U Croissance d’un nævus choroïdien suspect Cas clinique

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Cas clinique
Croissance d’un nævus choroïdien
suspect
Nævus choroïdien • Mélanome
choroïdien.
Growth of a suspicious choroidal nevus
Choroidal nevus • Choroidal
melanoma.
S. Lemaitre, L. Lumbroso-Le Rouic, O. Berges, R. Dendale, L. Desjardins
(Institut Curie, Paris)
U
n homme, âgé de 62 ans et sans antécédents généraux, est suivi pour
un nævus choroïdien parapapillaire de l’œil gauche de découverte fortuite.
Examen et évolution
L’examen initial retrouve une acuité visuelle de l’œil gauche à 10/10 sans signes fonctionnels. Au fond d’œil, il existe une lésion choroïdienne pigmentée au contact du nerf
optique sans pigment orange ni drusen, de 4 mm de diamètre (figure 1). L’échographie
oculaire retrouve une épaisseur à 1,3 mm avec une excavation choroïdienne en regard
de la lésion (figure 2). Le diagnostic de nævus choroïdien suspect est posé en raison
de la proximité du nerf optique et une surveillance semestrielle est instituée.
La lésion reste stable pendant les 5 premières années du suivi.
Une croissance tumorale est documentée 5 ans après le diagnostic, avec l’apparition
au fond d’œil d’une zone centrale en champignon associée à une augmentation du
diamètre de la lésion (mesuré à 5,4 mm), sans symptômes visuels (figure 3). En échographie, l’épaisseur est de 3,7 mm (figure 4). Le diagnostic de mélanome choroïdien
est alors posé. L’IRM orbitaire ne montre pas d’envahissement du nerf optique
(figure 5) et l’échographie hépatique ne retrouve pas de localisation secondaire.
Légendes
Figure 1. Rétinophotographie de l’œil
gauche montrant une masse choroïdienne
pigmentée au contact du nerf optique sans
pigment orange ni drusen.
Figure 2. Échographie oculaire retrouvant
une excavation choroïdienne en regard
de la lésion.
Le traitement consiste en une protonthérapie à la dose de 60 Gy en 4 fractions de
15 Gy sur 4 jours. L’évolution tumorale est favorable. La survenue d’une neuropathie
optique postradique (figure 6) était prévisible du fait de la localisation parapapillaire
de la tumeur, l’acuité visuelle étant à “voit bouger la main”.
Figure 3. Rétinophotographie montrant
une augmentation du diamètre de la lésion.
Au centre, il existe une zone saillante en
champignon témoignant de la rupture de
la membrane de Bruch.
Discussion
Figure 4. Échographie oculaire objectivant
une augmentation de l’épaisseur tumorale.
Les nævi choroïdiens sont des lésions fréquentes dont le diagnostic est clinique. La
constatation d’une croissance en diamètre et/ou en épaisseur au cours de la surveillance doit faire évoquer le diagnostic de mélanome choroïdien et nécessite une prise
en charge thérapeutique rapide.
La découverte d’une lésion choroïdienne pigmentée au fond d’œil impose donc une
surveillance ophtalmologique régulière afin de détecter précocement une éventuelle
croissance tumorale. Le rythme de surveillance est à adapter aux facteurs de risque
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de croissance tumorale.
Figure 5. IRM orbitaire montrant la masse
choroïdienne gauche sans envahissement
du nerf optique.
Figure 6. Rétinophotographie montrant
une stabilisation de la taille tumorale après
la protonthérapie. Il existe une neuropathie
optique postradique (nodules cotonneux et
hémorragies péripapillaires).
Pour en savoir plus…
• Levy-Gabriel C. Tumeurs choroïdiennes et rétiniennes : nævus choroïdien. In : Cohen SY,
Gaudric A (eds). Rétine. Paris: Lavoisier, 2012;23-36.
• Desjardins L. Lésions næviques choroïdiennes. J Fr Ophtalmol 2010;33(2):136-41.
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Images en Ophtalmologie • Vol. VIII • no 2 • mars-avril 2014
Les auteurs déclarent
ne pas avoir de liens d’intérêts.
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