Soit f : R −→ R une fonction dérivable. Pour tout a et h, il existe θ ∈ [0 , 1] tel que f (a + h) − f (a) = hf 0 (a + θh). (∗) a) Prouver que f est un polynôme de degré au plus 2 si θ ne dépend ni de a ni de h. b) Même question en supposant que f est quatre fois dérivable. *** a) On remplace h par −h dans (∗) puis a par a + h : f (a + h) − f (a) = hf 0 (a + (1 − θ)h). (1) Les relations (∗) et (1) impliquent hf 0 (a + θh) = hf 0 (a + (1 − θ)h) (2) pour tous a et h. Les nombres x = a + θh et y = a + (1 − θ)h peuvent prendre x−y toute valeur de R pour un choix approprié de a et h si θ 6= 21 . En effet, h = 2θ−1 x−y et ce choix de a et h donne les valeurs voulues pour x et y. On et a = x − θ 2θ−1 peut donc réécrire la relation (2) sous la forme f 0 (x) = f 0 (y) pour tous x et y, autrement dit, f 0 est une fonction constante, f 0 = B et f (x) = C + Bx. On suppose maintenant que θ = 21 . La relation (∗) s’écrit alors f (a + h) − f (a) = hf 0 a + h2 . (3) On remplace dans cette relation h par −h pour obtenir f (a − h) − f (a) = −hf 0 a − h2 (4) et h par 2h puis a par a − h pour obtenir f (a + h) − f (a − h) = 2hf 0 (a). (5) La combinaison (4)+(5)-(3) donne f 0 a + h2 + f 0 a − h2 = 2f 0 (a). x+t , 2 On fait dans cette relation la substitution (i) a = f 0 (x + t) + f 0 (0) = 2f 0 et la substitution (ii) a = x+t , 2 h=x+t : x+t 2 h=x−t : f 0 (x) + f 0 (t) = 2f 0 x+t 2 . On a donc f 0 (x + t) + f 0 (0) = f 0 (x) + f 0 (t). (6) 0 0 0 0 On pose ϕ(t) = f (t) − f (0) = f (x + t) − f (x) pour tout x (d’après (6)). On a alors (f (x + y) − f (x)) − (f (y) − f (0)) = yf 0 x + y2 − yf 0 y2 (d’après (3)) = y(f 0 (x) − f 0 (0)) (d’après (6)) = yϕ(x) (par définition de ϕ) = xϕ(y) (par symétrie.) = ϕ(y) pour tous x et y non nuls et ϕ(x) = Kx. Donc, par définition Ainsi, ϕ(x) x y 0 de ϕ, f (x + t) − K(x + t) = f 0 (x) − Kx pour tout t et f 0 (x) − Kx est constant : 2 f 0 (x) = B + Kx ou f (x) = K x2 + Bx + C. b) On dérive (∗) r fois par rapport à h (avec la formule de Leibniz) pour obtenir f (r) (a + h) = hθr f (r+1) (a + θh) + rθr−1 f (r) (a + θh). On prend alors h = 0, ce qui donne f (r) (a) = rθr−1 f (r) (a). Ici, θ est fixé, a parcourt R et r ≤ 3. r=1 ⇒ f 0 (a) = f 0 (a) (rien de nouveau), r=2 ⇒ f 00 (a) = 0 pour tout a ou 2θ = 1, r=3 ⇒ f 000 (a) = 0 pour tout a ou 3θ2 = 1. Si 3θ2 = 1, alors 2θ 6= 1 et f 00 (a) = 0 pour tout a, ce qui implique f 000 (a) = 0 pour tout a. On a donc dans tous les cas f 000 (a) = 0 pour tout a et f est un polynôme de degré au plus 2. Source : A.R. Rajwade, A.K.Bhandari, Surprises and Counterexamples in Real Function Theory, Hindustan Book Agency, 2007 (suivant T.W. Chaundy, On the formula of the mean, Math. Gaz., 34 (1950), 219-220).