeutique :45%sont des prolacti-
nomes (prolactine), 18 %sont des corticotropes
(ACTH), 12 %sont gonadotropes (FSH, LH), 22 %
sont somatotropes (hGH) et moins de 1%sont thyréo-
tropes (TSH). Ces adénomes hypophysaires peuvent
être fonctionnels (sécrétion d’hormones) ou non. Qu’il
le soit ou non, l’adénome est plus fréquemment décou-
vert par son syndrome tumoral :céphalées, altération
du champ visuel, insuffisance antéhypophysaire par
compression ou destruction. Des taux élevés
(> 150 mUI/ml) de sous-unité αlibre peuvent être un
indice de malignité.
L’hypersécrétion de FSH,deLHoudesous-unité αau
cours d’un adénome gonadotrope n’estgénéralement
responsable d’aucunemanifestation clinique spéci-
fique. Chez la femmeaprès la ménopause,ilest beau-
coup plus difficile d’évaluerlecaractère fonctionnel ou
non de l’adénome du fait d’une augmentationphysiolo-
gique dueàl’arrêt des cycles. En revanche, une crétion
décaléeentre FSH et LH peut être un argument en
faveur d’un adénomefonctionnel (les adénomes
sécrètent plutôt de la FSH). La FSH produite par l’adé-
nome alamême structure peptidique quelaFSH
normale.
Les adénomes àcellules thyréotropes se présentent
cliniquement par une hyperthyroïdie clinique sans
exophtalmie ;laTSH est normale ou légèrement aug-
mentée. La sous-unité αlibre est cosécrétée àdes
taux élevés dans 90 %des cas (rapport sous-unité
αlibre/TSH >2), permettant un diagnostic différen-
tiel entre adénomes hypophysaires àTSH et syn-
dromes de résistance hypophysaire aux hormones
thyroïdiennes.
Les sous-unités αsont augmentées dans 10 à30%
des adénomes somatotropes sans corrélation au
volume tumoral ni au taux d’hormone de croissance
(hGH) et dans environ 10 %des adénomes àpro-
lactine avec une forte corrélation au volume tumoral
et au taux de prolactine. Les adénomes corticotropes
ne s’accompagnent pas d’une augmentation des taux
de sous-unité αlibre.
Le dosage de la sous-unité αlibre est utile au suivi des
adénomes opérés, irradiés ou traités par médicaments.
La concentration diminue de façon constante avec la
réduction de la masse tumorale, mais se normalise
moins fréquemment que les autres hormones (30 à
40 %des cas seulement) après chirurgie.
Des taux élevés de sous-unité αlibre peuvent être ren-
contrés au cours d’affections bénignes telles qu’insuffi-
sance rénale chronique, hypothyroïdie primitive,
hypogonadisme primaire, ou d’affections malignes,
telles que choriocarcinomes, cancers pancréatiques,
hépatiques, pulmonaires, tumeurs carcinoïdes…
Les adénomes hypophysaires peuvent être explorés par
des tests dynamiques :
stimulation par le GnRH :généralement, au cours des
adénomes, les sous-unités α,tout comme la FSH ou
la LH, sont stimulables par la GnRH ;
réponse paradoxale àlaTRH :une stimulation
paradoxale de la concentration des sous-unités αest
principalement rencontrée dans les adénomes fonc-
tionnels, c’est-à-dire ceux qui ont un taux de base
élevé.
FSH, hCG, LH, Test àlaTRH, TSH
(Chanson P, Brochier S, SalenaveS.
Adénomeshypophysaires gonadotropes
EMC –Endocrinologie-Nutrition 2006 ;10-023-B-10, 10 p.
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