Gloria Fabienne Bergmann Le Kaddish, hymne à la gloire de Dieu, est prodigue en verbes laudatifs : וְ יִ ְשתַּ בַּ ח וְ יִ ְתנַּשֵּׂ א וְ יִ ְתהַּ דָּ ר וְ יִ ְתעַּ לֶּה וְ יִ ְתהַּ לָּל,( וְ יִ ְתפָּ אֵּׂ ר וְ יִ ְתרֹומֵּׂ םyichtabah ve-yitpaer ve-yitromam, veyitnassé ve-yithadar ve-yita'lé ve-yithalal), qu'on peut traduire par : "Qu’Il soit loué, glorifié, exalté, magnifié, ennobli, adulé, louangé". Plus dithyrambique encore est l'énumération de cette phrase de la Haggada qui nous enjoint לשבח לפאר להודות להלל ( לרומם להדר לברך לעלה לקלסlechabéah lefaër lehodot lehalel leromem lehadèr levareh lealé lekaless) – soit : à louer, glorifier, exalter, ennoblir, bénir, magnifier, honorer, remercier et encenser Celui qui fit ces miracles... Si ces verbes, tout de gloire vêtus et quasiment synonymes, s'enchainent naturellement dans notre rituel, ils s'emploient aussi dans des expressions très triviales. Il en est ainsi par exemple pour ( לברךlevareh, bénir). Saluer, dire bonjour, est une sorte de bénédiction puisqu'on ( מברך בשלוםmevareh bechalom). L'achèvement de la réalisation d'un projet permet de se féliciter – ( לברך על המוגמרlevareh al hamougmar), littéralement : bénir/ louer ce qui est terminé, donc "bien fait". Et même le ( ִמי שֶׁ בֵּ ַרְךmi chébérah) de la lecture de la Tora s'emploie prosaïquement et on dira qu'un tel est digne "de louanges", soit ( ראוי למי שברךrouy lemi cheberah). Les discussions de nos Sages sur la récitation de la prière du Hallel – intégral ou partiel – ont engendré la locution ( גמר עליו את ההללgamar alav èt haHallel, littéralement : dire tout le Hallel à son propos). Ainsi fait le critique par exemple par son éloge flatteuse d'une œuvre ou quiconque recommandant un ami. Le mot שבח (chévah, louange) nous donne une expression synonyme : ( הפליג בשבחוhiflig bechivho). Quand on cite un soldat pour sa bravoure ou tel quidam pour un acte exceptionnel, on parle de ( ציון לשבחtsioun lechévah), une note élogieuse. Par ailleurs, "c'est tout à son honneur" – ou à sa louange – se dit ( לשבחו ייאמרle chivho yéamèr). ( טעם לשבחtaam lechévah) passe lui aussi du sacré au profane pour prendre le sens d'avantageux, de plus-value et le ( מס שבחmass chévah) que vous devrez payer en revendant votre appartement est la taxe sur la plus-value immobilière. Du verbe ( רומםromem, exalter) vient l'expression ( רומם את הלבromem èt halev), réjouir le cœur, qui exprime par exemple la fierté d'entendre jouer l'hymne national à la remise d'une médaille olympique. On parle aussi de דברים העומדים ברומו של עולם (devarim haomdim beroumo chel olam), choses de la plus haute importance, ou – ironiquement – subalternes… Et si vous vous adressez à un haut dignitaire, ne manquez pas de lui donner du ( רום מעלתוrom maalato). L'expression littéraire ( הוד והדרhod vehadar), qui exprime une majesté princière, dérive d'un autre verbe laudatif – ( להדרlehader). Le verbe ( להודותlehodot), a une double signification : l'une, donner son assentiment, reconnaître, avouer ; l'autre, remercier, dire ( תודהtoda), merci. Mais ne faut-il pas d'abord reconnaitre la grandeur d'une action, accepter une supériorité ou un avantage chez l'autre pour le remercier ? Merci à vous de me suivre dans cette rubrique à la gloire de l'hébreu.