Prise en charge diététique des effets secondaires des traitements du

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Fiche nutrition
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Prise en charge diététique
des effets secondaires
des traitements du cancer
GINETTE
ROSSIGNOL
Diététicienne
IGR Villejuif
alimenter est un besoin vital. Si le repas est un acte quotidien, indispensable, il doit être également source de plaisir et de bien-être. La diététique, science de «l’hygiène alimentaire» (Larousse) permet au bien-portant de tirer le meilleur profit de son alimentation. Dans certaines pathologies,
elle peut être à visée curative.
Les traitements, chimiothérapie, radiothérapie ou hormonothérapie, vont entraîner de nombreuses conséquences. Les difficultés d’alimentation liées aux effets
secondaires ont un retentissement important sur l’état nutritionnel des patients.
L’alimentation doit faire partie du traitement et les conseils alimentaires sont fondamentaux.
S’
Les besoins nutritionnels
Ils varient en fonction de l’âge, de la taille, du poids, de l’activité physique, et sont
généralement modifiés, voire majorés par la maladie, le stress...
Les nutriments sont les différents éléments de base nécessaires à notre organisme,
contenus en proportion variable dans les aliments :
- les protéines
- les glucides
- les lipides
- les vitamines et minéraux
Il existe sept grandes familles d’aliments:
• lait et produits laitiers (riches en protéines et calcium)
• viande, poisson, œuf (riches en protéines et fer)
• légumes et fruits (riches en vitamines et fibres)
• féculents (riches en glucides, protéines, fibres, minéraux,
vitamines du groupe B)
• corps gras (riches en lipides et vitamines A, D et E)
• sucre et produits sucrés (sources de glucides d’absorption rapide)
• boissons : seule l’eau est indispensable.
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L’équilibre alimentaire
L’équilibre alimentaire repose sur la diversification des apports. Manger équilibré, c’est manger de tout en quantité suffisante et raisonnable.
Pour notre équilibre nutritionnel, il faut puiser tous les jours dans chacune de ces
familles.
L’annonce du diagnostic, la maladie ont une incidence sur l’état psychologique
des patients qui vont généralement modifier leur comportement alimentaire.
Cela se traduit par une diminution des apports alimentaires (angoisse, anxiété...)
ou une augmentation des apports alimentaires (grignotage pour compenser l’angoisse...).
L’hospitalisation ou des venues fréquentes à l’hôpital pour des soins (radiothérapie quotidienne, chimiothérapie en ambulatoire par exemple) et/ou les effets
secondaires des traitements vont modifier les habitudes alimentaires. A cela
s’ajoute souvent une diminution, voire l’arrêt de l’activité physique.
Il est important de connaître et de tenir compte de tous ces éléments pour donner des conseils alimentaires aux patients.
Les effets secondaires liés aux différents
traitements
Seule la chirurgie a peu d’incidence sur le plan alimentaire. La chimiothérapie
et la radiothérapie sont à l’origine de nausées, vomissements, modification du
goût, diarrhée, constipation, perte ou prise de poids. Tous ces symptômes vont
modifier la prise alimentaire.
L’hormonothérapie entraîne généralement une prise de poids pouvant être
importante et rendre difficile la poursuite de la prise en charge thérapeutique
(reconstruction mammaire par exemple).
Prise en charge diététique de ces effets secondaires
• Nausées-vomissements
Les vomissements répétés sont responsables de déshydratation, de perte de
nutriments et d’électrolytes. Ils peuvent être déclenchés par la seule vue, l’odeur
ou l’ingestion des aliments.
Conseils :
- fractionner l’alimentation, boire plutôt entre les repas, éviter sauces, fritures,
mets épicés,
- éviter les odeurs fortes, préférer les plats froids, avoir recours à des plats tout
prêts,
- privilégier le petit déjeuner qui est le repas généralement le mieux accepté,
- sucer des bonbons mentholés pendant l’administration des produits,
- éviter de faire les bains de bouche immédiatement après les repas,
- ne pas forcer à consommer un aliment habituellement préféré, qui ne fait pas
envie.
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• Asthénie-perte d’appétit
L’asthénie, la perte d’appétit, voire l’anorexie ont pour conséquence une perte de poids et
une moindre réponse aux traitements. La dénutrition est une porte ouverte aux infections.
Conseils
- entourer et encourager le patient, surveiller son poids,
- proposer de petites quantités, multiplier les repas, soigner particulièrement la
présentation,
- diversifier l’alimentation, sélectionner des mets appréciés qui demandent peu
d’efforts de mastication,
- si la personne est seule, avoir recours à des plats tout prêts,
- avoir recours aux compléments nutritionnels, sans attendre une perte de poids
trop importante,
- si possible, échelonner la prise de médicaments au cours du repas.
• Mucite
L’inflammation de la bouche, les aphtes provoquent des douleurs et empêchent
une alimentation normale.
Conseils :
- éviter les aliments trop acides, les épices et condiments,
- éviter les plats trop salés ou trop sucrés, trop chauds ou trop froids,
- consommer des aliments mous, au besoin préférer une alimentation lactée parfois liquide,
- avoir recours aux compléments nutritionnels.
• Diarrhée
La diarrhée, caractérisée par des selles liquides, entraîne une importante perte
d’eau et de minéraux
Conseils :
- boire en grande quantité pour compenser les pertes en évitant le café fort, les
boissons glacées, certaines eaux type Hépar®, Contrex® (plutôt laxatives),
- supprimer les jus de fruits, les fruits et légumes (sauf carottes cuites), le lait et
les laitages, le pain, les biscottes ou les céréales complètes,
- consommer des céréales raffinées, carottes cuites, pomme de terre vapeur, gelée
de fruit, pâte de coing, pomme râpée crue, compote coing-pomme,
- remplacer le lait par un lait sans lactose,
- éviter les matières grasses cuites.
• Constipation
Certains médicaments peuvent entraîner une constipation opiniâtre, parfois même
une sub-occlusion, voire une occlusion.
Conseils :
- boire en grande quantité, prendre un verre d’eau ou de jus de fruits le matin à jeûn,
- augmenter les aliments riches en fibres, et introduire progressivement et selon
tolérance les aliments complets,
- éviter une trop grande sédentarité.
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• Modification du goût
La modification du goût entraîne une diminution, voire une perte du désir et du
plaisir de manger, d’où une perte d’appétit et un état d’anorexie.
Conseils :
- encourager le patient,
- stimuler l’appétit en insistant sur le choix des aliments, les couleurs,
- soigner la présentation des plats,
- essayer de repérer les aliments qui majorent le «mauvais goût» et les éviter.
• La prise de poids
Elle est généralement liée à l’hormonothérapie. Une consultation diététique
est nécessaire pour analyser le comportement alimentaire, évaluer les apports
et les besoins, connaître les habitudes alimentaires, repérer et corriger les principales sources d’erreurs, écouter et déculpabiliser.
Conseils:
- corriger les erreurs alimentaires, en tenant compte des habitudes, du milieu
socio-économique,
- expliquer les principes d’une alimentation normale équilibrée,
- recommander un régime hypo-calorique si besoin,
- indiquer les aliments à consommer quotidiennement, ceux dont la consommation doit être contrôlée ou peut être augmentée,
- insister sur la place de l’apport hydrique,
- donner des idées de recettes.
Conclusion
Devant la multitude des effets secondaires, liés aux différents traitements, il est
important de donner des conseils alimentaires personnalisés et adaptés aux
patients dès le début de leur traitement. Il est évident que ces recommandations ne remplacent pas les traitements médicaux (anti-émétiques, anti-diarrhéiques, laxatifs, etc.), mais sont complémentaires.
L’objectif est de minimiser les effets secondaires et de maintenir, voire d’améliorer, l’état nutritionnel des patients.
Une bonne prise en charge diététique initiale et un suivi alimentaire permettent une meilleure tolérance aux traitements et une amélioration de la qualité
de vie.
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