Sandrine CARUSO
Théorème de Brouwer en dimension 2
Références : Rouvière ou Queffélec (Topologie) pour l’implication théorème 2
Brouwer
Théorème 1 (Brouwer).Notons Bla boule unité fermée de R2. Toute application conti-
nue de Bdans Badmet au moins un point fixe.
La démonstration du théorème de Brouwer utilise le résultat suivant :
Théorème 2. Il n’existe pas de rétraction de la boule Bdans le cercle S1=B.
Démonstration. Supposons qu’il existe une rétraction r:BS1, c’est-à-dire une
application continue BS1telle que xS1,r(x) = x. Si on note il’inclusion de
S1dans B,
idS1:S1i
Br
S1
induit des morphismes sur les groupes fondamentaux :
(idS1)= idπ1(S1):π1(S1)i
π1(B)r
π1(S1).
Or, π1(B)' {1}et π1(S1)'Z. La seule application de {1}dans Zétant le morphisme
trivial, l’application rine peut être surjective, donc ne peut être l’identité.
« Autre » démonstration. On note Γ(X)l’ensemble des lacets (de base fixée, quelconque)
d’un espace topologique connexe par arcs X. Il est muni de la topologie induite par la
topologie produit sur X[0,1]. On considère, comme à la démonstration précédente,
idS1:S1i
Br
S1
et on définit ˜ı: Γ(S1)Γ(B),γ7→ iγet ˜r: Γ(B)Γ(S1),γ7→ rγ.
L’application ˜rest continue : soit un ouvert de S1[0,1]. Il existe x1, . . . , xn[0,1] et
1,...,nouverts de S1tels que Ω = Ω1× · · · × n×Qx6=xi
S1. Ainsi rγssi
i, r γ(xi)issi i, γ(xi)r1(Ωi). Comme rest continue, r1(Ωi)est ouvert, et
rγsi et seulement si γappartient à l’ouvert r1(Ω1)× · · · × r1(Ωn)×Qx6=xiB.
Donc ˜rest continue.
En outre, pour tout γ,˜r˜ı(γ) = riγ=γ(car ri= id), d’où ˜r˜ı= idΓ(S1).
En particulier, ˜rest surjective, c’est-à-dire ˜r(Γ(B)) = Γ(S1). Or, Γ(B)est connexe par
arcs, alors que Γ(S1)ne l’est pas. Contradiction : l’image d’un connexe par arcs par une
application continue est connexe par arcs.
Démonstration du théorème de Brouwer. Soit f:BBcontinue, et supposons que
fn’a aucun point fixe. On définit une application r:BS1de la manière suivante :
pour xB,r(x)est l’intersection de S1avec la demi-droite [f(x), x).
1
f(x)
x
r(x)
Alors xS1,r(x) = x. Montrons que rest continue. Pour xB, notons α(x)
le nombre tel que r(x)f(x) = α(x)(xf(x)) ; c’est un nombre positif (et même
supérieur ou égal à 1). Comme r(x)S1, on a kf(x) + α(x)(xf(x))k2= 1, c’est-
à-dire, en développant la norme (on note ,·i le produit scalaire),
α(x)2kxf(x)k2+ 2α(x)hf(x), x f(x)i+kf(x)k − 1 = 0.
Ainsi, α(x)est racine du polynôme Px=X2kxf(x)k2+ 2Xhf(x), x f(x)i+
kf(x)k − 1. Ce polynôme du second degré vérifie Px(0) = kf(x)k − 160,Px(1) =
kxk − 160, et tend vers l’infini en ±∞, donc a deux racines distinctes, l’une négative
et l’autre plus grande que 1. Le nombre α(x)est égal à cette deuxième racine, soit
α(x) = − hf(x), x f(x)i+qhf(x), x f(x)i2(kf(x)k − 1)kxf(x)k2
kxf(x)k2.
Comme fest continue, αest, d’après l’expression ci-dessus, aussi une fonction conti-
nue, et r(x) = f(x) + α(x)(xf(x)) également.
Ainsi, rest une rétraction de Bsur S1. Or, d’après le théorème 2, il n’existe pas
de telle rétraction. L’hypothèse faite au départ est donc absurde, et fadmet un point
fixe.
Compléments. Dans la première démonstration du théorème 2, on a utilisé le théo-
rème suivant :
Théorème 3 (Fonctorialité du π1).Soient Xet Yun espace topologique, x0X. Toute
application continue f:XYinduit un morphisme de groupes f:π1(X, x0)
π1(Y, f(x0)), avec les propriétés suivantes :
(i) si fest l’identité de X, alors fest l’identité de π1(X, x0),
(ii) si f:XYet g:YZ, alors (gf)=gf.
On définit fpar f([α]) = [fα], où αest un lacet de Xde base x0, et où [·]désigne
la classe d’homologie. Il faut vérifier que cette application est bien définie, c’est-à-dire
que si αet βont même classe d’homologie, alors fαet fβaussi, ce qui n’est pas
2
très difficile. Montrer que c’est un morphisme de groupes se fait également aisément, et
les propriétés (i) et (ii) sont immédiates.
Plus généralement, le théorème de Brouwer est vrai dans Rnpour tout n, car le
théorème 2 l’est. Mais pour la démonstration de ce dernier, le groupe fondamental ne
suffit plus pour n>3, car Sn1est simplement connexe. À la place, on utilise le groupe
d’homologie Hn1, pour lequel le théorème 3 est encore valable. En effet, Hn1(Bn)
est trivial et Hn1(Sn1)ne l’est pas.
3
1 / 3 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !