ou de toute pratique, mais de tenir compte des
comportements et des savoir-faire déjà existants,
selon les méthodes bien connues de la pédago-
gie pour adultes : pédagogie par objectifs, travaux
sur les représentations des apprenants, démar-
ches d’appropriation fondées sur la dynamique
de groupe.
Dans les groupes de formation médicale conti-
nue, ces méthodes sont des moteurs essen-
tiels [5]. Un très grand nombre de médecins par-
ticipent ou ont participé à des formations initiales
ou continues utilisant ces techniques pédagogi-
ques visant à améliorer les compétences des ap-
prenants. Il reste aujourd’hui surprenant que des
techniques et des méthodes largement répan-
dues dans le monde de la formation profession-
nelle ne soient pas intégrées à la pratique profes-
sionnelle elle-même quand il s’agit de former les
patients. Certes, il n’est pas habituel qu’un pro-
fessionnel libéral regroupe quelques-uns de ses
patients souffrant d’une même pathologie pour
mettre en place des groupes d’éducation. Certes,
les techniques dont nous parlons sont des tech-
niques de groupe, et l’essentiel de la pratique mé-
dicale se fait en face à face, dans un entretien
singulier. Mais pourquoi les professionnels de
santé n’ont-ils pas eux-mêmes développé des
compétences pour mettre en œuvre en face à
face des techniques de pédagogie actives cen-
trées sur l’acquisition de compétences [5] ?
Du médecin qui sait au médecin
qui aide le patient à développer
son autonomie...
Pourquoi les professionnels de santé sont-ils
aussi indifférents, voire réticents, à la pratique de
l’éducation thérapeutique ? Plusieurs réponses
sont possibles :
•L’éducation thérapeutique n’est pas ou peu
enseignée en formation initiale, et les stages
hospitaliers ne sont le plus souvent que des
contre-exemples, témoins du pouvoir médical et
de la circulation descendante de l’information.
•Les formations à l’éducation thérapeutique
en face à face sont peu nombreuses, voire
inexistantes. Aujourd’hui, c’est l’éducation thé-
rapeutique de groupe qui est privilégiée dans les
différentes formations proposées aux profession-
nels. Il est vrai que la plupart des évaluations po-
sitives de l’éducation thérapeutiques portent sur
des actions de groupe. Mais des techniques de
face à face ont montré leur efficacité [6].
•Il est vrai aussi qu’aujourd’hui, de nom-
breux services hospitaliers et réseaux prati-
quent l’éducation thérapeutique de groupe,
alors que très peu d’expériences en ville en face
à face sont publiées [6].
•De nombreuses actions de formation médi-
cale continue intègrent des séquences consa-
crées à l’éducation thérapeutique, mais la
transposition à la pratique de soins ne paraît
pas évidente. C’est sans doute le manque de
durée de ces séquences qui ne permet pas une
mise en œuvre facile. L’éducation thérapeutique
est avant tout une attitude, une ouverture vers
l’écoute, le développement de l’autonomie du pa-
tient, la mise en retrait du professionnel pour lais-
ser le patient s’exprimer et l’aider à s’approprier
une nouvelle stratégie.
Une pratique dont l’objectif affiché est l’autono-
mie du patient se situe à l’opposé de ce qui est
enseigné en formation initiale, où le médecin est
celui qui sait, qui interroge, qui « ordonne », qui
prend la « bonne » décision « pour » le patient.
La déformation initiale dure 10 ans, ce n’est pas
en quelques minutes que ces années de condi-
tionnement peuvent être contrebalancées.
53février 2009MÉDECINE
09-03-02119160-PAO
L : 219.992
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