Dermato Mag - N°1 - janvier - février - mars - 2014 23
Web
Vie professionnelle
Éric Tisserand
Chamalières
De plus en plus de patients arrivent avec
des idées préconçues, et il n’est pas tou-
jours facile de procéder à un examen
normal : il faut « déconstruire » l’auto-
diagnostic et cela alourdit la consulta-
tion, ce qui est parfois mal accepté par le
médecin.
L’information médicale, comme les
autres, dépend de celui qui l’écoute.
Effets positifs de l’information médicale
en ligne
Malgré tous ces inconvénients, l’infor-
mation médicale en ligne a de nombreux
intérêts.
Internet permet de faire tomber des
tabous (dysfonctionnement érectile,
incontinence féminine), rassure. Le
patient se sent moins seul en apprenant
que sa pathologie est répandue (impor-
tance des forums de patients).
Traditionnellement, le patient s’expri-
mait très peu au cours d’une consulta-
tion. La possibilité de s’informer sur
Internet lui permet désormais de prépa-
rer sa consultation et ses questions. Le
rôle du médecin est de faire le tri dans
ces informations. La relation pendant la
consultation se trouve ainsi enrichie.
Après la consultation, le patient est
capable d’interpréter les mots du méde-
cin. Il sera dès lors un patient plus actif
et davantage acteur dans sa maladie. Cela
constitue un virage majeur dans la rela-
tion médecin-patient.
Les forums de patients sont très nom-
breux et leur contenu dépend beaucoup
du modérateur ; ils peuvent être eux
aussi « infiltrés ».
Qualité de l’information médicale
en ligne
La charte HON (Health On Net), en
accord avec la HAS (Haute Autorité de
Santé) propose une certification gratuite
des sites français.
Cette certification est basée sur l’indica-
tion des origines des sources d’informa-
tion, des références scientifiques, des
dates de rédaction des articles, le but
du site, le respect de la confidentialité,
le financement, la publicité et la poli-
tique éditoriale (pas de publicité dégui-
sée).
Internet et la relation
médecin-patient
Pour les patients, les sources d’informa-
tion de santé sont les médecins (89 %),
Internet et les proches (64 %), les phar-
maciens (63 %), les émissions de santé à
la télévision (55 %), les magazines santé
et les livres spécialisés (33 %).
Les sources auxquelles le patient fait le
plus confiance : médecin 90 %, pharma-
cien 40 %, Internet et proches 17 %.
71 % des patients consultent Internet
pour chercher une information pour lui-
même ou un proche, pour avoir des
informations, pour mieux comprendre le
diagnostic du médecin, vérifier l’exacti-
tude du diagnostic du médecin dans 9 %
des cas !
74 % des utilisateurs jugent l’informa-
tion fiable, 61 % la trouvent rassurante,
mais 71 % ne savent pas faire la diffé-
rence entre les sites certifiés et les autres
(charte HON) et 65 % ne disent pas aux
médecins qu’ils « consultent » Internet.
Impact sur la relation médecin-patient
Les patients qui consultent Internet
trouvent que cet apport est constructif
(36 %), améliore le dialogue (36 %), crée
un dialogue franc (30 %) et harmonieux
(25 %).
La confiance dans leur médecin est
inchangée (5 %), améliorée (10 %), dimi-
nuée (4 %).
Qu’en est-il de la consultation du blog
ou du site internet de son médecin ?
62 % consulteraient le site et 37 % refu-
seraient (21 % certainement pas). Le but
d’un tel site est de prolonger la consulta-
tion.
L’internaute néophyte en matière de
santé sur Internet n’est pas conscient de
la variabilité de la qualité des informa-
tions qu’ils y trouvent. Cependant 61 %
estiment que « Internet, c’est plus de
transparence et de démocratie ».
La grande majorité des professionnels
de santé serait favorable à l’idée de
« prescrire » de l’information médicale
en conseillant des sites de qualité.
Risques de l’information médicale
en ligne
Ils concernent le respect des personnes
et de la confidentialité des données per-
sonnelles : la rapidité des échanges
limite le temps de la réflexion et peut
contribuer à la propagation de fausses
nouvelles voire de rumeurs qui « enflam-
ment la Toile ». Il existe aussi, bien sûr,
une déviation mercantile de sites de
pseudo-information.
La consultation des sites est anxiogène
(situations dramatiques, témoignages de
patients, information peu pertinente), les
moteurs de recherche ont tendance à
référencer en priorité les maladies
graves. Il faut également se méfier des
articles colporteurs de mauvaises nou-
velles (intérêt marketing).
Internet véhicule l’information médicale en ligne, ainsi (selon un sondage Ifop
2012 [1]) :
– 73 % des Français disent ne pas pouvoir se passer d’Internet dans la vie de
tous les jours.
– 80 % utilisent Internet, dont plus de 50 % des plus de 65 ans.
– 85 % des internautes se connectent tous les jours.
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