A. P. M. E. P.
CAPES épreuve 2 session 2013
DEUXIÈME COMPOSITION
Problème 1 : Puissances de matrices
Rappels et notations
Étant donnés deux entiers naturels non nuls pet q,Mp,q(C) désigne l’ensemble des
matrices à plignes et qcolonnes, à coefficients complexes.
L’ensemble Mp,p(C) est noté Mp(C) et Ipdésigne la matrice identité de Mp(C).
On identifiera par la suite Mp, 1(C) et Cp.
Soit (An)nNune suite de matrices de Mp,q(C). Pour tout entier n, on note
An=¡ai j (n)¢16i6p
16j6q
.
On dit que la suite (An)nNest convergente, si pour tout couple (i,j) tel que
i∈ 1, pet j∈ 1, q, la suite ¡ai j (n)¢nNconverge dans C.
En posant lim
n→+∞ ¡ai,j(n)¢=li,jet L=¡li,j¢, on dit alors que la matrice Lest la limite
de la suite (An)nNet on note : lim
n→∞ An=L.
Soit Aune matrice de Mp(C). Pour tout entier naturel n, on note Anla puissance
n-ième de la matrice A.
Ce problème a pour but de déterminer une condition nécessaire et suffisante pour
que la suite (An)nNconverge dans Mp(C).
Partie A : étude d’un exemple
On considère les suites (xn)nNet ¡yn¢nNdéfinies par :
x0R,y0Ret nN,
xn+1=4
5xn+2
5yn
yn+1=1
5xn+3
5yn
Dans cette partie, on pose A=1
5µ4 2
1 3.
1. Pour nN, exprimer µxn
ynen fonction de Anet de µx0
y0.
2. Montrer qu’il existe une matrice diagonale Dde M2(C) telle que Apuisse
s’écrire :
A=PDP1
Pdésigne la matrice µ2 1
11.
3. Pour tout nN, déterminer une expression de Anen fonction de n.
4. Établir que la suite (An)nNest convergente et préciser sa limite.
5. Démontrer que les suites (xn)nNet ¡yn¢nNconvergent et déterminer les li-
mites de ces suites en fonction de x0et y0.
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Partie B : résultats préliminaires
Soient pet qdeux entiers naturels non nuls.
1. Soient (An)nNet (Bn)nNdeux suites de matrices de Mp,q(C) qui convergent
respectivement vers Let M.
a. Montrer que lim
n→+∞ (An+Bn)=L+M.
b. Soit aC. Montrer que lim
n→+∞ (a An)=aL.
c. Soient BMp,q(C) et (an)nNune suite de nombres complexes qui converge
vers aC.
Montrer que lim
n→+∞ anB=aB.
2. Soit (An)nNune suite de matrices de Mp(C) qui converge vers L.
a. Soit XMp,q(C). Démontrer que lim
n→+∞ AnX=LX .
b. Énoncer sans démonstration un résultat analogue pour la multiplication
à droite.
3. Soit (An)nNune suite de matrices de Mp(C) telle que :
XCP, lim
n→+∞ AnX=0
Montrer que lim
n→+∞ An=0.
Partie C : condition nécessaire
Dans la suite du problème, on note ul’endomorphisme de Cpreprésenté par la ma-
trice Adans la base canonique.
On définit, pour tout entier naturel n,unpar :
u0=IdCpet un+1=uun.
On suppose dans cette partie que la suite (An)nNconverge.
1. Soit λune valeur propre de u(uC).
a. Montrer que |λ61.
b. On suppose que |λ=1.
Montrer qualors λ=1. On pourra considérer ¯¯λn+1λn¯¯.
2. Montrer que Ker(uId)Im(uId) ={0}.
Partie D : condition suffisante
On note χu(X)=det¡AX Ip¢le polynôme caractéristique de u, où det désigne le
déterminant de la matrice considérée.
1. Énoncer le théorème de d’Alembert-Gauss.
2. En déduire que l’on peut écrire χu(X)=det¡AX Ip¢=
p
Y
i=1
(αiX), avec
αiCpour tout entier i∈ 1, p.
3. Justifier le fait que uadmet dans une certaine base ¡e1,...,ep¢une matrice T
de la forme :
T=
α... ... ...
α2... ...
......
0αp
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4. On suppose dans cette question que |αi|<1 pour tout entier i∈ 1, p.
a. Montrer que lim
n→+∞ un(e1)=0.
b. Montrer par récurrence que pour tout entier i∈ 1, p, lim
n→+∞ un(ei)=0.
c. En déduire la limite de Tn, puis celle de An.
5. On note λ1,...,λmles valeurs propres de u, deux à deux distinctes, avec m
N.
On suppose dans cette question que λ1=1 et |λi|<1 pour tout entier itel que
26i6m.
On suppose également que Ker (uId)Im(uId) ={0}.
a. Montrer que Ker(uId) et Im (uId) sont deux sous-espaces supplé-
mentaires dans Cpstables par u.
b. On note u1l’endomorphisme de Im (uId) induit par u.
Montrer que toute valeur propre de u1est une valeur propre de u, dis-
tincte de λ1.
c. En remarquant que u1vérifie les hypothèses de la question 4, en déduire
que Anconverge et déterminer une matrice semblable à sa limite.
Partie E : conclusion et application
1. On note λ1,...,λmles valeurs propres de A, deux à deux distinctes, avec m
N.
Déduire des questions précédentes que la suite (An)nNconverge si et seule-
ment si :
i∈ 1,m,|λi|<1
ou
λ1=1, Ker (uId)Im(uId) ={0}eti∈ 2, m,|λi|<1
2. Déterminer si les suites (An)nNsont convergentes, dans chacun des cas sui-
vants :
a. A=µ0,2 0,1
0,2 0,3
b. A=
1 1 i
0i
21
0 0 1
.
c. A=
1 0 0
06+i
29
04 6+i
2
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Problème 2 : quelques théorèmes d’arithmétique
On démontre dans la partie A un théorème de Lagrange dont on utilise le résultat
pour démontrer le théorème de Wilson (partie B) et le théorème de Wolstenholme
(partie C).
Partie A : théorème de Lagrange
1. Montrer que pour tout entier n>1 et tout entier k∈ 1, non a :
kÃn
k!=nÃn1
k1!
2. Montrer que pour tout entier premier pet tout entier k∈ 1, p1,pdivise
¡p
k¢.
3. Soit pun entier premier impair. On considère la fonction fdéfinie sur Rpar :
f(x)=
p1
Y
k=1
(x+k)
a. Montrer que pour tout réel xon a :
p f (x)=(x+1)f(x+1) x f (x)
b. Justifier l’existence d’un p-uplet d’entiers ¡a0,a1, ...,ap1¢tel que pour
tout réel xon a :
f(x)=
p1
X
k=0
akxp1k
c. Montrer que a0=1 et ap1=(p1)!
d. À l’aide de la question 3 a et en faisant intervenir le binôme de Newton,
montrer que pour tout entier k∈ 0, p1on a :
pak=
k
X
i=0Ãpi
k+1i!ai
e. En déduire que a1=¡p
2¢et que pour tout entier k∈ 2, p1on a :
kak=Ãp
k+1!+
k1
X
i=1Ãpi
k+1i!ai
f. En déduire le théorème de Lagrange :
« Si pest un entier premier impair et si f(x)=
p1
Y
k=1
(x+k)=Xakxp1k
alors les coefficients a1,a2,...,ap2sont divisibles par p».
On pourra raisonner par currence.
Partie B : théorème de Wilson
On se propose de démontrer la propriété suivante, connue sous le nom de « théo-
rème de Wilson » : si pest un entier premier alors (p1)! ≡ −1 ( mod p).
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1. Vérifier que la propriété est vraie pour p=2.
2. pest maintenant un entier premier impair.
a. Montrer que :
p!=1+
p2
X
k=1
ak+(p1)!
(les entiers (ai)i∈1, p2sont ceux définis à la question A 3 b)
b. En déduire que (p1)! ≡ −1 (mod p).
3. Montrer que la réciproque du théorème de Wilson est vraie.
4. On se propose d’étudier ce que devient le théorème de Wilson pour les entiers
non premiers strictement supérieurs à 4.
a. On suppose que n>4 et que la décomposition en produit de facteurs
premiers de ncomprend au moins deux facteurs premiers distincts.
Montrer que (n1)! 0 (modn).
b. On suppose que n>4 et que n=pαpest un entier premier et aest
un entier strictement supérieur à 2. Montrer que (n1)! 0 ( modn).
c. On suppose que n>4 et que n=p2pest un entier premier. Montrer
que 1 <2p<net en déduire que (n1)! 0 (modn).
Partie C : théorème de Wolstenholme
Pour tout entier n>1, on considère le rationnel :
Hn=
n
X
k=1
1
k
On désigne par snet tnles deux entiers naturels tels que :
Hn=sn
tn
et pgcd(sn,tn)=1
1. Écrire un algorithme permettant d’obtenir pour nallant de 2 à 10 les entiers
snet tn(on supposera qu’on dispose d’une instruction pgcd(a,b) qui renvoie
le plus grand commun diviseur de deux entiers aet b).
2. Calculer s4,s6et s10 et vérifier que ces entiers sont divisibles respectivement
par 52,72et 112.
Dans la suite, pdésigne un nombre premier strictement supérieur à 3.
On se propose de démontrer que l’entier sp1est divisible par p2(théorème de
Wolstenholme).
3. Montrer que Hp1=ap2
(p1)! ap2est défini comme à la partie A. On pourra
utiliser une relation liant les racines d’un polynôme et l’un de ses coefficients.
4. Déduire de l’écriture de f(p) que :
ap2=pp2a1pp3+...+ap3p
5. Conclure.
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