Programme des colles de mathématiques. Semaine 14 : du lundi 16 janvier au vendredi 20. Espaces euclidiens, première partie 1 1.1 Produits scalaires Définition d’un produit scalaire Définition. Soit ϕ une forme bilinéaire sur E. ϕ est une forme bilinéaire définie si et seulement si, pour tout x ∈ E \ {0}, ϕ(x, x) 6= 0. ϕ est une forme bilinéaire positive si et seulement si, pour tout x ∈ E, ϕ(x, x) ≥ 0. Définition. Un produit scalaire est une forme bilinéaire symétrique définie positive. Un espace préhilbertien réel est un couple (E, ϕ), où E est un R-espace vectoriel et où ϕ est un produit scalaire sur E. 1.2 Exemples ϕ: Propriété. Si e = (ei )i∈I est une base de E, alors X xi ei , i∈I E2 X −→ ! yi ei i∈I 7−→ R X xi yi est un i∈I produit scalaire sur E. ϕ: Définition. Rn × Rn −→ ((α1 , . . . , αn ), (β1 , . . . , βn )) 7−→ R n X α i βi i=1 Rn . Z Propriété. Pour tout f, g ∈ C([a, b], R), on pose ϕ(f, g) = b f (t)g(t)dt. a ϕ est un produit scalaire sur C([a, b], R). 1.3 est le produit scalaire canonique de Les espaces lp (I), où I est un ensemble dénombrable Notation. Pour p ∈ R∗+ , lp (I) est l’ensemble des familles (ui )i∈I de réels telles que la famille (|ui |p )i∈I est sommable. l∞ (I) est l’ensemble des familles (ui )i∈I bornées de réels. Propriété. l1 (I), l2 (I) et l∞ (I) sont des sous-espaces vectoriels de RI . De plus si (ai ) et (bi ) sont dans l2 (I), alors (ai bi ) est un élément de l1 (I). X Propriété. Pour tout (ui ), (vi ) ∈ (l2 (I), on pose ((ui )|(vi )) = u i vi . i∈I l2 (I) muni de (.|.) est un espace préhilbertien. 1 Programme des colles de maths 1.4 Identités remarquables Définition. Pour tout x ∈ E, la norme de x est kxk = p (x|x). 2 Formule. Pour tout ((x, y), α) ∈ E × R, kαxk = |α|kxk, kx + yk2 = kxk2 + kyk2 + 2(x|y) (identité de polarisation), kx − yk2 = kxk2 + kyk2 − 2(x|y), kx + yk2 − kx − yk2 = 4(x|y), et kx + yk2 + kx − yk2 = 2(kxk2 + kyk2 ) (formule du parallélogramme). Théorème de Pythagore. (x|y) = 0 ⇐⇒ kx + yk2 = kxk2 + kyk2 . 1.5 Inégalités de Cauchy-Schwarz et de Minkowski Théorème. Inégalité de Cauchy-Schwarz : ∀(x, y) ∈ E 2 |(x|y)| ≤ kxkkyk. De plus, il y a égalité dans cette inégalité si et seulement si x et y sont colinéaires. Théorème. Inégalité de Minkowski, ou inégalité triangulaire. ∀(x, y) ∈ E 2 kx + yk ≤ kxk + kyk. De plus, il y a égalité dans cette inégalité si et seulement si x et y sont positivement colinéaires, c’est-à-dire si et seulement si y = 0 ou s’il existe k ∈ R+ tel que x = ky. 2 Orthogonalité Notation. E désigne toujours un espace préhilbertien. Son produit scalaire sera noté < ., . >. 2.1 Orthogonalité en dimension quelconque Définition. Soit (x, y) ∈ E 2 . x et y sont orthogonaux si et seulement si < x, y >= 0. Définition. Soit A une partie de E. L’orthogonal de A est A⊥ = {x ∈ E/∀y ∈ A sous-espace vectoriel de E. x⊥y}. C’est un Définition. Si A et B sont deux parties de E, A⊥B ⇐⇒ [∀(a, b) ∈ A × B, a⊥b]. Alors A⊥B ⇐⇒ A ⊂ B ⊥ ⇐⇒ B ⊂ A⊥ . Propriété. Soient A et B deux parties de E. Alors A ⊆ B =⇒ B ⊥ ⊆ A⊥ , (A ∪ B)⊥ = A⊥ ∩ B ⊥ , A⊥ = (V ect(A))⊥ , et A ⊆ (A⊥ )⊥ . Propriété. {0}⊥ = E et E ⊥ = {0}. Définition. Soit I un ensemble quelconque et (xi )i∈I une famille de vecteurs de E. Elle est dite orthogonale si et seulement si ∀(i, j) ∈ I 2 (i 6= j =⇒ xi ⊥xj ). Elle est dite orthonormale si et seulement si ∀(i, j) ∈ I 2 < xi , xj >= δi,j . Propriété. Une famille orthogonale sans vecteur nul est libre. En particulier, une famille orthonormale est toujours libre. Propriété. E admet une base orthonormée notée (ei )i∈I . X Supposons queX Si x = αi ei ∈ E et y = βi ei ∈ E, alors i∈I i∈I < x, y >= kxk2 = x= X αi βi , Xi∈I αi2 , i∈I X < ei , x > ei . i∈I c Eric Merle 2 MP Fénelon Programme des colles de maths Propriété. Soit (Ei )1≤i≤n n sous-espaces vectoriels de E deux à deux orthogonaux. Alors ils forment ⊥ ⊥ ⊥ M M M une somme directe que l’on note E1 ··· En = Ei . 1≤i≤n ⊥ Définition. On dit que G est un supplémentaire orthogonal de F si et seulement si E = F ⊕ G. Propriété. Un sous-espace vectoriel F de E admet au plus un supplémentaire orthogonal. C’est F ⊥ . 2.2 En dimension finie Propriété. Si E est de dimension finie, l’application E −→ x 7−→ L(E, R) est un isomorphisme. < x, . > Théorème. On ne suppose pas que E est de dimension finie. Si F est un sous-espace vectoriel de dimension finie de E, alors F ⊥ est l’unique supplémentaire orthogonal de F . De plus F = (F ⊥ )⊥ . Définition. On appelle espace euclidien tout espace préhilbertien de dimension finie. Propriété. Si F et G sont deux sous-espaces vectoriels de E supposé euclidien, alors (F ∩ G)⊥ = F ⊥ + G⊥ . Propriété. Si F est un sous-espace vectoriel de E supposé euclidien, alors dim(F ⊥ ) = dimE −dimF . Propriété. Soit e = (e1 , . . . , en ) une base orthonormée de E. Soient x et y des vecteurs de E dont les coordonnées dans la base e sont données sous forme de vecteurs colonnes notés X et Y . Alors < x, y >=t Y X =t XY. Définition. (hors programme) La matrice du produit scalaire dans la base e est égale à : mat(< ., . >, e) = (< ei , ej >) 1≤i≤n ∈ Mn (R). 1≤j≤n Formule. (hors programme) Soit e une base quelconque de E. On note Ω la matrice de < ., . > dans la base e. Soient x et y deux vecteurs de E, dont les coordonnées dans e sont X données sous la forme t t t n des vecteurs colonnes X et Y de R . Alors < x, y >= XΩY = Y ΩX = xi yj ωi,j . 1≤i≤n 1≤j≤n 2.3 Distance d’un vecteur à un sous-espace vectoriel L ⊥ Définition. Soit F un sous-espace vectoriel de E tel que F F = E. On appelle projection orthogonale sur F , la projection sur F parallèlement à F ⊥ . Dans ce chapitre, elle est notée pF . Formule. Soit F un sous-espace vectoriel de dimension finie de E. On suppose que F est muni d’une n X base orthonormée e = (e1 , . . . , en ). Alors, pour tout x ∈ E, pF (x) = < ei , x > ei . i=1 Définition. Si a, b ∈ E, on appelle distance de a à b la quantité d(a, b) = ka − bk. Définition. Si a ∈ E et si B est une partie non vide de E, on appelle distance de a à B la quantité d(a, B) = inf {d(a, b)/b ∈ B}. Théorème de la projection orthogonale : soient a ∈ E et F un sous-espace vectoriel de dimension finie de E. Alors, d(a, F ) = d(a, pF (a)) et pour tout y ∈ F \ {pF (a)}, d(a, y) > d(a, F ). De plus, kak2 = kpF (a)k2 + d(a, F )2 et, si (e1 , . . . , en ) est une base orthonormée de F , on dispose n X 2 de l’inégalité de Bessel : kak ≥ < ei , a >2 . i=1 Propriété. On suppose que E est de dimension finie n ≥ 1. Soit H un hyperplan affine de E, passant par un point A et dirigé par l’hyperplan vectoriel H : c Eric Merle 3 MP Fénelon Programme des colles de maths −−→ − |<→ n , AM > | − Si → n est un vecteur non nul de H ⊥ , pour tout M ∈ E, d(M, H) = . − k→ nk n X Si H a pour équation cartésienne αi xi = c dans un repère orthonormé, | pour tout M ∈ E, d(M, H) = n X i=1 αi xi − c| i=1 v uX u n 2 t αi , où (x1 , . . . , xn ) sont les coordonnées de M dans le repère. i=1 2.4 Procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt Théorème. Orthonormalisation de Gram-Schmidt. Soient n ∈ N∗ et (xk )k∈{1,...,n} une famille libre de vecteurs de E. Alors il existe une unique famille orthonormale de vecteurs (ek )k∈{1,...,n} telle que, pour tout k ∈ {1, . . . , n}, i) ek ∈ V ect(x1 , . . . , xk ) ii) et < ek , xk >∈ R∗+ . De plus, pour tout k ∈ {1, . . . , n}, ek est positivement colinéaire à la projection orthogonale de xk sur l’orthogonal de V ect(x1 , . . . , xk−1 ). C’est-à-dire que la famille (ek )k∈{1,...,n} est récursivement définie par les relations suivantes : k−1 ek = X Ek , où Ek = xk − < ei , xk > ei . kEk k i=1 Ce théorème est aussi valable pour une famille libre dénombrable (xk )k∈N∗ de vecteurs de E. Propriété. Interprétation matricielle du procédé d’orthonormalisation de Gram-Schmidt. Soient n ∈ N∗ et x = (xk )k∈{1,...,n} une base de E. Alors il existe une unique base orthonormée e = (e1 , . . . , en ) de E telle que la matrice de passage de e vers x est triangulaire supérieure, ses coefficients diagonaux étant de plus strictement positifs. Propriété. Supposons que E est de dimension finie. E admet au moins une base orthonormée. Toute famille orthonormale de E peut être complétée en une base orthonormée. Corollaire. Hors programme. Soit u ∈ L(E) tel que χu est scindé. Alors u est trigonalisable en base orthonormale. c Eric Merle 4 MP Fénelon