Gloria - Traduc71

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Gloria
Fabienne Bergmann
Le Kaddish, hymne à la gloire de Dieu, est prodigue en verbes laudatifs : ‫וְ יִ ְשתַּ בַּ ח‬
‫ וְ יִ ְתנַּשֵּׂ א וְ יִ ְתהַּ דָּ ר וְ יִ ְתעַּ לֶּה וְ יִ ְתהַּ לָּל‬,‫( וְ יִ ְתפָּ אֵּׂ ר וְ יִ ְתרֹומֵּׂ ם‬yichtabah ve-yitpaer ve-yitromam, veyitnassé ve-yithadar ve-yita'lé ve-yithalal), qu'on peut traduire par : "Qu’Il soit loué,
glorifié, exalté, magnifié, ennobli, adulé, louangé". Plus dithyrambique encore est
l'énumération de cette phrase de la Haggada qui nous enjoint ‫לשבח לפאר להודות להלל‬
‫( לרומם להדר לברך לעלה לקלס‬lechabéah lefaër lehodot lehalel leromem lehadèr levareh
lealé lekaless) – soit : à louer, glorifier, exalter, ennoblir, bénir, magnifier, honorer,
remercier et encenser Celui qui fit ces miracles...
Si ces verbes, tout de gloire vêtus et quasiment synonymes, s'enchainent
naturellement dans notre rituel, ils s'emploient aussi dans des expressions très
triviales. Il en est ainsi par exemple pour ‫( לברך‬levareh, bénir). Saluer, dire bonjour,
est une sorte de bénédiction puisqu'on ‫( מברך בשלום‬mevareh bechalom). L'achèvement
de la réalisation d'un projet permet de se féliciter – ‫( לברך על המוגמר‬levareh al
hamougmar), littéralement : bénir/ louer ce qui est terminé, donc "bien fait". Et même
le ‫( ִמי שֶׁ בֵּ ַרְך‬mi chébérah) de la lecture de la Tora s'emploie prosaïquement et on dira
qu'un tel est digne "de louanges", soit ‫( ראוי למי שברך‬rouy lemi cheberah).
Les discussions de nos Sages sur la récitation de la prière du Hallel – intégral ou
partiel – ont engendré la locution ‫( גמר עליו את ההלל‬gamar alav èt haHallel,
littéralement : dire tout le Hallel à son propos). Ainsi fait le critique par exemple par
son éloge flatteuse d'une œuvre ou quiconque recommandant un ami. Le mot ‫שבח‬
(chévah, louange) nous donne une expression synonyme : ‫( הפליג בשבחו‬hiflig
bechivho). Quand on cite un soldat pour sa bravoure ou tel quidam pour un acte
exceptionnel, on parle de ‫( ציון לשבח‬tsioun lechévah), une note élogieuse. Par ailleurs,
"c'est tout à son honneur" – ou à sa louange – se dit ‫( לשבחו ייאמר‬le chivho yéamèr).
‫( טעם לשבח‬taam lechévah) passe lui aussi du sacré au profane pour prendre le sens
d'avantageux, de plus-value et le ‫( מס שבח‬mass chévah) que vous devrez payer en
revendant votre appartement est la taxe sur la plus-value immobilière.
Du verbe ‫( רומם‬romem, exalter) vient l'expression ‫( רומם את הלב‬romem èt halev),
réjouir le cœur, qui exprime par exemple la fierté d'entendre jouer l'hymne national à
la remise d'une médaille olympique. On parle aussi de ‫דברים העומדים ברומו של עולם‬
(devarim haomdim beroumo chel olam), choses de la plus haute importance, ou –
ironiquement – subalternes… Et si vous vous adressez à un haut dignitaire, ne
manquez pas de lui donner du ‫( רום מעלתו‬rom maalato).
L'expression littéraire ‫( הוד והדר‬hod vehadar), qui exprime une majesté princière,
dérive d'un autre verbe laudatif – ‫( להדר‬lehader).
Le verbe ‫( להודות‬lehodot), a une double signification : l'une, donner son assentiment,
reconnaître, avouer ; l'autre, remercier, dire ‫( תודה‬toda), merci. Mais ne faut-il pas
d'abord reconnaitre la grandeur d'une action, accepter une supériorité ou un avantage
chez l'autre pour le remercier ?
Merci à vous de me suivre dans cette rubrique à la gloire de l'hébreu.
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