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Les projets peuvent dans certains cas
représenter une bombe à retardement pour
les petites communes (15 000 habitants)
qui ne disposent pratiquement pas de
ressources propres mais aspirent à réaliser
des projets d’envergure comme par
exemple la construction d’un système
d’alimentation en eau, d’assainissement et
d’épuration pour un montant de 50 000 000
leva. Une petite erreur dans la gestion du
projet suffit pour qu’une correction
financière de 5 000 000 soit infligée par la
Commission européenne à l’autorité
centrale du programme opérationnel dont
relève le projet en question. Afin de ne pas
porter atteinte au budget national, cette
dernière l’imputera à la commune.
Enfin, les fonds européens sont à l’origine
de certaines distorsions sur le marché. Les
entreprises s’habituent à compter sur les
financements européens au point de ne plus
chercher d’autres sources de capitaux.
Elles abandonnent certaines bonnes idées à
réaliser si celles-ci ne sont pas conformes
aux exigences de l’autorité centrale. En
outre, ces exigences sont élaborées par des
fonctionnaires qui ne connaissent pas les
défis du marché. Ainsi, deux entreprises
dans le domaine du verre situé à une
distance de 50 km l’une de l’autre montent
des projets leur permettant d’obtenir des
fonds afin de moderniser leurs
équipements. Celle qui utilise la notion de
« croissance » dans la motivation de son
projet remporte le concours et obtient 1
million d’euros. Le jeu de la concurrence
est ainsi faussé et se soldera forcément par
la faillite du concurrent ayant échoué à
obtenir la subvention.
L’approche consistant à considérer les
fonds européens comme étant la seule
source de financement et la potion magique
pour le développement de l’économie est
erronée. L’effet positif de cette manne ne
sera ressenti que lorsque la Bulgarie aura
réformé la justice, procédée à une
décentralisation réelle et créé un
environnement compétitif et honnête pour
ses entreprises. (Sega)
La satire
Vagabond cerne les traits fondamentaux de
la pensée politique bulgare
Oscillant entre clichés et franche
plaisanterie, idées reçues et portrait fidèle,
le magazine culturel anglophone Vagabond
entreprend d’établir la psychologie type de
la mentalité bulgare. Anthony Georgieff,
directeur de la publication, ne prend ni
précautions ni pincettes pour définir les
canons de la pensée bulgare en se basant à
la fois sur des situations issues du
quotidien, des anecdotes sur les hommes
politiques ou les oligarques, ou plus
généralement sur les conséquences de
l’histoire de la Bulgarie sur la mentalité
locale. Le tout est résumé en dix principes :
« les théories conspirationnistes »,
« l’histoire (et spécialement celle
des « grandes puissances ») », « la
victimisation », « oublier, mais ne jamais
pardonner », « ne jamais jamais jamais
avouer que l’on a tort », « les monstres
réels ou imaginaires », « qui te donne de
l’argent ? », « faire des listes de tout », « le
nouveau patriotisme » et « la (in)justice ».
L’auteur insiste particulièrement sur
l’esprit de suspicion par rapport à tout ce
qui peut apparaître comme une information
d’origine « officielle ». D’où la tendance,
en Bulgarie, à apporter du crédit aux
théories du complot et aux explications
aliénantes, notamment si elles mettent en
cause les Etats-Unis. A l’inverse, la Russie
est toujours perçue par le prisme de la
libération du joug ottoman au XIXe siècle
et par celle de 1944, et jouit donc
perpétuellement de l’image du grand frère
bienveillant. La persistance de cette idée
peut s’expliquer par la prolifération de sites
en ligne qui se présentent comme des sites
« informatifs », mais qui correspondent
plutôt à un subtil « mélange de vérités, de
demi-vérités et de mensonges
éhontés ». Apparenté à cette capacité
intrinsèque à la méfiance, l’idéal-type du
Bulgare serait reconnaissable par son sens