La Lettre du Cancérologue • Vol. XVIII - n° 1 - janvier 2009 | 53
Points forts
Publication finale de l’étude SHARP, présentée à l’ASCO l’année précédente, qui confirme le bénéfice en termes
»
de survie du sorafénib chez les patients ayant un carcinome hépatocellulaire.
Indication d’une chimiothérapie par FOLFOX pré- et postmétastasectomie chez les patients atteints d’un cancer
»
colorectal avec des métastases hépatiques résécables d’emblée.
Entrée en pratique courante de la détection du statut K-ras des tumeurs colorectales avant la prescription d’un
»
anticorps anti-EGFR (cétuximab et panitumumab), la présence d’une mutation du gène K-ras étant un facteur de
résistance à ces anticorps.
Démonstration de l’efficacité de FOLFOX ou XELOX associé au bévacizumab en première ligne de traitement »
chez les patients ayant un cancer colorectal métastatique.
Mots-clés
Carcinome
hépatocellulaire
Cancer colorectal
Cétuximab
Panitumumab
Bévacizumab
K-ras
Chimiothérapie
Highlights
» Final publication of the
SHARP study, presented at
ASCO last year, confirming the
survival benefit of sorafenib in
patients with hepatocellular
carcinoma.
» Indication of FOLFOX chemo-
therapy before and after metas-
tasectomy in patients with
colorectal cancer with operable
liver metastases.
»The entry into practice of the
detection of the K-ras status
of colorectal tumors before
prescribing of anti-EGFR (cetux-
imab and panitumumab): the
presence of a mutation of K-ras
gene is a factor of resistance to
these antibodies.
» Demonstration of the effec-
tiveness of XELOX or FOLFOX
associated with bevacizumab
in the first line in patients with
metastatic colorectal cancer.
Keywords
Hepatocellular carcinoma
Colorectal cancer
Cetuximab
Panitumumab
Bevacizumab
K-ras
Chemotherapy
thérapeutique en cas de progression ou de toxicité.
Aucune différence significative en termes de survie
n’était retrouvée, mais la gemcitabine entraînait
plus de toxicité hématologique en deuxième ligne.
Enfin, l’oxaliplatine confirme sa place en deuxième
ligne, avec les résultats de l’étude allemande
CONKO 003, qui randomisait, après échec de la
gemcitabine, 160 patients entre un schéma LV5FU2
et un schéma LV5FU2-oxaliplatine. La médiane de SG
passait de 13 à 26 semaines dans le bras oxaliplatine
(p = 0,014), et la médiane de SSP de 9 à 13 semaines
(p = 0,012) [9].
Cancers localement avancés
Il n’y a pas eu de publication nouvelle cette année,
la stratégie thérapeutique optimale restant celle,
définie dans les publications 2007, d’une chimiothé-
rapie première suivie, en l’absence de progression
métastatique et en cas de bon contrôle tumoral,
d’une association de radio-chimiothérapie.
Cancers réséqués :
quel traitement adjuvant ?
La rechute locorégionale ou métastatique survient
dans plus de 75 % des cas après résection à visée
curative, avec une survie sans récidive (SSR) à 5 ans
de 23,4 % selon les données de la National Cancer
Database (10). La question de l’intérêt d’un traitement
adjuvant dans ce contexte avait été soulevée par
l’essai de l’ESPAC, qui avait démontré qu’une chimio-
thérapie à base de 5-FU pendant 6 mois apportait un
avantage en survie, alors qu’une radio-chimiothérapie
adjuvante semblait, au contraire, délétère. Cepen-
dant, l’intérêt du 5-FU n’ayant jamais été démontré
en situation métastatique, à la différence de celui de
la gemcitabine, aucun consensus n’avait été retenu.
L’étude allemande CONKO 001, publiée en 2007
dans The Journal of the American Association (11),
apportait une solution rationnelle et manifestement
utile en situation adjuvante après résection à visée
curative. Cet essai de phase III randomisé incluant
368 patients ayant eu une intervention à visée cura-
tive avait montré un bénéfice significatif en termes
de SSP dans tous les sous-groupes : R0, R1, T1, T2-3,
N0 et N+. La SG médiane était significativement
augmentée dans le bras gemcitabine : 24,2 versus
20,5 mois (p = 0,02). Cette étude sans biais apparent
confère à la gemcitabine le statut de traitement adju-
vant standard après résection R0 ou R1 d’un adéno-
carcinome pancréatique, et ce quel que soit le statut
ganglionnaire (N0 et N+). Les résultats actualisés à
l’ASCO confirment ce bénéfice, avec une SSP à 3 et
à 5 ans de 23,5 % versus 8, 5 % et de 16 % versus
6,5 %, respectivement. En termes de SG, les résultats
sont toujours en faveur du bras gemcitabine, avec une
médiane de 22,8 mois versus 20,2 mois (p = 0,005),
soit des taux de survie à 3 et 5 ans doublés : 36 %
versus 19,5 % et 21,5 % versus 9 %. L’étude de phase II
randomisée publiée dans le Journal of Clinical Onco-
logy par S. Heinrich replace l’association cisplatine-
gemcitabine au cœur de l’actualité. Les résultats
étaient prometteurs, mais cette étude ne portait
que sur 28 patients, dont 26 étaient réséqués et plus
de 80 % avec une résection R0 (12). En ITT, la SSP
et la SG étaient respectivement de 9,2 mois (IC95 :
5,6-12,9) et de 26,5 mois (IC95 : 11,4-41,5) pour les
duodéno-pancréatectomies céphaliques, et de 9 mois
(IC
95
: 6,99-10,1) et 19,1 mois (IC
95
: 15-23,1) pour les
spléno-pancréatectomies caudales. La gemcitabine
semble, en outre, améliorer le statut nutritionnel et
la qualité de vie des patients dont le pronostic est le
plus favorable et la SSP la plus prolongée.
Néanmoins, la place d’une irradiation en situation
périopératoire reste toujours controversée. Eu égard
aux conclusions de l’ESPAC1, l’étude américaine de
phase II visait à obtenir 65 % de survie à 18 mois
après duodéno-pancréatectomie R0-1. Des résultats
satisfaisants sont affichés, avec une SG de 27,1 mois
(14 mois de SSP) mais au prix d’une lourde morbidité
ayant entraîné l’arrêt prématuré de l’essai, et d’une
toxicité de grade supérieur ou égal à 3 pour 96 % des
patients. Le traitement était lourd, puisqu’il associait
une radiothérapie de 50,4 Gy sur 38 jours à une
chimiothérapie avec 5-FU, CDDP et IFNα.
On attend les résultats de l’étude de phase II inter-
groupe française évaluant, chez les patients R0, la
gemcitabine avec et sans radiothérapie.
Enfin, notons l’étude portant sur le nombre de
ganglions étudiés comme facteur pronostique
lorsque ceux-ci se révèlent tous négatifs : l’analyse