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Simeonov de Gallup International, Boris
Popivanov de l’institut Ivan Hadjiïski et
Dimitar Betchev, analyste et professeur
d’université, interrogés par la journaliste
Polina Paounova de Mediapool.
D’une part, c’est plutôt normal, car les
migrants constituent une nouvelle donne
pour la Bulgarie, alors que les autres sujets
sont connus depuis des décennies (Parvan
Simenov). Cependant, il serait dommage
que ces sujets soient répartis entre les
différentes formations politiques en
fonction de leurs projets électoraux
respectifs. Des questions aussi sensibles
que les réfugiés, les migrants et la sécurité
ne doivent pas devenir l’otage de positions
populistes et nationalistes. Il n’y a pas de
raison pour que les formations de droite et
du centre-droit ne puissent pas formuler de
politiques intéressantes, sensées et
appropriées sur la base du droit
international et des intérêts nationaux. Et il
n’est pas normal que la sécurité soit
l’apanage des généraux, de la gauche, des
nationalistes et partiellement du GERB, et
que la lutte contre la corruption et la
réforme judiciaire soit celui de la droite
(Boriana Dimitrova).
En effet, la classe politique se limite à
brandir de manière superficielle le thème
de la crise des réfugiés pour insinuer la
peur et démontre son incapacité de gérer
problème en profondeur (Boris
Popivanov). Ces menaces imaginaires
détournent l’attention des vrais problèmes.
Le silence au sujet des milliards emportés
dans le naufrage de la KTB est sidérant
dans un contexte où l’on brandit les
subsides que Jean-Claude Juncker a eu la
bienveillance d’octroyer pour sauver la
Bulgarie et l’UE d’une invasion
imminente. Les abus à propos de la KTB et
des millions engloutis de la centrale
nucléaire de Belene « mettent la trouille » à
Borissov à l’approche des élections
(Dimitar Betchev).
Mais ces nouvelles priorités de « situation
de guerre » ne risquent-elles pas devenir le
cœur de la campagne électorale ? Certes,
une présentation apocalyptique de la crise
des réfugiés ne peut qu’alimenter les idées
nationalistes et populistes. En même
temps, c’est une réalité qui perdurera
pendant des années et influencera les
problèmes de politique intérieure. Tenter
donc de l’occulter en l’abandonnant aux
nationalistes serait funeste (Boriana
Dimitrova). En dehors des nationalistes,
ces « nouvelles priorités » font surtout
l’affaire, en l’occurrence, des gouvernants
actuels et de Boïko Borissov (Parvan
Simeonov). Le premier ministre a consenti
beaucoup d’efforts pour se présenter
comme le seul garant de la sécurité de la
Bulgarie. Brandir des menaces à ce sujet
lui permet de se mettre en avant comme
l’incontournable sauveur. Cependant, les
solutions qu’il apporte ne représentent que
des pas incohérents, des compromis, de la
communication, des promesses, qui
trahissent surtout son ambition « de plaire
à tous les chefs » (Boris Popivanov). Il ne
serait pas étonnant que le thème du
contrôle de la frontière et des réfugiés
gagne en vitesse pendant la campagne
électorale afin de permettre au GERB
d’attirer vers lui une partie de l’électorat du
Front patriotique (Dimitar Betchev).
Relevant de la politique étrangère, cette
problématique n’est pas comprise par le
Bulgare ordinaire, obnubilé par les
publications médiatiques (Parvan
Simeonov et Poriana Dimitrova). Les
études démontrent que les peurs des gens
se renforcent proportionnellement à
l’intensité des publications. Cependant, la
bonne nouvelle, c’est que les Bulgares,
bien qu’inquiets, ne se radicalisent pas,
leur instinct se substituant à l’absence
d’informations (Boriana Dimitrova) où à la
désinformation. Dans les conditions
médiatiques qui prévalent, il est en tout état
de cause impossible que les Bulgares aient
une opinion informée, assènent Boris
Popivanov et Dimitar Betchev.
Dans un tel contexte, exagérer des menaces
dans les messages que feraient passer les