La Lettre de l’Hépato-gastroentérologue • Vol. XIV - n° 2 - mars-avril 2011 | 75
Résumé
L’année 2010 a été marquée par les résultats négatifs du cétuximab en traitement adjuvant. Concernant les
cancers du côlon métastatiques, il apparaît que le bénéfice du cétuximab est variable selon les drogues de
chimiothérapie auquel il est associé et que le bévacizumab pourrait avoir un intérêt en monothérapie en
traitement d’entretien. Le traitement par panitumumab permet d’améliorer la survie sans progression des
patients traités en première et deuxième lignes. L’étude des polymorphismes génétiques pourra peut-être
permettre de mieux adapter les traitements au patient à l’avenir.
Mots-clés
Cancer du côlon
Chimiothérapie
adjuvante
Chimiothérapie
palliative
Abstract
In 2010, negative results of
cetuximab in adjuvant setting
were reported. For advanced
colorectal cancer treatment
it appears that the benefit of
cetuximab is variable according
to the chemotherapy drugs
used in association. Beva-
cizumab may be useful in
maintenance therapy and
panitumumab prolonged
progression-free survival in first
and second lines. In the future,
polymorphism screening should
allow tailored treatment.
Keywords
Colon cancer
Adjuvant chemotherapy
Palliative chemotherapy
(18,9 mois dans le bras C ainsi que dans le bras CB et
16,4 mois dans le bras CBM, différence non significa-
tive). La plupart des patients ont reçu une deuxième
ligne de chimiothérapie, ce qui peut expliquer l’ab-
sence de bénéfice de survie globale (3).
Une étude grecque monocentrique randomisée a
comparé une chimiothérapie par FOLFIRI à la même
chimiothérapie associée au bévacizumab chez
222 patients, en première ligne. Il n’a pas été mis
en évidence de bénéfice à l’ajout du bévacizumab
pour la survie globale (22 mois dans le bras FOLFIRI
+ bévacizumab et 25 mois dans le bras FOLFIRI seul ;
p = 0,139). Cependant, dans cette étude, le traitement
par bévacizumab était arrêté après 6 mois et n’était
pas repris en cas de progression. L’absence d’amé-
lioration de la survie globale était donc prévisible et
ces résultats plaident indirectement plutôt pour un
traitement prolongé par bévacizumab (4).
Une étude espagnole présentée à l’ASCO en 2010
a randomisé 480 patients entre 6 cycles de XELOX
+ bévacizumab et soit la poursuite de la même
chimiothérapie, soit un traitement d’entretien
par bévacizumab seul. La toxicité neurologique et
les cas de syndrome mains-pieds étaient moins
importants dans le bras traitement d’entretien par
bévacizumab. La survie sans progression depuis
le début de la chimiothérapie était de 10,4 mois
dans le bras poursuite de la chimiothérapie et de
9,7 mois dans le bras poursuite du bévacizumab
seul. La survie globale était de 23,4 mois dans le
bras poursuite de la chimiothérapie et de 21,7 mois
dans le bras poursuite du bévacizumab seul. Ces
résultats n’étaient pas significativement différents,
mais l’étude manque de puissance pour affirmer
l’équivalence. Dans cette étude, il n’y avait aucun
bras comportant une pause sans chimiothérapie (5).
L’étude PRODIGE 9, en cours, devrait répondre à la
question de l’intérêt du maintien du bévacizumab
pendant l’intervalle libre de chimiothérapie.
Concernant les anticorps anti-EGFR, l’étude PRIME
a comparé une chimiothérapie par FOLFOX au
FOLFOX + panitumumab chez 1 183 patients. Dans
le sous-groupe des patients ne présentant pas de
mutation KRAS tumorale, la survie sans progression
était de 9,6 mois versus 8 mois (p = 0,02) en faveur
du bras avec panitumumab, et la survie globale était
de 23,9 mois versus 19,7 mois (p = 0,07). Dans le
sous-groupe des patients avec mutation KRAS,
la survie sans progression était significativement
diminuée dans le bras traité par panitumumab. Ce
résultat confirme l’effet délétère de l’association
d’oxaliplatine et d’anticorps anti-EGFR en cas de
mutation KRAS (6). Une autre étude de phase III a
comparé, en deuxième ligne, une chimiothérapie
par FOLFIRI à l’association FOLFIRI + panitumumab
chez 1 186 patients. Chez les patients ne présen-
tant pas de mutation tumorale KRAS, l’association
a permis d’améliorer significativement la survie sans
progression (5,9 mois versus 3,9 mois ; p = 0,004). La
survie globale n’était pas significativement améliorée
(14,5 mois versus 12,5 mois ; p = 0,12). Dans le sous-
groupe avec mutation KRAS, il n’y avait pas de diffé-
rence d’efficacité selon le bras de traitement (7).
À l’ASCO, en 2010, les résultats de l’étude COIN, qui
a comparé une chimiothérapie par FOLFOX ou XELOX
avec ou sans cétuximab, ont révélé, chez 729 patients
sans mutation KRAS, l’absence de bénéfice de l’addition
de cétuximab, en termes de survie globale (17,9 mois
sans versus 17,0 avec) ou de survie sans progression
(8,6 mois dans les 2 bras). Il faut noter que les patients
traités par l’association FOLFOX-cétuximab avaient
une meilleure survie sans progression que ceux traités
par l’association CAPOX-cétuximab. L’association du
cétuximab à la capécitabine a provoqué plus de 30 %
de cas de diarrhée de grade 3-4, ce qui a conduit à
diminuer la posologie de capécitabine. Cette asso-
ciation est donc à déconseiller (8).
Les résultats d’une analyse groupée des études
CRYSTAL (phase III comparant, en première ligne,
FOLFIRI à FOLFIRI + cétuximab) et OPUS (phase II
randomisée comparant FOLFOX à FOLFOX +
cétuximab) ont été rapportés à l’ASCO en 2010.
Chez les patients sans mutation KRAS, l’adjonction
de cétuximab améliore significativement la survie
globale (23,5 mois versus 19,5 mois ; p = 0,006), la
survie sans progression (9,6 mois versus 7,6 mois ;
p < 0,0001) et le taux de réponse (57,3 % versus
38,5 % ; p < 0,0001). Pour les patients avec une
mutation tumorale pour BRAF, le pronostic est beau-
coup plus mauvais ; cependant, il persiste un bénéfice
pour les patients traités par cétuximab. Contraire-
ment à ce qui avait été suggéré dans d’autres études,
la présence d’une mutation BRAF ne paraît pas être
une raison de ne pas traiter par cétuximab (9).