Le th´eor`eme de Wedderburn
Mars 2005
1 Rappels sur les actions de groupes
On consid`ere ici un groupe Gnot´e multiplicativement. Si Xest un ensemble
quelconque, une action de Gdans Xest une application G×XX, (g, x)7−
g.x v´erifiant :
1. g, g0G, xX, g.(g0.x) = (gg0).x,
2. xX, x.1 = x.
On dit que le groupe Gagit sur X. A une telle action correspond une relation
Rd’´equivalence dans Xd´efinie par
xRy⇒ ∃gG, y =g.x.
On note ω(x) la classe d’un ´el´ement xXet on l’appelle l’orbite de x, on
a donc ω(x) = {g.x X, g G}. Les classes d’une relation d’´equivalence
formant une partition de l’ensemble consid´er´e, on peut consid´erer pour chaque
orbite ωun tXtel que ω=ω(t) ; l’ensemble Tde ces test une transversale.
On a donc
X=[
tT
ω(t),
cette r´eunion ´etant disjointe.
On v´erifie facilement que l’ensemble Gx={gG, g.x =x}des ´el´ements
glaissant invariant xXest un sous-groupe de Gappel´e stabilisateur de x.
On peut maintenant ´enoncer le r´esultat suivant, connu sous le nom d’´equation
aux classes.
Proposition 1 Soit Gun groupe fini agissant sur un ensemble fini Xet soit
Tune transversale. Alors on a l’´equation aux classes
|X|=X
tT
ω(t) = X
tT
|G|
|Gt|.(1)
1
2
DEMONSTRATION : La premi`ere ´egalit´e est claire (puisque les orbites forment
une partition). Nous voulons montrer maintenant ω(t) = |G|/|Gt|.
Soit x=g0.t un ´el´ement de l’orbite ω(t). L’ensemble des gtels que x=g.t
est la classe `a gauche g0Gt. Elle a mˆeme cardinal que Gt. Regroupons tous les
´el´ements de Gqui appliquent tsur un mˆeme ´el´ement xde ω(t). On partage
ainsi Gen |ω(t)|parties disjointes qui ont toutes pour cardinal |Gt|. On a donc
|G|=|Gt|.|ω(t)|.2
On consid`ere maintenant le cas o`u l’ensemble Xest le groupe Get on
d´efinit une action de Gsur lui-mˆeme par
x, y G, x.y =xyx1.
On dit alors que Gagit sur lui-mˆeme par automorphisme inerieur.
Pour cette action, le stabilisateur de xGest l’ensemble des ´el´ements qui
commutent avec x:Gx={yG, xy =yx}.
Soit Tune transversale et Pl’ensemble des tTtels que ω(t) soit r´eduit
au singleton {t}. Autrement dit Pest le centre Z(G) de G, c’est-`a-dire {x
G, yG, xy =yx}. La formule 1donne alors imm´ediatement
|G|=|Z(G)|+X
tT\P
|G|
|Gt|.
2 Le th´eor`eme de Wedderburn
La derni`ere formule de la section pr´ec´edente va nous aider `a d´emontrer le
Th´eor`eme 2 (Wedderburn) Tout corps fini est commutatif.
DEMONSTRATION : Soit Kun corps fini de centre Z(K) = {xK, y
K, xy =yx}. Il est clair que Zest un sous-corps de Ket en tant que tel,
Kest muni d’une structure de Z-espace vectoriel de dimension finie n. En
d´enombrant ses bases, on voit tout de suite que |K|=qno`u qest le cardi-
nal de Z. Le th´eor`eme sera d´emontr´e lorsqu’on aura prouv´e que n= 1 ; le
raisonnement qui suit suppose que n > 1.
Faisons agir le groupe multiplicatif Ksur lui-mˆeme par automorphisme
inerieur. Pour xK, on note ω(x) son orbite et Stab(x) = {yK, xy =
yx}son stabilisateur.
On v´erifie que Stab(x)∪ {0}est un sous-corps de Kcontenant Zet donc pour
les mˆeme raisons que ci-dessus, il existe un entier d(x) tel que |Stab(x){0}| =
qd(x), c’est-`a-dire tel que |Stab(x)|=qd(x)1. De plus, il existe ktel que
|K|=|Stab(x)|k=qd(x)k=qnet c’est donc que d(x) divise n. Il vient par
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3
l’´equation aux classes
|ω(x)|=|K|
|Stab(x)|=qn1
qd(x)1.
Soit Φnle ni`eme polynˆome cyclotomique d´efinit par
Φn(X) = Y
ξn
(Xξ)
o`u ∆nest l’ensemble des racines ni`eme primitives de l’unit´e. On rappelle que
Φnest un polynˆome unitaire `a coefficients entiers et qu’on a la formule
Xn1 = Y
m|n
Φm(X).
Puisque d(x) divise n, cette formule entraˆıne
|ω(x)|=Qm|nΦm(q)
Qm|d(x)Φm(q)=Y
m|n
m6|d(x)
Φ(q).
En particulier pour d(x)6=n, on voit que Φn(q) divise ω(x).L’´equation aux
classes nous donne
|K|=|Z|+X
xT
|ω(x)|
o`u Test une transversale ne contenant pas les ´el´ements dont l’orbite est ponc-
tuelle. Cette formule s’´ecrit aussi
qn1 = q1 + X
xT
qn1
qd(x)1.
Mais dire que xest dans Timplique que d(x)6=nde sorte que Φn(q) divise
chaque terme de la somme et puisqu’il divise aussi qn1,
Φn(q)|q1.(2)
Si ξd´esigne une racine ni`eme primitive de l’unit´e, un calcul simple donne
|Φn(q)|=
Y
mn
mn=1
(qξm)
>(q− |ξm|)ϕ(n)q1
o`u on a not´e ϕla fonction d’Euler. Cette derni`ere in´egalit´e combin´ees avec 2
fournie la contradiction rechercee. 2
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