U Scotome central dans un contexte grippal Cas clinique

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Cas clinique
Rétine
Scotome central
dans un contexte grippal
Maculopathie • Scotome.
Maculopathy • Scotoma.
Central scotoma and viral syndrome
F. De Bats, L. Kodjikian
(Service d’ophtalmologie, hôpital de la Croix-Rousse, Lyon)
U
n enfant de 11 ans s’est plaint d’un scotome central unilatéral de l’œil
gauche dans les suites d’un syndrome pseudogrippal.
Examen
Le jeune patient se plaignait de l’apparition d’un scotome central de l’œil gauche avec
flou visuel depuis 5 jours. Les symptômes visuels avaient débuté 7 jours après un
syndrome pseudogrippal. Il n’avait aucun antécédent particulier ni traitement médical.
L’acuité visuelle était de 10/10 P2 à droite et diminuée à 8/10 P3 à gauche. Les segments antérieurs étaient blancs, calmes, indolores et normotones. La rétinophotographie couleur de l’œil gauche montrait un aspect rouge granité de la fovéa avec
des bords spiculés (figure 1). L’œil droit était sans anomalie. Les clichés en autofluorescence et en angiographie à la fluorescéine étaient sans anomalie. En revanche,
les temps tardifs de l’angiographie au vert d’indocyanine (ICG) révélaient une lésion
“en cocarde” avec un centre hypofluorescent et un halo hyperfluorescent. Les bords
spiculés étaient aussi hypofluorescents (figure 2). La tomographie par cohérence
optique (OCT) en B-scan révélait une lésion rétrofovéolaire avec interruption de la
couche ellipsoïde des photorécepteurs ainsi que de la zone d’interdigitation entre les
photorécepteurs et l’épithélium pigmentaire (EP). En regard de cette interruption,
on observait une lésion hyperréflective focale traversant la limitante externe et qui
s’étendait jusqu’à la couche nucléaire externe (figure 3). L’OCT en C-scan ou “en face”
montrait, au niveau de l’ellipsoïde, une lésion en cocarde avec halo hyperréflectif corrélée à la lésion visible en ICG (figure 4). L’évolution à 1 mois était favorable, avec une
restauration fonctionnelle et anatomique de la rétine (figure 5).
Discussion
L’épithélite rétinienne aiguë, ou ARPE (Acute Retinal Pigment Epithelitis), est une
maculopathie rare décrite initialement par A.E. Krill et A.F. Deutman en 1972 (1). L’atteinte est classiquement unilatérale, avec une guérison spontanée sans traitement
en quelques semaines. S. Baillif et al. ont décrit les aspects angiographiques de cette
lésion (2). L’OCT “en face” permet de visualiser la lésion fovéolaire avec un aspect de
“cocarde” identique à celui retrouvé en ICG (3). L’origine physiopathologique reste
toujours imparfaitement comprise.
II
Références bibliographiques
1. Krill AE, Deutman AF. Acute retinal pigment epitheliitus. Am J Ophthalmol 1972;74(2):193-205.
2. Baillif S, Wolff B, Paoli V, Gastaud P, Mauget-Faÿsse M. Retinal fluorescein and indocyanine green
angiography and spectral-domain optical coherence tomography findings in acute retinal pigment
epitheliitis. Retina 2011;31(6):1156-63.
3. De Bats F, Wolff B, Mauget-Faÿsse M, Scemama C, Kodjikian L. B-scan and “en-face” spectraldomain optical coherence tomography imaging for the diagnosis and followup of acute retinal pigment
epithelitis. Case Rep Med 2013;2013:260237.
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Images en Ophtalmologie • Vol. VII • no 3 • mai-juin 2013
Légendes
Figure 1. Rétinophotographie en couleur
de l’œil gauche : discrète lésion fovéolaire
granulaire, aux bords spiculés, de couleur
rouge orangée.
Figure 2. Cliché tardif (25 minutes) en angiographie au vert d’indocyanine (ICG) montrant un halo hyperfluorescent périfovéolaire
au centre sombre.
Figure 3. Coupe horizontale B-scan en
spectral domain OCT (tomographie par
cohérence optique) montrant la lésion rétrofovéolaire : interruptions de la couche elipsoïde et de la zone d’interdigitation entre
les photorécepteurs et l’épithélium pigmentaire (EP). Il existe une lésion à type de points
hyperréflectifs qui surplombe la zone interrompue et se prolonge jusqu’à la couche
nucléaire externe.
Figure 4. Tomographie par cohérence
optique (OCT) “en-face” au niveau de la
couche ellipsoïde montrant un halo hyperréflectif périfovéolaire.
Figure 5. Suivi à 1 mois : rétinophotographie
couleur (a) et B-scan (b) montrant la restitution progressive des couches rétiniennes
externes.
F. De Bats déclare ne pas avoir de liens d’intérêts.
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