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Jeudi 26 mai 2016
AMBASSADE DE FRANCE EN BULGARIE
LA PRESSE BULGARE 4185
Le salon
Industrie de l’armement : les exportations
explosent
La critique
Les fonds européens ne sont pas une «
potion magique » pour le veloppement
économique
La satire
Vagabond cerne les traits fondamentaux de
la pensée politique bulgare
Cette revue de presse, qui ne prétend pas à lexhaustivité, se
limite à présenter des éléments publiés dans les médias bulgares.
Elle ne reflète en aucun cas la position de lambassade ou du
gouvernement français.
© Tous droits de diffusion et de reproduction de cette revue de
presse sont réservés à lAmbassade de France en Bulgarie
Le salon
Industrie de l’armement : les exportations
explosent
La 12e édition du salon Hemus a été
inaugurée hier à Plovdiv. Tenu tous les
deux ans et consacré aux nouveaux
équipements et techniques dans l’industrie
de l’armement, il réunit cette année 63
exposants, dont 41 entreprises bulgares et
22 étrangères. Parmi ces dernières, figurent
pour la première fois des représentants de
la Chine et du Japon. Vingt pays ont
envoyé des délégations officielles.
En 2015, les exportations bulgares de
production industrielle à usage militaire
ont augmenté de 50% par rapport à l’année
précédente pour atteindre 640 millions
d’euros. En outre, les exportateurs bulgares
ont nétré sur de nouveaux marchés, a
souligné Liouben Petrov, vice-ministre de
l’économie, lors d’une conférence de
presse. A titre de comparaison, en 2012 et
2013, les exportations d’armes et de
munitions se chiffraient respectivement à
219 millions et 233 millions d’euros. C’est
en 2014 que le pas a été franchi et que les
ventes ont explosé parallèlement avec
l’extension des conflits militaires à travers
le monde. Selon M. Petrov, trois facteurs
expliquent cette réussite de l’industrie
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bulgare : la demande accrue, la qualité des
produits bulgares et l’ouverture de bureaux
des plus grands fabricants d’armements
bulgares à l’étranger, notamment en
Algérie et en Inde.
Une analyse de la structure des ventes à
l’étranger montre la part importante des
armes de tir et des munitions, suivies par
les moyens de protection pare-balles et les
pièces de rechange pour le matériel des
forces terrestres. Les exportations sont
réalisées majoritairement vers l’Irak,
l’Arabie saoudite, l’Afghanistan, l’Algérie,
l’Inde, et les Etats-Unis. Capital Daily cite
les noms des plus grands exportateurs
parmi lesquels figurent les entreprises
privées Apolo Engineering, Arsenal,
Armitrans et Emko, ainsi que la société
publique Kintex.
L’essor de l’industrie de l’armement
bulgare a mené à la création de 1 000
nouveaux emplois à VMZ-Sopot,
l’entreprise publique qui, en 2015, a
enregistré un premier résultat positif depuis
des années 38,3 millions de leva. Le
carnet de commandes est rempli à hauteur
de 250 millions de leva à réaliser d’ici la
fin de l’année.
Le salon Hemus 2016 se déroule dans un
contexte d’intérêt accru pour la Bulgarie à
la suite de la décision prise par le
gouvernement d’investir près de 2,5
milliards de leva dans l’acquisition
d’avions de chasse et de bateaux
patrouilleurs polyvalents pour l’armée
bulgare. Un montant important si l’on le
compare à la période 2010-2013, pendant
laquelle les dépenses des commandes pour
l’armée s’élevaient à près de 60 millions de
leva par an, dont 30% revenaient aux
fabricants bulgares, précise Capital Daily.
Selon Orhan Ismaïlov, vice-ministre de la
défense, il serait pratiquement impossible
pour l’armée bulgare de se doter dès cette
année de nouveaux chasseurs pour les
forces aériennes, le temps « technique »
nécessaire pour l’acquisition et la mise en
état opérationnel étant de quatre ans en
moyenne. (Capital Daily, Sega)
La critique
Les fonds européens ne sont pas une «
potion magique » pour le développement
économique
Il est communément admis que lorsqu’on
donne de l’argent à un Etat, il vaut mieux
le prendre indépendamment de la
façon dont on il sera utilisé. C’était en tout
cas la perception de la Bulgarie lorsqu’elle
consentait des efforts pour obtenir cet
argent. Hélas, il s’est avéré que l’absence
de stratégie relative à l’affectation de cet
argent peut avoir des répercussions
négatives. Telle est la thèse que défend
Yordan Ivanov dans un article de son blog
que Sega publie.
Selon M. Ivanov, la façon dont les fonds
européens sont absorbés en Bulgarie
produit des effets négatifs tant pour les
administrations publiques comme pour le
secteur privé.
Obsédés par l’idée d’obtenir à tout prix des
fonds européens, les maires ne cherchent
plus à résoudre les problèmes rencontrés
par la commune mais élaborent leurs
politiques en fonction de la vocation
prédéterminée des financements européens.
Il est vrai que dans un pays aussi centralisé
que la Bulgarie un énorme pourcentage
des impôts et des taxes est redistribué par
le pouvoir central, les collectivités
territoriales ne disposent pas d’une
importante marge de manœuvre.
Rares sont donc les communes qui
financent par ces fonds des projets
pertinents. On est souvent témoins de toute
sorte de projets absurdes dont le seul
objectif consiste à absorber les fonds. Cette
approche est favorisée par la faiblesse des
mécanismes de contrôle européen et
nationaux qui n’impliquent pas
l’évaluation ex post des résultats d’un
projet ayant bénéficié de financements
européens.
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Les projets peuvent dans certains cas
représenter une bombe à retardement pour
les petites communes (15 000 habitants)
qui ne disposent pratiquement pas de
ressources propres mais aspirent à réaliser
des projets d’envergure comme par
exemple la construction d’un système
d’alimentation en eau, d’assainissement et
d’épuration pour un montant de 50 000 000
leva. Une petite erreur dans la gestion du
projet suffit pour qu’une correction
financière de 5 000 000 soit infligée par la
Commission européenne à l’autorité
centrale du programme opérationnel dont
relève le projet en question. Afin de ne pas
porter atteinte au budget national, cette
dernière l’imputera à la commune.
Enfin, les fonds européens sont à l’origine
de certaines distorsions sur le marché. Les
entreprises s’habituent à compter sur les
financements européens au point de ne plus
chercher d’autres sources de capitaux.
Elles abandonnent certaines bonnes idées à
réaliser si celles-ci ne sont pas conformes
aux exigences de l’autorité centrale. En
outre, ces exigences sont élaborées par des
fonctionnaires qui ne connaissent pas les
défis du marché. Ainsi, deux entreprises
dans le domaine du verre situé à une
distance de 50 km l’une de l’autre montent
des projets leur permettant d’obtenir des
fonds afin de moderniser leurs
équipements. Celle qui utilise la notion de
« croissance » dans la motivation de son
projet remporte le concours et obtient 1
million d’euros. Le jeu de la concurrence
est ainsi faussé et se soldera forcément par
la faillite du concurrent ayant échoué à
obtenir la subvention.
L’approche consistant à considérer les
fonds européens comme étant la seule
source de financement et la potion magique
pour le développement de l’économie est
erronée. L’effet positif de cette manne ne
sera ressenti que lorsque la Bulgarie aura
réformé la justice, procédée à une
décentralisation réelle et créé un
environnement compétitif et honnête pour
ses entreprises. (Sega)
La satire
Vagabond cerne les traits fondamentaux de
la pensée politique bulgare
Oscillant entre clichés et franche
plaisanterie, idées reçues et portrait fidèle,
le magazine culturel anglophone Vagabond
entreprend d’établir la psychologie type de
la mentalité bulgare. Anthony Georgieff,
directeur de la publication, ne prend ni
précautions ni pincettes pour définir les
canons de la pensée bulgare en se basant à
la fois sur des situations issues du
quotidien, des anecdotes sur les hommes
politiques ou les oligarques, ou plus
généralement sur les conséquences de
l’histoire de la Bulgarie sur la mentalité
locale. Le tout est résumé en dix principes :
« les théories conspirationnistes »,
« l’histoire (et spécialement celle
des « grandes puissances ») », « la
victimisation », « oublier, mais ne jamais
pardonner », « ne jamais jamais jamais
avouer que l’on a tort », « les monstres
réels ou imaginaires », « qui te donne de
l’argent ? », « faire des listes de tout », « le
nouveau patriotisme » et « la (in)justice ».
L’auteur insiste particulièrement sur
l’esprit de suspicion par rapport à tout ce
qui peut apparaître comme une information
d’origine « officielle ». D’où la tendance,
en Bulgarie, à apporter du crédit aux
théories du complot et aux explications
aliénantes, notamment si elles mettent en
cause les Etats-Unis. A l’inverse, la Russie
est toujours perçue par le prisme de la
libération du joug ottoman au XIXe siècle
et par celle de 1944, et jouit donc
perpétuellement de l’image du grand frère
bienveillant. La persistance de cette idée
peut s’expliquer par la prolifération de sites
en ligne qui se présentent comme des sites
« informatifs », mais qui correspondent
plutôt à un subtil « mélange de vérités, de
demi-vérités et de mensonges
éhontés ». Apparenté à cette capacité
intrinsèque à la méfiance, l’idéal-type du
Bulgare serait reconnaissable par son sens
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aigu de la victimisation, lié entre autres
choses au fait que le pays n’a jamais
vraiment eu la possibilité de prendre en
main sa propre histoire, mais plutôt de
suivre celle que lui dictait les « grandes
puissances ».
Un autre trait distinctif serait
l’impossibilité totale d’admettre ou de
reconnaître une erreur, et ce jugement ne se
limiterait pas à la vie personnelle, mais
évidemment à la vision de l’histoire, à
l’économie et, bien entendu à la politique.
L’incapacité d’avouer ses torts recouvre
tous les aspects de la vie publique comme
de la vie privée. En témoignerait comme
par coïncidence les talents et les aptitudes
de Boïko Borissov à la mauvaise foi et à
l’autosatisfaction. Le fonctionnement
pratique de cette idée, comme le montre
jour après jour le premier ministre, consiste
à chercher des responsables, des coupables,
et à les blâmer publiquement. Le Bulgare a
compris que pointer du doigt, c’est au
moins avoir la certitude d’être du bon côté
du doigt.
Anthony Georgieff avance également une
vision intéressante du rapport des Bulgares
à l’argent et au respect de la loi : « Il est
impensable pour la plupart des Bulgares
que des gens puissent gagner de l’argent
sans en voler dans le même temps à
quelqu’un d’autre ». De même, le fait
d’aller voter, la publication d’un livre, la
réalisation d’un film, tout cela ne peut
s’expliquer et se justifier que par « un
financement de la CIA, du KGB, du
Mossad, des services secrets turcs ou de
George Soros ». Le contraste décrit avec
l’Europe de l’Ouest est saisissant : alors
que dans les pays de l’Ouest, le principe
d’une nouvelle législation commande de
s’y adapter, la mentalité bulgare
chercherait au contraire instinctivement le
meilleur moyen de la contourner pour ne
surtout pas l’appliquer. En effet, « les lois
sont faites pour les imbéciles », alors que
« les personnes intelligentes trouvent
toujours un autre moyen ».
Enfin, le rapport qu’entretiennent les
Bulgares au patriotisme est éminemment
particulier, bien qu’il soit souvent
lamentablement difficile à démêler du
nationalisme, comme en témoignent par
exemple les comportements excessifs des
milices locales qui s’en sont récemment
prises aux réfugiés à la frontière turque.
(Vagabond)
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