S ÉMINAIRE N. B OURBAKI A LBRECHT D OLD Les foncteurs dérivés d’un foncteur non-additif Séminaire N. Bourbaki, 1958-1960, exp. no 170, p. 19-25 <http://www.numdam.org/item?id=SB_1958-1960__5__19_0> © Association des collaborateurs de Nicolas Bourbaki, 1958-1960, tous droits réservés. L’accès aux archives du séminaire Bourbaki (http://www.bourbaki. ens.fr/) implique l’accord avec les conditions générales d’utilisation (http://www.numdam.org/legal.php). Toute utilisation commerciale ou impression systématique est constitutive d’une infraction pénale. Toute copie ou impression de ce fichier doit contenir la présente mention de copyright. Article numérisé dans le cadre du programme Numérisation de documents anciens mathématiques http://www.numdam.org/ Séminaire BOURBAKI (Décembre 1958) LES FONCTEURS DÉRIVÉS D’UN FONCTEUR NON-ADDITIF par Albrecht DOLD Soient e C. -~ C’un T : e’ resp. la foncteur resp. ’-modules (à gauche) catégorie des A(covariant). Si T nissent les foncteurs dérivés (gauches) Lq additif, CARTAN-EILENBERG [1 ] défi- est T et T de en utilisant les faits suivants : I. Chaque A ~ C possède ont même des résolutions La et deux telles résolutions type d’homotopie. prolongement de T à la catégorie C’conserve la relation d’homotopie. II. Le resp. projectives des complexes (de chaînes) dans C plus vraie pour les foncteurs non-additifs quoique le toujours possible si T vérifie seulement T(0) = 0 . Par propriété (II) n’est prolongement soit contre, il est facile de voir que le prolongement d’un T arbitraire aux FD-complexes conserve la relation de FD-homotopie. L’analogue de (I) pour la FD-catégorie est aussi vrai et résulte d’une équivalence entre "complexes" et "FD-complexes", qu’on expliquera ci-dessous (paragraphe 3). Ceci permet de définir n) les foncteurs dérivés d’un T arbitraire ([3]). Par exemple, les groupes d’EILENBERGMACLANE ~4 ~~ ou .les groupes. d’homologie des produits symétriques, cycliques etc. (des polyèdres, voir ~ 2 ~) s’expriment ainsi comme foncteurs dérivés de certains foncteurs non-additifs. Les définitions et résultats 1. et FD-complexes Un FD-complexe teurs de face et de satisfaisant aux se généralisent catégories abéliennes ([6]). FD-homomorphismes. K dans e est une suite de modules dégénérescence identités usuelles FD-homomorphisme F phismes~ compatibles avec K EC (les FD-identités; [4J). chaînes d’un complexe semi-simplicial forment Un aux K1 ~ K2 est les ai et si . : 19 une un munie des Par exemple, opéra- les FD-complexe. suite F : K1 ~ K2 d’homomor- Les modules H*(K) = ~2 ~ ~0 ~ Soit T : C C’ ° ° q=0 ° se définissent avec ° foncteur covariant. Alors IK FD-complexe (dans opérateurs de face et de dégénérescence sont T(à ) 6t T(s ) ; en particulier, T (K ) . Définition analogue pour les FD-homomorphismes : (TK) On dit T(F ) . (TF) prolongé T à la FD-catégorie. On notera que @’ ) + un sera le dont les = qu’on a = q q l’opérateur bord dans T(à) TK et non, en général, (É (~ i )~ é~ ) * T ° FD-homotopie ([ 2 ]) . 2. Soit I la FD-complexe, sur les entiers Z, complexe semi-simplicial. Le Z-module q-simplexes du segment (ils sont tous comme du I segment, qu’on considère les Sommets forment e0 , ei @ le produit cartésien x K) q = I q à, ài ,o i sont à~ Kq , et s . I x et les e j 2 ,1 Définition. - Une Une K base de est un opérateurs possède comme base > 1 ) . En particulier; est libre et q dégénérés si les (I est 03A3(-1)i T(~i) q Pour chaque FD-complexe K dans FD-complexe dans Q , On a Io. de face et de dégénérescence I de x K s .. j FD-homotopie est un FD-homomorphismes F0 , F : K - K’ existe Une FD-homotopie ° telle que a et 1 e K 0 , 1 . Définition usuelle q q Deux 0 : FD-homomorphisme x (FD)-homotopes, F0 ~ sont 8SÉei> aq> F aq> de = 1 ° K - K’ . F1 , s ’il pour tout = l’homotopie-équivalence F K Q Ki , ’Fi Soit T : @ - C’ un foncteur covariant. sont des FD-homomorphismes homotopes, alors, 2.2. Proposition. - F1 : K + K’ TF1 : TK - TK’ équivalents, TK, DÉMONSTRATION. - d’où un .TK’ Pour homomorphisme sont homotopes. En particulier, si K , K’ Si sont homotopie- le sont aussi. chaque simplexe qé I on a un q homomorphisme canonique q-simplexe de I , a ~ T(Kq) . On vérifie que les FD-homomorphisme 03C4 : I x (TK) -’r T(I x K ) ; de plus, si F~ =’ une homotopie l’homomorphisme composé 6 forment 03C4 q un 03B8 : 1 x un K ~ K’ est Fl , est TF ~ TF . homotopie une 3.1 Définition. - Soit K complexe) est réduit à forment son J 1(J) ([ 5 ~ ~ 2 ~) . (NK) noyau = a~ . = F : K --~ K’ associe, on par restriction de F ~ un NK 2014~- NK’ .. : foncteur additif. On un complexe Soit chaînes un chaque FD-homomorphisme homomorphisme de chaînes NF est de FD-complexe. Les modules un A N complexes sous-complexe de chaînes NK (pas un sous-FDK, qui s’appelle le complexe normal de K. L’opérateur-bord dans (ai : Kq ~ K 9" 1) de NK et FD-complexes 3. Equivalence entre va voir que K est complètement déterminé par normal. (jl ’ j2 , ... jn) = n co, n > 0. une suite Si pour tout i,j~q-i, de longueur elle définit un homomor- d’entiers ± 0 , phisme c’est un l’est parce que chaque (à. J sj monomorphisme, ’1 suite est q-admissible si pour tout = identité) ; donc J (les suites q-admissibles de longueur quement aux applications monotones surjectives tre 1~ 3). Ceci dit, on a et ji > ji+1 3.2 Proposition. s’étend sur Kq (NK) + ~-j DEMONSTRATION par récurrence K avec = noyau (ô : K correspondant biunivo[4], I, chapi- (somme directe) ; = toutes les suites n la somme q-admissibles. sur - q . - K~); A les K on associe un opérateurs nouveau de face et de FD-complexe K sont les identité implique dégénérescence a s9~1 ~ g A de K q- let K q -1 (NK)i-l = (NK)1 on pour restrictions de ceux peut appliquer l’hypothèse i > 0 , ceci donne la de relation K . La de récurrence ;3 en utilisant proposition. proposition 3.2 résulte bien que le FD-complexe K est déterminé par la complexe de chaînes NK (on déduit des FD-identités comment les De plus, elle montre comment on peut associor à comportent vis-à-vis des complexe de chaînes C arbitraire (positif) un FD-complexe K LC tel que De la se un = proposition 3.2 indique N, par les formules 3.2. Plus généralement, la comment on peut construire un foncteur L réciproque à définir NK = C ; on n’a qu’à L c’est-à-dire tel que K N et forment gories des FD-complexes et des complexes de (Groupe peut FD-Hom (K ~ Kt) ^’ CH-Hom (NK ~ NK’) . N : 3.3 aussi les caté- équivalence ([6]) entre chaînes. En particulier, une des se homomorphismes de resp. des FD-homomorphismes, chaînes) ; ceci déduire immédiatement de 3.2 . L’isomorphisme 3.3 conserve les homotopies, 3.4.Proposition. - Deux FD-homomorphismes NF~ ~ si et seulement si NF : NK ~ NK’ i.e. FO, sont K-~K’ sont homotopes (chaîne-) homotopes. DEMONSTRATION. - On considère les homomorphismes de chaînes qui figurent tre 1, 2). dans la démonstration du théorème Si maintenant (N0) o V : (NI) homotopie homotopie d’une a ’1 1 K --~ K’ (NK) ~ : (NI ) 8 D x par NK’ 9 est est (NK) o - NK’ 3.5 Corollaire. - Les homomorphismes F0* , des FD-homotopie homotopie NF0 ~ une une f) : FD-homomorphismes homotopes F0 , F1 d’Eilenberg-Zilber (~4 ~~ II~ chapi- I entre x NF0 et FO "-’ Fl , le composé NF1 . Réciproquement, NF1 on obtient une K - K’ . Fi : H (K) sont * égaux. ~ H* * (K’ ) induits par , DEMONSTRATION. - (quotient de peut p donc identifier H * (K) normalisé de NK D’après 3 .2, K K H = * Fi* *= (NFi)* , T : e -~ ~ (G , n) est = ii. iii. tous les q G -~ G’ est (P) sont Pq (G, n) Pour tout f s H G, un un dans C voir complexe [4 ~~ I) ; on d’où le corollaire. * arbitraires entier. une au (~3 ~). FD-résolution projective de tel que q ~n ; pour = P FD-complexe un Pq 0 H n (p). i. 0 module et un dégénérés ; par les éléments (NK) et 4. Foncteurs dérivés des foncteurs Soient G E ~ canoniquement isomorphe est = 0 q~ pour n ; projectifs. FD-résolution projective P. Si homomorphisme et P’ une FD-résolution projective de il existe une et un seul à une homotopie (G’ , n) , il y a un FD-homomorphisme F : P --~ -~ est égal à f . En particulier, deux près, tel que F* : FD-résolutions projectives de (G, n) sont toujours homotopiquement équivalentes Tout ça résulte des propriétés analogues des résolutions ordinaires et de valence établie au paragraphe 3. Soit maintenant T : C~ -.~ e ’un foncteur covariant. Le l’équi- type d’homotopie de TF ~ ne dépend que de (G, n) , resp. de (f, n) (voir paragraphe 2) ; en particulier, H*(TP) et (TF)* : H*(TP) -~ H*(TP~) ne dépendent que de (G, n) et (f ~ n) . On appelle q-ième foncteur dérivé (à gauche) de T le foncteur L T qui est défini par L9 T(G ~ n) = H resp. de TP , n) - L Si T T : T et coincident arbitraire il y Lq T(G , n) n’est pas ~ a toujours additif, « G = par définition une Lq est ... ) = Gl ! un l’usuel un n + plus 03A3~n=0 FD-résolution projective de T(G , t) , G -+ avec T(G , L g +1 n’est GENERALISATION. - Soit une H (TP’) . ~ est additif les foncteurs équivalents tous un (TF)* : 1) , G la 0, suspension (paragraphe 5), module (Gn , n) , = la 1 ... , sont T. Pour naturel isomorphisme, un n t k-ième foncteur dérivé de homomorphisme un pour en général. gradué, somme mais si G n~C. directe Si Pn est Pn est FD-résolution projective de homomorphisme gradué. G , et l’on pose Définition analogue pour Lq -~ G’ EXEMPLES. 1° Soit G un groupe abélien l’algèbre symétrique > 0 , coincident avec les groupes n 2° Soit rS n (sur G module T donnent en fonction de au moins si A un q (G , n ; q son anneau T(G ~ n) et L 9 de groupe, T’G T~(G ~ n) ~ Z) d’Eilenberg-MacLane. sous-groupe du groupe symétrique de degré n . Pour chaque anneau commutatif ./~") soit TG = G~ le quotient de la n-ième G e l’homologie H* (X ) : est L H TG soit Alors un puissance tensorielle de (Z-module ), (sur Z). G de G a du par l’opération du groupe ~ . Les dérivés r-produit Xi (analogue à G~) d’un polyèdre X .~1. ) = L q (X ~ .~ ) , H 1 (X ~ "~. ) ~ ...) ~ on a héréditaire. G e .., 5. La suspension. Comme géométrie, peut définir le cône CK suspension SK d’un FD-complexe contractile, i.e. homotopiquement équivalent à 0 , et l’on a un isomorphisme naturel du complexe normal NSK sur NK J qui abaisse les degrés d’une unité. En particulier, si P est une FD-résolution projective pour (G ~ n) , la suspension SP en est une pour aussi 0 --~ K -4 CK -S-~ SK --~ 0 , qui est triviale en tant que suite une suite exacte K + (SK) , q 0 . exacte de modules, i.e. en on K . Le cane CK (CK) Soit maintenant et la est = T : C ~ C’ tel que T(0) = 0 . Alors -~ homomorphisme (Ti) : un f oncteur (Tp) o (Ti ) ~ T (pi ) 0 ’d’où un (noyau de H q (TK ) H Tp) . D’autre part TSK ~TCK/noyau (Tp) (Tp est un épimorphisme parce que (CK) = K + (SK) ) , et TCK est homotopiquemant équivalent à 0 (paragraphe 2), -~ H donc l’homomorphisme-bord à : Hq (noyau de Tp) est un isomorq = phisme La suspension est l’homomorphisme composé * en particulier, On a la si K = P est une FD-résolution projective de (G ~ n) proposition ci-après 5.1 Proposition. - 6" : Pour des résultats plus précis (les "cross-effect8" ) ; on pour q ~ 2n . Lq on suppose étudie "la déviation de l’additivité" de toujours T(0) = 0 . T Pour A, B ~C de deux variables. En ~[2j ~ "~ En on T(A + B) TA + TB égalant les variables on a construit des T(AJB) + on obtient un est un foncteur foncteur =T(AJA) . ~’~ appliquant = T à "l’addition" homomorphismes A + A 2014~ A et à "la diagonale" A 2014~ A + A naturels 5 .2 Proposition. 1~ L 2~ Dans (5.3) pour q2n. la suite Lq T~~(G , n) T(G , n) T(G , n + n + 1) composé de deux homomorphismes consécutifs est 0 ("la suspension tue les éléments décomposables et a comme image des éléments primitif s") le 3~ La suite 5 .3 est exacte pour q~3n. Ces résultats et d’autres découlent d’une peut définir dans ce cadre espèce de "bar-construction" qu’on (D]) BIBLIOGRAPHIE [1] CARTAN [2] DOLD (H.) and EILENBERG (S.). - Homologioal algebra. Press, 1956 (Princeton mathematical Series, 19). Princeton University (Albrecht). - Homology of symmetric products and other functors of Annals of Math., Series 2, t. 68, 1958, p. 54-80. DOLD PUPPE (D.). - Non-additive functors, their derived functors and and (A.) [3] the suspension homomorphism, Proc. nat. Acad. U. S. A. (à paraître). [4] EILENBERG (S.) and MACLANE (S.). - On the group H(03C0 , n ) , I., Annals of Math., t. 58, 1953, p. 55-106 ; II., Annals of Math., t. 60, 1954, p. 49complexes, 139. [5] GROTHENDIECK (Alexandre). - Sur quelques points math. J., Series 2, t. 9, 1957, p. 119-221. [6] KAN (Daniel M.). - Functors involving t. 87, 1958, p. 330-346. Soc., 25 c.s.s. d’algèbre homologique, complexes, Tohoku Trans. Amer. math.