Chapitre 7
Théorie d’homotopie
7.1 Groupefondamental et revêtements :rappels et
compléments
Le groupefondamental d’unespace topologique (X,x0)est l’ensemble des classes
d’homotopie de lacets poinsen X,muni de la composition :[b][a]=[ba],oùba est le
lacet asuivi du lacet b.
Définition 7.1.1. Un revêtementp:EBest une application continue, localement
triviale avec fibre discrète :Pour tout bB,
a) Fb=p1(b):est un sous-espace discret de E,et
b) il existe un voisinage Vde bet un homéomorphisme hentre p1(B)et Fb×Vtel que
ph1est la projection sur V.
Proposition 7.1.2 (Relèvementdes chemins et des homotopies).Etant donné un re-
vêtement p:EB,tout chemin γd’origine b=p(e)admet un unique relèvement ˜γ
d’origine e,et une homotopie hentrele chemin γ=h0et le chemin h1aun unique
relèvement.
Il en résulte une action àgauche de π1(B,b0)sur la fibre F=p1(b0),pointée en e0.
Le revêtementpinduit une application injectivep:π1(E,e0)π1(B,b0)dontl’image
est le noyau de l’action précédente.
Définition 7.1.3. Etantdonné un espace Bconnexe par arcs, un revêtementuniversel
est un revêtementconnexe par arcs et simplementconnexe (degroupefondamental
trivial).
Deux revêtements universels pointés sontcanoniquementisomorphes. Pour une va-
riété connexe pointée (M,x0),le revêtementuniversel peut être définipar :
f
M={(x, γ),xMγ:[0,1] M,γ(0) =x, γ(1) =x0}/,
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avec la relation d’équivalence :
(x, γ)(x, γ)x=xet [γγ]=[x0].
On peut définir de façon analogue le revêtementassocié àun sous-groupeHde π1(M,x0),
avec la relation d’équivalence :
(x, γ)(x, γ)x=xet [γγ]H.
Définition 7.1.4. Un revêtementconnexe par arcs p:EBest régulier si et seule-
mentsi lesous-groupecorrespondantπ1(E,e0)est normal dans π1(B,b0).
Dans lecas d’un revêtementrégulier, la fibre F=p1(b0)s’identifie avec le groupe
quotientπ1(B,b0)1(E,e0).
Homologie d’un revêtementrégulier
Si p:EBest le revêtementrégulier associé àl’homomorphisme surjectif φ:
π1(B,b0)G,alors C(E)est enrichi avec unestructure de Z[G]-module. Il en résulte
une structure de Z[G]-module sur l’homologie et la cohomologie de E.
Exemple 7.1.5.Etantdonné une variété non orientable connexe sans bord de dimension
n,un chemin γde x0=γ(0) àx1=γ(1) se relèveen un chemin de générateurs
gtHn(M,Mγt).On aun morphismenon trivial π1(M,x0)Z/2qui vaut 0lorsque
(gt)est un lacet et 1sinon. Le revêtementcorrespondantnoté Moest le revêtement
d’orientation. Son homologieaune structure de Z[τ]/(τ21)-module.
Exemple 7.1.6.Soit KR3R3{∞}
=S3l’image d’un plongementlisse du cercle.
On aun morphisme surjectif
φ:π1(S3K,)H1(S3
K)=<t>Z.
Le revêtementcorrespondant
e
XKXK=S3Kest appelé revêtementuniversel
abélien. Son homologie aunestructure de Z[t±1]-module. Le module H1(
e
XK)s’appelle
le module d’Alexander du noeud K.
7.2 Homologie àcoefficients locaux
Définition 7.2.1. Un système local de groupes (resp. groupes abéliens, anneaux, . . .)
sur un espace topologique Xest un foncteur du groupoïde fondamental de Xvers la
catégorie des groupes (resp. groupes abéliens, anneaux, . . .)
Cela veutdire qu’à chaque pointxXest associé un groupeGx,et àchaque chemin
γ:xyest associé est isomorphisme Tγ:GxGy,qui ne dépend que de la classe
d’homotopie àextrémitésfixées, et satisfait des conditions de compatibilité.
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Remarque 7.2.2.Si Xest connexe par arcs, alors tous les Gxsontisomorphes.
Un morphisme de système locaux est unetransformation naturelle entre les deux
foncteurs correspondant. Un isomorphisme est une équivalence naturelle.
Exemple 7.2.3.Le système local constant:xGx=G,γ,Tγ=IdG.
Exemple 7.2.4.Pour une variété Msans bord de dimension n,l’homologie locale
Hn(M,Mx).
Un système local sur Xdéfinit une action du groupefondamental de Xpar au-
tomorphisme du groupeassocié au pointde base. Si Xest connexe par arc, cette ac-
tion suffit pour définir le système local àisomorphisme près :soit Gun groupe, et
ρ:π1(X)Aut(G)un morphisme de groupe. On définit Gxcomme le quotientde
l’union pour tous les chemins γ:x0xdes {γ}G,quotientée par la relation qui
identifie (γ,g)avec (γ,ρ(γγ).g).
Etantdonné un système local G=(Gx)xX,le complexe Cn(X,G)est le groupe
abélien libre de base les transformations naturelles du système local constant(∆n,Z)
vers (X,G).Pour Xconnexe par arcs, unedéfinition alternativeest obtenue en utilisant
l’action du groupefondamental π=π1(X,x0)sur le groupeGassocié au pointde base
x0:
C(X,G)=Cn(
e
X)Z[π]G.
On obtientun complexe dontl’homologie est l’homologie àcoefficients dans le sys-
tème local. On définit de façon analogue la cohomologie àcoefficients dans le système
local. Pour Xconnexe par arcs,
C(X,G)=HomZ[π](Cn(
e
X),G).
7.3 Groupes d’homotopie supérieurs
(Voir dans le livre de Hatcher, chapitre 4.)
On note Il’intervalle [0,1].Pour n2,πn(X,x0)est le groupedes classes d’homo-
topie d’applications
f:(In,In)(X,x0).
Le produit gfest défini par :
(t1,t2,...,tn)7→ f(2t1,t2,...,tn)si 0t11
2
(t1,t2,...,tn)7→ G(2t11,t2,...,tn)sinon
On obtientun groupecommutatif,et l’opération est le plus souventnotée additivement.
On définit égalementune version relative:πn(X,A, x0)avec les classes d’homotopie
d’applications
f:(In,In,In]0,1[n1)(X,A, x0).
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Théorème 7.3.1. Il existe une suite exacte longue :
· · · πn(A, x0)πn(X,x0)πn(X,A, x0)πn1(A, x0)· · · π0(X,x0)
dans laquelle le morphisme connectant πn(X,A, x0)πn1(A, x0)est obtenu par res-
triction
7.4 Théorème de Whitehead
Théorème 7.4.1. Si une application entredeux complexes cellulaires induits des iso-
morphismes sur tous les groupes d’homotopie, alors c’est une équivalenced’homotopie.
7.5 Théorème d’Hurewicz
Définition 7.5.1. Pour n0,un espace Xest dit n-connexe s’il est connexepar arcs
et si πk(X,x0)est trivial pour kn.
On appelle homomorphisme d’Hurewicz l’application
πn(X,x0)Hn(X)
[f]7→ f([In])
Théorème 7.5.2. Si Xest (n1)-connexe, avecn2,alors
e
Hk(X)est nul pour
k<n,et l’homomorphime d’Hurewicz
πn(X,x0)Hn(X)
est un isomorphisme.
Dans la cas n=1,le morphisme d’Hurewicz induit un isomorphisme entrel’abélianisé
π1(X,x0)ab et H1(X).
7.6 Fibrations
Définition 7.6.1. Une application continue p:EBest une fibration localement
triviale si et seulementsi pour tout bBil existe un voisinage Vde bet un homéo-
morphisme hentre p1(B)et Fb×Vtel que ph1est la projection sur V.
Définition 7.6.2. Une application continue p:EBest une fibration de Serre si et
seulementsi elle ala propriété de relèvementdes homotopies pour les disques Dn:pour
toute application continue h:[0,1] ×DnB,et tout relèvement˜
h0de h0=h(0, . ),
il existe un relèvement˜
hqui étend ˜
h0.
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Proposition 7.6.3. Toute fibration localement triviale est une fibration de Serre.
Théorème 7.6.4. Soit p:EBune fibration de Serre, de base Bconnexe par arcs
et de fibreF=p1(x0).Alors il existe une suite exacte longue en homotopie :
· · · πn(F,e0)πn(E,e0)πn(B,x0)πn1(F,e0)· · · π0(E,e0)
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